Dernière modification: 14/09/2013
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le petit train appelé "le Tramway"
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l'historique de Lembeye.
( André Anglade "Vic Bilh vieux pays" )
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Histoire de Lembeye par André Anglade : "Vic-Bilh vieux pays"
Parmi les villes de quelque importance en Vic-Bilh ( Garlin, Morlaàs, Thèze ), Lembeye tint longtemps la première place. Son histoire est liée tout entière à celle du parsan. Elle a gardé longtemps un rayonnement historique et social considérable. Elle a su conserver fidèlement le souvenir du passé. Aujourd'hui, elle est plus isolée que ses voisines par rapport aux grandes artères nationales, par rapport aux grands pôles d'attraction économiques et humains voisins. Telle qu'elle est, elle offre cependant beaucoup de motifs d’intérêt aux touristes à l'historien amateur, à l'amoureux de l'authentique. Lembeye fut capitale politique, commerciale, religieuse du Vic Bilh. Il s'agit d'une « Bastide » apparue vers le XI° et XII° siècles seulement. Elle est citée d'après Marca, dès 1286. À cette époque, Gaston IV, Moncade de Béarn, recense Lembeye au nombre des villes et places fortes importantes que le souverain de Béarn lègue à sa seconde fille Marguerite, femme du Comte de Foix, avec recommandation de ne pas aliéner ce patrimoine. Une « Bastide » était une ville créée de toutes pièces, comme Garlin, Lestelle, Montaut, Bellocq, Herrère... Auprès de Lembeye, n'existaient auparavant, que les « Casteths » ou petites places fortes de Vauze et d'Escures (mottes ). Le choix de l'emplacement est facile à deviner : - présence d'une plateforme à défricher pour des terres cultivables à céréales et à vignes. - présence d'un site stratégique face aux contreforts gascons à l'Est, grâce à des pentes escarpées au Sud, à l'Est au Nord-Est. - présence d'eau : les Sept Canettes. En 1385, Lembeye comptait pour le dénombrement, 159 feux ce qui était assez important à cette époque. Les bastides permettaient en effet, l'accueil de libres compagnons et des excédents de population que ne permettaient plus de contenir les villages lovés à l'ombre protectrice des châteaux. Lembeye était considérée comme la sixième ville importante du Béarn, après Morlaàs, Lescar, Sauveterre, Oloron et figure comme telle sur la couronne crénelée des armoiries béarnaises. Pierre de Marca, l'illustre historien béarnais du XVII° dit en parlant de Lembeye et du Vic-Bilh : « La petite ville de Lembeye est le chef-lieu de ce quartier que les habitants disent par raillerie être la plus grande ville du monde, à cause que « Lembeye » signifie « Envie ». Ce nom a prêté sans doute à de nombreuses interprétations humoristiques. On a pu prétendre que les Lembegeois étaient devenus des « envieux » perpétuels. Cependant, il faut croire qu'originellement, Lembeye avait de quoi susciter l'envie. Pour le Paysan d'alors, isolé sur son flanc de colline boisé, au creux d'une verte combe, Lembeye devait représenter le type même de l'imposante cité bourgeoise avec ses prélats, ses échevins, ses dames aux beaux atours, son hôpital, ses fortifications, sa garnison civile et bien vite, son église, son temple, ses couvents, ses belles maisons de maître... Léon Godeffroy, dans le récit de son voyage en Béarn ; en 1644, dépeignait ainsi Lembeye : « Cette ville est grandette, a d'assez belles maisons et une grande place comme aussi de grands jardinages ». L'aspect ensoleillé et confortable de notre petite ville n'a pas beaucoup changé depuis le XVII° siècle, si ce n'est que le nombre d'habitants n'a pas continué sa lente progression. Beaucoup de ces belles maisons sont aujourd'hui peu ou pas occupées, ce qui explique l'air d'abandon et parfois une certaine mélancolie ambiante. Lembeye comptait 1170 habitants en 1880, en 1900 elle en comptait près de 1500, elle en compte actuellement 777. En espérant le réveil de la belle endormie, il n'est pas difficile de recréer en imagination, sans beaucoup d'efforts, l'aspect imposant et noble de la vieille cité, à partir de ses témoignages actuels. Pour le touriste qui viendrait de Pau et aurait déjà franchi quatre coteaux successifs par une route particulièrement sinueuse, malgré les timides améliorations récentes, il pourrait, du haut de Simacourbe, découvrir la silhouette caractéristique de la cité, se profilant sur le ciel, du haut du coteau d'en face. Il est facile de distinguer le clocher pointu de l'église, mais aussi le toit ardoisé de la massive tour à base carrée, ainsi que les toitures altières des maisons dont la plupart datent du XVIIIe siècle. De nos jours, le touriste motorisé emprunte obligatoirement le tracé asphalté des routes communes. Il délaisse, sans parfois soupçonner leur existence, ces anciennes voies qui passaient par les « côtes vieilles ». Si la fatigue d'une véritable ascension ne l'effraie pas et qu'il parvient à déjouer les embûches et embarras de ces chemins caillouteux, il pourra ressentir les mêmes impressions que le voyageur d'autrefois. Celui-ci, à pied, à cheval ou bien en diligence cahotante, découvrait peu à peu une succession de petits bois, de vignobles, de clos cultivés qui s'échelonnaient jusqu'à l'entrée du bourg. Quel soupir de soulagement et d'espoir poussait alors le voyageur débouchant sur la première place ! Il y découvrait près de la maison à octroi, qui portait, il y a peu encore, avant de laisser la place à une station-service, sa pancarte, un accueillant tripot qui lui permettait de se délasser des fatigues du voyage. Au reste, les cafés, auberges, cabarets étaient autrefois si nombreux à Lembeye qu'il est difficile d'en faire le compte exact. Il sera difficile à notre voyageur pour débuter chronologiquement sa visite de retrouver le tracé de l'ancienne bastide. LA BASTIDE ANCIENNE Pour cela, il lui faudra franchir la poterne de l'ancienne porte d'entrée de la ville, au-delà de la seconde place, appelée autrefois « place du Marcadieu » située plus haut que la « rue de la Coste », mais qui fut d'abord au XVI° et XVII° siècles, une grande esplanade, avant de devenir le centre de la ville moderne. Cette tour est le seul vestige marquant des anciennes fortifications de la bastide ancienne. Possédant une assise en pierres meulières tirées du Lées proche, mais ensuite, au-delà du rez-de-chaussée, au-dessus de la porte, un appareil en briques sèches, elle est due certainement comme ses jumelles de Montaner, de Pau et autres lieux, à l'architecte de Gaston Fébus : Sicard de Lordat. D'après les observations que l'on peut faire, la poterne en tiers-point fut jadis munie de herse et de vantaux et précédée d'un pont-levis qui surmontait le fossé profond dont on visite l'amorce au pied des remparts et qui se poursuit au-delà des caves de la plupart des maisons de la face est de la grand place. L'appareil de briques qui se substitua à ce pont-levis, et supporte la rue actuelle entre les maisons Lamarrigues et De Mendiry, est certainement postérieur au XVI° siècle. Au XVI° siècle la tour elle-même, par des restaurations dans sa partie haute, a perdu son couronnement primitif. Elle servait longtemps, nous dit Raguère, de dépôt aux archives et papiers de la ville. Elle faisait partie, ainsi que sa soeur jumelle du système défensif de la forteresse vicomtale, car il existait une autre tour placée à l'autre bout de la rue du Bourg, qui était la rue principale de la cité ancienne. Cette autre tour surplombait également les fossés de la ville qui se trouvaient à cet endroit et ont subsisté longtemps sous la forme d'une petite mare : le clot du Moundot, dont les anciens se souviennent encore. La voie goudronnée bordée de platanes qui relie la promenade des remparts au boulevard Amédée Doléris, à la voie du cimetière en prolongement de la rue des Peylans, s'est substituée en fait à ces fossés profonds qui reliaient les fossés des remparts du sud à ceux du nord et de l'est, autrefois. D'après les témoignages anciens, cette tour devait être de même dimension et de même forme que celle qui nous est restée. Cependant, elle faisait plus intégralement partie du château vicomtal qui se trouvait à cet emplacement, approximativement au nord-est de l'église actuelle. Ce château fut brûlé au XIV° siècle, et avec lui, la plus grande partie des archives de notre ville. Ce qui en restait séjourna un moment dans la tour restante puis fut transféré à Pau. À propos de cette seconde tour et de l'ancien château, M. Raguère, ce Lembegeois qui, il y a un siècle, se consacra à l’étude de sa ville, nous dit : « Sur le haut, au levant, étaient placés les armoiries vicomtales (de Guillaume Raymond, Comte de Foix et Vicomte de Béarn). Ces armoiries sont surmontées par une corniche à 13 créneaux qui devaient représenter les treize villes du Béarn. D’après un almanach du XVII° siècle, Lembeye était la sixième des villes du Béarn. Le château, ainsi qu'une partie de la ville furent détruits par un incendie au XIV°. Les armoiries du Vicomte furent replacées ensuite sur la façade du vieil Hôtel de Ville qui fut démoli en 1845. Elles furent alors avec les piliers en pierre de taille et les portails en fer forgé qui étaient à l'entrée du dit Hôtel de Ville, vendues à M. Pages-Cassoulat de Blachon pour être replacées à l'entrée de sa maison, actuellement maison Labeyrie. Elles se trouvent maintenant à terre au fond d'une basse cour. Je le regrette, leur place serait, il me semble, sur la façade de la tour de l'horloge qui a survécu à sa soeur jumelle. » Aujourd'hui, le voeu de notre érudit local, Jean Raguère, n'est toujours pas exaucé. Pourtant, ces armoiries ne sont pas perdues. M. Iéni de Pau qui a racheté l'ancienne maison Labeyrie, anciennement encore Pages-Cassoulat, les a placées au dessus de la cheminée de la maison qu'il a fait restaurer. Quant à la tour de l'horloge, il est dommage que les goûts d'une certaine époque l'aient dévolu à cette unique fonction un peu triviale et délaissée de nos jours, même si le mécanisme ancien en est fort pittoresque. Son classement par le Ministère des Beaux Arts et les efforts déployés pour l'exploitation touristique de notre Vic-Bilh pourraient laisser envisager une autre destination plus conforme à son glorieux passé et à sa noblesse native. Pour ce qui est du restant des fortifications de l'ancienne bastide et puisque nous avons défini l'existence d'un fossé de ceinture à l'emplacement du boulevard Amédée Doleris, disons que la partie haute ou « Hautes Promenades » ou « Las Poumades » qui n'a jamais dû être fortifiée, mais plus sûrement défendue de palissades, constituait le chemin de ronde de la ville. Ce chemin de ronde allait de la tour de l'horloge, à l'ancien château, contournant le cimetière et l'ancienne église, à l'époque où la ville se trouvait principalement incluse dans ce périmètre et où les attaques pouvaient venir, surtout, de l'est. Au nord et à l'ouest, les fossés anciens passèrent d'abord à l'emplacement de l'allée du cimetière puis de la rue des Peylans. M. Jean Raguère écrit encore en 1930 : « L'avenue du nouveau cimetière qui date de 1880 a été faite sur un deuxième fossé où se déversait le trop-plein du grand. Entre le fossé des fortifications dont il reste encore une centaine de mètres et les remparts, il y avait un haut tumulus qui servait à guetter et signaler l'ennemi venant toujours du côté de l'Armagnac ou de la Bigorre ». Ce tumulus, où se célébraient, nous dit-il aussi, les feux de la Saint-Jean, est celui qui se trouve au sud du jardin de la maison Payssé et à l'arrière de l'Église. Dans la rue du Bourg, on trouve encore quelques maisons dont la forme, les dimensions, la disposition ont conservé celles des maisons du temps de la fondation de la Bastide. Il faut savoir d'ailleurs que toutes les bastides étaient bâties sur le même plan : une rue principale fermée, à ses deux entrées, par des portes fortifiées ; de chaque côté de la rue : des maisons dont la superficie correspondait à un nombre de « places » ou « placers », c'est-à-dire au nombre des habitants de la famille de « poblans » qui l'avait occupé pour la première fois. À l'arrière s'étendait un jardin jusqu'au chemin de ronde ou jusqu'à une ruelle. La superficie du jardin ne variait pas en fonction de la longueur, approximativement la même pour chaque propriété, mais de la largeur qui suivait celle de chaque maison. Il est curieux de constater qu'au fur et à mesure que la bastide primitive va se développer et la cité dépasser les premières limites qu'elles s'étaient fixées, les maisons d'au-delà des fossés suivront le même système de placement et de dimension suivant les « placers ». Ainsi lorsque au-delà de la seconde tour, se construit le quartier neuf de la rue des Coutelhous, les maisons suivront l'alignement, ainsi que les jardins, et les fossés seront prolongés jusque-là, suivant la pente naturelle. De même pour le quartier du Bourguet qui devait déjà préexister à l'époque de la fondation ( la rue du Bourguet fut appelée, tout récemment, rue des finances ). La même disposition se retrouvera au-delà de la place Marcadieu pour la rue Joseph Peyre, dite aussi rue de Conchez,et de la rue de la Coste, ainsi que le quartier de l'Espitau ( ancienne place des cochons, place du Corps-Franc-Pommiès et rue de l'Hôpital ou Espitau ). Car dès le XIV° siècle, la place du Marcadieu, alors ombragée et située hors des murs, devint un lieu d'activité intense de la cité et, certainement une place dévolue au marché et aux festivités, qui succèdera au lieu dit « Marquesh » entre Lembeye et Escures, consacré au moyen âge au marché du sel de Bayonne et de Salies-de-Béarn. Jean Raguère avait compris que le chemin de ronde se prolongeait alors au-delà de l'enceinte primitive et englobait cette place ce chemin partant du fond des remparts, « passait ensuite devant la vieille maison Cordeville, le Chemin de Pelans, puis traversait la rue de Conchez et le carrérot de Laperle pour aboutir de nouveau aux remparts, en passant devant le vieil hôpital». La maison Cordeville existe toujours en haut des remparts au centre du dispositif ancien de fortifications. Elle date du XIV° siècle et a subi bien des restaurations et modifications pas toujours heureuses, sans grand souci d'authenticité. Elle garde encore une croisée à meneaux, une cheminée de pierre. D'après Raguère, elle possédait sur sa façade au midi, un arceau surmonté d'un pignon qui fut démoli en 1845. Cette maison fut le siège du Sénéchal, sous intendant général du roi. Cette sénéchaussée fût, par la suite, transférée à Morlaàs et la maison servit de bureau de contrôle pour 22 paroisses; Vialer, Bordes, Castillon, Bassillon, Armau, Le Heuga, Luc, Vauze, Castéra, Monségur, Labatut, Sérée, Samonzet, Maure, Bentayou, Lucarre, Abos, Peyrelongue, Samson, Lion, Escures, Lembeye. « Ces paroisses donnaient à la milice de la IV°, compagnie, pour la garde de la ville, quarante-quatre soldats commandés par le capitaine de Cermenaud de Lassède et lieutenant Pandellé, ancien bourgeois de la ville qui était aussi sous syndic au couvent des Récollets. Ladite maison servit enfin de couvent. Elle avait appartenu aux de Fortic de Crudères, famille très ancienne de Lembeye et dont le dernier membre fut le curé de Séméacq. Sous la révolution, en 1793, il fut déporté dans la Guyane où il mourut ! » Ainsi s'exprime Raguère. AU-DELÀ DE LA BASTIDE Une maison certainement aussi ancienne se trouvait encore, il y a peu, non loin de la tour, donnant sur la place du Marcadieu. Elle abritait l'ancien hôtel des voyageurs. C'était l'ancienne maison Cosledan, sur le carrérot. La façade donnant sur la rue offrait un harmonieux mélange de styles avec des apports du XVIII°, siècle. Cette maison disparut lors de la construction de la succursale du Crédit Agricole et la fenêtre à meneaux avec elle. L'ancienne rue des Costelhous ou coutetyous doit certainement son nom à la présence sur place d'habiles couteliers, à moins qu'il ne s'agisse d'une évocation des nombreux combats qui s'y déroulèrent à l'arme blanche. Une mauvaise interprétation a voulu déformer le nom pour Coutillons ( ou Cotillons ) contrairement à la graphie de tous les documents. Ce quartier placé, en quelque sorte, en avant-garde face aux envahisseurs venus de l'Est, eut à subir de nombreux ravages. La tradition a gardé la mémoire des querelles des habitants remuants de ce quartier avec les bourgeois du bourg et de la place. Il nous faut parler de l'hôpital de Sainte-Christine ( puis du couvent des pères Récollets ) qui se trouvait, très tôt certainement, en dehors des murs de la ville et au-delà de la place du Marcadieu, en haut de la rue de la coste. Les bâtiments occupaient un emplacement au sud des arènes, à l'endroit de l'actuelle maison Lacoustille, du carrérot ( voie communale 22 ) et certainement au-delà. L'Hôpital ( ou Espitau ) dépendait de Sainte-Christine du Somport et était un relais sur l'une des nombreuses voies empruntées par les pèlerins de Saint-Jacques. On peut voir encore à l'arrière des arènes, derrière l'infirmerie des écarteurs, un mur de l'ancienne chapelle. On distinguera aussi quelques soubassements et fondations ici ou là. En plusieurs endroits subsistent des trappes donnant sur des citernes souterraines aménagées en fait dans les anciennes salles basses de l'hôpital et du couvent. La légende parle d'un souterrain aboutissant au bas d'Escures et qui partait de ces caves... L'hôpital fut longtemps le lieu d'accueil des voyageurs fortunés tout autant que des plus démunis, qui trouvaient, là, gîte et couvert avant de continuer leur chemin. Quand celui-ci disparut, un quartier situé près de l'église et dénommé justement : « À la miséricorde » abrita plus durablement les miséreux démunis et voués à la mendicité publique, le plus souvent. Lembeye eut à souffrir souvent de troubles et invasions. Si la paix de Fébus apporta aux béarnais un relatif bonheur en une époque ou beaucoup d'autres régions d'Europe connaissaient guerres et ravages, la forteresse lembegeoise au premier rang des convoitises des Français et Armagnacs, dut bien souvent jouer son rôle de dissuasion vis-à-vis de l'envahisseur. Mais ce sont les troubles religieux qui vont nuire le plus à Lembeye. Lembeye était une cité protestante même si de nombreux catholiques y séjournaient en parfaite intelligence avec leurs voisins huguenots. Au reste, à propos du Béarn, le prétexte religieux cachait en fait des ambitions d'invasion beaucoup plus prosaïques de la part de l'hégémonie française. En 1569, Lembeye est ravagée, pillée, en partie brûlée par les troupes du capitaine de Catherine de Médicis, le trop fameux Terride, à la tête de l'armée catholique française... Les archives nous apprennent que la ville souffrit de multiples embrasements et désordres et M. Badé cite à ce propos un texte notarial de 1611 : « Lembeye a beaucoup de huguenots qui y ont un temple ». ( Le temple du culte réformé dont la présence est attestée par Léon Godefroy ), se situait alors au sud des maisons Barnett-Duvezin et Cathalan actuelles. On y accédait par une rue partant de la tour, cette rue, partie du premier de tous les chemins de ronde, contournait le temple et aboutissait face au collège actuel. Le début du tracé de cette voie se retrouve d'ailleurs en cet endroit. Un passage qui existe toujours virtuellement, aboutissait de là à la place Marcadieu. Le temple fût détruit après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Ses pierres servirent à la construction de l'église des Pères Récollets ( d'après des notes manuscrites du Dr Doléris, citées par Joël Perrin, Inventaire d'Aquitaine ). Ce n'est d'ailleurs que fort tard que les catholiques réussirent à imposer la suprématie de la confession sur la population. Les Pères Récollets avaient été chargés de cette mission, mais il semblerait que leurs efforts n'aient pas été immédiatement couronnés de succès. Ils avaient été mis en place par le pouvoir royal français. En effet, en 1616, le jeune Louis XIII et son grand veneur de Luynes, envahissent le Béarn. Dès 1684, les Pères Récollets sont installés dans l'ancien couvent de Sainte-Christine, après destruction du temple. Les soeurs de Nevers et filles de la Croix, s'installent aussi à Lembeye et ouvrent une école de filles. Le bâtiment existe toujours, puisque c'est celui le plus ancien de l'école primaire actuelle. Leur établissement fut nationalisé vers 1850 et l'école publique y fut créée lors de l'avènement de l'instruction obligatoire. Ma grand-mère, comme beaucoup de jeunes filles de Lembeye, avait bénéficié de l'enseignement des soeurs de Nevers. D'après ses témoignages, celui-ci portait davantage sur l'éducation morale et civique et la préparation au rôle de maîtresse de maison, que sur une acquisition culturelle approfondie. Il n'est pas possible par contre de savoir aujourd'hui où se situait alors un autre couvent qui était celui des Barnabites. LES MAISONS NOBLES. Jusqu'au XVIII° siècle, il y eut plusieurs maisons nobles à Lembeye. Je n'ai retrouvé traces que de trois d'entre elles, quoique Jean Raguère parle de quatre domaines seigneuriaux et que les registres parlent également de la maison noble de Lacaze de Lembeye anoblie en 1742 ( Jean Lacaze - Séméacq, écuyer de sieur Cazau Antoine, puis à Dudé de Carrérot de Monein ). À l'ouest, au-dessus du petit Lées, le domaine de Montestruc, appartenant à noble Louis d'Aste, ( dénombrement de 1597 ). Le château brûla il y a un siècle environ. Il se trouvait au-dessus de l'actuelle propriété Lacoustille. À l'est, le domaine d'Arsaut, avec château fortifié, chapelle et cimetière, le domaine du Heuga, mais aussi de MenYoulou avec biens ecclésiastiques dépendant de l'évêché de Lescar. Le domaine de Loubouey dont on pouvait voir encore les vestiges de l'église, il y a peu ( près de l'actuelle maison Etchebest ). Elle appartenait en 1571 à Jean d'Abbadie, abbé laïque ; à Pierre Casaux, seigneur de Heuga également, en 1615 et à Jacob de Dufaur, abbé laïque d'Abos en Vic-Bilh en 1683. Dans l'actuelle propriété Pelanne de Lembeye, au pied du tumulus de Vauze, on trouve les traces de tout un domaine, celui d'Arsault. Malheureusement, aucune fouille sérieuse n'a jamais été effectuée à cet endroit, et un projet de lac artificiel menace cet emplacement. LA PLACE DU MARCADIEU. La place du Marcadieu constitue encore à elle seule un monument historique intéressant du fait de l'harmonie des maisons du XVIII° siècle aux grands toits béarnais qui l'entourent. Beaucoup de ces maisons conservent des boiseries anciennes et à l'intérieur, sur la façade tournée vers les jardins, de beaux balcons traditionnels. Comme pour beaucoup de places de villages landais ou gersois, la place principale de Lembeye comportait beaucoup d'arcades qui étaient autant de lieu de repos, de fraîcheur, de promenade, mais aussi d'évents abrités lors des foires et marchés. Il y en avait sur le fronton d'une maison se trouvant jusqu'en 1850 à l'emplacement de la mairie actuelle. Il y en avait devant la maison Combret, devant le magasin de sport de M. Subra, devant les actuelles maisons Pucheu et Hourcadet, notamment... Il n'en reste plus qu'une devant le magasin de vaisselle Lacaze, non loin de la tour, et c'est bien dommage... De même autrefois, au milieu même de la place, se trouvait l'ancienne halle bâtie sur des piliers de pierre, avec une poutraison ancienne, un toit de tuiles picons et des portails de fer forgé. Comme nous l'avons déjà vu, il y eut des tentatives assez malheureuses d'améliorations urbanistiques en 1845. La halle fut détruite à cette époque et une partie des matériaux servit à rebâtir l'actuelle halle mairie. La place, qui a la forme d'un triangle, dont chaque sommet serait tourné vers les villes proches Pau au Sud-Ouest, Auch et Tarbes à l'Est, Nord-Est, Aire sur Adour au Nord, était ombragée de beaux arbres. Elle s'ornait d'un puits ( comme chacune des places de Lembeye ) situé près de la petite entrée de la halle actuelle, bâtie à la veille de la dernière guerre, pour abriter le fourrage. par André Anglade. "Vic-Bilh, vieux pays"
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