Dernière modification:  16/09/2013

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ÉGLISE NOTRE-DAME DE L'ASSOMPTION

DE LEMBEYE.

VISITE.

L'église de Lembeye, la plus grande du Vic-Bilh de par sa taille imposante, de par son architecture originale, de par son décor curieux, voire fantastique, de par les témoignages historiques qu'elle évoque, mérite plus que le regard rapide du passant.

Une visite prolongée et documentée ne manquera pas d'intéresser aussi bien le pieux pèlerin que le touriste de passage ou l'autochtone non encore averti.

 

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 Historique
par André Anglade, de Lembeye.

 

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Fondation L'origine de l'église de Lembeye est assez obscure. Raguère, l'historien chroniqueur de Lembeye, nous dit dans « notice sur le passé historique de Lembeye » (1930) qu'il a entendu raconter par les anciens de Lembeye, qu'à une époque lointaine, il était venu à Lembeye une grande princesse qui avait laissé cent écus d'or pour la construction de l'église. Et il ajoute : « De plus, j'ai lu dans une histoire du Béarn, que l'année 1318 était venue à Lembeye, la princesse Marguerite, Comtesse de Foix et Vicomtesse de Béarn, pour assister à un rassemblement des troupes du Parsan et du Vic-Bilh, en garnison à Lembeye et dont elle était la souveraine. Cette princesse avait été chargée par son père, Comte de Foix et Vicomte de Béarn de distribuer des sommes d'argent pour la construction d'églises, d'Hôpitaux et Ponts. Il est dit, d'autre part sur les « éphémérides du Béarn et du Pays Basque », que le 31 décembre 1343, Gaston Phoebus, âgé de 12 ans, assisté de sa mère Éléonore de Comminges, Comtesse de Foix et Vicomtesse de Béarn, reçoivent à Lembeye, I'hommage des jurats de Lembeye et nobles formant la cour « Deus cassos d'Escures » cour de justice qui se rendait sous les chênes et les noyers.

On peut donc croire que c'est une de ces princesses qui, ayant admiré ce beau site de Lembeye, a donné les cent écus d'or pour la construction de l’église, dont l'intérieur est d'une élégante et majestueuse beauté. Mais Joël Perrin, à propos d'un dossier réalisé en 1974-1975, lors d'une campagne d'inventaire de la Commission Régionale d'inventaire d'Aquitaine, commente ainsi cette déclaration :

« Dans ce cas, il ne peut s'agir de l'édifice actuel qui, d'après son style, doit dater du début du XVI° siècle ; il dut cependant bien exister une église à Lembeye avant cette date, mais on n'en a conservé aucune trace ( sauf peut être quelques réemplois épars sur l'Église actuelle ). Mais cette « grande princesse » peut aussi bien être Catherine de Foix, Vicomtesse de Béarn, de 1483 à 1517, qui aurait, par ses largesses, permis la construction de I'église telle que nous la voyons maintenant.

 

Description : Toujours est-il que l'église de Lembeye imposante par ses dimensions, captivante par beaucoup de détails reste un exemplaire des plus remarquables du style original béarnais des XV° et XVI° siècles. Elle a été construite en grés de « molasse » avec quelques rapiècements en brique « arquées en ogives à nervure croisée argileuse et saillante » nous dit M. Bade, inspecteur des monuments dans son étude archéologique de l'Eglise (1851). Mais M. Perrin ajoute : « sauf celles des chapelles du choeur et de la dernière travée du collatéral nord ». Raguère déclare que la pierre de construction de l'église provient de la carrière d'Abos en Vic-Bilh et aurait été avec peine hissée par la côte Sainte-Catherine jusque sur le coteau après la traversée du Lées à gué, le premier pont n'ayant été construit qu’au XIX° siècle. L'église de Lembeye présente de nombreux éléments architecturaux ou décoratifs intéressants et curieux. On n'y trouve pas la forme de la croix latine commune à la plupart des églises de cette époque et le transept correspondant, car ses trois nefs parallèles se terminent par trois absides polygonales à cinq faces, celle du milieu un peu plus large. Un effet de perspective qui donne une illusion de très grande profondeur est dû au fait que les arcades de communication entre la grande nef et les nefs latérales diminuent successivement et progressivement de largeur, depuis l'entrée de l'église jusqu'au sanctuaire suivant les cinq travées. Cependant, le vaisseau a 32 m de long sur 17 m de large et 10,60 m de hauteur sous la voûte. Ces singularités sont dues selon Bade à une influence byzantine et il rapproche l'église de Lembeye de celle de Morlaàs. Le porche était certainement réservé aux catéchumènes qui ne devaient pas se trouver dans l'église au moment de la célébration des mystères tant qu'ils n'avaient pas été initiés. Les bancs en bat-flanc, situés tout autour du porche étaient certainement destinés à leur usage, à moins qu'ils n'aient servi également aux réunions des jurats de la ville qui pouvaient fort bien se dérouler à cet endroit. Deux chapelles latérales situées à droite et à gauche de l'église sont placées sans symétrie et sans ordre apparent. Elles furent certainement rajoutées en cours de construction et ne servent actuellement que de sacristie et de rangement. Raguère se souvient de leur magnificence ancienne. La curiosité principale de l'Église de Lembeye est, sans conteste, la présence de nombreuses sculptures fantastiques ou grotesques, sur les clefs de voûte en disques et médaillons, sur les chapiteaux des piliers centraux ou latéraux, sur les culots et consoles des demi-colonnes latérales. On peut y voir ainsi: les armes de Béarn, Foix et Navarre, la Sainte Vierge, des évêques et des saints ( Saint-Laurent, Sainte-Catherine ), l'agneau pascal, Jésus-Christ, un aigle couronné, un roi ou comte tenant une roue à la main. ( Est-ce une allusion à la légende des Seigneurs de Rode de Vauzé ? ) des feuillages et pampres, des monstres fantastiques, toutes sortes d'animaux... Mais citons quelque peu Joël Perrin

Dans cette partie de l'édifice ( au Nord ), les clefs de voûte représentent les personnages assez reconnaissables : ( à l'exception de Sainte-Catherine ), dans la chapelle du choeur un homme barbu assis sur un tronc avec une touffe de cheveux en forme de flamme, pourrait représenter Dieu le père; une autre clef est sculptée d'un moine, une autre d'un évêque, une autre encore des armes de Foix-Béarn. La clef de la quatrième travée de la nef porte l'aigle de Saint-Jean et une inscription en caractères gothiques, assez difficilement déchiffrable, mais que l'on pourrait restituer ainsi :

« Vir go iohanes avis ma (G) iste(r) Laurens mefe (cit) : la Vierge, Saint-Jean, le Saint-Esprit (?), maître Laurent m'a fait ». Cette clef de voûte indique le personnage qui a sculpté la clef de voûte ou plutôt le maître d'oeuvre de cette partie de I'église. Pourtant, aucun sculpteur ni aucun architecte béarnais de ce nom, n'est connu au XVI° siècle. C'est aussi dans cette partie de I’édifice que se situe une curiosité de l’église : la décoration des chapiteaux des colonnes à la jonction des 3° et 4° travées au nord et au sud. Ils sont sculptés d'un décor en relief méplat, représentant de façon maladroite des scènes étranges dont le sujet est assez difficile à déterminer ; on y voit par exemple un cavalier armé suivi par un chien attaquant deux sortes de loups qui mangent un petit animal; un personnage aux cheveux hirsutes, terminé comme une sirène par une double queue couverte de poils; à côté, un personnage recouvert d'un long vêtement à capuchon et dont on ne voit que la figure et les pieds ; un peu plus loin, une femme dont les seins sont mordus par des serpents représente la luxure ; une série de personnages se tenant par la main sont amenés par une sorte d'ours à une tête hideuse, hilare et barbue, qui pourrait être un diable. Cet ensemble assez rare et curieux n’a d'équivalent, à notre connaissance du moins et en Aquitaine, que dans les figures d'art populaire de I’église de Mongauzy en Gironde »

Mr Perrin décrit tout au long les curiosités de l'église de Lembeye dont certaines pour ne pas être aussi originales n'en sont pas pour autant banales : que ce soient les autres motifs décoratifs, la présence de colonnes centrales circulaires au milieu d'autres octogonales, « les voûtes se prolongent sous forme de petits réglets », les semi-colonnes engagées dans les collatéraux et le mur ouest, les portes latérales qui ont été murées, la tribune des chantres aujourd'hui disparue et dont ne subsiste que le palier de l'escalier du clocher. Il faut noter la présence sur les faces nord et ouest de petites pierres sculptées encastrées dans le mur représentant des têtes d'hommes et d'animaux, peut-être prélevées sur un édifice antérieur, d'après Joël Perrin... Il nous appartient de mentionner également la présence d'une porte dite « des cagots », laquelle, comme dans beaucoup d'églises du Béarn, était réservée exclusivement ( ainsi que le bénitier le plus proche ) à l'usage de ces réprouvés béarnais qui devaient traverser le cimetière attenant pour se rendre à l'église. Ce cimetière se trouvait en effet, jusqu'au début du XIX° siècle, près de l'église. La pierre tombale placée juste au pied de la porte des cagots, portait encore il y a peu, les noms et dates de vie d'une de mes ancêtres, de la branche des Cascarret ou de Cascarret : Marthe Cascarret. On a aujourd'hui aménagé sur l'emplacement de l'ancien cimetière, une promenade et même un jeu de boules. Mais celui-ci s'étendait alors jusque dans le jardin de l'actuelle boulangerie. L'église de Lembeye a subi, en effet, au cours des siècles de nombreuses modifications dont toutes n'ont pas été très heureuses. La petite tour latérale qui contient l'escalier d'accès au clocher est d'origine. On comprend, lorsqu'on le gravit, l'intérêt stratégique que pouvait représenter l'édifice tout entier, part prenante de la partie fortifiée de la ville ; lorsqu'on embrasse surtout, le vaste panorama autour. On pouvait voir les autres éléments de fortification défendant jalousement l'indépendance béarnaise ; la tour seigneuriale de Montaner et d'après Badé, la flèche gothique d'Auriébat. Raguère raconte que l'église avait été profanée au temps des guerres de religion, certainement par Henri de Navailles, baron de Peyre et d'Arbus. Du temps du ministre protestant, Pierre Loustau « envoyé d'Orthez par les Commissaires de la Reine », elle servit de temple. ( Le temple protestant de Lembeye qui se trouvait non loin de la tour restante, fut-il édifié à cette époque ? ).

Après Pierre Loustau, il y eut aussi Juglier Lavigne et Lagarrigue comme ministres du Culte. Pierre Loustau fut exécuté par les Français à Lescar avec d'autres ministres. L'église restera ainsi temple protestant jusqu'au 23 novembre 1620. Le toit à deux seuls versants d'une seule volée est particulièrement fragile. Il a été plusieurs fois restauré ( notamment en 1841 - 1892 – 1974 ). Le clocher aussi a subi de nombreuses restaurations. Le fameux Messire d'Andichon, archiprêtre de Lembeye, avait fait reconstruire le clocher dans son style primitif vers 1770, d'après Raguère. Henri d'Andichon est connu comme éditeur de 59 noëls et cantiques en béarnais et en français dont le célèbre « dechem droumi ». Grand chasseur devant l'éternel, il décrivit aussi quelques poèmes et saynètes concernant la chasse... Sa sépulture se trouvait au milieu de l'ancien cimetière près de la grande croix en bois édifiée à cet endroit. Une grande croix en béton se trouve au milieu de l'actuel cimetière, mais il ne reste aucune trace de la Sépulture de ce digne prélat...

Raguère déplore également les saccages occasionnés à l'église au temps de la terreur ( disparition des autels, des croix, de la cloche, destruction de l'horloge, bris des statues, notamment celle de la vierge de l'Assomption, patronne de la paroisse, qui se trouvait sous la voûte dans la niche du magnifique tympan flamboyant du portail ). Il regrette la disparition de nombreuses boiseries, celles de l'autel en bois doré de style baroque, le chêne de la sainte table et de sa balustrade sem­blables alors à celles de Juillacq. Il semble moins affecté par le badigeonnage que commirent M. Colinet, maire et M. Vergez, curé archiprêtre, vers 1850, lorsqu'ils firent disparaître les belles fresques en couleur des murs intérieurs ( le paradis terrestre, le jugement dernier, etc. ) car la morale de l'époque réprouvait les nus jugés trop suggestifs... Il ne condamne pas non plus la très dommageable restauration faite en 1900 du clocher de l'église, même si celui-ci était déjà abîmé. En effet, d'après notre chroniqueur local, le 3 mai 1867, la foudre était tombée sur le clocher et une branche de la croix avait été arrachée. Grâce à la présence d'esprit de la marguillière qui avait sonné au feu, les dégâts, vite circonscrits, avaient été peu importants. Cette restauration commença le 11 février 1900. On supprima le pittoresque lanternon octogonal à dôme arrondi ainsi que le toit de la tourelle d'escalier. On suréleva les murs de sept mètres et on construisit une flèche de vingt et un mètres de haut, ainsi que la terrasse à balustrade au-dessus de l'escalier. Enfin, on boucha une fenêtre haute pour y installer la fausse rosace de pierre actuelle. Le résultat est assez regrettable : l'abbé Camesh, qui en est en partie responsable, répondait pourtant aux goûts néo-gothiques de l'époque. Il connut un sort particulièrement dramatique : comme il subvenait difficilement aux besoins de nombreux pauvres logés près de l'église et du cimetière d'alors, à la « miséricorde », il fut envoyé aux galères pour avoir volé quelques riches paroissiens dont il ne devait pas trouver la charité chrétienne assez généreuse. Il en revint quelques années plus tard et mourut près d'ici, défroqué et proscrit, ne désespérant pas, dit-on, de la providence divine, mais édifié quant à « la clairvoyance et à la justice des hommes »...

Le pavement en dalles de terre cuite disparut lui aussi peu après, pour laisser place à un béton sans noblesse. Depuis peu, de jeunes vandales inconscients ont gravement endommagé quelques vitraux ( dont celui représentant « l'annonce faite à Marie » ) et aussi ceux offerts par Monsieur et Madame de Guermoloff, ( anciens châtelains de Lalongue, ancien conseiller général ) représentants leurs saints patrons  Saint-Alexandre et Sainte-Louise... Heureusement, ceux-ci ont été en partie restaurés par les services des bâtiments de France, grâce à l'assistance municipale. Il ne reste plus grand-chose du mobilier ancien de l'église disparu avec les vicissitudes qu'elle connut. Cependant quelques boiseries attirent encore le regard et, au presbytère, demeure une belle statue religieuse de Saint-Grat, premier évêque d'Oloron, en bois doré du XVIII° siècle, de même qu'une belle croix de procession en cuivre du XVI° siècle...

André Anglade « Vic-Bilh vieux pays »

 

  

 

 

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