Dernière modification: 08/04/2021
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Histoire de Morlaàs.
Chef-lieu d'un canton regroupant près de 19.000 habitants dispersés sur 29 communes. L’une des villes de la banlieue nord de la capitale, qui monte, doublant sa population en une vingtaine d'années. Son nom serait d'origine gallo-romaine et signifierait "la lande aux formes adoucies", du latin mollem lanam. Une légende fantaisiste selon laquelle un seigneur y serait mort, las, d'où le nom de la cité, perdura longtemps dans le passé. Un domaine gallo-romain, s'étendant de la colline jusqu'aux landes du Pont-Long, en serait plus vraisemblablement l'élément fondateur. Morlaàs fut la deuxième capitale du Béarn de 1080 à 1242, après la destruction de Beneharnum (Lescar) par les Normands. Centulle IV fut le premier à s'installer au château de la Hourquie. Cinq Centulle et quatre Gaston lui succédèrent céans. Auparavant, une première cité, ayant pour nom Burgus Morlanensis, avait pris forme autour du prieuré de Sainte-Foy , courant Xe siècle. La désignation de Morlaàs comme capitale sonna le début d'un très grand essor dont on peut suivre très précisément les étapes grâce au cartulaire de Sainte-Foy de Morlaàs, entre 1070 et 1120. Le développement de la cité s'effectue à partir de 3 centres distincts. D'abord autour du bourg primitif (Borc-Vielh) certainement d'origine gallo-romaine, et de l'église Sainte-Foy. Un nouveau secteur de peuplement s'organise vers l'est, autour de la chapelle Saint-André (fondée entre 1068 et 1096) et devient le bourg neuf (Borc-Naû) qui comprendra une maladrerie pour recevoir les lépreux. Enfin, le château vicomtal entraîne vers l'ouest, l'établissement d'un nouveau quartier : le bourg de Saint-Nicolas. Ce dernier va vite devenir le lieu d'élection des artisans et commerçants, profitant, entre autres, de la création d'un marché important au pied même de la demeure vicomtale. À la même époque, les Morlanais bénéficièrent vers la fin du XIe siècle, des prémices d'une charte, qui en prenant de la consistance sera transformée par la suite sous la forme plus officielle d'un For. En tait, ce For ne formait pas un ensemble homogène, mais consistait en une compilation d'articles d'époques diverses. Le premier modèle fut écrit en 1080 pour encourager le repeuplement d'Oloron. À la fin du XIIe siècle, la charte de privilèges et de franchise, remaniée par Guillaume-Raymond de Moncade, se transforma donc en 1220 en ce qu'on appela le For de Morlaàs. Ce texte fit jurisprudence et servit de modèles aux chartes de peuplement des bastides et aux villes béarnaises, étant décliné en For général de Béarn. En outre, le vicomte est conseillé par une assemblée de barons, évêques et nobles du pays, qui se réunit dans son château de La Hourquie c'est la cort major (cour suprême). Le vicomte devait gouverner selon les textes codifiés des Fors. On y battait aussi monnaie d'or et d'argent et jusqu'en 1524, l'unité monétaire circulant en Béarn portait le nom de sou morlanès ou sou morlaàs ou livre de Morlaàs, symbole de la souveraineté du Béarn. En tout cas, toutes les monnaies étaient frappées à l'effigie des bacquettes (vachettes) figurant aussi sur les étendards et blasons des vicomtes. La vicomté de Morlaàs ne comprenait alors qu'un tiers du Béarn actuel. Lors du recensement de 1385, la ville, déchue de sa prééminence au profit d'Orthez, comprenait 304 ostaùs. Outre les églises romanes de Saint-André et de Sainte-Foy, des vestiges de couvents et de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (ordre de Malte) sis au quartier Berlanne restent des témoignages de l'importance et de la puissance passée de la cité. Ce dernier édifice, mentionné en 1318 dans le testament de la vicomtesse Marguerite de Béarn, était particulièrement vénéré par les pasteurs du Moyen Âge, car ils venaient promettre, sur l'autel de la chapelle, de respecter les accords de pâturages permettant l'utilisation de cette vaste zone de landes, qui, le long du Luy-de-Béarn, s'étendait jusqu'au pied du château de Morlanne. À l'écart du bourg, en bordure du bois de Lafitau et du Luy-de-France, se tenait une maladrerie pour les lépreux. Sa fonction de capitale eut pour autre effet de faire apparaître un important marché, corollaire de toute cité d'importance en Béarn. On entendait ces mots résonner sous les auvents : « Aou péou, aou péou ». Il s’agissait de marchands palois venus acheter l'abondante toison des jeunes filles pauvres du secteur. Ce marché devint très réputé pour la qualité des cheveux, mais aussi des chevaux qu'on y présentait et un phénomène secondaire leur étant lié apparut dès le XVI° siècle. Il s'agit de courses de chevaux que l'on organisait, soit en champ clos, soit à travers la contrée, sur les routes qui sillonnaient le plateau. On peut penser qu'on organisa dans la capitale béarnaise les premières courses hippiques du continent (1099). La décadence commença avec le développement de Pau, et s'accentua en l'an 1520 à la suite d'un très grand incendie et en 1540, on ne compte déjà plus que 232 ostaùs. Les guerres de religion, auxquelles la ville n'échappa point, accélérèrent le processus. La ville conserva tout de même son atelier des monnaies jusqu'à la moitié du XVIIe siècle, mais en 1693, les maisons sont bradées 15 livres et moins. La déchéance est toutefois ininterrompue et sa physionomie est relatée en ces termes par l'intendant Lebret, au XVlll° siècle : « Lembeye serait la plus misérable ville du monde si Morlaàs ne lui disputait cette qualité ». Un temps, les Morlanais se virent gratifier par leurs voisins et concurrents palois de cu-rouyes (culs rouges), ce qui faisait référence à une bataille rangée qui mit aux prises Palois et pasteurs Morlanais sur les landes du Pont-Long. Ces derniers, vaincus se seraient enfuis montrant tous leur belle culotte du plus beau rouge qui fut. Il faut dire que l'application de la teinture bleue était plus difficile et surtout plus onéreuse. Elle se faisait à partir du pastel qu'on faisait venir de Provence, avant que l'indigo venu d'Amérique lui soit substitué. Un autre dicton vantait la qualité des pains de Morlaàs « Choyno de Mourlas bi dé yurençou, héno d’Aoulourou / Oué hèn bouno maïsou ». Les Morlanais ayant jadis fort mauvaise réputation, nombre de dictons y font référence. Ainsi : « A Mourlas, que t’enbiton- quan- t’en- bas » (à Morlaàs, ils t'invitent quand tu t'en vas). Sans commentaire ! Ou encore : « Las bacas dé Mourlas tiron a toutos mas » (les vaches de Morlaàs tirent à toutes mains). Ceci faisait allusion aux personnes opportunistes, prêtes à changer de cap pour leur seul intérêt. Anecdote en 1070, le vicomte Centulle V avait épousé sa pupille Gisla, parente à un degré prohibé. Ayant eu vent de l'affaire, le pape Grégoire III chercha à annuler, sans succès, ce mariage. Malgré la naissance incestueuse d'un fils, Gaston, qui succédera d'ailleurs à Centulle, la dissolution tut prononcée par l'évêque d'Oloron, et Gisla menée à Cluny où elle prit le voile au monastère de Martigny, tandis que Centulle épouse Béatrix, fille de Bernard 1er, comte de Bigorre (1078). En expiation de sa faute, le vicomte fit bâtir l'église Sainte-Foy, chef-d'oeuvre de l'architecture romane, au portail unique. Le vicomte poursuivit l'œuvre de son père et l'église ne fut jamais plus belle qu'au XIIe siècle. Par la suite, les restaurations et les destructions se succédant, elle perdit de sa beauté et de sa valeur. L’abside avec les colonnes à chapiteau sculpté représente la partie la plus intéressante de l'édifice.
Pour en savoir encore plus sur Morlaàs MORLAAS Morlaàs, chef-lieu de l'arrondissement de Pau, à huit kilomètres au nord-est de cette ville, est situé au pied d'une colline qui domine une vaste plaine s'étendant du village de Ger à celui de Riupeyrous. Le territoire communal est traversé, aux extrémités est et ouest, par deux ruisseaux : le Luy de France et le Luy de Béarn. La cité est la plus ancienne des principales villes du Béarn ; elle existait antérieurement à la domination romaine, mais on ignore sous quel nom. Son développement urbain date du XI° siècle, époque où le vicomte de Béarn s'installe à Morlaàs qui devient capitale du Béarn (1080) au château de la Hourquie dès lors la résidence officielle des souverains béarnais. Le nom du château aurait pour origine « hourc » (forc en vieux béarnais) indiquant un endroit planté de chênes. Le terme « forquie, hourquie » a longtemps servi à désigner le marché au bétail, non seulement à Morlaàs, mais aussi ailleurs en Béarn. Le château était le siège d'une activité qui devait assurer la célébrité de la ville : on y frappait la monnaie béarnaise, le sol morlaàs. Marca fait remonter, sans être affirmatif, la fabrication de la monnaie à Morlaàs à la plus haute antiquité. Dès le X° siècle, elle était généralement employée dans le Sud-Ouest et, aux XI° et XII° siècles, les prix de toutes choses (terres, maisons, meubles, bétail, denrées) sont évalués en sols morlaàs. Il est difficile d'apprécier exactement la valeur du sol, l'unité monétaire, par rapport à notre monnaie; cependant, on peut se faire une idée approximative de son pouvoir d'achat quand on sait qu'un excellent cheval ou une belle mule sont estimés à 100 sols morlaàs, aux XI° et XII° siècles. La monnaie morlanne eut une grande vogue au Moyen Age, non seulement dans le sud-ouest de la France, mais jusqu'en Aragon et en Navarre. Le château, situé sur un petit plateau au sud de la place du marché, a aujourd'hui disparu, victime des intempéries et des démolisseurs. À l'époque féodale, la majeure partie des habitants du Béarn était des serfs soumis à l'arbitraire des seigneurs. Recevoir des franchises, posséder des coutumes fixes était un privilège dans la France entière. C'est pendant le XI° siècle que fut rédigé le For de Morlaàs, charte de droit privé et de droit public qui, jusqu'à la Révolution, garantissait les droits et obligations réciproques entre les gouvernants et leurs sujets. Parmi les différents articles, nous pouvons noter que le for assurait la liberté de succession, exemptait de certaines charges fiscales, réglementait le service militaire. Il assurait des garanties à la liberté individuelle et au respect du domicile... Le for de Morlaàs joua, dans l'histoire béarnaise, un rôle très important : lorsque de 1280 à 1340 de nouveaux villages, des bastides, furent créés, le vicomte leur accorda le bénéfice de ce for. La plupart des. villes et villages du piémont finirent par en disposer, en particulier Orthez et Pau qui devaient supplanter .Morlaàs en tant que capitale. Les concessions étaient toutefois limitées, jamais les villages béarnais ne formèrent de véritables communes autonomes, disposant de leur armée et de leur sceau. Si pendant deux siècles Morlaàs fut le centre de la vie politique, administrative et sociale de la vicomté, au point de vue ecclésiastique, la ville dépendait du diocèse de Lescar. Le développement rapide des établissements religieux à Morlaàs inquiéta les évêques qui craignaient de voir Lescar être supplanté comme siège de l'évêché. Le premier en date et en importance de ces établissements fut le prieuré de Sainte-Foy qui, du XI° siècle jusqu'au début du XIII°, connut une période de grande prospérité et joua un certain rôle dans l'histoire du Béarn. Centulle IV lui fit une donation considérable, en particulier l'église qui se bâtissait alors, dont voici l'origine. En 1070, Centulle avait épousé sa pupille, Gisla, parente à un degré prohibé. Peu après l'avènement du Pape Grégoire III, celui-ci chercha à rompre ce mariage et écrivit à ce sujet au vicomte. Malgré la naissance incestueuse d'un fils, Gaston (qui lui succédera), la dissolution fut prononcée par l'évêque d'Oloron. Gisla fut conduite à Cluny et prit le voile au monastère de Marcigny où elle finit ses jours, tandis que le vicomte épousa Béatrix, fille de Bernard J, comte de Bigorre (1078). En expiation de sa faute, il fit bâtir l'église Sainte-Foy, chef-d'oeuvre de l'architecture romane. Dans son ensemble, elle dessine une vaste croix, formée par la rencontre d'un transept avec trois nefs que terminent autant d'absides voûtées. Le porche de style roman est majestueux avec ses six grandes arcades plein-cintre, richement décorées. Deux hommes enchaînés supportent le pilier central alors qu'au tympan sont représentés le massacre des Innocents et la fuite en Égypte ; au-dessus, un Christ est entouré d'un homme ailé (Saint-Mathieu) et d'un aigle (Saint-Jean). L'importance qui caractérisait le prieuré de Sainte-Foi, au XIII° siècle, se trouva peu à peu diminuée par l'établissement de congrégations concurrentes (les Cordeliers et les dominicains), surtout à partir du moment où le dernier des Moncade transféra la résidence des vicomtes à Orthez. Peu de temps après la construction de la basilique Sainte-Foy, le curé Bernard de Beuste fit construire, à l'extrémité est du quartier Bourg-Neuf, l'église Saint-André. Ces deux églises sont les seuls monuments témoignant encore du glorieux passé de l'ancienne capitale de Béarn. Le déclin du prieuré de Sainte-Foi reflète celui de Morlaàs en général. Il est consécutif à l'édification d'une puissante forteresse à Orthez, entreprise par Gaston VII pour garantir la frontière ouest du Béarn contre les Anglais. C'est ce château qui va devenir la résidence des vicomtes de la maison de Foix, au détriment de la Hourquie qui n'hébergera ses maîtres qu'en passant. Toutefois, c'est à Morlaàs que demeurent les principaux leviers de commande du pouvoir administratif et judiciaire, ainsi que l'atelier monétaire. Sous Gaston Fébus la cité est une des principales places Fortes de par sa position stratégique. Le vicomte contrôlait le bon état des fortifications et entreprit des réparations notables au château où il séjourna parfois des mois entiers. Si Orthez a été une concurrente bénigne, Pau va se montrer autrement redoutable, deux exemples sont significatifs. Gaston IV installa le sénéchal à Pau qui, peu à peu, déposséda la cour des jurats de Morlaàs de son rôle privilégié de cour d'appel. Le pouvoir souverain voulait favoriser Pau, et Morlaàs perdit une à une ses antiques prérogatives. En 1524, l'Hôtel des monnaies avait été établi à Pau dans la tour située au sud du château. Deux ateliers monétaires dans un petit pays comme le Béarn n'avaient pas de raisons d'être. Aussi, celui de Morlaàs cessa ses activités en 1670, après six cents ans d'existence au moins. Des 300 feux dénombrés en 1385, il ne restait que 184 feux en 1693 et l'intendant Lebret ironisait dans un rapport (1700) : « Lembeye serait la ville la plus misérable du royaume si Morlaàs ne lui disputait cet honneur ». La création du marché de Pau par Gaston IV aurait pu avoir les mêmes effets néfastes sur celui de Morlaàs. Il n'en fut rien, car la position du lieu, point de rencontre de plusieurs régions complémentaires, lui permit de survivre en dépit des vicissitudes politiques. La Hourquie de Morlaàs a même été le marché béarnais type puisque son règlement était appliqué aux autres marchés et qu'il déterminait les poids et mesures à utiliser. De nombreux marchands de chevaux et de bétail s'étaient installés à Morlaàs depuis les temps les plus reculés et jusqu'à la moitié du XIX° siècle, ils s'y étaient maintenus. Aux premiers jours du printemps s'y déroulait une activité pittoresque, la foire aux cheveux. Au cri de "Aü peü ! Aü peü ! gouyates » un barbier parcourait la place du marché pour trouver des jeunes filles peu fortunées désirant sacrifier leur chevelure pour un écu. Ce commerce a disparu depuis longtemps et les maquignons de Morlaàs eux-mêmes ont dû s'adapter aux nouveaux impératifs économiques. De nos jours, le marché se tient chaque quinzaine et le vendredi. Il reste le plus important marché de veaux (élevage et boucherie) du Sud-Ouest. La qualité ne le cède en rien à la quantité, le label « veau de Morlaàs » est très apprécié sur les places de Paris et de Nice. Le ramassage quasi quotidien de porcelets montre la vitalité de cette production et nous relèverons aussi un important marché à la volaille. Trois foires annuelles se déroulent au deuxième marché de février, le 11 juin et le 7 octobre, regroupant des bovins, des ovins et chevalins, que complète une exposition de matériel agricole. La proximité de Pau a donné au bourg un caractère résidentiel par les lotissements qui ont été créés, mais Morlaàs ne veut en aucune façon devenir une cité-dortoir. Ses industries, son commerce, son artisanat permettent de conserver un certain équilibre à la commune alors que les activités sportives, culturelles, nombreuses et variées contribuent au plaisir d'habiter Morlaàs. D’après « la vie dans mon pays… en Béarn » |
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MORLAAS, la plus ancienne capitale du Béarn, est, sans nul doute, un lieu chargé d'histoire. Elle fut confondue à tort un temps, au détriment de Lescar, avec l'ancienne Beneharnum C'est de toute évidence, un lieu d'occupation très ancienne et un foyer de la civilisation dite gallo-romaine. Au musée de Morlaàs se trouve un chapiteau composite de marbre blanc qui devait faire partie de l'ornementation intérieure d'une villa. il fut découvert en 1927 non loin de l'église Sainte-Foy. D'autres fragments de mosaïque se trouvant au musée proviennent sans doute de la même villa, mais la plupart sont originaires de la villa de Taron. Morlaàs est citée pour la première fois au XIe siècle : Centulle IV, vicomte de Béarn et d'Oloron épousa sa pupille Gisla. Or, il en était parent à un degré prohibé par l'Église. Le pape Grégoire VII déclara l'illégitimité de cette union. Pour faire amende honorable, Centulle éloigna son épouse Gisla dans l'abbaye de Marciniac et fit bâtir en sa ville de Morlaàs une magnifique église dédiée à Sainte Foy, en même temps qu'il fondait un prieuré bénédictin. Il fit dépendre de l'église toute la ville de Morlaàs avec « toutes ses appartenances » et partie des droits de la fabrication de la monnaie qui se battait en cette ville. Le fils de Centulle IV et de Gisla fut Gaston le Croisé. Suivant la coutume pyrénéenne, il octroya aux habitants de Morlaàs une chartre de privilèges « for Morlaàs » qui servit de modèle pour les fors de bien d'autres citées. Il fonda à Morlaàs deux couvents qui eurent une grande influence dans la région : le couvent des frères prêcheurs et celui des frères mineurs. En 1290 en signe d'attachement il lègue son cœur à ce dernier couvent. On se perd encore aujourd'hui en conjectures sur l'emplacement exact de la forteresse des vicomtes de Morlaàs : le château de la Hourquie, non loin de la place qui a gardé le même nom. Peut-être comme le prétendait Constant Lacoste ce château se trouvait-il non loin du Lycée Haute-vue au-dessus de Berlanne. Mais les travaux de construction du nouveau lycée et les fouilles pour fondations n'ont pas permis de corroborer cette thèse pour l'instant. Quant au patronyme de « Hourquie », il a suscité de nombreuses interprétations dont la moins pittoresque n'est certainement pas celle de la présence en cet endroit des fourches patibulaires, instruments de la justice vicomtale... Peut-être s'agissait-il simplement d'un embranchement remarquable de plusieurs routes Espechède, Saint-Jammes, Bernadets, Maucor, Serres, etc. À la fin du XIIIe siècle, Gaston VII de Béarn fit construire une nouvelle forteresse à Orthez, devenu centre stratégique d'un Béarn plus étendu. Ceci amena une relative déchéance de l'ancienne cité vicomtale. Pourtant, l'influence de Morlaàs devait encore perdurer dans les siècles. La monnaie de Morlaàs ou « sol morlans » connut une vogue sans commune mesure avec l'importance de cette ville ou bien la superficie territoriale du Béarn. Pendant toute l'époque médiévale cette monnaie, qui correspondait bien à l'indépendance économique considérable du Béarn, la petite Suisse de l'époque, servait aux transactions dans tous les pays voisins, France, Espagne, Italie, mais aussi dans beaucoup d'autres pays européens et jusqu'en Orient, dit-on... Le fait que la Cour Majour de Béarn, celle des domenjadoures tint ses assises à Morlaàs encore aux XIIIe et XIVe siècles tend à prouver le succès persistant de cette cité. Dès le XIII° siècle fut créé à Morlaàs un hôpital pour les pèlerins de St Jacques, dépendant de l'ordre de St-Jean-de-Jérusalem. Le couvent des frères prêcheurs était situé dans le « Vic de la Sabatterie au Moubourguet » et fut réédifié au XVIIIe siècle au carrefour des routes de St-Jammes et de Bernadets, non loin de son emplacement primitif. Le Couvent des frères mineurs se trouvait à l'entrée du Bourg Vieux, au nord-est du bourg St-Nicolas. L'Hôpital avait son emplacement à l'entrée sud de la ville et hors la ville, non loin de la porte de Mirande. Le château de la Monnaie, réédifié au XIVe siècle eut son emplacement au « Borc Nau » ( Le Bourg neuf ), entre l'hôtel de la Baque et la motte de la Couète de la Molère, non loin du moulin de la Dona. Cet hôtel de la Baque tire évidemment son nom des pièces de monnaie de Morlaàs frappées aux vaches héraldiques du Béarn, pièces appelées aussi « baquettes » La maison de la Baque conserve encore quelques vestiges du XVIe siècle dont de belles fenêtres à meneaux. Non loin de là, sur la route de Lembeye, au pied de la côte de Saint-Jammes, mais sur la rive gauche du Luy existait un autre hôpital qui était plutôt une maladrerie réservée aux lépreux. Il n’en reste aucun vestige, et l’on ne sait même pas à quel endroit exact il se trouvait. Toujours dans le quartier de bourg neuf, l'église Saint-André édifiée au XIe siècle fut détruite lors de troubles religieux en même temps que couvents et chapelles. Elle fut donc rebâtie par les habitants de ce quartier en 1620. C'est à la même époque que l'Hôpital de Sainte-Lucie, au sud de Morlaàs fut détruit ainsi que son église par les soldats de Montgomery. On peut en découvrir encore quelques fondations à l'endroit dit « à l'espitau ». La chapelle de Notre Dame de Berlanne fut édifiée au XIIe siècle aux portes de la ville, au bas de la côte. C'était un lieu de pèlerinage consacré par les chevaliers de Saint-Jacques. Elle aussi fut incendiée en 1569 et reconstruite par la suite... Il y eut aussi à Morlaàs un couvent des Dominicains dont il ne reste nulle trace. Du couvent des Cordeliers, il reste quelques chapiteaux, une clef de voûte, une console à personnages du XIVe siècle, conservés au musée de Morlaàs. Un autre chapiteau ( le onzième ) se trouve en l'église de Higuères... Le monument principal de Morlaàs, joyau d'architecture, le plus beau fleuron de l'art roman en Vic-Bilh, était et demeure l'Église Sainte-Foy. Cette église a la forme traditionnelle d'une croix latine avec une nef médiane et deux bas-côtés terminés par des absides circulaires. Les parties les plus anciennes sont l'abside et le bas de la façade. Elles datent du XIe siècle. L'église primitive était entièrement voûtée et surmontée, au-dessus du portail, d'une belle tour carnée. Au XIVe siècle furent reconstruites les trois nefs avec leurs soutiens. Quant au pignon, au-dessus du clocher, il date du XVe siècle. Comme les autres monuments de Morlaàs, l'Église fut dévastée en 1569.par Montgomery. Elle fut réparée en 1724. Elle fut restaurée et classée en 1841 par Viollet-le-Duc. La réfection du porche fut entreprise en 1867 et terminée en 1902. Parmi toutes les richesses de ce splendide édifice. Remarquons, cependant, ses ornementations principales de façade ; la porte d'entrée centrale présente un meneau. De part et d'autre se dressent les statues nimbées des douze apôtres, huit sont accolées deux à deux.
La première voussure encadre un large tympan où trône « Notre
Seigneur ». À sa droite, un ange lui présente le livre de l'évangile. À
sa gauche, l'apôtre Jean est figuré par l'aigle. Les voussures sont très
richement ornementées : feuillages enlacés, rangées de canards,
attributs de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il serait bon de se reporter aux nombreux ouvrages descriptifs consacrés à ce remarquable chef-d'oeuvre pour mieux apprécier ses nombreux et riches détails architecturaux. On trouve mention pour Morlaàs de six fiefs nobles : le premier est celui de Basacle de Morlaàs. Il était possédé par M. de Madaune au début du XVII° siècle. Son fils et héritier noble Zacharie de Madaune fut reçu le 30 août 1675. Noble Guillaume de Salines marié à une Madaune fut reçu à son tour le 5 septembre 1698. Ce fief resta dans cette famille jusqu'en 1776 ( 12 janvier ) ( mention d'un sol de borde et basse-cour dépendant de la métairie de Basatgle de Morlaàs ). Le second est celui de Bencayre de Morlaàs. Josué de Lagarde fut reçu pour le fief de Bencayre le 2 septembre 1652. Ce fief resta dans la famille jusqu'en 1779. Suzanne de Lagarde vendit alors le fief à noble Jean Paul Phillppe Béniti de Picamilh de Cazenave, secrétaire de l'ambassade du roi en Suisse qui fut reçu le 12 janvier 1779. Le troisième est celui de la Tour de France. Jean de Soule, avocat, fut reçu pour ce fief les 11 et 12 mai 1607. Il passe ensuite à M. de Lamarque de Morlaàs le 21 avril 1613, puis à M. de Lussagnet qui le vend à noble Isaac d'Arsault, admis le 5 septembre 1668. Ce fief reste dans cette famille jusqu'en 1760 Jean d'Arsaut seigneur de Meillon vend le fief au Sr Charles de Navères, avocat de Bidouze en Rivière Basse. Le quatrième est celui de la Tour de Lamarque. En 1663, ce fief appartient à la famille de Latapie, il passa en 1675 à M. d'Abère d'Asson. La maison fut achetée par noble Raymond de Marque qui fut reçu aux états le 1er septembre 1680, après contestations. Noble Jacques de Marque, seigneur de Bretagne, revendit la maison au Sr Jacques de Latour, prêtre, curé d'Andoins en 1719 qui fut reçu en 1719 par héritage, le fief passa à noble Bernard de Jouet, avocat. Il devait rester dans cette famille des de Jouet-la-Tour de Morlaàs jusqu'à la Révolution. Le cinquième est celui de Burgaust. Le 21 août 1629, noble Adrien de Brosser fut admis pour ce fief. La maison passa ensuite à noble Théophile de Béarn, seigneur d'Abère, puis à noble Bernard de Labarthe. Après retour aux Béarn-Abère, elle fut vendue à noble Jean de Montgaurin en 1741. Elle passa ensuite aux de Casalis, de Sévignacq dès 1752. Par la suite l'entrée de Burgaust fut supprimée et transportée sur Sarraute de Taron. Le sixième est celui de Baratnau. Noble Pierre de Lagarde, sieur de St-Jammes fut reçu pour ce fief le 25 juin 1650. En 1708 Demoiselle Françoise de Lagarde épousa noble Théophile d'Abbadie de Livron qui fut reçu le 15 juillet 1710. Veuve, elle vendit Barautnau à noble Jean de Nabos, juge au sénéchal de Morlaàs le 12 juin 1731. La maison passa en 1770 des Nabos au sieur Félix de Lamolère admis pour Baratnau le 28 avril 1770. Malgré toutes ces maisons nobles, Morlaàs fut longtemps considérée comme une petite ville assez misérable, on en a parlé en termes fort méchants. L'Intendant Lebret disait de façon malveillante : « Lembeye serait la plus misérable ville du monde si Morlaàs ne venait lui disputer cette place ». M. Tucoo-Chala cite également le récit de voyage d'une Anglaise au XIXe siècle dont la relation est tout sauf flatteuse. Quant aux dictons traditionnels, ils n'améliorent guère cette réputation.
« A Mourlaas que t'enbiten
quand t'en bas » On parlait aussi des « cul rouyes de Mourlaas» à cause d'une légende concernant une déroute des Morlanais au Pont Long devant les Ossalois. Et pourtant, cette petite ville si décriée, 51 critiquée, a su toujours montrer le sens du commerce et de l'adaptation. Ses habitants ont toujours été fiers d'eux-mêmes et de leur ville. Ils peuvent l'être à juste titre aujourd'hui. S'adaptant intelligemment à l'expansion paloise, la municipalité a su habilement profiter de l'augmentation démographique et de l'essor économique. On a pu parler dans le passé de l'École de Morlaàs il s'agissait de la fabrique de meubles à la marguerite d'habile facture. Aujourd'hui il est une autre École de Morlaàs : c'est celle de l'hôtellerie, du Lycée hôtelier créé par M. Bousquet, dont elle peut s'enorgueillir, car la réputation du talent de ses élèves est en train de passer toutes les frontières. Morlaàs n'est plus du tout une petite ville misérable, c'est devenu une cité moderne élargie, urbanisée, dynamique et coquette qui sait harmonieusement conjuguer à la mode du XXe siècle les vertus de son passé. D’après André Anglade. "Vic Bilh le vieux pays" |
Morlaàs, capitale béarnaise aux XIIIe et XIVe siècles, puis importante place forte sous Gaston Phébus, reste, pendant tout le Moyen âge, une ville monumentale et particulièrement vivante. « Voyez les murailles crénelées... les tours chargées de toits aigus... les églises dans leur robe brodée... les cloîtres ombreux... le château... au donjon énorme... « Des couvents insignes en faisaient une « ville sonnante »...» Du point de vue religieux, Morlaàs n'a pas moins alors de trois églises, un hospice, le couvent des Dominicains, celui des Cordeliers et une commanderie de l'Ordre de Malte... En confirmant au prieuré de Morlaàs les donations de son père Centulle, Gaston IV, à l'aube du XIIe siècle, en ajouta d'autres, notamment « la chapelle de Saint-André nouvellement bastie au bourg neuf par un prestre de Morlaàs, nommé Bernard de Belsta ». Cette église daterait donc de la fin du XIe siècle ; située à l'extrémité de la ville, elle semble avoir été église paroissiale dès 1115. Le site était particulièrement bien choisi sur les coteaux dominant la vallée du gave, surveillant d'une part la lande de Pont-Long et contrôlant, d'autre part, le Vic-Bilh, sur une route importante qui sera l'une des plus importantes pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Morlaàs, gite détape pour ces derniers comme pour les bergers s'en allant vers le nord, trouva sur place des pierres calcaires pour ses remparts et ses édifices; placée à flanc de coteau, défendue par des fossés, la nouvelle capitale comprenait surtout une grande rue « en bordure de laquelle s'étendait, au nord, le prieuré de Sainte-Foy et ses dépendances, à l'est, le château vicomtal continué par la Hourquie...» d'après Victor Alégre "les vieilles églises du Béarn"
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