Dernière modification: 15/09/2013
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Témoignage de Monsieur POUTOU Dominique de Monassut.
Monsieur et Madame POUTOU Dominique habitent la première maison à gauche après le presbytère ( dont ils sont distants d'une cinquantaine de mètres ) sur la route de Lussagnet. Ils eurent à souffrir ce jour du 13 juillet de la rudesse de l'occupant, mais fort heureusement sans dommage. Voici le récit qu’ils ont bien voulu nous faire :
Bien avant midi, nous vîmes passer une voiture à cheval suivie quelques minutes plus tard par un groupe de cyclistes. Peu après encore, un convoi de voitures automobiles remplies d'hommes passait devant chez nous ; nous comprîmes alors qu'il s'agissait de soldats du maquis.
Au bout d'un quart d'heure environ, nous avons entendu des coups de feu qui ont très vite doublé d'intensité et ça a duré environ une heure. Nos voisines Alice et Estelle MENJOT prises de peur sont venues se réfugier chez nous avec leur domestique ; mon voisin Jacques LACOSTE venu un peu auparavant m'aider à décharger de l'avoine, se trouvait également chez nous. On entendait les balles siffler ; quelques-unes tombaient sur le toit de la maison. J'eus alors l'idée de monter au grenier pour voir ce qui se passait ; je me suis mis au fronton à l'abri derrière la cheminée ; au premier abord, je vis ces pauvres jeunes hommes qui s'échappaient vers le haut, cherchant refuge derrière la grange de la propriété MENJOT. Les Allemands tirant sur la toiture de ce bâtiment, j'en voyais les ardoises se soulever sous le crépitement des balles.
Puis, voyant des fantassins ennemis monter dans notre direction à travers le pré de la propriété MENJOT, je décidai de redescendre de mon poste d'observation pour avertir ma famille et les personnes qui se trouvaient chez nous. Peu de temps après, en effet, nous entendîmes du tapage dans la cour ; les Allemands étaient là. Comme la porte était fermée, ceux-ci tirèrent d'abord une balle par la fenêtre en visant le plafond qui en porte encore la trace, puis trois autres à travers la porte dont une balle explosive que nous avons retrouvée sous le lit.
Nous avons alors ouvert la porte ; les Allemands étaient au nombre de quatorze et quelques-uns sont rentrés dans la maison ; ceux-ci ont donné l'ordre aux trois hommes que nous étions de sortir dans la cour et nous ont collés au mur de la forge. Celui qui semblait être le chef nous a questionnés avec insistance pour savoir si nous étions des maquisards. Nous lui avons affirmé le contraire et je crois qu'il a fini par comprendre.
Pendant ce temps, les autres soldats fouillaient entièrement la maison et la grange. Dès qu'ils eurent terminé, le chef nous donna l'ordre de rentrer dans la maison et de ne pas bouger. Il partit rendre compte à son supérieur et revint rapidement ; il fit partir ses soldats en direction du presbytère et entra de nouveau dans la maison nous faisant savoir que nous étions libres.
Comme il comprenait le français, nous avons alors échangé quelques mots, tandis qu'il posait son fusil sur la table en nous montrant sa cartouchière bien garnie. Il nous a demandé un coup à boire et une cigarette ; comme je n'avais que du tabac ordinaire, il m'a demandé si je voulais la lui rouler, ce que je fis espérant le voir partir rapidement. Mais il n'avait pas l'air pressé ; nous lui avons demandé s'ils avaient des morts de leur côté : il nous a dit qu'ils avaient un tué et un blessé. Il nous a ensuite raconté qu'il venait du front de Russie, et voyant ma petite fille de huit ans, nous a dit que lui aussi avait deux petites filles qu'il n'avait pas vues depuis longtemps.
Enfin, on a sonné le rassemblement et cet homme est parti ; je crois que nous avons eu beaucoup de chance d'avoir eu à faire avec quelqu'un qui comprenait le français.
D'autres témoignages:
Récit de Monsieur CHOURRE Prosper
Dernier combat
Récit de Madame Françoise MOURA de
MONASSUT
Témoignage de Madame CLOUTÉ
Témoignage de Monsieur Jean CAZABAN.
Récit de Monsieur Jean-Marie PALUE.
Le témoignage de Monsieur Abel BRUZOU
témoignage de l'abbé BORDENAVE.