Dernière modification: 15/09/2013
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Témoignage de Monsieur Jean CAZABAN.
J'étais âgé de 18 ans et j'étais apprenti chez Monsieur PALUE.
Ce jour-là, 13 juillet 1944, nous étions tous les deux au presbytère de Monassut ; nous construisions le petit bâtiment qui se trouve au nord et qui abrite les toilettes. Les murs étaient faits et nous faisions le ferraillage de la terrasse.
Il était 10 heures ou 10 heures 1/4 environ lorsque est passée une voiture venant de Lussagnet, puis une deuxième et assez vite après une petite camionnette chargée de gens tenant leur fusil à la main comme s'ils étaient prêts à intervenir. Ça nous a paru bizarre.
Au bout d'un moment nous avons entendu des coups de feu isolés puis des rafales. J'entendais siffler les balles du côté de chez MENJOT. Monsieur l'Abbé BORDENAVE nous a dit de nous mettre à l'abri et nous sommes descendus de la terrasse. Nous avons contourné le bâtiment pour rentrer par la porte côté ouest et là, nous avons rencontré un homme affaissé et qui se disait blessé. L'Abbé BORDENAVE lui a donné un verre ; l'homme lui a confié son veston et est parti. Ce veston contenait deux grenades et Monsieur l'Abbé l'a jeté dans le jardin pour éviter d'être compromis. Nous sommes enfin rentrés et nous nous sommes cachés dans la première pièce à gauche. Nous avons attendu environ un quart d'heure. Nous entendions toujours les rafales.
Tout d'un coup, nous avons entendu frapper très fort aux deux portes en même temps et Monsieur le Curé a répondu : « voilà ! voilà ! » Il a ouvert d'abord côté ouest et deux ou trois Allemands sont entrés. Monsieur l'Abbé s’est dépêché d’aller ouvrir la porte principale, mais il n'en a pas eu le temps ; dans le couloir il s’est trouvé nez à nez avec des soldats passés par la construction en cours.
Ils nous ont fait signe d’aller dehors et ensuite vers la route nationale. Un soldat nous accompagnait. À quelques mètres du portail du cimetière, à gauche en descendant, il y avait un mort dans le fossé. C'était le premier mort que je voyais. Vingt mètres plus loin, il y avait deux corps, l'un sur l'autre, dans le fossé à droite. Sur le bas-côté il y avait un tas de douilles ; cinquante mètres plus bas un autre tas plus important ; à la pointe du triangle de la villa ( à l'ancienne bascule ) il y avait une flaque de sang et les voitures du maquis étaient garées dans le chemin à gauche. Arrivés à la route nous tournons à gauche. Là, derrière la villa de chez PRAT, un Allemand nous demande les papiers et après vérification il nous fait comprendre que nous sommes libres. En même temps d'autres Allemands interrogent un prisonnier. Dans le fossé du côté de chez LAULHE gisait un autre mort.
Les coups de feu avaient cessé et nous sommes repartis vers l'église.
Devant nous, dans la même direction, les Allemands poussaient un petit canon et quand nous sommes arrivés à leur hauteur ils nous ont fait comprendre que nous devions nous arrêter. Ils se sont installés à dix mètres du portail du cimetière pour tirer en direction du « pigeonnier ». Le premier coup a tiré trop à droite, le deuxième au coin du toit en bas à gauche puis plusieurs en plein dedans. Quand les tirs ont cessé, nous avons pu passer et continuer notre chemin. Devant l'église les soldats ont demandé à Monsieur le Curé d'ouvrir la porte. Monsieur l'Abbé est allé chercher la clé au presbytère et a ouvert ; puis les Allemands ont visité l'ég1ise.
Ensuite je suis rentré chez moi, à pied, en passant par l'école. J'ai raconté chez moi ce que j'avais vu et l'après-midi je suis revenu sur le lieu de la bataille pour aider.
D'autres témoignages:
Récit de Monsieur CHOURRE Prosper
Dernier combat
Récit de Madame Françoise MOURA de
MONASSUT
Témoignage de Madame CLOUTÉ
Témoignage de Monsieur POUTOU Dominique
Récit de Monsieur Jean-Marie PALUE.
Le témoignage de Monsieur Abel BRUZOU
témoignage de l'abbé BORDENAVE.