Dernière modification: 02/09/2012
Pour plus de confort, pressez la touche F11 de votre clavier.
Récit de Monsieur LAGRAVE Guy
recueilli par Monsieur MOUSQUES.
Le 13 juillet 1944, deux sections du Corps Franc Pommiès opérant dans la région de Lembeye faisaient mouvement sur Gardères et les environs pour participer à des opérations de parachutages destinés au C.F.P.
Ces sections étaient commandées par les chefs SARRAZIN et BOUTIN pour la première et par le chef VILTARD pour la deuxième. Elles étaient cantonnées aux environs de Lalongue.
Le rassemblement devait avoir lieu à Lussagnet, petit village au nord de la route Pau-Lembeye. La colonne composée de 6 véhicules environ fait une halte à la sortie sud-est de Monassut sur le tronçon de route droite devant le presbytère du village. Cet arrêt consistait en un regroupement impeccable pour effectuer dans de bonnes conditions le franchissement de la route Lembeye-Pau et que le convoi devait emprunter sur une distance de quelques centaines de mètres pour tourner ensuite à gauche en direction de Gerderest. Une patrouille cycliste avait effectué une reconnaissance des lieux, rien d'anormal et le convoi reprit sa route, sur la défensive au cas où un accrochage avec l'occupant se produirait. Un événement imprévu vint alors immobiliser le deuxième camion de la colonne : « la panne ». Arrêt du convoi.
Hélas, c'est à ce moment qu'un agent cycliste de la patrouille précédant les camions annonce: « les Allemands sont là ». Aussitôt SARRAZIN qui se trouvait en tête du convoi, à quelques mètres du carrefour fit prendre les dispositions de combat et lui-même ouvrit immédiatement le feu sur les trois premières voitures de tourisme qui précédaient la colonne de nombreux camions allemands. Ces troupes bien supérieures en nombre, en armement et en matériel étaient formées d'hommes bien entraînés à la guérilla. Ils se déployèrent et tentèrent d'encercler nos pauvres chasseurs. SARRAZIN après avoir lancé son mot d'ordre allait se trouver pris dans un étau, car si les trois voitures de tête avaient été surprises par les rafales de mitraillettes de « René », les survivants ( pas nombreux ) mais surtout les hommes qui se trouvaient dans les camions se faufilèrent aussitôt dans la verdure et en feux croisés balayèrent tout le terrain en culture se trouvant juste en face du bureau de la recette postale.
J'étais, avec CLOS-PUCHEU et PAQUET à l'angle du petit chemin qui passe à l'est de la maison faisant office de carrefour, sur la route de Monassut. C'est un feu nourri de ma mitrailleuse qui protégea SARRAZIN et lui permit alors de se replier. Prosper CHOURRE qui avait rampé dans le fossé se trouvait plus en avant. Il se fit repérer bien vite, car ses tirs précis faisaient mouche. Il fut blessé dès le premier coup de feu ; il eut quand même la force de se reculer. Il continua son repli, soutenu par ses camarades. Une balle dans le poumon gauche, crachant le sang et titubant, il fut secouru par Monsieur le Curé de Monassut qui lui fit avaler une bonne rasade de «gnole» ( CHOURRE s'en souvient ).
Avec PAQUET nous pûmes nous replier sans incident. La mitrailleuse que je ne voulais pas abandonner et mon désir de me camoufler m'inspirèrent l'idée de prendre le chemin à gauche de l'église, chemin en légère montée, et je me réfugiai un instant dans une ferme dont je ne me souviens plus du nom. Je cachai mon arme, pris un verre de vin, une trousse de pansements que les habitants de la ferme me remirent et ne voulant pas compromettre mes hôtes, j'errai dans la nature à la recherche de mes camarades qui comme moi avaient réussi à sortir de cet enfer. PAQUET partit, traumatisé par cette fusillade meurtrière.
CLOS-PUCHEU avait emprunté le fossé qui se trouve sur la partie droite du chemin allant vers Monassut et fut blessé en passant dans une vigne. Les Allemands le récupérèrent et l'emmenèrent sur la route nationale où il fut froidement abattu et allongé à côté de ses camarades. LE MOLGAT Émile fut tué à son poste de combat à la mitrailleuse ; son tir empêcha un moment les soldats ennemis d'emprunter le chemin allant au village.
Avec quelques camarades, nous avons caché nos armes en bordure d'un bois sur la gauche de Monassut et le surlendemain nous avons rejoint le groupe NAVARRO à Lespielle. Il y avait avec moi : ABER-KADER, EISCHEN, GAUDIN, HOURCADE, LEMEUNIER et d'autres dont je ne me souviens plus des noms. D'autres, encore traumatisés huit jours après, se présentèrent dans d'autres groupes stationnés dans la région. Le regroupement de tous ces éléments mit fin plus tard à la vie du maquis et tous ces jeunes continuèrent la lutte contre l'envahisseur.
Une ombre au tableau, je me souviens de ces douze corps identifiés sur le bord de la route. Les habitants de Monassut se ressaisirent vite et par-ci par-là on chercha des planches et beaucoup de gens oeuvrèrent à la confection des cercueils.
Des obsèques très émouvantes furent célébrées à ces douze héros dont les noms resteront à jamais inscrits en lettre d'or sur la stèle devant le cimetière de ce petit village de Monassut qui n'oublie pas cette journée et qui, tous les ans, participe à cette cérémonie.
D'autres témoignages:
Récit de Monsieur CHOURRE Prosper
Dernier combat
Récit de Madame Françoise MOURA de
MONASSUT
Témoignage de Madame CLOUTÉ
Témoignage de Monsieur POUTOU Dominique
Témoignage de Monsieur Jean CAZABAN.
Récit de Monsieur Jean-Marie PALUE.
Le témoignage de Monsieur Abel BRUZOU
témoignage de l'abbé BORDENAVE.
Pour plus de confort, pressez la touche F11 de votre clavier.