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Vendredi 10 février 2017.
Surin.
En revenant en novembre, je n’ai pas retrouvé Laola, la
petite chienne si gentille. Il y avait bien Noy, mais il
était si galeux que j’ai reculé quand il s’est approché. Il
perdait ses polis par plaques, il était à moitié bouffé par la
gale. Je pense que la chienne est morte toute pelée et à force
de se gratter. Lam et Yuthasat (la sœur et le beau-frère
d’Amnoay) ne m’ont pas donné d’explication, car on ne se parle
plus. (Quand on ne distribue pas les petits billets verts en
revenant de France, on est méprisable). Ils ont tout de même eu
honte et ils ont soigné le chien, alors depuis quelques jours
j’ose à nouveau caresser ce pauvre Noy. Devant la maison,
des veaux gambadent comme des chevreuils et des vaches broutent
tranquillement dans la rizière asséchée. Des petits lézards, les
« tjinkchok » (nommés « margouillats » en Afrique),
courent parfois sur les murs du salon de la cuisine ou de la
chambre. Ce sont les seuls avec les mouches, les fourmis ou les
araignées qui peuvent marcher au plafond. Ce sont de petits
animaux respectables, car ils se nourrissent de mouches, de
moustiques et de tous les petits insectes qui dérangent ou qui
piquent ! Ils poussent de petits cris étonnamment puissants pour
leur taille. Chose plus rare, nous avons une petite
grenouille
dans la salle de bains. Je l’appelle Copée, car
« grenouille », en thaï, se dit « cop ». Elle est chauve,
muette certainement, car je ne l’ai jamais entendue chanter.
Elle n’a ni les pieds ni les mains palmés, mais elle a des
petites ventouses au bout des doigts. Elle s’est habituée à
nous. Le jour, elle reste
blottie sous la petite fenêtre, et le
soir, elle vient se mettre sur le flexible de la douche, ou
alors elle va sur le rebord du lavabo ou sur la poubelle, à
l’autre bout de la salle de bains. Comme elle retrouve son
chemin, une heure avant le lever du jour, je pense qu’elle a une
petite montre de gousset, et je sais qu’elle a de la mémoire !
Un jour, je l’ai surprise en grande conversation avec un
tjinchok, un petit copain qu’elle doit rencontrer en secret.
Ils sont restés presque toute la matinée ensemble, mais je ne
peux pas répéter ce qu’ils se sont dit, car leur langage n’est
pas accessible au pauvre animal primaire que je suis !
L’an dernier une petite tourterelle avait fait son nid dans le
lustre de la terrasse, elle va peut-être revenir vers la fin du
mois.
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