Lundi 12 février
2018.
Chong Mek - Phiboon
47 km.
Je commence par les
toboggans qui montent et qui descendent, mais avec la fraîcheur
matinale, je trouve agréable. Je vois le lac scintiller au soleil au
loin, en contrebas, puis après une longue descente je me retrouve au
bord de l’eau avec les buffles et quelques pêcheurs à la ligne. La route
est calme et je suis tout surpris d’arriver aussi vite, au bout de deux
heures, à Phiboon. La routine : le même hôtel, la maman qui me fait des
nouilles au porc m’a vu arriver à vélo, elle suppose que je dois avoir
faim, alors elle me donne un bol tellement rempli de nouilles, de « sanquette »,
de morceaux de viande que j’ai du mal à tout manger ! Je paye le même
prix que les autres clients (un euro), mais je suis plus méritant : je
n’arrive pas en moto ou en voiture !
Mardi 13 février
2018.
Phiboon – Warin 46
km.
Des lignes droites
infinies et monotones, mais la route monte et descend en légers faux
plats, ce qui me permet d’avoir de l’air quand je roule à quarante à
l’heure dans les descentes. Il fait un temps printanier bien agréable…
Je suis content ! Je vais manger des nouilles frites près de la gare, et
je ne sais que faire de mon après-midi, car il n’y a rien ici… Alors, je
lis la presse sur ma tablette et vu les infos du moment, je me dis que
je suis bien content d’être à dix mille kilomètres de la France ! Ici,
les gens ne vivent pas avec ce stress des mauvaises nouvelles, des gens
qui se querellent ou qui déblatèrent contre des partis politiques
adverses. D'abord, il est malvenu de critiquer, et ensuite quand on
écoute les infos : tout va bien dans le pays, la famille royale aide les
pauvres en leur distribuant des couvertures, des cadeaux, des sourires…
Bien sûr, il y a les longs reportages sur les malfaiteurs qui ont volé
la caisse de la supérette, il y a le crime sordide ou l’accident
dramatique, mais à chaque fois le coupable est pris dans la poigne
d’acier de la police et c’est bien fait ! Quand je dis que c’est « bien
fait », je parle du montage du reportage !
Les Thaïs vivent dans
une apparente insouciance, ce sont des hédonistes pour qui le souci
principal est de gagner à quelque jeu de hasard, et tout est prétexte à
rire et à s’amuser. Tout les amuse, les intrigue, ils sont curieux
réservés quand ils ne connaissent pas et ils cachent leur timidité
derrière un sourire ou un éclat de rire. « La Thaïlande, pays du
sourire ». Ne nous y trompons pas ! Je compare les Thaïlandais à des
chats siamois qui ronronnent jusqu’au moment où ils sortent les griffes.
Le sourire cache aussi bien une déception qu’une colère rentrée,
maîtrisée, mais prête à éclater. Pendant que le policier lui dresse un
procès-verbal pour défaut de casque alors que tout le monde circule tête
nue, le motocycliste sourit. Quand ils voient un étranger, ils sourient
surtout parce qu’ils sont gênés et qu’ils ont peur de ne pas comprendre
ce qu’on va leur demander. Le « sourire thaï », c’est un peu comme notre
« bonjour ». Est-ce que le « bonjour » signifie que la personne qui nous
le dit souhaite sincèrement que nous passions un « bon jour » ?
Mercredi 14 février
2018.
Ubon à Surin en
train.
Ce matin, il n’y a pas
grand monde à la gare pour prendre le train de sept heures. Il n’y a pas
grand monde non plus dans le train, et il fait un froid presque
insupportable, car je n’ai rien pour me couvrir, et je n’arrive pas à
fermer toutes les fenêtres du wagon ! Les écarts de température sont si
importants entre le matin et l’après-midi (parfois près de vingt degrés)
qu’avec dix-sept degrés on grelotte ! D’ailleurs, à dix heures, quand je
descends du train et reprends la route jusqu’à la maison avec mon vélo,
je « crève de chaleur ».
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