Carnet de voyage
Thaïlande et Laos

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 Du 04 au 07 février 2018.
De Surin à Paksé


Les amusantes poubelles
fabriquées avec des pneus !

 

Sur le bord de la route, je trouve
dès le matin du poulet rôti...
ou du riz cuit dans des bambous.

Comme toujours, je fais les 200 km entre Surin et Ubon en train, puis les 120 km entre Warin et Paksé tout tranquillement en VTT, en trois jours pour ne pas à avoir à rouler l’après-midi.

 


Des buffles albinos,
c'est rare, mais ça existe.


 

Le pont sur le Mékong
en arrivant à Paksé.

Au Laos, on aime bien garder
les défunts chez soi.
Alors on place les urnes funéraires,
après incinération, dans des chédis.

Jeudi 08 février 2018.
Paksé – Champassak. 36 km.
Je ne suis vraiment pas motivé pour sortir de l’hôtel ce matin. Pourtant, la température est idéale et le soleil brille. Je ne peux tout de même pas passer trois jours vautré sur mon lit à Paksé… Alors, je décide de partir à Champassak. La route serait tranquille, avec peu de circulation, mais je suis tout de même sur mes gardes, car les Laotiens se sont mis à conduire très vite de gros 4x4 qu’ils maîtrisent à peine, et, je ne sais pas pourquoi, chaque moto qui me double me frôle. Je longe le Mékong, mais je ne le vois que rarement, car une haie d’arbustes sauvages m’empêche de profiter d’un décor qui serait bien agréable, car le fleuve est constellé de petits îlots de verdure cernés de petites plages de sable jaune. Des chèvres, des buffles lourds et patauds, de petites vaches aux yeux cernés de noir et au regard triste, des familles entières de poulets… tout le monde se promène sur la route ! Miraculeusement, personne parmi ce petit monde ne se fait écraser. Je ne peux pas en dire autant des autochtones dont la silhouette décalquée sur la route rappelle une fin tragique. Quand il y a un accident, la police trace les contours du corps de la victime à la peinture blanche. On a ainsi des silhouettes parfois grotesques, des formes de fantômes énigmatiques et souvent la moto reproduite avec une fidélité étonnante. Ici, les policiers sont des artistes ! Miro, à côté, n’est qu’un gribouilleur de toiles ! Je m’arrête quelques instants avec des marchands de « khao dam ». Ils bourrent de gros morceaux de bambous avec du riz gluant mélangé à de la noix de coco et du sucre de canne, et ils font cuire le gros tube devant ou sur un petit brasier. C’est un peu encombrant pour mon petit sac à dos, mais j’aimerais bien en manger. Je me contente seulement de faire quelques photos et de repartir. Le village de Champassak s’étire le long d’une rue bordée de bâtiments hétéroclites où chaque maison, ou presque, propose des produits de consommation courante, petites épiceries improvisées juste pour bénéficier des quelques revenus supplémentaires. Je vais dans un petit hôtel, le « Say Thong » que je connais bien et que j’aime bien pour sa tranquillité et son restaurant avec une superbe vue sur le fleuve. À midi, j’ai droit aux petits groupes de Français retraités, des gens qui ont à peu près mon âge, et à entendre leur conversation, je me dis que je ne pourrais pas rester plus d’une journée avec des gens pareils. Ce sont « Les Bidochons en voyage organisé ». Durant l’après-midi, je reste dans ma chambre pour une petite sieste et de temps en temps je vais à la terrasse du restaurant pour voir glisser le fleuve vers des lointains bleutés.
Le soir, je dîne avec une soupe de riz délicieuse (comme à la maison !) et je rejoins ma chambre à vingt heures, car le restau est désert et la rue aussi, bien que tous les petits commerces soient encore ouverts.


Le marché de Paksé, le matin.
 

Le porcelet ne donne pas la main,
il donne la patte !

Les petits frères et sœurs aimeraient bien
se dégourdir les pattes !

Vendredi 09 février 2018.
Champassak. 25 km
Je n’ai pas grand-chose à faire aujourd’hui, sauf attendre que le temps passe. Je flemmarde au lit jusqu’à huit heures, car pour déjeuner sur la terrasse, il fait vraiment trop froid, seulement dix-huit degrés. Dès que le soleil monte un peu dans le ciel, et ici, sous ces latitudes, il monte vraiment très vite, la chaleur arrive. Je vais jusqu’à Wat Phu en touriste en prenant le temps de regarder sur les côtés. De petits temples décorés avec un évident souci artistique bordent la route.
 


 

 

 

 

 

 

Je traverse le village de Champassak par l’unique rue bordée de maisons de bois noirci par les ans ou de nouveaux bâtiments un peu kitch, presque démodés. Les petites rues latérales ne sont pas asphaltées. Ici, c’est comme en Thaïlande, les habitants tournent la façade de leur maison vers la rue et non vers le fleuve qui, me semble-t-il présente un plus gros intérêt. On ne cherche pas à profiter du beau, on se plie aux contraintes de la commodité. Le marchand ambulant, le livreur de glace, les différents ravitaillements viennent de la rue et non du fleuve qui est totalement désert. De rares barques sur l’eau, peu de pêcheurs dans ces eaux troubles qui ne sont d’ailleurs pas très poissonneuses. Le Mékong n’a jamais été un fleuve très fréquenté, sauf peut-être du temps « des Français » et jusqu’au moment où on a asphalté la route 13. Il y a un quart de siècle, je me souviens d’avoir descendu le fleuve dans un bateau collectif bondé en compagnie de poulets, porcelets et chevreaux entre Paksé et Champassak. J’étais avec mon fidèle compagnon de voyage Alain C, et nous avions acheté des ballons en baudruche que nous avions offerts à chaque enfant, et même aux jeunes filles qui nous semblaient avoir un visage angélique. Notre barcasse bondée était devenue multicolore, avec un air de fête qui fut soudain troublé par une panne de moteur en plein milieu du Mékong. Nous commençâmes à dériver lentement dans le silence d’abord, puis au milieu des cris, puis des hurlements de terreur des paysannes. Quand le moteur se remit enfin à crachoter, tout le monde éclata de rire comme si le mécanicien venait de nous faire une bonne farce. Les Laotiens sont comme ça : « tout est bien qui finit bien » !

 

Samedi 09 février 2018.
Champassak – Paksé 35 km.


Du riz à la noix de coco
cuit dans un bambou : le "khao dam"

La marchande de "khao dam"
 

D'une victime de la route
il ne reste que la silhouette...

Retour à Paksé, presque une promenade, car la route est toujours calme, et la distance est peu importante. Sur le bord de la route, on fabrique et on vent du "khao dam", des bambous remplis de riz cuit dans du lait de noix de coco sucré. Dans les rizières, les paysans repiquent le riz. Ici, au bord du fleuve, on peut faire deux récoltes par an, grâce à l'irrigation. Sur la route, ce sont les habituels contours de piétons victimes de leur insouciance. Leur silhouette tracée à la peinture indélébile par la police restera plusieurs années... Cela fera un souvenir pour la famille !

 


à la sortie de l'école...
un véritable peloton de cyclistes.
 

Un de rares pêcheurs sur le Mékong
en cette saison.
 

Le repiquage du riz...
les pieds dans l'eau la tête au soleil.
 

Dimanche 11 février 2018.
Paksé – Chong Mek 46 km.
Il fait frais ce matin, juste un petit vingt-quatre degrés, et un vent léger qui va me pousser jusqu’à la frontière. Sur le long pont qui enjambe le Mékong, un homme coiffé d’un bonnet de laine me barre la voie étroite réservée aux piétons et aux cyclistes. Je suis bien obligé de m’arrêter. Il a l’air tout excité et il s’adresse à moi dans un anglais plutôt rudimentaire : questions traditionnelles, d’où je viens (de quel pays), où vais-je aujourd’hui… Quand je lui réponds en thaï, son visage s’éclaire, car ma façon de m’exprimer est à peine supérieure à la sienne, mais surtout je suis classé parmi les gens du cru ! Il doit avoir une trentaine d’années, et bien qu’un peu atypique, ce personnage me semble sympathique. Il regarde avec intérêt mon beau VTT, mon maillot et mes superbes mollets, et il sort son « iPhone » en me déclarant dans un gros éclat de rire qu’il va me montrer sa maîtresse. Je suis sur le point de lui dire que si je suis parti à sept heures ce matin, c’est pour rouler avant la chaleur et que je ne voudrais pas perdre trop de temps, mais par politesse, je jette un coup d’œil sur son petit écran et que vois-je ? Un superbe VTT rouge, semblable au mien, avec des sacoches devant et derrière, photographié devant le portail tout doré d’un temple de Paksé ! Et il me raconte qu’avec « sa maîtresse », il est allé à Luang Prabang, et au nord du Vietnam à Sapa (je connais le secteur, c’est en pleine montagne !) et qu’il va souvent en Thaïlande. Bien sûr, j’ai droit à deux ou trois « selfies » et nous nous quittons presque amis. Un Laotien qui parle thaï, ce n’est pas rare, mais un Laotien qui fait des circuits en VTT ce n’est pas courant !
La route est calme, le soleil n’est pas trop méchant, et au bout de deux heures, je suis en vue de la frontière. Mon bidon est presque vide, il n’y a plus de petites épiceries, alors je m’arrête à un salon de coiffure un peu bizarre en pleine campagne. Je crée un début d’affolement parmi les deux coiffeuses et les deux clientes, mais j’enlève mon bandana pour leur montrer ma calvitie, ce qui les rassure un peu : elles croyaient que je venais pour une permanente ! Ce que je veux, c’est de l’eau, car je ne souhaite pas me retrouver à la frontière en train de crever de soif comme le mois dernier ! J’ai droit à un grand verre d’eau glacée, et même à un deuxième pour verser sur ma tête ! Elles se mettent à me poser des questions toutes en même temps je n’écoute même pas ce qu’elles disent, je suis Français, je vais en Thaïlande, j’ai chaud… Je pose le verre et je repars.
Je passe la frontière laotienne en vingt secondes avec une jolie petite employée qui est toute fière de me dire que c’est rapide. Je dois acquitter la taxe obligatoire de dix mille kips (un euro) car c’est dimanche ! Du côté thaïlandais le policier s’adresse à moi en thaï, je pense qu’il m’avait repéré à l’aller, et c’est tout aussi rapide. Je vais toujours au même hôtel, mais je paye un léger supplément pour avoir une chambre climatisée, ce qui me permet de fermer les fenêtres et d’être dans une aile de bâtiment éloignée du coq qui fait toujours ses vocalises à longueur de journée et… de nuit. Le soir, je vais manger au restaurant « Kukkik », comme d’habitude, et à force de revenir dans les mêmes endroits, je suis reçu comme un ami, et quand on est tout seul, ça fait tout de même plaisir !

 

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