Thaïlande et Laos

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Samedi 18 février 2017.

Chong Mek – Phiboon ( 47 km).

Une journée presque banale, mais dans un décor un peu moins monotone que d’habitude. Je commence par jouer au toboggan, avec des petites montées et de courtes, trop courtes descentes. De temps en temps, sur ma gauche, je vois le lac étincelant au soleil où quelques îlots boisés forment de grosses taches noires. Les pêcheurs ont installé, sur de petits échafaudages de bambous, de longs leviers qui permettent de relever les filets. Ces dispositifs épars, sur l’eau, ressemblent à ces faucheux que l’on voit parfois sur les mares ! La température est celle d’une belle journée d’été où les matinées donnent encore droit à un petit air vivifiant. Je ne lambine pas trop, car je suis parti un peu tard, à huit heures, et à midi ce sera la canicule : celle qui jette les buffles dans les mares et qui fait taire les oiseaux ! Je m’arrête tout de même au bord de l’eau, sur une berge sablonneuse, pour profiter ainsi d’un décor un peu particulier. On a tiré sur la rive, des radeaux de bambous couverts d’un toit de chaume. Ce sont des petites salles de restaurant où les familles, ou des groupes d’amis aiment bien se réunir autour de la table pour manger de gros poissons gris cuits à la broche dans leur carapace de gros sel. Comme les berges ne sont pas toujours au même endroit, à cause du niveau de l’eau fluctuant selon les saisons, les Thaïs qui ont toujours de bonnes idées ont trouvé ce système ingénieux de restaurant flottant.

 

 

Ce lac, Sirindhom de son vrai nom, est un réservoir artificiel. J’ai connu la région avant la construction du barrage, et c’était une région très boisée peu peuplée. Aujourd’hui, grâce à l’irrigation devenue possible, on fait deux récoltes de riz par an, et des villages sont nés, par-ci par-là. On cultive aussi le manioc, ces curieuses plantes aux longues tiges terminées par un plumet de feuilles vertes. On fait sécher les grosses racines brunes semblables à des ignames sur le bord de la route, puis on les coupe en petits morceaux blancs qui, lorsqu’ils sont secs, sont mis en sacs. Avec ce manioc, on fait le tapioca, les « perles du Japon » de nos bouillons de pot au feu, et surtout de l’éthanol, un « carburant propre » (si l’on ne regarde pas ce que coûte à la nature, la culture du manioc !).

Quand j’arrive à Phiboon, à onze heures, il commence à faire chaud. Je reviens au « Phiboonkit », et je vais manger une bonne assiette de « khao pad », le riz frit au poulet. L’après-midi, je fais la sieste, je lis les journaux sur Internet, et je me surprends à avoir des idées un peu sinistres. C’est certainement dû à la fatigue, la chaleur, le manque de motivation (à force de revenir dans les mêmes endroits), la solitude, et certainement aussi au fait de lire de si tristes nouvelles d’un monde qui s’écroule à cause de l’indignité des dirigeants en qui le « petit peuple » fait confiance ! Finalement, il n’y a que sur mon vélo que je me sens bien ! Même si je suis fatigué ou que je m’ennuie, je ne déprime pas. Bah ! C’est une dépression saisonnière : ça passera !

 

Dimanche 19 février 2017.

Phiboon – Warin ( 47 km).

Je me réveille avec un moral d’acier, des mollets d’acier, et une volonté de fer. Moi qui me sentais un peu triste hier… Je sais : je suis « maniaco-dépressif » ! Rien que de savoir cela, ça m’attriste, et me voilà à nouveau déprimé ! C’est ma dernière étape cycliste, car demain, je mettrai le vélo dans le train pour rejoindre Surin. Le temps est toujours aussi clément, la route en légers dénivelés ça monte et ça descend sans demander de trop gros efforts, mais vu les difficultés que j’avais eues à l’aller pour faire le trajet, je m’attendais à ce que ça descende partout ! (à l’aller, j’avais le vent en face)

A Warin, je reviens à l’hôtel « Kulap ». Je dis à la réceptionniste que ce n’est pas la peine de lui représenter mon passeport puisqu’elle a entré les données sur son ordinateur dimanche dernier. Elle revient me trouver dans ma chambre pour me dire qu’il y a un problème, mon autorisation de séjour étant dépassée. C’est exact puisqu’à l’aller, je partais au Laos pour renouveler mon visa qui n’était valable que jusqu’au 15 février. Cela montre bien que la police demande aux hôteliers non seulement de prendre l’identité des clients, mais aussi de vérifier si leur situation est régulière. On commence à faire la chasse aux étrangers en situation irrégulière : il n’y a que les « grosses entreprises » qui ont le droit de ramener des Cambodgiens par camions entiers pour les faire trimer sur des chantiers, en toute insécurité, dix heures par jour. J’ai souvent vu des femmes travailler à la construction des immeubles, durant toute la journée ou parfois toute la nuit, car certains chantiers ne s’arrêtent jamais. Elles sont entassées dans des camions qui les ramènent dans des dortoirs sordides d’où elles ne sortent jamais de peur de se faire alpaguer par la police. Tout ça pour un salaire de misère (parfois cent dollars par mois, sous prétexte qu’elles sont logées). Quand on sait cela, comment peut-on juger sévèrement une jeune prostituée qui gagne presque autant en très peu de temps avec un étranger qui, de plus, la sortira peut-être de son bar ou de son « gogo ».

 

Lundi 20 février 2017.

Warin (Ubon) - Surin.

 

 

Je ne ferai pas la route de Ubon à Surin à vélo, car ces deux cents kilomètres ne présentent aucun intérêt. Je me rends à la gare pour prendre le train de 9 h 30. J’enregistre mon vélo, mais comme il n’y a pas de fourgon de marchandises, les employés veulent le faire passer par la fenêtre du wagon. Je m’y oppose fermement. Alors, ils me soutiennent que le vélo ne peut pas passer par l’escalier. Ils n’ont jamais eu l’idée de dresser la bicyclette à la verticale : ils sont abasourdis de constater que ça fonctionne à merveille. Ils ont appris quelque chose avec « le farang » qui fait du vélo. Ça amuse aussi les passagers qui croyaient que j’allais rester coincé dans le soufflet. Le train, comme toujours, part à l’heure, car nous sommes en tête de ligne. Il prendra certainement du retard en cours de trajet. Le voyage n’est pas pénible, bien qu’il fasse chaud. Il faut trois heures quinze pour parcourir les deux cents kilomètres. Je crois qu’il va falloir penser à moderniser les voies ferrées.

Je descends du train à Lamchi, juste à trois kilomètres de « chez nous », à 12 h 45. Il fait une chaleur écrasante : 37° ! Amnoay m’a préparé des côtes de porc avec des frites toutes noires ! Les Thaïs ne mangent jamais de pommes de terre frites ou bouillies, et on trouve sur les marchés, des patates douces de piètre qualité, et plus chères que chez nous. Je passe l’après-midi dans la seule pièce climatisée, et dès que je vais dans le salon, il me semble entrer dans un four !

 

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