Dernière modification: 20/05/2015

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Lundi 23 février 2015.

Song Hong - Ban Lao ( 51 km )

 

Ici, on fait du béton armé avec des bambous

 

Couché à vingt heures, réveillé à six heures... Je trouve que j'ai suffisamment dormi. Je prends la route à neuf heures. Il a plu une bonne partie de la nuit, le ciel est bleu, le soleil ne me dérange pas encore : cela ressemble à ces douces matinées de juillet, chez nous, quand on prend plaisir le matin avant que la chaleur ne nous écrase. Il n'y a pas trop de circulation et les conducteurs sont plus calmes qu'hier. Je vois pointer à l'horizon les premières montagnes : cela m'inquiète et me plaît à la fois. Bien sûr, je vais devoir grimper des côtes, mais je vais avoir aussi un paysage plus attrayant que ces plaines monotones qui ont fini par me fatiguer ! Je trouve sur ma route trois Allemands ( deux gars et une fille ) qui transportent au moins quarante kilos de bagages chacun... Avec mon sac à dos de cinq kilos que je trouve trop lourd, je suis ridicule ! En Thaïlande, j'ai pris l'habitude de m'arrêter quelques instants dans les abris en bord de route... Ici, ils sont en si mauvais état que je n'y songe même pas! 

En arrivant à Ban Lao, je vais dans une guesthouse correcte pour cinq euros. Le lit est grand et il y a de la place pour mon vélo ! Je vais manger une grande grillade de porc et une brochette de foie, avec du riz gluant : je me sens mieux. Il y a trois jours que je n'ai pas fait un vrai repas. Je ne me nourris que de soupes et de bananes, et à force, ça me les fait perdre ( les forces ! ).

Je suis bien tranquille sous mon ventilateur, allongé sur mon lit, lorsqu'un vacarme extraordinaire finit par m'intriguer. Je vois dans la rue une foule en liesse défiler, et je me joins à eux. C'est la fête du temple, alors les gens ont mis, devant leur maison, des petits hôtels décorés de fleurs, de papiers découpés, il y a des photos d'êtres chers disparus, et des baguettes en bouquets sur lesquelles on a fixé des billets de banque. Les riverains glissent des billets de banque dans le flanc d'un éléphant ou d'un cheval de papier. Tout cet argent permettra d'entretenir et d'améliorer le temple, de dorer quelque statue ou de couvrir le sol de tapis... Un orchestre installé sur le plateau d'une camionnette joue une musique traditionnelle lao, les gens jettent des grains de riz, de l'eau, on veut m'offrir des petites bouteilles d'eau ou de jus d'orange... Je suis obligé de refuser, car je ne peux pas boire et filmer. Je suis le seul étranger et tout le monde me manifeste sa sympathie. Nous allons dans le temple et la foule, accompagnée des véhicules portant les offrandes fait trois fois le tour du bâtiment principal en dansant, en se tordant de rire, en hurlant et en chantant. Le soir, la fête continue, la foule des villageois mange, chante et danse dans l'enceinte du temple à la lumière des ampoules multicolores. C'est là qu'on voit que le bouddhisme n'est pas une religion : si c'était une religion, la fête serait plus triste !

 

Mardi 24 février 2015.

Ban Lao - Na Hin ( 44 km )

 

     

 

Je prends une bonne soupe de nouilles au bœuf, avant de me lancer dans une aventure qui risque d'être un peu plus difficile que d'habitude. Il est neuf heures quand je pars vers la muraille grise dentelée comme par des créneaux gigantesques. Il fait déjà chaud, les montagnes aux crêtes ondulées sont comme une toile de fond derrière les silhouettes élancées de reliefs karstiques. Le ciel sans nuages blanchit, le soleil monte au zénith et devient brûlant. La route serpente entre des murailles verticales ou couvertes d'arbustes. Sur les montagnes plus sages, aux formes plus rondes, c'est une forêt dense où les troncs blancs apparaissent comme des piquets soutenant de gros panaches verts. La route monte, descend, traverse de petits villages aux maisons de bois couvertes de toits de tôle. Les habitants semblent plus farouches ou plus timides, je ne sais trop, mais rares sont ceux qui me crient des « sabaidee » au passage. On refait le revêtement par endroits, on construit des ponts plus solides, alors c'est une alternance de bonne route et de tronçons de piste infernale hérissée de grosses pierres dont la pointe est toujours tournée vers le haut. J'arrive face à une muraille sombre dans laquelle la route semble s'enfoncer. Je passe entre plusieurs cônes touffus, et puis soudain, à la sortie d'un virage, je vois la route s'élever et partir à l'assaut d'une colline boisée. Il faut monter pendant presque trois kilomètres sur des pentes que je trouve assez raides. Un camion me double : il va à peine plus vite que moi. Je pourrais m'accrocher et me laisser tirer, mais comme je ne suis ni fatigué ni sans forces, je le laisse s'éloigner lentement. À peine arrivé au sommet, je bascule dans une descente sinueuse et ombragée. Je rattrape le camion, je le double : il pourra peut-être m'être utile dans une autre montée... Les reliefs s'étagent sur plusieurs niveaux avec des teintes bleutées de plus en plus diaphanes en allant vers l'horizon. C'est beau, je suis content, mais il commence à faire sérieusement chaud. J'aurais dû partir au lever du jour, vers six heures ; la « saison froide » touche à sa fin ! Je vois le ruban gris de l'asphalte partir tout droit vers les montagnes et je cherche du regard la trouée d'une gorge ou d'une vallée qui me permettrait de me faufiler là au milieu sans trop d'effort, mais mes espoirs sont déçus quand je vois la route partir à l'assaut de la montagne. Tout lentement, en respirant bien fort, je grimpe sans trop de peine. Puis un tronçon plus pentu et ensoleillé finit par me mettre en ébullition. Je m'arrête dans un coin ombragé, et, assis sur une pierre, je regarde passer le camion de tout à l'heure, qui ahane autant que moi. Quand j'arrive au bout des quatre kilomètres d'ascension, c'est pour profiter d'un panorama devant lequel je n'arrive même pas à m'extasier. Il fait trop chaud, je n'ai plus d'eau, et je suis impatient de sentir le vent de la descente. Ma récompense ce n'est pas le décor ou le beau paysage, c'est du courant d'air dans le cou !

Dès les premières maisons de Na Hin je m'arrête à une de ces innombrables petites épiceries qui vendent toutes la même chose et je bois un litre de limonade « cul sec ». Voilà aussi un exemple de plaisir encore plus fort que le beau panorama après avoir « galéré » dans une montée.

Arrivé à Na Hin, dans ce petit village où les guesthouses fleurissent à tous les coins de rue, je vais à « Koung Kham G.H » ( 5 euros ). Il est treize heures quand je vais manger et il n'y a pas un seul touriste en vue. Je me régale avec du poulet frit à l'ail et de véritables frites faites avec d'authentiques pommes de terre. Le soir je reviens au même endroit pour manger des macaronis à la tomate.

 

Pour aller à la fête, cliquer sur l'ombrelle  

 

 

 

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