Dernière modification: 29/05/2015

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Vendredi 13 février 2015.

Bung Khla - ( 82 km )

 

     

 

Je pars en excursion à Phu Tôk après avoir pris une bonne soupe de nouilles. Je reprends la même route qu'hier sur vingt kilomètres, puis je m'enfonce dans la campagne vallonnée au milieu des forêts d'hévéas, parfois près d'un lac de retenue, sur une bonne route tranquille. Dans les petits villages les gens ont dû voir ma photo dans « la République des Pyrénées » car ils semblent me connaître : ils me disent tous bonjour avec de grands sourires. J'arrive à Phu Tôk au pied du piton, et je devine des passerelles aux rambardes de bois montant sur sept étages. Je laisse mon vélo en bas et je commence l'ascension par des échelles de bois très abruptes : c'est fatigant, car je viens de faire quarante kilomètres à bonne allure sur mon vélo. Je croise des lycéens, et avec ma tenue cycliste « AG2r », j'ai un franc succès ! Il faut que je pose avec eux pour quelques photos... Eux aussi ont dû me voir en photo dans « la République des Pyrénées », ils me prennent pour une vedette. Les filles sont plus raisonnables : leur avis c'est que « c'est très beau, mais c'est très fatigant ». La plupart ont leur inévitable tablette ( même ici ! ) et je pense qu'à force de surfer dans le virtuel, elles auront des mollets de coq et elles n'auront plus que le pouce et l'index de musclé ! Je gravis les échelles de bois, les marches de calcaire rouge, je me promène sur les passerelles surplombant le vide de façon inquiétante, et j'arrive au sixième étage. Il n'y a plus qu'un sentier abrupt parmi les racines. Il n'y a presque personne, même pas une vente de boissons. J'ai ma tenue cycliste, mais j'ai aussi mon bidon « Coca Cola Tour 2000 ». Je peux le remplir à une source coulant près d'un préau où quelques bouddhas attendent placidement que quelques fidèles viennent leur offrir un petit bouquet de bâtonnets d'encens. Cette eau est peut-être comme l'eau de la grotte de Lourdes ? Alors, je bois, je remplis mon bidon, je me rince les yeux... Voilà, j'ai fait mon pèlerinage ! Le retour jusqu'à Bung Khla est sans difficulté. Je descends les côtes « à fond la caisse » pour avoir assez d'élan pour remonter en suivant. La route sent mauvais : une odeur de poisson pourri, de choucroute avariée, de maïs fermenté. C'est l'odeur des exploitations de caoutchouc. Quand on le sait, on s'y fait. ( Ne cherchez pas la contrepèterie : il n'y en a pas ! ). Avant d'arriver à Bung Khla, je prends une petite route sur ma gauche, du côté du Mékong, et je passe par des pistes sablonneuses au milieu des plantations d'hévéas, je longe un étang où quelques fleurs de lotus de couleur parme semblent dériver, et je rejoins mon hôtel. Je chaparde quelques tomates dans les cageots posés sur le bord de la route. Contrairement aux propriétaires un peu cupides de notre cher Béarn qui s'offusquent quand on cueille des prunes ou des cerises en restant sur la route, ici les gens sont généreux. Si je me laissais faire, je me retrouverais avec des tomates plein les poches du maillot. Ici, donner, c'est faire une bonne action, et la bonne action est nécessaire à la bonne conscience !

 

     

Le saigneur fait des scarifications sur le tronc de l'hévéa,
une sève blanche coule et se coagule dans de petits pots accrochés au tronc.
On chauffe ces boules de caoutchouc et on fabrique des sortes de paillassons qu'on fait sècher.
 

À sept heures et demie, je prends mon vélo, et je vais manger mon riz frit au bord du Mékong, mais je suis le dernier client. Je devine un falot vacillant sur l'autre rive, et de temps en temps un reflet fugace, comme une étincelle sur le fleuve plongé dans l'obscurité. C'est triste, presque sinistre. Ici, la Thaïlande si vivante et si animée dès que le soleil se couche s'est mise au rythme du Laos voisin. On se croirait dans un de nos villages en France ! Quelle tristesse ! Je reviens à mon hôtel par des rues plongées dans les ténèbres. Les chiens m'ont adopté : ils n'aboient plus à mon passage. Dans l'obscurité, je n'entends que le concert des grenouilles. C'est rassurant.

 

Samedi 14 février 2015.

Bung Khla - Ban Phaeng ( 48 km )

Hier soir, j'aurais bien voulu regarder la télé, mais sur toutes les chaînes il y avait le discours du chef d'État. Il en est ainsi tous les soirs... Gouvernement militaire issu d'un coup d'État... ça explique tout !

Sept heures, ce matin et des gouttes tambourinent sur le toit de mon bungalow. Il pleut ! C'est la première fois depuis que je fais du vélo dans la région. Le ciel est tout gris, les montagnes laotiennes, de l'autre côté du Mékong ont disparu dans une brume bleutée. L'averse ne dure qu'une dizaine de minutes, mais de petites ondées reviennent par intermittence. J'hésite à prendre la route, puis finalement je pars, car avec une température de vingt-trois degrés, même sous la pluie, je dois supporter. Pendant les premiers kilomètres, il pleut un peu, mais le problème vient plutôt de la route mouillée et tellement sale que je vais arriver tout repeint de boue rouge ! Les quarante-huit kilomètres ne me posent pas de problème, et la première chose que je fais en arrivant à Ban Phaeng est d'aller manger mon croque-monsieur au « 7-eleven » ! Des gamins m'escortent en moto jusqu'à l'hôtel « J B place ». Trois gamins sur une moto 110 cc, et le plus âgé doit avoir dix ans. Aucun ne porte de casque et ils m'accompagnent sur la grande route... Ce n’est vraiment pas comme en France !

 

Pour visiter le piton rocheux de Phu Tok, cliquer sur le garde-fou.  

 

 

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