Dernière modification: 15/06/2015

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Mardi 3 février 2015.

Chiang Khan - Pak Chom. ( 43 km )

Je commence ma journée à dix heures par une délicieuse soupe de nouilles au porc, dans un petit restaurant typique en bord de rue. Je vais revenir sur mes pas, pendant quatre jours jusqu'à Nong Khai. Les quarante kilomètres à parcourir aujourd'hui me semblent sans grandes difficultés. Cette route qui monte et qui descend sans arrêt, je m'y suis habitué, et c'est agréable, car on domine parfois le fleuve, et le paysage y trouve un nouvel intérêt à chaque virage. Je sais que cette grande plaine verdoyante qui me sépare du Laos devient un fleuve aux remous furieux et aux eaux boueuses entre juin et novembre, mais pour l'instant, le Mékong se fraye un passage entre des buissons et des îlots qui disparaîtront sous les eaux. Je roule entre dix heures et midi, alors le soleil est de la partie, mais en cette saison que les Thaïs appellent la « saison froide », il est supportable. Il fait vingt-huit degrés. Ce matin, j'ai attendu qu'il réchauffe un peu le paysage, car il est vrai qu'il faisait très froid : à huit heures il faisait seize degrés ! On m'a dit qu'ici, c'était à la fois le coin le plus froid avec parfois zéro degré en décembre, et le plus chaud avec plus de quarante-cinq degrés en avril. Je me félicite d'avoir choisi la bonne période.

 

     

On se surprend à rêver d'un pays
où les haricots verts et les petits pois
poussent sur les arbres !

     

 

À Pak Chom, je vais à la même guesthouse, je prends le même bungalow, et je vais dans la rue principale, à deux kilomètres pour manger un bon riz frit au poulet. L'après-midi je fais la sieste et je lis, puis le soir, je vais au restaurant voisin et, avec vue sur le Mékong au clair de lune, je mange un poulet frit à la sauce aux huîtres, au poivre et à l'ail. Pendant qu'on prépare mon plat, ça sent vraiment mauvais, une odeur de chien mouillé, de linge sale, de relents de lavabo... que sais-je encore ? Je ne comprendrai jamais pourquoi la cuisine thaïe sent si mauvais quand on la prépare, alors que c'est si bon quand on la mange ?

 

Mercredi 4 février 2015.

Pak Chom - Sangkhom. ( 64 km )

 

      

 

Le soleil est déjà bien haut, à neuf heures, quand je prends la route. Des virages, des montées courtes, mais assez raides, des descentes qui permettent de récupérer et de prendre son élan pour la montée suivante... Cela devient un peu répétitif, même si le paysage reste beau avec des bananiers aux larges feuilles vertes et des tamariniers bordant la route. Je trouve les derniers kilomètres interminables. Je reviens au même petit hôtel qu'à l'aller.

 

Jeudi 5 février 2015.

Sangkhom - Si Chiang Mai ( 39 km )

Il faut l'avouer, je ne suis pas motivé ce matin. Je sais qu'il y a une méchante montée au bout de neuf kilomètres... Je pars à huit heures quinze, avant la chaleur. J'attaque la côte tout doucement, et finalement j'arrive au sommet sans peine. Il y a un dénivelé de cinquante mètres sur un kilomètre. Par contre, tous les sauts de puces avec des « tapeculs » très pentus finissent par me fatiguer tout à fait. Sur les neuf derniers kilomètres, je prends la petite route qui longe le fleuve. C'est tout plat, très tranquille, parmi les villas colorées et les maisons en bois. Plus je m'approche de Si Chiang Mai, plus les villas aux teintes vives sont coquettes.

Je reviens au « Sitsuwan hôtel », et je sais déjà que ce soir je mangerai en terrasse face à la ville de Vientiane.

 

     

Ce n'est pas exagéré de dire que les temples sont des œuvres d'art !

 

Vendredi 6 février 2015.

Si Chiang Mai - Nong Khai. ( 51 km )

 

     

 

Il est huit heures et quart, l'air est frais comme chez nous au printemps, car le ciel est un peu couvert. Je longe la promenade, au bord du Mékong. En face, la ville de Vientiane n'a pas l'allure d'une capitale : aucune tour, très peu de grands immeubles apparaissent. Je pense que dans quelques années cela aura changé ! D'énormes plages de sable jaune occupent le lit du Mékong bordé d'élevages de poissons et de jardinets où les pieds de tomates côtoient les maïs et les choux. On a aussi semé de l'ail et des oignons et de ces plantes aromatiques indispensables pour faire de bonnes soupes. Je m'étonne de ne pas voir de fraisiers. La terre de ces jardins est très fertile, car ils sont immergés pendant une période de l'année durant laquelle le limon fertilisant se dépose. Donc, pas besoin d'engrais !

 

     

 

Le chemin que j'emprunte passe par de petits villages paisibles. Il est bordé d'épiceries, de petits restaurants, de marchands de brochettes... C'est à croire que les Thaïs ne pensent qu'à manger ! De temps en temps je dois revenir sur la grande route, mais dès que je le peux, je reprends le petit chemin du bord de l'eau. Je traverse des champs de tabac et de maïs. On hache finement les feuilles de tabac fraîchement coupées et on les étale sur des clés de bambou pour les faire sécher. Je vais voir des gens travailler. Ils mettent leur récolte dans de grandes poches en plastique. Leur production est achetée par des cigarettiers thaïlandais. Je ne fume pas et je le regrette presque, tant ce tabac séché sent bon. Cela me rappelle mon enfance, quand j'allais coller mon nez sur les feuilles de tabac suspendues dans le séchoir de mes voisins. Les cultivateurs me disent que fumer de ce tabac provoque des vertiges qui peuvent aller jusqu’à l’évanouissement.

 

  

drôles d'enseignes pour un poste de police...

 

Je m'arrête pour manger une soupe de nouilles et pour boire un thé au lait comme on n'en fait plus en Thaïlande. Il a une couleur orange et un goût très particulier. Il y a une trentaine d'années, on en trouvait partout au bord des trottoirs ou dans les gares routières ; maintenant on ne trouve plus que du thé en sachets ou du café lyophilisé Nescafé ou Burdy ! Encore de bonnes choses dont le « progrès » nous force à nous passer.

Aujourd'hui, je ne m'ennuie pas. J'ai fait ce trajet dans l'autre sens en passant par la grande route, il y a quelques jours et j'avais été dérangé et parfois effrayé par la circulation des camions transportant du sable. Sur mon petit chemin, je suis presque seul ! Je prends même parfois les promenades pavées ou carrelées du bord de l'eau. Les gens sont aimables, souriants, un peu curieux, mais je trouve que c'est une qualité. Ce qui m'étonne, c'est que quand je leur dis que je suis Français, ils sont fiers de pouvoir me dire « bonjour ». Je ne sais pas où ils ont appris ça ?

 

     

 

Je vais parfois dans la cour d'un temple. J'adore ce décor fait de toits aux formes gracieuses dont la teinte ocre tranche sur le bleu du ciel. J'adore les façades décorées de motifs colorés, les piliers dorés, les statues de bouddhas aux sourires énigmatiques. Je m'assieds dans un coin ombragé, parmi les fleurs, et je me laisse pénétrer par la sérénité des lieux. Ce sont toujours des endroits calmes et silencieux, comme de petits îlots à l'écart de la route à la circulation infernale de la grande route ou de la vie trépidante de la ville. Il y a quelques années, j'avais passé quelques jours à Vientiane avec Amnuai, et je me levais tous les matins à l'aube pour voir les moines par groupes orange mendier leur repas dans les rues désertes. J'allais ensuite dans un temple, et je restais dans le jardin, assis sur un banc à écouter et observer les oiseaux. Les moines revenaient au monastère par petits groupes, ils se réunissaient dans une grande salle et prenaient leur repas en commun. ( Ils mangent à l'aurore, en fin de matinée, puis ils ne doivent plus faire aucun repas jusqu'au lendemain matin ). Je les entendais ensuite réciter leurs prières d'un ton monocorde... Je trouvais ce moment merveilleux, et Amnuai se demandait si je n'allais pas devenir moine !

 

     

...le temple de style lao, tout en hauteur, le touk-touk, les "longues barques"

 

Quand j'arrive près de Nong Khaï, je suis forcé de reprendre la grande route, les rives du fleuve étant occupées par des gravières. Comme il est midi, il n'y a pas grand monde sur la route. Par contre, de nombreux véhicules sont garés, parfois très mal devant tous les endroits où l'on peut manger un « khao phad ». J'arrive au « Mut Mee garden guesthouse ». On me propose une chambre au premier étage ( 300 B )... Aucune importance, le vélo va monter les escaliers ! Je passe l'après-midi au restau, sous le toit de paille, près du fleuve à écrire mon carnet de bord. Il fait 23°, un petit vent souffle, je me crois au bord... de la mer !

 

Samedi 7 février 2015.

Nong Khaï ( 0 km )

Pas de vélo aujourd'hui ; nous nous reposons. Il a dormi debout comme les chevaux entre le lit et la cloison, et moi j'ai dormi « en pointillés ». Hier soir, je voyais une petite lueur fantôme avec mon œil gauche, comme un reflet sur le côté de mon verre de lunettes, mais le plus inquiétant, c'est que le reflet était toujours là même quand je n'avais pas de lunettes... Le soleil trop violent, la fatigue, la chaleur... Je m'impose donc une journée de repos !

Ce matin, je déambule dans la ville à pied. Je cherche un petit cadenas à numéros et une chaînette d'une vingtaine de centimètres. Je n'en ai pas absolument besoin, mais c'est toujours mieux quand on cherche quelque chose sur les marchés. Je vais au Talat Ta Sadej, marché couvert où l'on trouve vraiment de tout, et je finis par acheter mon petit cadenas. La chaînette est introuvable.

Je passe devant le Wat Lam Deun surmonté d'un colossal bouddha assis, et je vais jusqu'au Wat Po Chai, le temple principal de la ville. C'est un immense édifice qui n'a rien d'extraordinaire vu de l'extérieur, mais dont les murs intérieurs sont couverts de fresques assez surprenantes. Ce ne sont pas des illustrations du Ramayana ou de la vie de Bouddha que je suis habitué à trouver un peu partout, mais des scènes de la vie courante où figurent des voitures et des touk-touk. Ces scènes représentent des fêtes comme le Nouvel An pendant lequel on lance des seaux d'eau sur les passants aussi bien que sur les moines, des moments de la vie active, les jeux des enfants, des marchés... Je suis étonné : il n'y a pas une seule représentation d'un match de boxe ou de foot ! Le Bouddha est relativement petit, avec des pierres précieuses enchâssées dans sa tête, et il est très vénéré.

En me rendant au marché voisin, que vois-je dans la rue ? La chaînette d'une vingtaine de centimètres ! Mon contrat est rempli, je suis rassuré : on finit toujours par trouver ce que l'on cherche, même si ce ne sont pas des objets courants ! Je cherchais à manger du canard laqué, et je l'ai aussi trouvé à l'entrée du marché Ta Sadej. Je suis comblé, je peux aller me coucher, c'est l'heure de la sieste !

 

  

 

Le soir, c'est l'effervescence dans le quartier, car il y a un marché de nuit. On peut y manger tout ce qui se mange, même des insectes bien entendu, car les Thaïs de la province d'Isan en sont friands. C'est aussi coloré qu'une fête foraine, et l'ambiance est à la bonne humeur. On a dressé un podium au bord de la promenade le long du Mékong, et des musiciens se déchaînent sur des mélodies et des rythmes locaux alors que les gens dansent par groupes ou par couples. C'est vraiment la fête ! Dans ce pays, tout est prétexte à s'amuser. L'hédonisme des Thaïs est contagieux. Je m'ennuyais un peu : ils ont réussi à me redonner le moral.

 

Pour visiter le Wat Po Chai et le marché Talat Ta Sadej,
cliquer sur ces photos.

 

     

 

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