Dernière modification: 26/04/2015

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Jeudi 27 novembre 2014.

Paksé - Ban Phou. ( 45 km )

 

    

 

Je pars à sept heures et le soleil levant est déjà bien chaud. Je traverse le grand pont, ( à cet endroit le Mékong a 1300 m de largeur ) et je longe la rive droite du fleuve jusqu'à Champasak. Je suis déçu, car il y a toujours d'affreux buissons ou des haies qui m'empêchent de voir le fleuve. À ma droite une montagne boisée ou des terrains le plus souvent en friche. Quand ce sont des rizières, elles sont toutes jaunes et desséchées. Je traverse Champasak, et je continue jusqu'à Ban Phou et je m'installe à Phimphone G.H ( 5 euros ). Il n'y a personne, pas un client, pas un touriste. Je suis tout seul, rien d’autre à faire que de me coucher tôt et d’attendre demain. En voyage, il faut prendre le temps de s'ennuyer !

 

Vendredi 28 novembre 2014.

Vat Phou - Pha Thum Phon ( 45 km )

 

  

 

Il me tarde de quitter cette auberge triste à mourir, alors dès le lever du soleil, je suis sur la route sans prendre le temps de déjeuner. Je double des écoliers et des écolières se rendant au groupe scolaire du village de Champasak. Ils portent tous la tenue obligatoire : jupe longue ou short bleu marine ou noir suivant l'âge, et chemisier blanc. On distingue tout de même les fillettes des familles plus fortunées, car elles ont agrémenté le bas de leur sarong d'une pièce de soie aux couleurs chatoyantes, et leur chemise s'orne de délicates broderies. Ce n’est vraiment pas facile d'uniformiser les classes sociales ! Je repère un restaurant à l'air cossu plein de touristes d'un certain âge, Français de surcroît. Aucune échoppe de nouilles n'étant encore ouverte, je m'arrête, espérant trouver un bol de soupe. Les Français s'amusent un peu de ma tenue cycliste qui « détonne un peu dans le paysage » me dit une dame affublée d'un chapeau de paille. Je constate qu'ils ont de la confiture, du beurre et des croissants sur leur table... Ils font partie d'un groupe qui va visiter le Vat Phu chronomètre en main. Comme les seules soupes proposées au menu sont des « veloutés » de tomates ou de champignons « Knorr », je repars et j'ai la chance de trouver une bonne soupe de canard dans une petite gargote en bord de route.

 

     

 

Je traverse le Mékong sur un radeau peu engageant. Il s'agit d'une plateforme aux planches disjointes posée sur deux barques accolées. Il y a juste la place pour une moto, mon vélo, et quatre passagers. Point de gilets de sauvetage. J'ai bien une chambre à air de rechange pour mon vélo, mais en cas de naufrage, je ne suis pas sûr d'avoir le temps de la gonfler ! Ce qui me rassure, c'est que le « bac » est vieux, le moteur est vieux et depuis le temps qu'il fait la traversée, ce serait vraiment une grande malchance s'il choisissait justement le jour où je suis dessus pour couler !

 

    

petite buvette au bord de la route, et sous le parapluie, c'est le "poste à essence"...

 

Je rejoins la route 13, celle qui, depuis le Cambodge, traverse le Laos du sud au nord pour aller se perdre dans les montagnes du nord de Luang Prabang. Il n'y a pas trop de circulation et on a l'air de tenir compte des cyclistes. Personne ne me frôle. J'arrive à Pha Thum Phon où personne ne peut me renseigner au sujet d'un éventuel logement. Comme j'ai vu une guesthouse à trois kilomètres, je reviens sur mes pas, et c'est alors que je remarque un petit hôtel, le « Tutavan G.H » à 1,5 km du village. Je m'installe ( pour 50.000 k ) dans un petit bungalow en planches où le confort est nettement suffisant. Le problème, c'est qu'il n'y a rien à manger ni à boire. Il me faut aller à la petite buvette voisine, jouxtant un garage. C'est un peu bruyant, ça sent l'essence et on ne peut me proposer qu'une soupe de nouilles.

L'après-midi je reviens au village pour acheter des bananes et des biscuits. En fin d'après-midi je peux boire une bière fraîche, mais on ne sert plus de soupes et la buvette ferme à six heures. Je reste à regarder le ciel s'assombrir au-dessus de la montagne en forme de téton qui domine Vat Phu. J'ai fait quarante kilomètres et je suis juste de l'autre côté du Mékong. À six heures il fait nuit, la circulation sur la route 13 s'est calmée, je suis le seul client dans la guesthouse et je reste un peu sur la terrasse de mon bungalow à observer un gros gecko qui gobe les insectes qui passent à sa portée.

 

 

Samedi 29 novembre 2014.

Pa Thum Phon - Don Không. (83 km).

Pas de moustiques, pas faim, pas chaud, pas froid : j'ai bien dormi. Je reprends la route dès six heures, au lever du jour. Je suis seul sur « la 13 », l'air est frais, le vent est favorable et je roule à bonne allure. La route est monotone, bordée de ces éternels buissons et rizières asséchées, longeant le Mékong que je ne vois jamais, car il est à quelques centaines de mètres derrière les bosquets. Le revêtement est parfois rugueux, avec une grosse épaisseur de gravillons sur les bas-côtés m'empêchant de serrer à droite. Je m'ennuie, fixant la route cinq mètres devant moi et trouvant parfois que les bornes défilent à une désespérante lenteur. Heureusement que quelques troupeaux de petites vaches ressemblant presque à des biches traversent parfois la route : ça me fait une distraction. À partir de dix heures, c'est le défilé des bus et des minibus, des petites fourgonnettes surchargées de paniers, de ballots et où les passagers s'entassent sur d'inconfortables banquettes le long des ridelles.

Au bout de quatre heures de route, j'arrive enfin au bac qui me permet de traverser jusqu'à l'île de Không. J'ai fait quatre-vingts kilomètres sans trop de difficultés, j'ai juste les fesses un peu mâchées à cause du sac à dos et de la route parfois trop rugueuse.

 

    

 

Je vais à l'hôtel « Pon's Riverside » où l'on me propose, pour 60.000 kips, une superbe chambre. Je sens que je vais rester ici plusieurs jours ! Je retrouve Renaud et son copain, Nathaniel sa femme et leur bébé, tous ces gens rencontrés à Paksé. Ils arrivent de Kunming, en Chine, avec leurs bicyclettes et la remorque dans laquelle le bébé semble parfaitement heureux. Le monde est petit. Comme je n'ai pas fait de vrai repas depuis quarante-huit heures, j'apprécie vraiment les filets de poulet avec des frites.

La douche froide, le ventilateur, la sieste... Je suis frais et dispos, lorsque le soleil décline, pour savourer ma bière, déguster mon porc au curry et regarder le fleuve se fondre dans les ténèbres, ne laissant que quelques reflets de pâles falots trouer l'obscurité sur l'autre rive.

 

 

Dimanche 30 novembre 2014.

Don Không. ( 42 km )

 

     

 

Vers huit heures, je pars avec Nathaniel, sa femme et Youna, leur petite fille de dix-huit mois faire le tour de l'île. Nous suivons une route constellée d'ornières parmi les rizières rousses et sèches. Dans les villages, les gens s'amusent de voir un bébé dans une poussette tractée par un vélo. Tout le monde nous salue avec bonne humeur : « sabaidee ! Sabaidee ! ». La petite fille semble s'accommoder très bien de ce vedettariat. Elle entre dans la vie par la grande porte : celle du voyage, de la rencontre, des nouveaux paysages.
Malia, Nathaniel et Youna partent vers Nakasang, à 25 km de Muang Khong, car ils vont à Don Det. Je vais jusqu'au nouveau pont sur le Mékong, un ouvrage énorme dont on ne comprend pas bien l'utilité, puisqu'il relie la rive gauche du Mékong à une île peu peuplée dont la taille est restreinte. Peut-être que quelque personnage influent a l'intention d'y bâtir un complexe touristique?

Le soir, je déguste un poisson haché très fin cuit à la vapeur dans du lait de noix de coco, dans une feuille de bananier. Cela vaut bien notre foie gras ! Je passe la soirée avec les Savoyards, et comme c'est dimanche, je bois deux bières !

 

 

Lundi 1 décembre 2014.

Muang Không.

Tous les Français sont partis, les uns en vélo hier, les autres ce matin en bateau. Ils sont à Don Det où je risque de les retrouver demain. Aujourd'hui, c'est « jour de repos » pour moi : je ne touche pas au vélo. Il est garé à côté de mon lit, il dort debout. Le ciel très couvert le matin s'orne de superbes nuages blancs dans la matinée. Un léger vent du nord rafraîchit l'atmosphère. Il fait 26°, je regarde l'eau frémir sous la brise : le fleuve semble s'être arrêté !

Il n'y a pas beaucoup de touristes ; on sent bien que la crise est mondiale. J'étais à ce même hôtel-restaurant il y a huit ans et je constate que les prix ont baissé. Il faut bien attirer à nouveau une clientèle qui devient de plus en plus économe.

Je me promène dans le village, je visite le temple qui est charmant, avec un petit côté hacienda mexicaine un peu surprenant...

 

 

     

 

 

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