Dernière modification: 21/03/2013

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Dimanche 15 décembre 2012.

Ayutthaya - Kanchanaburi.

Il n'y a pas d'âge pour prendre le car !

Nous montons dans un minibus qui traverse d'interminables plaines verdoyantes et des bourgades sans caractère, de ces villes qui ont poussé trop vite, sans plan d'urbanisme, sans souci d'esthétique. Chacun semble pouvoir bâtir où il veut et comme il l'entend. On trouve ainsi de vieilles masures de bois couvertes de tôles rouillées dans de modernes lotissements ou les barres d'immeubles à trois étages sont inhabitées. La bulle immobilière a fait des ravages dans les années 90 et le pays continue à construire et les spéculateurs attendent des jours meilleurs qui ne viendront certainement pas de sitôt. Alors, ces villas ou ces immeubles inhabités se couvrent d'une mousse noire qui n'est peut-être qu'un voile de deuil. Nous traversons Suphanburi et nous sommes surpris de trouver un colossal dragon de faïence colorée dominant un quartier de la ville. Il ne s'agit pas de l'entrée d'un parc d'attractions, mais tout simplement d'un temple chinois. La religion se met à concurrencer Disneyland ! L’an dernier, en février 2011, pour le nouvel-an chinois, le spectacle avait été grandiose car près de ce temple, on avait organisé un feu d’artifice qui fut plus spectaculaire que prévu, car les pétards retombant sur la poudrière du stock de munitions de la caserne voisine, le quartier avait été dévasté. On avait expliqué aux familles des victimes que l’accident était dû à la malchance !

Le minibus arrive à Kanchanaburi, dans la gare routière un peu embouteillée où même les cars les plus imposants arrivent à se frayer un passage. Nous montons tous les deux plus mon gros sac à dos dans un cyclopousse. Cela doit bien faire cent-cinquante kilos. Le cycliste court en poussant sa machine pour lui donner de la vitesse, saute en selle et nous voilà intégrés dans la circulation de l'avenue principale. Il fait une chaleur lourde, l'air colle à la peau. Le brave cycliste sue, mais ne s'essouffle pas, il nous mène de son train régulier. Un euro la course, on peut bien se montrer un peu généreux et lui donner un peu plus. Il semble étonné, car il fait partie de cette caste à qui l'on ne fait pas de cadeau !

Nous allons au « Sugar cane Guesthouse », un petit hôtel dominant les eaux calmes de la rivière Kwai. Pierre Boulle aurait pu intituler son roman « le pont de Kanchanaburi » car c'est ici que coule la rivière Kwai rendue tristement célèbre par la voie ferrée qui demanda le sacrifice de cent vingt mille personnes, dont seize mille prisonniers de guerre anglais, hollandais ou américains. Il ne faut pas s'attendre à un pont de bois enjambant un torrent encaissé dans une jungle inextricable, le pont est un ouvrage métallique sur de massifs piliers de béton.

     

Ses parapets arrondis sont faits de barres métalliques rivetées ou boulonnées, et seules les deux du milieu ne sont plus authentiques, le pont ayant été bombardé ( par l'aviation alliée ) en 1945. Les Japonais n'avaient pas entouré le camp de prisonniers de barbelés, la jungle alentour était impénétrable, et de plus, les villageois des environs ramenaient les évadés au bercail pour toucher une prime. Un seul, aidé par les Karens de Birmanie, aurait réussi à rejoindre les forces alliées. Quand on fait le moindre effort physique à la mi-journée, sous ce climat impitoyable, on n'a aucun mal à imaginer le calvaire de ces forçats mal soignés, mal nourris, affaiblis pas les fièvres et la dysenterie. Vers la fin de la guerre, les Japonais voulurent déporter vers le Japon les quelques survivants de cet enfer, mais le bateau dans lequel se trouvaient les pauvres prisonniers fut bombardé par les Américains et ils disparurent en mer. On peut dire que le destin s'acharnait contre eux !

     

Aujourd'hui le pont est envahi par une nouvelle armée de Japonais, des gens d'un certain âge fils de soldats de cette ignoble armée d'occupation, et la plupart de ces « touristes » ressentent une certaine nostalgie pour cette époque où leur pays dominait le continent asiatique. Pendant ce mois de décembre, on organise, tous les soirs, un impressionnant son et lumière où le pont est attaqué, bombardé. Tout y est : les petits hommes verts qui hurlent, les silhouettes fantomatiques qui plient sous d'imposants fardeaux et même la locomotive d'époque qui traverse le pont en hurlant dans un nuage de vapeur. Cette reconstitution plus proche du film que de la réalité a été critiquée par les vétérans, mais je pense que c'est mieux que l'oubli, même si l'on frôle parfois le sacrilège.

Une succulente fondue thaïlandaise...

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