Surin-Bangkok

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Mardi 21 décembre 2010.

Surin - Bangkok

je prends le train de nuit pour me rendre à Bangkok. Chulomphon et Amnoay m’accompagnent à la gare. Nous mangeons au restaurant devant la gare. Chulomphon prend un tom yam ( soupe de poisson épicée, à la citronnelle ). Moi, je choisis des poissons frits à l’ail. On trouve un hameçon dans un poisson. Bien sûr, c’est bien, ça prouve que ce ne sont pas des poissons d’élevage...

Le train n’a pas beaucoup de retard ( dix petites minutes ). Nous sommes presque seuls à attendre, à dix heures du soir. Même les quelques chiens faméliques qui hantent habituellement ces lieux sont partis se coucher ! La cloche sonne, le haut-parleur annonce le train. Les rails se mettent à briller, le hurlement de la locomotive se fait de plus en plus précis, et elle arrive enfin, son gros projecteur éclairant la voie. Le wagon-lit est presque complet : à croire qu’on n’attendait que moi ! Les couchettes sont disposées sur deux étages, dans le sens de la marche, de chaque côté d’un couloir central, protégées par un rideau. Je m’installe à celle qui m’est réservée. C’est suffisamment douillet. Il est un peu tôt pour me coucher, alors je vais boire une bière à la voiture-restaurant. Je traverse des wagons déserts, ce qui est rare. Les bus sont plus rapides et plus confortables, et le train commence donc à souffrir d’une certaine désaffection. Il serait peut-être temps de moderniser les voies !

En Thaïlande, sauf lorsqu’il pleut, les trains roulent toujours toutes vitres baissées, et c’est très agréable, surtout la nuit quand l’air s’est un peu rafraîchi. La campagne sent l’herbe brûlée. Je vois, dans une demi-obscurité, des toits de tôle reflétant la lune. Dans les chaumières, une lumière diffuse, orangée ne laisse deviner aucune présence. Pas âme qui vive dans ces petits groupes de maisons isolées dans les rizières. Par là-dessus, un ciel blanc, floconneux et au loin, parfois, la lueur rouge d’un écobuage. Quand je rejoins ma couchette, tout le monde dort. Je me laisse bercer par le tacatac du train et par le léger roulis. Quand nous nous arrêtons dans une gare, je soulève les persiennes qui occultent ma fenêtre : rien sur le quai, personne à part un employé qui agite une petite lampe verte pour faire redémarrer le convoi.

 

Mercredi 22 décembre 2010.

Bangkok

L’employé du wagon réveille les voyageurs à six heures et demie, une heure avant l’arrivée. Il enlève les rideaux, roule draps et couvertures en paquets, relève la couchette supérieure, et, en un rien de temps, le wagon est devenu un wagon de jour, avec des banquettes pour s’asseoir. Avant la gare de Hualamphon, le convoi s’arrête une première fois juste après Ban Sue où je descends d’habitude pour continuer avec le métro. Il redémarre tout lentement, puis stoppe à nouveau dans le bidonville qui précède l’arrivée dans la gare de Bangkok. Nous restons là environ une demi-heure. Dommage, car nous n’avions pas pris de retard en route ! La voie est bordée de masures couvertes de tôle ondulée ou même parfois de planches. On a installé de nombreux restaurants qui sont d’ailleurs tous déserts à huit heures du matin. Je me demande si les commerçants qui tiennent ces gargotes crasseuses arrivent à s’en sortir ? Quand les pauvres décident de restaurer les pauvres, ça ne peut pas apporter de gros profits !

 

Jeudi 23 décembre 2010.

Bangkok

Aujourd’hui, je n’ai rien à faire : hier j’ai apporté mon passeport à l’ambassade du Myanmar, et ils me le rendront demain avec un superbe visa pour la modique somme de 810 bahts ( 20 euros ).

L’après-midi, je vais à Pratunam, et je monte à la grande tour qui domine toute la ville : la tour Bayoke 2. On monte par un ascenseur vitré jusqu’au 83° étage, puis on peut aller un peu plus haut, jusqu’au bar du 87° étage. De là-haut, la vue est magnifique : on domine toute la ville, et on se rend alors bien compte que Bangkok n’a pas fini sa renaissance : il reste de nombreux quartiers lépreux, noirs et sales parmi les immeubles aux façades étincelantes. Si je sais qui vit dans les vieilles bâtisses noires de moisissure, je me demande qui peut bien habiter au cinquantième étage de ces tours ? Finalement, la vie était sans doute plus agréable dans les vieux quartiers avec leurs petites boutiques au rez-de-chaussée !

 

Vendredi 24 décembre 2010

Bangkok.

Je me laisse submerger par une délicieuse paresse, car je sais que le voyage, le vrai, devrait commencer le 29, jour de mon départ pour le Myanmar ( Birmanie ). Je vais chercher mon visa à l’ambassade. Il y a une queue jusque dans la rue, et c’est un peu dur, à seize heures, au soleil, en pleine chaleur ! On me remet mon passeport. Lors de la demande de visa, on m’a demandé de m’engager à ne pas me mêler de politique pendant mon séjour. Je ne vais pas avoir grand mal, car ce n’est pas dans mes habitudes de « m’ingérer » dans la politique des pays que je visite. Le Myanmar est gouverné par une junte militaire comme en a connu le Chili ou d’autres pays d’Amérique du Sud. Après la « révolution safran » et la désastreuse gestion humanitaire qui a suivi le passage du cyclone Nargis, la Birmanie nous apparaît comme l’un des pays les plus totalitaires du monde. Le sous-sol est riche en pierres précieuses, en gaz et en pétrole. L’entreprise française Total y est bien représentée, et notre pays contribue à enrichir les dirigeants au pouvoir. On peut s’interroger sur le bien-fondé du tourisme qui apporte également des devises au gouvernement en place, mais on peut toujours objecter que les fonds issus de ce tourisme sont dérisoires par rapport aux sommes colossales des trafics juteux du bois de teck, de la drogue, des pierres précieuses, et aux richesses représentées par les revenus du gaz et du pétrole. De plus, ne plus aller en Birmanie laisse carte blanche au pouvoir en place pour agir sans témoins. Je vais donc là-bas, je ne dirai rien, je ne critiquerai rien, je n’y vais pas pour ça, mais je pourrai témoigner de ce que j’ai vu ou ressenti au retour.

Le soir, je suis invité chez Thim et Jean-Paul. Ils habitent dans la banlieue de Bangkok, et pour arriver chez eux, le taxi tourne en rond sans trouver leur quartier. C’est un peu énervant de se déplacer dans Bangkok en taxi, car les chauffeurs connaissent mal certains quartiers et parfois ils font ce que font beaucoup de taxis dans le monde, ils tournent en rond pour faire tourner leur compteur. Peu importe, guidé par téléphone, on finit par arriver. Nous fêtons Noël avec une bonne bouteille de vin rouge et une excellente dinde aux marrons.

             

Samedi 25 décembre 2010

Bangkok.

Depuis trois semaines que je suis en Thaïlande, je suis au milieu des décorations de Noël parfois outrancières, et je ne passe pas dix minutes sans entendre « jingle bells », à croire qu’ils ne connaissent que ce chant de Noël. C’est tellement énervant que je pense faire bientôt une allergie que je soignerai en me mettant du persil dans les oreilles. Heureusement que « petit papa Noël » de Tino Rossi n’est pas arrivé jusqu’ici : il ne manquerait plus que ça ! Les Thaïs considèrent cette fête comme un carnaval durant lequel on se déguise avec un habit rouge et blanc. Pour les grands magasins, c’est une occasion de doper les ventes. Tous les employés portent un bonnet rouge, pointu avec un petit pompon blanc. Dans la tradition, bien que la Thaïlande change d’année civile le 31 décembre ( ils vont passer à l’année 2554 ! ) ; leur Nouvel An est en avril, pour marquer le début de la saison des pluies. S’ils savaient que le « norouz », Nouvel An iranien est au mois de mars, ils fêteraient l’événement ! Ils sont prêts à récupérer toutes les fêtes du monde sans même chercher à savoir ce qu’elles représentent !

 

 

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