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Le portail n'a jamais été restauré. Il a
été rajouté à l'édifice vers 1140 ou 1145, en pleine période de croisades.
Les personnages sculptés représenteraient les sept péchés capitaux. Au
XII° siècle, ils étaient rehaussés de couleurs vives. |
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Sur le tympan, on peut voir
la transmission du mandat apostolique par un christ en
majesté remettant les clés du Paradis à Saint Pierre et le phylactère
déroulé à Saint Paul, champions de la foi chrétienne. Cette
représentation fait obstacle au péché représenté par les onze
personnages de la voussure supérieure. |
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Deux gloutons: l'un s'étouffe
tenant dans sa main droite un gobelet ou de la nourriture, l'autre
vomit. On peut y voir la représentation du péché de gourmandise, ou la
colère pour ce deuxième personnage qui semble hurler. |
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Ce couple figure la luxure.
La femme relève sa robe pour montrer ses attributs féminins masqués
pudiquement par du plâtre, l'homme tient sa verge mutilée. Bien qu'au
moyen âge la pudeur telle que nous la concevons n'existe pas, ce genre
de sculpture est très rare. |
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Tireur d'épine aux génitoires considérablement
surdéveloppées (sous son manteau) peut figurer l'envie. |
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Ce personnage, au centre de la porte
apparaît tout à fait inactif. Il semble même s'ennuyer. Ne
symboliserait-il pas la paresse? On remarque bien ses babouches. En
effet, à part l'un d'entre eux, tous sont chaussés de ces chaussures
portées par les arabes. Nous sommes au moment des croisades, et
l'artiste ayant réalisé ces sculptures a peut-être voulu figurer les
"infidèles" sous un jour peu avenant, pratiquant le péché et menant une
vie dissolue... C'est en tout cas l'une des versions de l'interprétation
de ce portail qui n'a son équivalant nulle part ailleurs en France.
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Un
musicien tenant une viole brisée dans la main gauche et portant un cor à
la ceinture représente la frivolité. C'est un peu difficile à admettre, mais il fallait bien donner
une explication! |
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Un moine tonsuré, pieds nus, à la
chasuble très ornée, muni d'un livre, observe la femme se trouvant à sa
gauche d'un regard libidineux. Il symbolise la
lubricité. Les livres étaient très rares, très chers, en 1150, et les
moines étaient pratiquement les seuls à savoir lire. |
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Les mains sur les hanches, d'un air un
peu pataud, elle danse... Rien de comparable avec la grâce des Apsaras
du royaume Khmer contemporain (Cambodge). Elle symbolise la luxure. Liée
par le regard au musicien, elle pourrait évoquer le mariage des prêtres.
Selon d'autres interprétations, elle défait sa ceinture, le visage
tourné vers le moine.
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Un homme assis, aux
babouches bien évidentes lisse sa longue barbe. C'est la coquetterie. Sa
culotte bouffante pourrait être celle d'un Calife ou d'un haut
personnage rencontré au moyen Orient, sur le chemin des croisades...
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Ce dernier personnage
tout à fait à droite de l'arc a bien mal vieilli. Cela peut paraître
logique puisqu'il tient sur ses genoux un tonneau qu'il est en train de
vider consciencieusement ! Que peut-on faire de mieux pour symboliser
l'ivrognerie?
Certains disent qu'il tient un coffre, symbolisant ainsi l'avarice. |
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Deux cavaliers s'opposent dans un
combat sans que l'un des deux ne soit favorisé par un signe indiquant
son appartenance à la chrétienté par exemple. |
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Deux oiseaux
sont juchés sur le dos de deux lions. |
Le tympan.*
Sur le tympan*
de l'église, le Christ, dans une égale amitié, remet un "volumen"*
déroulé à Saint Paul et les clés à Saint Pierre. Avec le don des clés et
le phylactère*
déployé, le sculpteur a représenté la transmission apostolique. "Tu es
Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église et les portes de
l'Hadès*
ne tiendront pas contre elle". Dans l'encoignure de la porte, deux
têtes menaçantes, dont l'une
porte des cornes, puis deux
autres têtes monstrueuses à l'extrémité de la
voussure*
principale figurent sans doute ces "portes de l'Hadès". Elles encadrent
une série de onze personnages prisonniers dans la mort du péché. Pierre,
à qui l'édifice est dédié, joue un rôle majeur et est situé à la droite
du Christ. Paul doit remplir une fonction fondamentale, celle de faire
comprendre et aimer la "loi de la foi", la "loi de l'esprit" en
antithèse avec la "loi mosaïque"*
impuissante à lutter contre les tendances de la chair dont les petites
figures de la voussure*
du dessus donnent plusieurs exemples.
De nombreuses similitudes prouvent que les artistes ayant sculpté les
personnages du portail de Sévignacq se seraient inspirés des maîtres ayant
œuvré à Oloron ou Morlaàs, ce portail appartenant lui aussi à la
production du "grand atelier". Il fut édifié entre 1140 et 1145,
peut-être un peu au-delà...
tympan*:
Dans les églises romanes ou
gothiques, Espace compris entre le linteau et l'archivolte (ou
voussures) d'un portail.
volumen*:
Réunion de feuilles
manuscrites enroulées autour d'un bâtonnet.
phylactère*:
Banderole à extrémités
enroulées portant le texte des paroles prononcées par les personnages
d'une œuvre d'art du Moyen Âge et de la Renaissance.
Hadès*:
dieu de l'enfer dans la
mythologie. Par extension: l'enfer.
voussure*:
courbure d'une voûte, d'un arc, partie courbe qui surmonte
une porte, une fenêtre. Chacun des arcs concentriques formant l'archivolte d'une
arcade, d'un portail.
mosaïque*:
qui a rapport à Moïse ou à sa
religion.
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