Dernière modification: 14/11/2012

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Shwedagon.

 

 

Lundi 16 janvier 2012.

Yangon.

Depuis que je viens au Myanmar, je ne manque pas de visiter la pagode la plus célèbre du pays, réputée dans le monde bouddhiste : la Paya Shwedagon. Et je suis à chaque fois émerveillé.

Je me rends d'abord à la Paya Maha Wizaya. Son nom est celui du bonze Wizaya qui, du temps de la colonisation, chassa des Anglais d'un temple, car ils refusaient de se déchausser. Il fut jugé et condamné à mort pour cet outrage. C'est vrai quoi ! on ne force pas les Colons à devenir des va-nu-pieds devant de ridicules idoles assises sur des fleurs de lotus ! Cela montre bien le manque d'intégration des Britanniques en pays bouddhiste ! Cette pagode au stupa doré, bien proportionné, faisant face à la Shwedagon a été bâtie par le dictateur Ne Win en 1980 pour commémorer l'unification du bouddhisme Theravada dans le pays. Ce qui est étrange, c'est que l'on peut pénétrer sous le stupa où l'on entre dans une curieuse salle circulaire aux colonnes imitant des troncs d'arbres et au plafond décoré d'animaux et de feuilles d'arbres. C'est tout à fait kitsch, c'est sans grande valeur artistique, mais c'est si surprenant que ça vaut le déplacement.

De là, on franchit une passerelle sur l'avenue U Htaung Bo ( je n'invente pas le nom ) et on arrive au pied de Paya Shwedagon. On ne voit encore rien de la merveilleuse pagode. Il faut payer cinq dollars, mais les employées n'acceptent pas la monnaie américaine, du moins si l'on n'insiste pas trop. C'est de bonne guerre, elles prennent cinq mille kyats, les changent en dollars, et mettent cinq dollars dans la caisse. Elles gagnent ainsi mille kyats par personne. Quand je leur ai expliqué que j'avais compris leur manège, elles ont éclaté de rire, mais ne m'ont pas démenti. Elles ont senti en moi une complicité. Elles ont raison : j'ai payé cinq mille kyats ! Il y a un ascenseur pour les plus réfractaires au moindre effort, mais je prends les escaliers. Selon la légende, la pagode remonte à deux mille cinq cents ans. À l'époque, le Bouddha Siddharta Gautama rendit visite aux frères Tapussa et Bhallika qui lui offrirent des gâteaux au miel. Pour les remercier, il leur donna huit cheveux. Ils devaient être bien courts puisque Bouddha avait tondu sa chevelure, signe de son appartenance à la caste des guerriers Kçatrya, au début de son errance. Bon, les deux frères donnent les huit cheveux au Roi qui les fait sceller sous un zédi qui deviendra, avec toutes les améliorations que le temps lui a apportées, la Shwedagon. Le stupa est plaqué or, et le bourgeon, au sommet est recouvert de 13153 plaques d'or de 30 cm² chacune. Au sommet, dans le hti ( sorte d'ombrelle ) et la girouette, on ne compte pas moins de 3154 clochettes d'or et 79569 diamants et pierres précieuses. La pointe du globe, tout au sommet, est marquée par un diamant de 76 carats. Lorsque j'arrive sur la plate-forme, je suis à chaque fois émerveillé par ce décor sublime. Je suis devenu lilliputien, et me voilà dans un coffret à bijoux, au milieu de fontaines d'or, de rivières de diamants. Il est l'heure où le soleil disparaît à l'horizon, et l'or rendu encore plus éclatant par les dernières lueurs du couchant se détache sur un ciel couleur améthyste virant au lapis-lazuli mêlé aux dernières lueurs du couchant. Contrairement aux autres années, je reste à l'est du monument pour l'admirer à contre-jour sur le ciel rougeâtre. Le zédi doré sur le ciel orange semble transparent. On dirait presque qu'il est en onyx. Le soleil a disparu, le ciel reprend durant quelques instants une teinte turquoise, puis il s'assombrit lentement jusqu'à devenir d'un bleu marine profond, puis d'un noir intense. Seule, une étoile intimidée par la magnificence de l'or, scintille faiblement dans la voûte céleste. Je suis « aux anges », à la fois heureux de contempler un tel spectacle dans la sérénité de ma solitude, et frustré de ne pouvoir partager ce merveilleux moment avec personne. Soudain, tous les petits stupas ceinturant le grand zédi s'illuminent de milliers de petites ampoules multicolores qui se mettent à clignoter. Mon écrin à bijoux devient du toc, c'est Port Ventura de Salou, Disneyland ! Quel est l'iconoclaste qui vient de casser mon bijou, de détruire mon rêve ? J'en pleurerais de rage. Me voilà retombé sur terre, et je me suis fait mal ! J'ai encore plus mal quand je vois des pagodes aux toits cernés de ces petites ampoules comme on le fait chez nous autour de certaines maisons à Noël. L'endroit le plus magnifique du monde est devenu un parc d'attractions. Le sacré, le sublime, sont tombés dans le mercantilisme le plus abject : celui qui veut rendre encore plus belle la beauté pure. C'est pire que la pyramide futuriste détruisant la perspective architecturale sobre et austère du Louvre, c'est pire que les Bouddhas de Bamyan s'écroulant de chagrin devant la méchanceté des taliban, c'est la destruction d'un rêve, c'est la porte fermée au nirvana passager auquel je pouvais avoir accès. J'ai beau faire le tour de Shwedagon tout lentement, dans le sens des aiguilles d'une montre avec la foule hétéroclite des bonzes qui jouent avec des petites voitures téléguidées, des fidèles qui prient, leurs fleurs et leurs bâtonnets d'encens à la main, des touristes qui filment, photographient, je ne parviens pas à retrouver mon émerveillement. Je reste assis dans un coin à regarder les gens. J'ai ressenti une déception presque aussi forte l'an dernier quand j'ai vu ce qu'ils avaient fait du Ta Phrom d'Angkor Vat, aménagé en décor de cirque pour que les touristes coréens puissent se prendre en photo dans les endroits les plus beaux. Je redescends les marches avec le même état d'esprit que si je revenais d'un enterrement !

 

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de la pagode Shwedagon

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