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touche F11 Chaung Tha Lundi 2 Janvier 2012. Chaung Tha Beach. La nuit a été aussi infernale que sur le bateau. Les Birmans qui viennent en villégiature au bord de la mer n'ont pas les moyens de louer des bungalows à quinze dollars la nuit, sauf s'ils se mettent à cinq ou six par chambre, sans compter ceux qui dorment dehors sur le petit balcon. C'est ainsi qu'un hôtel de faible capacité comme le Tha Zin se retrouve avec une bonne centaine de clients. Si les restaurants sont trop chers ( à 1,50 € le repas ), peu importe, on a apporté la vaisselle en aluminium, le sac de riz, le nécessaire pour cuisiner, et la petite cour de l'hôtel devient la popote du régiment ! Au moment de la vaisselle, les assiettes font un bruit de cymbales, accompagné par les jeunes grattant la guitare comme de malheureux débutants. Et on chante le plus fort et le plus faux possible jusqu'à des heures indues et l'on crie et l'on rit, et l'on s'amuse... Bon, jusqu'à vingt-deux heures, j'ai supporté, car il y avait de l'électricité, je restais sur mon balcon au frais... Mais quand on a coupé l'électricité, j'ai eu l'intention de dormir. La chose était rendue impossible par les chanteurs qui continuaient leur récital à effrayer un canard sauvage. Mais le pire restait à venir ! À quatre heures, je suis réveillé par des hommes qui aboient, des femmes qui glapissent, des jeunes qui éclatent de rire, des filles qui courent avec des talons en bois qui claquent... C'est infernal, on s'interpelle, on crie, on claque des portes, on fait comme si tout le monde était réveillé. Je dois avouer que dans ces moments-là, les Birmans, je les déteste. Le mot discrétion ne doit pas exister en birman. Et le pire, c'est que ce chahut continue toute la journée. Je pense que certains se sont éveillés à quatre heures pour partir, mais la cour est toujours aussi bruyante, les fausses notes des guitares ne cessent pas de la journée, et la majorité des gens sont toujours là. Alors pour aujourd'hui j'appréhende de voir venir la nuit, mais je sais que demain je partirai au Williams G.H, j'y ai retenu un petit bungalow pour deux mille kyats de moins. Aujourd'hui je ne suis allé à la plage que quelques minutes, juste le temps de vérifier que le cheval zébré est toujours là et que la plage est toujours aussi animée. Pour manger, j'ai jeté un sort à un grand poisson frit le midi, et le soir, je me suis contenté d'un peu de bœuf au curry avec du riz. Au réveil, ce matin, quelle ne fut pas la mauvaise surprise de constater que mon poignet droit est tout rouge, presque violet, avec des cloques blanches comme si je m’étais brûlé… Je ne ressens aucune démangeaison ni douleur. Piqûre d’insecte, infection due à une égratignure ? Je ne sais pas ; alors j’envoie un message Internet à Michel, mon médecin, en y joignant une photo. Je suis un peu inquiet, car s’il y a un endroit où il vaut mieux ne pas avoir d’ennuis de santé, c’est bien ici ! J’ai vu l’hôpital, c’est une cabane de bois couverte de tôle ondulée, et j’aimerais autant ne pas être obligé d’y aller !
Mardi 3 janvier 2012. Chaung Tha. Comme prévu, le réveil en fanfare est provoqué par les pensionnaires qui déjeunent et les cris et les coups de cymbale des assiettes qu'on empile, et cela, dès six heures. Je quitte donc le Tha Zin Guest House pour le Williams G.H. J'ai élu domicile dans un petit bungalow qui donne sur des paillotes, du linge qui sèche sur l'herbe haute et une petite échoppe avec une table et trois chaises où l'on peut manger des crêpes semblables à de la pâte à pizza. Le grand restaurant sert surtout des repas le soir, et je ne suis dérangé par personne si je m'installe à une table avec un soda. Pour la première fois au Myanmar, je sens que je vais exploiter ma flemme pour me laisser aller aux délices d'une nonchalance proche de la béatitude.
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Mercredi 4 au vendredi 6 janvier 2012. Chaung Tha Mon poignet est toujours aussi violacé, mais je ne ressens aucune douleur. Mon médecin pense qu’il s’agit d’un zona. Heureusement que j’avais prévu une pommade antibiotique dans ma sommaire trousse pharmacie ! Si « la vie est un long fleuve tranquille », je crois pouvoir dire qu'ici la vie est un océan de tranquillité. À part les pauvres « forçats » qui poussent leur charrette contenant douze bidons de vingt litres d’eau pour ravitailler les hôtels et le village, personne ne donne l'impression de travailler. Les petites vendeuses de brochettes de gambas grillées sillonnent la plage, le plateau sur la tête, le sourire aux lèvres, le marchand de cerfs-volants semble s'amuser autant que ses clients. Comme les cerfs-volants sont très encombrants et que les habitants de Yangon n'en auraient pas l'utilité, on peut les louer à l'heure ou à la journée, tout comme les bicyclettes pour se promener sur la plage. ( Ah, les pauvres vélos, tout rouillés à force de rouler dans l'eau salée, ils ont bien triste mine ! ) Ainsi, les baigneurs ne sont à l'abri d'une collision avec un cycliste que lorsqu'ils ont de l'eau jusqu'à la taille ! Dans la rue principale, le long de la plage, de petites boutiques proposent des colliers, des boucles d'oreilles de nacre, de superbes compositions du plus mauvais goût fabriquées avec de petits coquillages de toutes les couleurs. Ce qui semble avoir le plus de succès, c'est le dauphin sous le cocotier ( un ramasse-poussière à poser sur la télé ). On trouve aussi des shorts fabriqués en Thaïlande avec « Pattaya » écrit dessus. Chaung Tha, cette station balnéaire peu fréquentée par les Occidentaux risque de devenir un jour aussi détestable et impersonnelle que Pattaya, gangrenée par « le fric » et la prostitution. Les petites marchandes de brochettes auront perdu le sourire, et le loueur de cerfs-volants aura réalisé que ses revenus ne sont plus suffisants, alors il louera des « scooters de mer » et ne pourra plus jouer avec ses clients. Il en va ainsi de « la vie qui est un long fleuve tranquille ». Qui aurait pu empêcher que le petit bourg de bord de mer de Hendaye, avec ses villas de pierre disséminées dans la dune ne devienne un jour la station balnéaire telle qu'on peut la voir un dimanche d'août ? Alors pour l'instant, Chaung Tha, c'est Hendaye du temps de l'Impératrice Eugénie, et j'essaye d'en profiter !
La plage de Chaung Tha deviendra un jour le lieu de villégiature des bourgeois de Yangon.
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