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Dimanche 28 février 2016.

Ongkarak – Saraburi 66 km.

Départ, comme toujours le matin à sept heures, « à la fraîche » avec le soleil levant. Le début du trajet est agréable. Je longe un canal sur une très large autoroute dont le terre-plein central est décoré d'arbustes tout fleuris. Ça fait comme des gros pompons violets, orange et roses. Je roule à bonne allure, mais je reste vigilant à cause des motocyclistes arrivant à contre-sens. Parfois le secteur semble s'urbaniser, des boutiques ou des ateliers bordant la route... Mais ce n'est qu'une façade, la campagne est juste derrière ! Je traverse des plantations de palmiers à huile, cette nouvelle calamité écologique et culinaire. L'huile de palme on la trouve partout dans les aliments et ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour notre santé. 

 

Les vingt derniers kilomètres, je les parcours sur l'autoroute qui relie Bangkok à la région du sud-est. La circulation est affolante, car elle est fluide, donc, certains véhicules roulent à 120 ou 130 km/h. Alors, quand il y a des jonctions de deux autoroutes, il me faut traverser deux voies pour partir sur la droite, et c'est vraiment stressant. Quand je suis sur la bande d'urgences, je vois arriver à contre-sens des motocyclistes, des voitures, et même parfois des petits camions de livraison. Cela m'oblige à me déporter sur la chaussée en espérant que les véhicules arrivant derrière moi feront un écart. Je n'en peux plus, je suis tellement concentré et inquiet qu'à un moment, je m'arrête sous un pont, et je m'aperçois que j'ai les genoux qui jouent des casquettes. Je me jure alors que si je m'en sors indemne, j'arrête tout aujourd'hui ! 

Quand j'arrive à Saraburi, je vais directement à la gare. Mon périple est terminé. Je sais que la route vers Khorat et Surin sera très fréquentée, je ne provoque pas le destin, j'ai fait exactement mille kilomètres. Pour les trois cents qui restent, je les ferai en train demain !  

 

 

Je vais dans un hôtel pas loin de la gare, c'est un vieil établissement poussiéreux. Derrière son comptoir en bois noirci par le temps, un vieux dont la truffe surmontée de lunettes presque opaques le fait ressembler à Gepetto, ne cache pas son étonnement de voir un « farang » pénétrer dans son gourbi. L'ascenseur est en panne depuis belle lurette, alors je monte par un escalier dont les tringles d'aluminium avaient dû servir à fixer un tapis rouge. Sur le palier poussiéreux, un chat famélique s'enfuit à mon approche. Des appliques pendent aux murs. L'établissement a dû connaître des jours plus fastes. La femme sans âge qui me conduit jusqu'à la chambre semble marcher les yeux fermés. Elle éructe des phrases que je ne comprends même pas. La chambre ? Un mur vert « caca d'oie » maculé, un ventilateur, au plafond, qui fait un bruit de moulin à café, et qui risque de me découper en rondelles s'il se décroche pendant la nuit ! Bah ! Il y a bien un demi-siècle qu'il tourne, il ne va tout de même pas me faire le coup de se décrocher aujourd'hui ? La salle de bains est dans le même style. La cuvette des toilettes est noire de tartre, le bas des murs aussi...

 

Lundi 29 février 2016.

Saraburi - Surin.

C’est décidé, j’abandonne ma promenade. La route entre Saraburi et Korat est trop fréquentée, il y a une longue côte où les gaz d’échappement des camions vont me suffoquer, et de plus, le paysage est le même que celui que je trouve tous les jours dans les alentours de Surin. Je n’ai donc aucun intérêt à prendre des risques sur la route. Je termine donc mon voyage en train.

 

 

Maintenant que je suis arrivé au bout de mon voyage, il est peut-être temps que je donne les statistiques qui confirment mes craintes sur la route. La Thaïlande est un pays dont la population est légèrement supérieure à celle de la France pour une superficie égale. On compte sur les routes, par an, 26.000 morts, soit à peu près 500 par semaine. Les trois quarts sont des motocyclistes. ( Ces chiffres sont donnés par le journal « Courrier International » ). Actuellement, la police essaye de lutter contre l'alcoolisme au volant. Le taux d'alcool toléré est de 0,15 c'est-à-dire nettement inférieur à celui autorisé en France. La conduite avec un taux d'alcool supérieur au taux autorisé est sanctionnée par une amende très dissuasive pour les Thaïlandais. On ne vend pas d'alcool ni de bière dans les « Seven eleven » des stations-service. Pour la sécurité sur la route la Thaïlande est sur le podium, à la deuxième marche après la Libye dont les résultats sont un peu faussés puisque c'est un pays en guerre et sur le même podium se trouve l'Érythrée. On pense même que la Thaïlande occupe le premier rang ! Elle atteint tout de même tous les ans le taux de 40 morts pour 100.000 habitants ce qui est énorme. Si j'ai eu de fortes sensations tous les jours, l'explication est donc dans ces données qui sont même, malheureusement, certainement en dessous de la vérité. Il n'y a aucune éducation pour les usagers de la route. Le permis, on ne le « passe » pas, on l'achète, comme un simple passeport ! Pas d'auto-écoles ! Une grande partie des usagers roulent sans permis et la plupart n'ont aucune notion de ce que doit être un bon comportement au volant ! Les motos sont des 100 ou 110 cm3 parfois pilotées par des gamins de 8 ou 10 ans. Une autre cause d'accidents est due au fait que tous les véhicules ont des vitres noires : on ne sait jamais si le conducteur du véhicule arrivant sur la voie perpendiculaire nous regarde. Quant au téléphone au volant, c'est systématique ! À chaque journal télévisé, entre deux relations de cambriolage ou de trafic de drogue, on peut voir des voitures écrabouillées, des camions renversés ou des motocyclistes gisant sur le macadam. La police commence à utiliser les radars pour contrôler la vitesse et on est parfois stoppé par un contrôle systématique de la police routière. Pour juger des bienfaits des contrôles de vitesse en France, il faut venir ici, passer une semaine sur la route… et alors, on a tout compris !

Pour les trois cents kilomètres qui me restent pour revenir au bercail, je prends donc le train. C’est tout de même moins stressant ! Et voici que défilent à longueur de trajet, des boissons fraîches, des fruits, des brochettes appétissantes, des crêpes à la noix de coco, des assiettes de « khao phad » ( riz frit ) proposés par une incessante théorie de petits vendeurs. Le voyage se termine en apothéose !

 

Mars 2016.

Surin

J’ai retrouvé la maison, avec une chaleur accablante. J’ai bien tenté une petite sortie à bicyclette sur les petites routes tranquilles du secteur, mais il me faudrait partir à six heures pour avoir une température supportable. À partir de dix heures du matin, le soleil commence à chauffer, l’air devient lourd, la route si chaude que je me prends pour un petit lardon sur une plancha !

La tourterelle s’occupe de sa progéniture, les chiens tirent la langue, la petite grenouille est partie se cacher dans quelque trou, seuls les geckos continuent la chasse aux rares moustiques ; car les moustiques, eux aussi, ils transpirent dès qu’ils agitent leurs ailes, alors ils restent dans les petits coins humides ! Dans la journée, il fait un petit 39° ( ressenti 43, d’après la météo ), et la nuit, le thermomètre ne descend pas en dessous de 27 ! Comme disait mon tonton, « j’ai les mains moites, les pieds poites et le bonbon qui colle au papier ».

 

 

Quand on regarde la télévision, à huit heures et à dix-huit heures, on a droit à l'hymne national avec le clip vidéo qui correspond, représentant le Roi (du temps où il était de sortie) et des militaires partant à l'assaut de champs de canne à sucre, le fusil pointé sur l'horizon, on voit souvent aussi la princesse favorite, celle qui pourrait un jour se trouver à la tête du pays (...?...). elle est tous les jours en visite, dans une école, dans une usine, dans un élevage de poulets ou un hôpital. Elle est omniprésente, on voit bien qu'elle s'occupe bien du pays ! Cela doit faire plaisir aux gens qui regardent d'un œil distrait, du fond de leur province, en attendant qu'elle vienne les voir !

Les enfants des écoles sont invités par les militaires à aller dormir dans leur caserne de temps en temps. Les filles montent dans des bus, les garçons dans des camions bâchés. On leur explique que l'armée, c'est très bien et que les soldats, surtout ceux de Thaïlande, sont des amis. Les enfants adorent ça, ils aimeraient qu'on leur donne un fusil et des cartouches !

 

 

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