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 Les photos ci-dessous sont extraites du journal télévisé.

Le Roi

le premier ministre et sa "charmante" épouse

la foule en liesse devant le Temple

 

Samedi 5 décembre 2015.

Le 5 décembre, c’est l’anniversaire du Roi ! Le monarque, Sa Majesté Bumipol ne paraîtra pas lors des festivités, car son état de santé ne le lui permet pas. Le Roi est l’emblème vivant du pays. Il règne depuis 1946, et a été couronné en 1950. On peut donc considérer qu’étant roi depuis soixante-dix ans, il fait partie, avec Ramsès II, Louis XIV et la Reine d’Angleterre, des monarques qui ont régné le plus longtemps. Pour comprendre le respect et l’adoration que lui portent les Thaïlandais, il faut savoir que toutes les personnes âgées de moins de soixante-dix ans n’ont connu que ce roi à la tête de leur pays. Manquer de respect au roi, est un blasphème puni de plusieurs années de prison. Il faut dire que dans les moments difficiles, le Roi a souvent su calmer les haines et ainsi éviter les débordements. Il a longtemps donné l’image d’un Dieu vivant s’opposant aux passions et aux violences du peuple. Pour les Thaïlandais, leur Roi est l’incarnation de la sagesse, tout comme Bouddha.

 

"Bike for Dad"

 

Tout le monde en procession...

 

"une bicyclette pour papa"

 

le prince héritier

 

la fille du prince

 

la jeune princesse.

 

 

Le 5 décembre est aussi le jour de la fête des pères, tout comme le 12 août, anniversaire de la Reine Sirikit est le jour de la fête des mères. Cette année, pour la « fête des pères », on a invité le peuple à acheter une chemisette jaune sur laquelle est écrit le slogan « a bike for Dad » (une bicyclette pour papa) et à faire dans chaque ville, une petite promenade de quelques kilomètres à bicyclette, en suivant un circuit déterminé. J’ai trouvé cette idée intéressante, car cela vulgarise un peu le vélo qui n’est pratiquement pas utilisé ici, et cela permet aux gens de passer un moment ensemble dans leur quartier. À Bangkok, on a vu le Prince héritier et sa fille sillonner les rues de la capitale en tenue cycliste, avec la même chemisette que le commun des mortels. C’est peut-être un symbole qui ne m’a pas échappé !

 

 

Mardi 29 décembre 2015.

«Khun Tongdaeng s'est éteinte paisiblement dans son sommeil à l’âge de 17 ans, au palais Klai Kangwon le samedi 26 décembre à 23h10»

La nouvelle fait ce mardi la une des journaux de Thaïlande. Tongdaeng, la chienne du roi Bumipol est morte. Investie d’un fort pouvoir symbolique pour véhiculer des messages du souverain au peuple, l’animal avait été le héros d’un livre écrit par le Roi, et même d’un film. Le pays est en deuil !

 

Lettre à tous ceux avec qui je corresponds en cours de « voyage ».

Tiens, puisque j'ai le temps entre deux moments où je ne fais rien, je vais apporter quelques précisions pour satisfaire la curiosité de certaines personnes et surtout pour faire cesser les sarcasmes dont voici quelques extraits ci-dessous :

« Tu nous appâtes avec les mots « accidents », « points de suture » et puis rien ! ! !... C’est pire que les titres de « Gala », Paris Match ou Point de vue- Images du Monde ! »

« 12 points de suture quand même... tu es tombé du hamac ? T’es le genre de mec à ne pas mettre de ceinture quand tu fais la sieste... »

« On veut se jeter sur les pages intérieures pour satisfaire notre envie de sensationnel, de gravissime, « enfin du sang ! » et puis MOSSIEUR fait durer le suspense ! »

 Donc, me voilà arrivé au moment de préciser les circonstances de mon tragique accident. Bien sûr, je pourrais dire que jusqu'à ce jour je ne pouvais pas écrire, le seul fait de taper sur les touches de mon clavier m'arrachant des cris de douleur, mais je serai franc, en réalité, la banalité des circonstances de mon accident le rendait presque irracontable dans le détail. Mais me voilà tout de même forcé de donner des précisions à ceux qui croient que je suis tombé d'un cocotier ou que j'ai été férocement mordu par un zébu xénophobe. Je vous demande donc de remiser votre sens de l'humour et de considérer avec la plus grande gravité les faits que je vais vous dévoiler. Je tiens à préciser ( ceux qui me « suivent » depuis quelques années se souviendront que j'avais déjà évoqué ce cas tragique ) que mon voisin, de nationalité norvégienne est mort d'une glissade dans sa salle de bains. ( Il est vrai qu'on l'avait peut-être poussé ) En ce qui me concerne, faut pas pousser, je ne suis pas mort, la tragédie n'a pas eu lieu dans la salle de bains, mais à la porte de la salle de bains. Cela a son importance, car si le carrelage est antidérapant dans la salle de bains, il ne l'est plus dans la cuisine, pièce dans laquelle je me rendais après avoir fait un peu de lessive, ma tendre épouse étant absente à ce moment-là. ( Je revenais de ma sortie en VTT et je lavais ma chouette tenue « FDJ » ) Depuis ce pathétique accident, les carrelages thaïs étant de véritables patinoires quand ils sont mouillés, je suis certain qu'il faut, quand on veut satisfaire à des tâches ménagères ordinaires, des talents d'équilibriste ou au moins une grande souplesse dans les mouvements qui tendent à remettre notre corps dans la position verticale. J'étais là, mon linge dégoulinant à la main et voilà que le sol se dérobe ( en parlant de lessive, j'ai hésité à employer le mot « dérobe », mais je n'en trouve pas d'autre ). Ceux qui me connaissent bien et qui m'ont vu en pleine action sur les piste d'Artouste savent bien que autant je peux briller dans mes tâches ménagères, autant en ce qui concerne la notion de « centre de gravité », je laisse voir des faiblesses. Mais, je le répète, en Thaïlande le carrelage est tellement glissant que je suis étonné que les Thaïs n'aient pas pensé à construire une patinoire carrelée comme une cuisine. Il suffirait aux patineurs de s'équiper de chaussettes mouillées, et ils pourraient enfin se produire dans le ballet « le lac des cygnes » par un beau soir d'été au « théâtre de la verdure ».

Donc, venons-en aux faits. Je passais de la salle de bains à la cuisine lorsque soudain le sol se dressa à la verticale. Je fis ce que chacun aurait fait dans un tel cas, je m'accrochai au chambranle de la porte. Malheureusement, comme ma main était mouillée, elle glissa et mon avant-bras accrocha un nœud dans le bois qui laissait dépasser une aspérité tranchante. Je me retrouvais allongé sur le sol. Cela explique l'impression que j'ai eu de le voir se verticaliser. Avant même de me relever, j'ai vu mon bras, le sol, mon short se couvrir de sang. Et là, ça fait très peur ! Je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs Dieu a choisi la couleur rouge pour le sang. Il serait bleu pervenche ou jaune canari, d'abord ce serait plus joli, ensuite ça ferait un peu moins peur ! Je pose mon linge sur l'évier de la cuisine ( voyez que je n'occulte aucun détail ), et je fais, à l'aide de ma main gauche, un point de compression sur mon avant-bras. Je fis alors ce que chacun fait lorsqu'il est victime d'un accident : un bilan des dégâts. Mis à part mon bras béant, où ai-je mal ? Nulle part ailleurs ! Me voilà rassuré, j'aurais pu me casser le cul, j'ai de la veine ( j'ai hésité à employer le mot « veine » ). Une chance de plus, Amnoay revient juste à ce moment-là. Vraiment, le trèfle à quatre feuilles qui s'étale sur le maillot de la FDJ que je viens de laver me porte bonheur. J'avais peur qu'Amnoay me gronde d'avoir sali la cuisine en mettant du sang partout. Lorsqu'on est victime d'un accident grave, il paraît qu'on attache toujours de l'importance à des détails dont le côté dérisoire n'apparaît que par la suite... Quand on voit quelqu'un plein de sang dans une cuisine, on cherche d'abord le cadavre du poulet ou du lapin, mais Amnoay a tout de suite compris que quelque chose de tragique venait de se passer. Lorsque j'enlève la main pour lui montrer la plaie elle fait « pen aray ! pen aray » ce qui veut dire « hou là là ! hou là là ! » en thaï. Nous partons tout de suite au centre médical, sorte de petit hôpital se trouvant à deux pas de chez nous. Quand j'enlève la serviette entourant mon avant-bras, l'infirmière fait « pen aray ! pen aray » ce qui veut dire « hou là là ! hou là là ! » en thaï. Elle va chercher une autre infirmière, très souriante, au physique très agréable qui fait « pen aray ! pen aray » ce qui veut dire « hou là là ! hou là là ! » en thaï. Elle s'empare de flacons, d'une seringue, de coton, de charpies, d'un haricot en inox, elle me fait allonger. C'est alors que je vois une petite araignée au plafond. Une araignée dans un bloc opératoire ! Je vais mourir de septicémie, du tétanos, de l'hépatite virale... Pour la première fois j'ai peur ! Ah oui, parce que j'ai oublié de dire que jusqu'à présent je ne me suis jamais affolé ; quand on est victime d'un grave accident comme ça, on n'a pas le temps de céder à la panique. Et voilà que l'infirmière commence à me faire plein de piqûres sur le bras pour une anesthésie locale. Les piqûres me brûlent, c'est le moment le plus douloureux depuis l'instant où mes pieds ont perdu le contact avec le sol. D'ailleurs, ces piqûres ne m'insensibilisent pas du tout, je pense que le produit est soit un ersatz d'anesthésiant, soit un produit ayant séjourné de longs mois à trente degrés de température dans quelque placard. Et voilà la gentille jeune femme qui commence à me recoudre. J'ai affaire soit à une Pénélope locale, soit à une parque. Dans le deuxième cas, c'est un peu inquiétant, car ça voudrait dire que je devrais mourir au moment où elle coupe le fil. Elle s'applique, tire presque la langue, ses mains sont douces, mais son aiguille me provoque des sensations de brûlure. Elle me demande à plusieurs reprises ( j'ai hésité à employer le mot « reprises » ) si elle me fait mal. Moi, je fais le dur et je réponds : « may pen ray » ce qui veut dire : « ça n'fait rien ! » Et je m'accroche à ses yeux de chatte qui sous l'effet de la concentration ne sont plus que deux petites lignes. Je vois quelques minuscules gouttes de sueur comme des perles sur son nez camus. Elle s'applique, je devrais être reprisé correctement. De plus, c'est la plus belle du centre médical. Je suis bien tombé ( j'ai hésité à employer le verbe tomber... ). Encore une fois le trèfle à quatre feuilles de la FDJ m'a porté chance. La séance de ravaudage arrive tout de même à sa fin. Pénélope fait alors, comme si elle parlait à elle-même : « ouan, tou, tli, fô, faïf, sex, sévên, ail, naïn, tên, éléveun, touelv » et d'un air triomphant, ses yeux redevenus en amande, dans un sourire qui m'anesthésie mieux que mille de ses piqûres « Ay mêke touelv ! » dit-elle satisfaite. Ah mince alors ! Pénélope parle anglais ! Voilà en quelques lignes, raconté d'une façon succincte, le récit de mon accident.

Maintenant je vais mieux, un point c'est tout ! ( j'ai hésité à employer le mot « point » )

 

 

 

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