Dernière modification: 25/05/2015

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Samedi 28 février 2015.

Konglor - Na Hin ( 56 km )

Une véritable matinée de printemps ! Il est sept heures et la terrasse du restaurant est bien agréable. Un petit air frais pourrait laisser croire que le temps va rester clément. À voir le ciel sans nuage, je sais pourtant qu'il ne faut pas perdre de temps, car à partir de onze heures je serai dans une fournaise. Je déjeune en compagnie d'une jeune Française aux yeux dorés comme ceux des petites chèvres qui peuplent le bord des routes. Mais elle est beaucoup plus bêle. Elle voyage seule, comme Ofec, l'Israélienne qui a visité la grotte avec moi avant-hier. À sept heures trente, je reprends la même route, avec les mêmes lignes droites qui n'en finissent pas. J'arrive à Na Hin à neuf heures trente. Je dépose mon sac à « Vanphouthong G.H », puis je reprends la voie qui longe le canal jusqu'à un village sans intérêt où devaient certainement loger une partie des onze mille ouvriers employés à la construction du barrage se trouvant non loin d'ici.

L'après-midi, j'ai droit à un bon 35° à la terrasse ombragée du petit restaurant où je mange mon riz frit. J'ai acheté un demi-kilo de tomates, je demande de l'huile et du vinaigre, et je me prépare une salade sous le regard amusé de la serveuse. Ils ne connaissent pas ça ici.

 

Dimanche 1 mars 2015.

Na Hin - Lak Sao ( 58 km )
 


 

 

 

Je me sens motivé pour partir dès le lever du jour. L'air est doux, un petit air vif me permet de respirer, mes jambes sont bonnes, le moral aussi. Dès la sortie du village de Na Hin, je commence à grimper à flanc de montagne. Comme les gens qui m'ont informé sur le parcours m'ont affirmé qu'après une montée entre Bang Lao et Na Hin ( il y avait deux bonnes montées d'ailleurs ) je n'aurai que des petits « tape-culs », je ne m'inquiète pas. Je regrette de ne pas avoir fait le tour du village pour m'échauffer, car à froid, c'est un peu éprouvant ; mais ce ne sera pas long... Je viens de monter pendant un kilomètre, et je pense que juste après le virage, là-bas, au bout de la ligne droite, je vais voir mon horizon s'éclaircir et profiter d'une bonne descente. Faux espoirs : je me trouve face à une rampe relativement sévère, toute droite. Je me console en profitant d'un beau panorama sur Na Hin dans la plaine qui s'étend à mes pieds. Les rares véhicules qui circulent à cette heure matinale sont de petits camions dont la benne est souvent occupée par des gens qui me saluent avec des sourires pleins de dents. Je continue à grimper entre une falaise de roche noire où s'accrochent des arbustes aux troncs noueux, aux racines s'étalant comme des tentacules parmi les blocs disjoints prêts à basculer sur la route. Heureusement, le petit souffle vif qui vient me caresser le visage rend mes efforts presque agréables. Je repense à ces matinées d'été où je me lançais à l'assaut du col du Soulor aux premières heures... Mais il y a cinquante ans de cela, et bien des choses ont changé. Alors, quand je vois que je grimpe depuis quatre kilomètres, je commence à penser que les renseignements qu'on m'a donnés sont certainement faux, et je prends mon mal en patience : puisque je me suis lancé dans cette galère, je continue. Par moments, j'avance à cinq kilomètres par heure. Les rares camions qui me doublent m'enfument joyeusement, et comme ils ne vont pas beaucoup plus vite que moi, j'ai droit à l'odeur de gasoil pendant plusieurs minutes. Ah ! Au kilomètre six de mon ascension, voici le belvédère et le beau panorama annoncé sur ma carte routière. Je dois être au sommet, j'en suis heureux ! Pourtant je ne suis pas au sommet ! Je continue mon ascension qui devient un calvaire, il me faut gravir encore deux longs kilomètres. Après huit kilomètres d’ascension, du sommet, la vue est belle, mais je n'y prête aucune attention, tant je suis pressé de me lancer dans la descente sinueuse. De beaux virages, un bon revêtement... c'est presque une récompense, mais ça ne dure que deux kilomètres. Je m'arrête à un petit village et je bois un litre d'eau. Un groupe de jeunes Laotiens semble amusé : ils pensaient que les « farangs » ne buvaient que du whisky. L'un d'entre eux vient me parler en anglais, mais je me rends vite compte que ses connaissances ne dépassent pas le niveau de la « quatrième seconde langue ». Il me dit qu'il est professeur dans le lycée juste en face. Pour ne pas le dévaloriser par rapport à ses copains, je fais semblant de comprendre tout ce qu'il me dit.

 

 

La route redevient moins éprouvante, avec davantage de descentes que de montées. Je m'arrête pour manger ma soupe de nouilles, et je continue, dans un paysage moins accidenté, mon étape. En approchant de la ville, les villas cossues commencent à apparaître. Le Vietnam n'est pas loin, le commerce est florissant : certains font des affaires ! À l'entrée de Lak Sao, deux chiens croisés de chiens-loups foncent sur moi, hargneux, et l'un d'entre eux me mord la chaussure. Je les mets en fuite en les aspergeant avec mon bidon. C'est la première fois, depuis que je sillonne les routes asiatiques que des chiens se montrent aussi agressifs. Il faut dire que ce genre de bâtard de chien-loup est plutôt rare. Je cherche un hôtel correct à Lang Sao : le premier trop cher, le deuxième trop sale, finalement je m'arrête dans une guesthouse correcte. ( Phout Thavong hotel )

Je vais dans le village, le soir ; il n'y a que deux rues qui se coupent. L'une va vers le Vietnam tout proche, l'autre je la prendrai demain vers Nakai. Je n'aime pas beaucoup les gens d'ici : ils ont l'agressivité des gens de ces zones frontalières avec le Vietnam. Je me sens loin du Laos.

 

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