Dernière modification: 14/06/2015
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Jeudi 30 octobre 2014. Bangkok – Surin. Aujourd’hui, nous partons à Surin, chez Amnuai. Je serais bien resté un jour de plus à Bangkok, mais elle a hâte de retrouver sa maison. Le déjeuner compris dans le prix de la chambre est si copieux ( on peut choisir ce que l’on veut dans le menu restaurant ) que je sens que je peux tenir le coup durant les cinq ou six heures de train. Le chauffeur de taxi prétend qu’il y a des bouchons, donc il ne veut pas mettre le compteur et double le tarif. Nous acceptons, car la différence ne vaut pas la peine de rester une demi-heure à chercher un autre véhicule.
Le train n’a que dix minutes de retard. C’est un de ces trains de quatre voitures qui sont toujours plus rapides que les longs convois, mais les moteurs diésel sont sous le plancher, et au bout d’un moment on ne sait plus si c’est la chaleur ou le bruit qui sont le plus pénibles. L’air qui entre par les fenêtres est chaud et humide, je me sens collant comme un caramel dans un sauna ! Au bout d’une heure, je n’arrive plus à garder les yeux ouverts, je somnole, je goutte, je fonds, je me prends à imaginer des cascades aux embruns glacés. Nous n’échangeons pas une parole, et je remarque que les autres passagers ont l’air aussi assommés que moi. Nous approchons de Surin. Amnuai est de plus en plus fébrile. Chulomphon ( son fils ) devait venir nous chercher à la gare, et dans le dernier quart d’heure, il prétend avoir une roue crevée. ( Je n’en crois rien !) Il nous laisse donc nous débrouiller. Nous prenons un touk-touk pour parcourir les cinq derniers kilomètres. Pendant les huit mois de notre absence, il a installé un « punching-ball » pendu à un affreux portique métallique devant notre fenêtre, il a mis des meubles, simples étagères, dans le salon, une énorme machine à laver et un vieux réfrigérateur tout rouillé dans la cuisine, la télé ne marche plus, car le fil de la parabole est arraché, la glacière a disparu et le carrelage est aussi propre que le plancher d’une grange. Il a quarante-six ans, ses nombreuses « mia noy » ( maîtresses ) ont eu raison de la patience de sa femme, alors il a jeté son dévolu sur notre maison pour en faire sa garçonnière. J’ai l’impression d’avoir été trompé, abusé, et je comprends ce que signifie le terme « violation de domicile ». Mon état de fatigue ne me prédispose pas à la patience, et je rouspète, et Amnuai défend son fils, et on se dispute. Tiens, le voilà qui pointe le bout de son nez. Il me salue de son « waï » le plus avenant ( mains jointes au niveau du visage ), mais devant ma tronche rébarbative, il fuit comme ces chiens que l’on chasse à l’heure du repas. Il croyait peut-être que j’allais lui faire un peu de place… Si je raconte tout ça, ce n’est pour étaler mes problèmes personnels, c’est tout simplement parce que ça se passe presque toujours ainsi quand un membre de la famille est parti « faire fortune » chez les « farangs ». Il n’est d’ailleurs pas rare que la maison soit squattée et que le malheureux soit obligé, à son retour, soit de supporter toute la famille, soit de trouver un autre logis. Pour conclure, je dirai enfin que Chulomphon étant arrivé avec sa voiture climatisée a oublié de nous apporter ne serait-ce qu’une bouteille d’eau fraîche. Je suis sûr qu’il croyait que j’allais lui payer le restaurant !
Vendredi 31 octobre 2014. Surin. Après les problèmes d’hier, l’ambiance est très tendue entre Amnuai et moi. Je ne bouge pas de la maison, mais je sens que je vais devoir partir loin, disparaître, aller faire un stage sous les cocotiers au bord de la mer bleue !
Samedi 1 novembre 2014. Surin. Je vais en ville et je repère un vélo qui me conviendra pour « aller loin ».
Dimanche 2 novembre 2014. Surin. Chaleur, écrasante chaleur, orage et grosse averse le soir, mais le thermomètre reste coincé à 30°, alors, avec l’humidité en plus, on ne peut pas parler d’averse « bienfaisante » ! J'ai retrouvé Noy, le chien, et "Lao-La" la petite chienne: ils ont du mal, eux aussi, à supporter le climat !
Lundi 3 novembre 2014. Surin. Je vais acheter mon VTT. J’ai amené la selle, les pneus et les pédales de France. On ne voit pratiquement pas de cyclistes sur les routes, et pourtant ce petit magasin de Surin est étonnamment bien achalandé. Il existe un club de « vététistes » dans la ville, cela explique tout. Faire du cyclisme en Thaïlande est très dangereux, car, dans le trafic, le cycliste n’est absolument pas respecté. La hiérarchie est la suivante : le camion est roi, juste avant le car qui en impose aux voitures qui bousculent les motos qui frôlent les cyclistes… Et le pauvre bipède ? Même aux passages pour piétons, il lui faut se méfier !
Mardi 4 novembre 2014. Surin. Je reste « au chaud », à la maison. 31° dans le salon, ça ne donne pas envie d’aller se dessécher sur les routes !
Mercredi 5 novembre 2014. Surin. Ciel d’un bleu pur. Avec 29° dans le salon à 9 h 30, j’ai l’impression qu’il fait frais. Je vais essayer ma « bécane » et faire un test pour éprouver ma résistance à fondre comme « Sire au soleil » ( Je pense à Louis XIV !)
Du jeudi 6 au jeudi 20 novembre 2014. Surin. C’est la période des moissons. Les vastes rizières d’un vert criard sont devenues blondes : le riz est mûr. Il y a quelques années encore on moissonnait avec des faucilles en jacassant et en s’interpellant, la tête couverte d’un chapeau de paille. Le travail était pénible, mais il y avait un côté convivial entre voisins qui donnait presque un air de fête. Depuis deux ou trois ans, c’est une moissonneuse montée sur chenilles, semblable à un gros insecte boiteux qui se charge du travail. De temps en temps, le riz est déversé sur des bâches étalées sur… la route longeant la rizière. Il ne reste presque plus de place pour la circulation des véhicules, mais le riz, aliment de base, est sacré. Alors, tout le monde supporte. J’ai même vu du riz sécher sur la bande d’urgence de la grande route à quatre voies ! |
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