Dernière modification: 15/05/2014
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Lever du jour sur les toits de Chiengkong; en face, le Laos.
Samedi 1° mars 2014. Chiengkong – Ayutthaya. ( Thaïlande ). L’air est agréablement frais ce matin lorsque je me rends à la gare routière, à six cents mètres avec mon sac de vingt kilos sur le dos. Je veux me rendre à Phitsanulok pour continuer en train demain. Le car démarre à sept heures vingt. C’est un car de luxe à deux étages, et je suis en haut, au premier rang, c’est à dire bien placé pour compter toutes les entorses que font les usagers au Code de la route. Les franchissements de lignes continues, les dépassements sur la bande d’arrêt d’urgence, les autoroutes à contre-sens sous prétexte qu’on « ne va pas loin », les dépassements par la droite, par la gauche, les camions tractant une remorque et qui louvoient à plus de cent kilomètres heures dans une circulation dense aux abords de Nakhon Sawan, et le systématique non-respect des distances de sécurité font que le voyage est une aventure qui peut parfois très mal se terminer. Aujourd’hui, par exemple, à Korat, la collision entre un car transportant des étudiants et un camion a fait quinze morts, quinze blessés graves et autant de blessés légers ; au mois de novembre, un car tombe du haut d’un viaduc de cent mètres : vingt-neuf morts… Bien entendu, par rapport aux milliers de cars qui circulent chaque jour, c’est vraiment lorsque le destin s’en mêle que l’accident grave nous arrive. Il faut croire en son étoile ! Du fait, je m’amuse de l’indiscipline des conducteurs, et en quatre mois, je n’ai vu que deux accidents : un motocycliste, et cet après-midi, une fourgonnette en mauvaise posture, les quatre roues en l’air. Quand nous arrivons à Phitsanulok je décide de continuer quatre heures de plus jusqu’à Ayutthaya, car où que l’on aille, on achète le billet pour la totalité du voyage, le car ne s’arrêtant dans aucune gare routière. La nuit est tombée, les « acrobaties » sur la route deviennent encore plus spectaculaires quand on devine plus que l’on ne voit ! Feux rouges, clignotants orange, phares éblouissants, sans compter les cars ou les camions décorés de mille lumières comme des arbres de Noël… Suspense assuré ! À Ayutthaya, le car me laisse dans un quartier à la périphérie de la ville, près du supermarché Robinson. Je prends un touk-touk jusqu’à l’hôtel Ayutthaya Thanit où le prix passe de 550 à 650 le weekend et où je suis si mal reçu que je vais dans un charmant petit Guest House, en face, où l’on me propose une chambre pour deux cents bahts. Je vais manger un grand poisson au bord de l’eau au marché Houaro. Je viens de supporter douze heures de car, mais le poisson est si bon et la bière si fraîche que je me sens bien.
Dimanche 2 mars 2014. Ayutthaya – Surin.
Je termine mon voyage avec six heures de train aujourd’hui. C’est dimanche alors tout le monde se promène. Il n’y a pas une place libre et des gens sont même debout. La chaleur rend le voyage un peu pénible, et il y a ce défilé continuel de vendeurs de boissons, de poulet rôti de friandises diverses, de cigarettes et de café, de billets de loterie, de riz frit ou de soupes instantanées… Nous nous arrêtons à toutes les gares. Vers Korat, les paysans brûlent les chaumes des rizières : tout le monde tousse, et une fine cendre noire colle à la peau moite ou aux vêtements. Les branches des arbres bordant la voie viennent parfois fouetter les wagons, alors pour nettoyer, on met le feu. Aussi, à un moment donné, ce sont des flammes d’un jaune éclatant, plus hautes que le train, qui viennent former, sur quelques dizaines de mètres, un rideau de feu brûlant juste devant nos fenêtres ouvertes. Heureusement, la vitesse du train le repousse vers l’extérieur. Quelques femmes poussent des cris de souris et secouent leur chemisier tacheté d’une multitude de points noirs. Quand j’arrive à Surin, je me sens rendu à domicile, je suis content que le voyage touche à sa fin. Voyager, c’est parfois comme les coups de marteau sur la tête : ça fait du bien quand ça s’arrête. Le soir Amnoay me prépare une bonne assiette de canard rôti avec des frites ! Je sais que je vais raser ma barbe et me laisser pousser le ventre ! Et la nuit, qui est-ce que je retrouve dans ma cuisine ? La petite grenouille ! Il fait chaud, pour lui faire plaisir je remplis le lavabo et je la mets dans l’eau pour lui faire prendre un bain… Elle bondit, terrorisée se coller contre le mur. Ma petite grenouille a peur de l’eau ! Je suis aussi désappointé que le vieil Horace apprenant que son dernier fils fuyait devant les Curiace… Ma grenouille a peur de l’eau !
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