Dernière modification: 24/04/2014

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Dimanche 8 décembre 2013.

Surin - Ubon

Nous partons à Ubon car je dois sortir du pays, mon visa arrivant à expiration le onze. Nous attendons le train dans la gare de Surin, et il n’a que trois quarts d’heure de retard. C’est un vieux train dont certaines portes ont du mal à ouvrir, d’autres ne ferment pas, le bruit est infernal, mais c’est gratuit pour les Thaïs, et seulement trente-deux bahts pour moi. Quand on paye l’équivalent de quatre-vingts centimes d’euros pour un trajet aussi long que Pau -Toulouse, on se doit d’être prêt à toutes les concessions. Je trouve les trois heures de trajet un peu monotones, car le paysage ne présente pas grand intérêt, et les voyageurs sont en majorité des jeunes qui dorment sur leur banquette. Il y a bien quelques marchandes de poulet rôti, mais les morceaux qu’elles proposent semblent un peu trop bronzés et tout secs. Moi, j’aime bien les grillades de poulet, mais seulement si elles sont appétissantes ; ou alors, si elles sont un peu douteuses, elles ne font l’affaire que si j’ai vraiment faim ! Le terminus du train se trouve à une dizaine de kilomètres de Ubon, à Waring. Les passagers sortant de la gare montent donc dans des songtaew pour se rendre en ville. Nous prenons un touk-touk, et nous nous installons à l’hôtel Goulap. Deux cents bahts pour une chambre très correcte avec ventilateur ( inutile, car il ne fait pas chaud la nuit ) cela reste dans nos prix ! Nous allons dîner dans la rue, non loin de l’hôtel, et j’ai la chance de trouver du canard rôti, ce qui contribue à rendre mon bonheur parfait.

 

Lundi 9 décembre 2013.

Ubon - Paksé ( Laos ).

Nous nous rendons à la gare routière de Ubon à neuf heures pour prendre le car jusqu’à Paksé, au Laos, mais il est complet. Peu importe, nous attendrons le prochain jusqu’à quinze heures trente. J’en profite, en attendant, pour aller au centre de Ubon changer un peu d’argent, car à la frontière, il vaut mieux payer son visa en dollars plutôt qu’en bahts. Quand on a l’habitude de voyager par ici, ce sont tous ces petits détails qui finissent par faire sensiblement baisser le coût du voyage. Nous en profitons pour faire quelques emplettes dans un supermarché où les soldes sur les vêtements intéressent Amnoay. Nous allons manger dans un petit troquet où à chaque fois que la cuisinière fait revenir des piments dans son wok, nous manquons de nous étouffer. Tous les clients se mettent alors à tousser et à pleurer, mais personne ne rouspète, car l’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre : si l’on veut que le plat soit correctement relevé, il faut en passer par là !

 

     

 

Le car part à quinze heures trente comme prévu. L’an dernier, entre Paksé et Ubon, nous avions eu un accident, le car n’ayant pas de freins avait percuté des voitures. Ce n’est plus le même car, mais c’est le même chauffeur. Je ne suis qu’à moitié rassuré, car l’an passé, il avait aussi oublié, à un moment donné qu’on roule à gauche en Thaïlande, et il avait aussi pris une portion d’autoroute à contresens sur une centaine de mètres.

Les formalités au passage de la frontière sont rapides et j’obtiens mon visa sans même à avoir à fournir de photo. On voit bien que ce visa est juste un prétexte pour nous taxer de trente et un dollars. Il faut donner un petit pourboire au policier qui me demande un dollar ( trente-deux bahts ) mais qui se contente du petit billet de vingt bahts que je lui offre avec magnanimité !

La nuit tombe, on roule à droite au Laos, et je ne sais pourquoi, le chauffeur qui s’était montré prudent jusqu’alors commence à accélérer. Ce n’est peut-être d’ailleurs qu’une impression, car il y a tellement de véhicules divers sur la chaussée qu’on se demande à quel moment on va en écraser quelques-uns. Des motos circulent de front, sans lumière, et maintenant que la nuit est tombée, on les distingue à peine dans la lueur des phares des véhicules arrivant en face, des cyclistes traversent sans se préoccuper de la circulation, et soudain, une masse sombre surgit devant nos phares : un buffle qui rentre au bercail, tout simplement.

Nous traversons le long pont suspendu sur le Mékong, et nous voici dans les lumières de la ville de Paksé, sur ses avenues sillonnées par des motos, des touk-touk, des voitures luxueuses aux vitres teintées. La miteuse petite bourgade que j’ai connue il y a vingt ans, est devenue une belle ville lumineuse et populeuse. Nous sommes toujours aussi bien accueillis au Nangnoi G.H, nous allons « boire l’apéro » avec un grand verre de vin rouge ( chilien ), et je mange une côte de porc sauce moutarde avec du pain frais. De quoi devrait-on avoir peur ? des glaçons ? Je n’en ai pas mis dans ma bière ; le bonheur est complet !

 

Mardi 10 décembre 2013.

Paksé ( Laos ).

Le climat est parfait, juste un peu frais ce matin, chaud comme une belle journée d’été ensuite. Nous allons au centre commercial, un immeuble à trois étages près du marché du matin. Le troisième étage a été vidé de ses commerces, le supermarché du deuxième est si peu fréquenté que je suis le seul client, et les nombreux marchands de vêtements du rez-de-chaussée dorment sur leurs piles de marchandises que personne ne vient voir. Le Laos a évolué très vite, mais les pauvres sont restés pauvres et le pouvoir d’achat ne suit pas. Ceux qui en ont les moyens ouvrent des commerces, mais les clients n’ont pas d’argent. Pratiquement tous les produits viennent de Thaïlande et sont vendus plus cher que de l’autre côté de la frontière. Le Laos se modernise, ses routes sont meilleures, ses bus plus confortables, ses hôtels et restaurants se rapprochent de nos normes d’hygiène et de sécurité, mais tout cela n’est peut-être qu’une façade...

 

Mercredi 11 décembre 2013.

Paksé - Dondet ( les 4000 îles ).

Départ vers le sud à neuf heures, dans un grand car moins rapide, mais bien plus confortable que ces affreux minibus où l’on a la désagréable sensation d’enfermement. La sortie de Paksé se fait dans une poussière teintant de rouge toutes les maisons avoisinantes, car on améliore la route qui deviendra une large avenue à quatre voies. Dans le car, il n’y a que des touristes, les « locaux » voyageant encore en songtaew nettement moins cher. Premier arrêt : le chauffeur annonce le village de Champasak où se trouvent les ruines réputées du temple khmer Vat Phu. Certains touristes descendent, se croyant arrivés à Don Khône ou Dondet, les îles du sud. Cela me fait pitié ! Non seulement ces pauvres individus ne savent pas ce qu’est Champasak, mais en plus il est certain qu’ils n’ont même pas pris le temps de regarder une carte, sans quoi ils sauraient que sur les cent-cinquante kilomètres prévus, nous n’en avons fait que trente ! Leur conception du voyage, c’est de trouver un endroit moins cher que chez eux, et de venir fumer leur « pétard » en toute tranquillité. Ils ne trouvent aucun intérêt à préparer leur voyage. Ils s’échangent des « tuyaux », ou ils les trouvent sur Internet, et ils ne savent même pas où ils sont. C’est là la nouvelle conception du voyage... Ils n’ont aucun respect pour les mœurs des habitants et ils amènent leurs préjugés et leurs jugements sectaires collés à la semelle de leurs tongs. Heureusement, dès que les conditions de voyage deviennent un peu difficiles, on ne trouve plus ces pécores.

La route vers le sud est peu fréquentée. La campagne est aride et les buissons alternent avec de petits lopins de terre où l’on cultive des piments et un peu de riz. Arrivés à Nakassang, on nous fait monter dans une grande barque qui prend un peu l’eau, mais pas beaucoup ! Nous sommes presque en surnombre, avec des bagages qui s’entassent à l’avant. Pas une bouée, pas un gilet de sauvetage... en cas de naufrage, ceux qui ne savent pas nager s’accrochent à ceux qui savent. Et puis d’ailleurs, pourquoi y aurait-il un problème puisqu’il n’y en a jamais eu ? Nous, les Occidentaux, nous vivons toujours dans la crainte du pire. Ici chacun a confiance en son destin, et si la fatalité vient s’en mêler, c’est que le destin l’a voulu !

Nous retrouvons l’île de Dondet inchangée, les petits bungalows au bord de l’eau toujours les mêmes, les trous dans le plafond du restaurant de Bounhom ont un peu changé de place, c’est tout ! Nous passons l’après-midi à regarder couler l’eau jaune du Mékong. On entend le bourdonnement sourd des chutes de Khon Phapheng dans le lointain. Ici le temps coule tout doucement, et je crois comprendre le sens du terme « couler des jours heureux ».

     

 


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