Dernière modification: 24/04/2014
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Jeudi 21 novembre 2013.Chachoengsao – Bangkok. Le train devrait passer à dix heures, mais il a une demi-heure de retard. Après une heure de trajet, nous descendons à « Asoke ». Il n’y a même pas de gare, juste un quai au bord de l’avenue Petchaburi. C’est au passage à niveau se trouvant à cet endroit que, l’an dernier, le train a « bousculé » six voitures arrêtées en travers de la voie, alors que le signal rouge clignotant aurait dû les dissuader de s’engager. Sous nos yeux, c’est le même scénario qui se reproduit ; un grand car de tourisme et quelques voitures se trouvent bloqués par un embouteillage sur le passage à niveau alors que le train arrive. Les passagers du car doivent avoir de grosses poussées d’adrénaline en voyant la locomotive se rapprocher ! Mais cette fois-ci, le train avait de bons freins et le convoi s’arrête en attendant que la voie se dégage. Pour une fois, ce n’est pas le plus gros qui a priorité !
Vendredi 22 novembre 2013.Bangkok. J’accompagne Michel à la maison de Jim Thomson. Il s’agit d’une habitation reconstituée en 1959 par Jim à partir de plusieurs éléments d’authentiques maisons en bois du centre du pays. Il eut l’idée ingénieuse d’inverser les façades de façon à ce que la partie extérieure se trouve à l’intérieur, de sorte que les invités ou les visiteurs peuvent admirer le superbe travail du bois. Il relança l’industrie de la soie. Au début des années soixante, Jim Thomson, ancien membre OSS ( ancêtre de la CIA ) disparut mystérieusement en Malaisie. Aujourd’hui, cette maison contenant ses anciennes collections privées d’objets d’art est devenue un musée. Je laisse Michel visiter et je reste dehors à observer le défilé des touristes. Une charmante jeune fille au sourire un peu figé enroule des fils de soie sur une bobine et toutes les demi-heures, elle se lève, et j’ai droit à cinq minutes de danse. Entre-temps, je somnole en surveillant le sac contenant toute la fortune de Michel qu’il n’a pas voulu confier au coffre de l’hôtel. Entre nous, se promener avec tout son argent sur soi dans Bangkok, surtout après la tombée de la nuit est certainement plus risqué que de le confier au coffre de l’hôtel dont le responsable est un ami de longue date. Nous sortons de la maison de Jim et allons au fond du soi pour prendre le bateau sur le klong, de Rachathewi à Asoke. C’est bien plus rapide que le bus et moins populeux que le métro. Michel part à minuit avec le vol Lufthansa, mais il veut arriver à l’aéroport à l’avance, alors, à sept heures nous allons au métro, puis nous prenons le « sky-train » jusqu’à l’aéroport. Personnellement, je serais parti à neuf heures, mais Michel veut être sûr de ne pas avoir de problème. Nous buvons de la bière dans l’aéroport à cent soixante bahts ( quatre euros ) la canette ! Il vaut mieux faire ses provisions en ville et boire assis sur un siège dans l’aérogare ! Quand Michel me quitte pour passer la porte de la salle de contrôle des passeports, je me sens un peu seul comme si c’était moi qui étais parti ! Je reviens par le « sky-train » et le soir je ne sors que pour aller manger une soupe sur le trottoir d’en face.
Samedi 23 novembre 2013.Bangkok - Surin. Je reste à l’hôtel le matin, car je n’aurai plus la chambre cette après-midi puisque je pars à vingt heures par le train couchettes. Je vais manger une délicieuse côte de porc au self du Robinson : je suis content ! Je passe la nuit dans le train de nuit. Les couchettes sont aménagées le long les parois, une en haut l’autre en bas, séparées par un couloir. On s’isole grâce à un rideau et l’on bénéficie d’un ventilateur placé au plafond du couloir. C’est mieux que nos compartiments couchettes, car on peut se lever et se promener dans le couloir sans déranger personne puisqu’on n’a pas de porte à ouvrir. Je suis installé dans la couchette du haut, un peu moins cher, mais un peu moins confortable que celle du bas, car on ne bénéficie pas de la fenêtre, et l’on ressent un peu plus le ballant du train. À Korat, à mi parcours, le train a déjà deux heures de retard. Ça m’arrange, car je préfère arriver à Surin en début de matinée plutôt qu’à quatre heures et demie. Je dors pratiquement toute la nuit, bercé par le tacatac des roues sur les rails disjoints et par le balancement du wagon. Je trouve cela très agréable ; pourtant, j’ai même vu des touristes qui ne prenaient pas le train de peur qu’il déraille… Les pauvres ! Ce n’est pas toujours ceux qui ont peur de tout qui vivent le plus vieux ! Dimanche 24 novembre 2013.Surin.
J’arrive à la gare de Surin à six heures, avec une heure trente de retard. Le soleil donne des teintes chaudes aux bâtiments hétéroclites, harmonisant les couleurs discordantes des façades de boutiques aux rideaux baissés. La ville bourdonne d’une rumeur feutrée, les gens se rendant au marché se faisant discrets ; de rares personnes balaient devant leur porte d’un air flegmatique, le bras retourné dans leur dos, la main grande ouverte comme pour cacher le creux de leurs reins. Soudain, débouchant d’une ruelle, trois bonzes vêtus de jaune viennent jeter une nouvelle tache de couleur dans ce patchwork ambré, aux teintes changeantes. Le jour se lève très vite sous les tropiques et le ciel passe du violet au blanc, puis au rouge pour devenir doré en quelques instants. Devant un petit restaurant ouvert sur la rue, les propriétaires ont installé une table sur laquelle une grande soupière argentée pleine de riz et des bols contenant des plats cuisinés ont été déposés. Les bonzes s’arrêtent. Un homme verse trois cuillères de riz dans le bol à aumônes de chacun, met les sauces dans une poche en plastique qu’il dépose par-dessus le riz, délicatement, puis remercie les bonzes d’accepter ce modeste présent. Alors, une litanie monocorde, à peine perceptible me parvient comme un bourdonnement venant de ces trois religieux aux robes safran. Le donateur salue d’un « wai » respectueux et les trois silhouettes recouvrant leur bol de leur robe s’éloignent comme si elles glissaient, pieds nus sur le trottoir aux dalles disjointes. Dans quelques minutes, la rue s’animera et résonnera des pétarades de motos et du vrombissement de camions aux pots d’échappement chromés comme des trompettes. Je passe par le marché très animé à cette heure matinale. C’est un mélange d’odeurs plus ou moins agréables dont le mélange est tout d’abord écœurant : vapeurs de graisse chaude s’échappant des marmites de marchands de soupe, douceâtre odeur de fruit pourri des durians, effluves capiteux des étalages d’orchidées et de jasmin tressé en collier, relents d’égouts ou de poisson séché… Les chalands encombrés de paniers ou de poches en plastique se croisent, se saluent ou s’interpellent avec leur immuable sourire, sans jamais se bousculer. Et dans cette foule ondulant mollement, un portefaix se faufile sans peine, charriant d’énormes sacs de riz dans sa voiture à bras ou simplement sur ses épaules. Notre maison est à quatre kilomètres de là, alors je prends un taxi collectif, le « songtaew N°1 ». C’est une camionnette rose dans la benne de laquelle des banquettes ont été aménagées le long des ridelles. En quelques minutes je suis déposé à six ou sept cents mètres de la maison. Je continue à pied en traversant le monastère jouxtant le temple. Je savoure le plaisir de marcher dans un sous-bois ombragé. Il est huit heures et il fait déjà chaud ! Quand j’arrive, Amnoay m’attendait avec un café chaud et des petits biscuits à la confiture d’ananas. Un climat estival, une maison, une femme, le déjeuner… Si le bonheur est fait de choses simples, alors il est complet ! Et comme je n’ai même pas sommeil, je vais pouvoir savourer le plaisir de rester toute la journée sans rien faire sans en gaspiller une seule minute en faisant la sieste !
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