Dernière modification: 19/03/2013

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Mercredi 5 décembre 2012.

Surin.

Aujourd'hui, tout est jaune, couleur de la royauté...

     

Toutes les photos sont extraites de la presse locale.

La Thaïlande est une monarchie constitutionnelle où le Roi est respecté comme un être divin, et adulé par la foule lors de tous ses déplacements. Aujourd’hui, c’est le quatre-vingt-cinquième anniversaire du Roi Bhumiphol ( Rama IX ). De huit heures à vingt-deux heures, toutes les chaînes de télévision sont monopolisées par la même retransmission. On ne peut pas y échapper ! Les officiels, principalement des militaires, sont là, à faire des discours les uns après les autres… « Longue vie à notre Roi bien-aimé, à notre guide spirituel… » tout ce qui peut être flatteur et plaire aux millions de personnes rassemblées dans les rues et sur les places y passe. C’est le championnat du monde de la démagogie et de la « brosse à reluire ». Les gardes royaux sont immobiles, vêtus d’un pantalon noir et d’une veste rouge, coiffés d’un haut bonnet noir ou rouge, ovoïde, semblable à une noix de coco. Certains arborent une veste bleu pâle et un couvre-chef assorti et c’est encore moins beau. Cette troupe colorée répète, en hurlant, des slogans proférés par un vieux chef adipeux. C’est à la fois affligeant et impressionnant. Les démonstrations militaires ne sont pas omniprésentes bien que le pays soit dirigé par l’armée. On préfère le lâcher de ballons au meeting aérien. La première ministre est une femme, la sœur de l’ancien premier ministre Taxin, chassé, il y a quelques années, par une foule vêtue de chemises jaunes ( couleur de la royauté ) descendue dans les rues pour manifester son mécontentement après des années de corruption et d’enrichissement personnel. L’armée, profita de l’aubaine, et en tira parti pour prendre le pouvoir après un coup d’État sans violence ; mais comme la corruption ne fit qu’empirer, la gestion du pays devint cahoteuse, et la même foule, vêtue de chemises rouges ( couleur de la révolte ) demanda le retour de celui qu’elle avait conspué et évincé : Taxin. Celui-ci ne pouvant revenir dans le pays, les électeurs choisirent sa sœur, une jeune femme tout à fait incompétente, mais qui a au moins l’avantage d’être jolie. Le pays venait d’échapper à une guerre civile, et le roi, pour la première fois se montra incapable de maîtriser la situation. Et aujourd’hui, le pays va de Charybde en Scylla, n’échappant pas à la crise mondiale… Les Thaïlandais ne savent plus à qui se fier, puisque le pour n’est pas mieux que le contre, et l’on a encore vu une timide tentative de coup d’État le 25 novembre dernier. Mais j’arrête là mes digressions, car voici le Roi qui apparaît. La foule est en délire, une marée jaune agitant de petits drapeaux jaunes ( couleur du Roi ) ou bleu blanc rouge ( drapeau national ). Cette masse jaune, compacte, hurle en cadence : « song pra chareun » « longue vie au Roi ». Et Rama IX, sous son dôme doré, sur son siège doré, dans son habit doré lève une main tremblante. La caméra zoome sur son visage émacié, la bouche légèrement tordue, le regard vague derrière ses lunettes. L’un des yeux reste fixe, exorbité, alors que l’autre bouge imperceptiblement. C’est le visage doux d’un homme qui a toujours su calmer les ardeurs des intrigants après de nombreux coups d’État, mais qui aujourd’hui n’en peut plus. Il a quatre-vingt-cinq ans, il est en mauvaise santé, il est pathétique ! Son épouse, la Reine Sirikit, longtemps adorée par une foule qui ne l’a plus vue depuis longtemps, est étrangement absente. Des ragots courent à son sujet, en réalité, elle est malade. La foule hurle toujours « longue vie au Roi », on pleure, on rit, on lève les yeux au ciel… La foule aime son Roi. Il tient une feuille, d’une main tremblante, et lit d’une voix éraillée, à peine perceptible un discours que les fidèles écoutent, la gorge serrée. La plupart des auditeurs le savent bien, c’est peut-être un discours d’adieu. Pratiquement toutes les personnes présentes aujourd’hui n’ont connu que ce roi durant toute leur vie, car il y a soixante-six ans que Bhumiphol règne sur le pays.

Au moment de repartir, le Roi est amené en fauteuil roulant jusqu’à un minibus, et le convoi s’engage dans les rues de la capitale. Il y a donc le minibus jaune, une Roll Royce jaune dans laquelle ont pris place les héritiers de la couronne, et les voitures rouges de la première ministre et de sa suite. Voilà enfin le jaune et le rouge réunis côte à côte après avoir bien failli s’étriper il y a deux ans dans les rues de Bangkok !

 
Derrière le Roi, le sabre de parade à la main, le prince héritier (qui n'a pas le charisme de son père...)

 

Jeudi 6 décembre 2012.

Surin.

Je vais à Surin, « en ville » et je reviens en songtaew. 33 degrés, quelques nuages sombres à l’horizon, on pourrait penser qu’il va pleuvoir, mais le soir le ciel rougit, l’air fraîchit un peu, et l’averse attendue sera pour plus tard… peut-être dans cinq mois, quand la saison des pluies reviendra !

 

Vendredi 7 au jeudi 13 décembre 2012.

Surin.

Le matin, il fait frais, vingt degrés, comme « chez nous ». On se sent revivre. Amnoay a planté des graines de tomates apportées dans nos bagages, et les plans poussent à une vitesse surprenante. Toujours la même chaleur l’après midi et je reste à l’ombre à la maison, en attendant le coucher du soleil et un air un peu plus respirable.

 

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