Ko Samet Thaïlande

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Vendredi 18 et samedi 19 février 2011.

Bangkok.

J'aurais l'intention de partir au bord de la mer, mais malheureusement, ce vendredi étant « jour du Bouddha », les habitants de Bangkok profitent d'un long week-end. De ce fait, dans toutes les stations balnéaires les prix doublent, la foule bruyante envahit le moindre coin tranquille, alors il vaut mieux rester dans la capitale qui, elle, se trouve un peu plus calme.  

 

Dimanche 20 février 2011.

Bangkok - Ko Samet.

J'ai du mal à me décider à prendre mon sac à dos. Je resterais bien à ne rien faire, mais comme il me reste une semaine, je vais partir au bord de la mer. L'île de Ko Samet est certainement la mieux placée, Pattaya étant devenu le repère des « marchands de pétrole » du Golfe Persique. Je n'ai pas envie de côtoyer des femmes masquées et des fantômes en robe de chambre avec le torchon et la courroie de ventilateur sur la tête. C'est à Pattaya qu'ils trouvent un exutoire à leur misère sexuelle, et qu'ils boivent la bière par caisses entières dans les chambres, car même à l'autre bout du monde ils se cachent pour consommer de l'alcool.

Encore une fois, dès mon arrivée à la gare routière d'Ekamail, le bus démarre. Nous sortons de Bangkok très vite, l'avenue Sukhumvit étant presque déserte en ce dimanche matin. Nous roulons ensuite sur une autoroute surélevée jusqu'à Chon Buri. Malheureusement, le paysage que nous dominons est bien triste : les terres en friche alternent avec les grosses entreprises. Après Chon Buri, lorsque nous roulons enfin sur le plancher des vaches, nous passons d'une plantation d'hévéas à une plantation de palmiers à huile ou de canne à sucre. Dès qu'une parcelle n'est plus cultivée, elle est envahie par de hautes herbes folles impénétrables. La route bordée de roseaux ou de buissons sauvages n'a rien de touristique. La campagne thaïlandaise donne souvent l'impression de ne pas être entretenue : elle n'est pas belle ! À Ban Phe, je traverse vers Ko Samet avec un de ces petits bateaux de bois semblables aux petits chalutiers basques. « Pas plus de cent passagers » signale un écriteau en thaï. Heureusement, car il n'y a pas plus de vingt gilets de sauvetage. En cas de naufrage, on doit demander qui sait nager, et faire la distribution ensuite. Ou alors, on n'a pas le temps de demander, les plus rapides étant les mieux lotis. La mer est bleue, le ciel presque sans nuages, la brise douce. L'île de Ko Samet, légèrement vallonnée se rapproche lentement. Nous croisons quelques hors-bords. Les gens les plus fortunés n'aiment pas la lenteur de la traversée. Plus on est riche plus on vit vite ! Deux avions bimoteurs passent en rase-mottes : surveillance du parc national ou avions privés ? Je ne sais pas. Quand on débarque à Na Dan, on comprend que l'île n'est pas bien grande. Tout est petit : le village, la rue bordée de restaurants et de commerces, le chemin de terre à peine carrossable qui longe la côte. On s'entasse dans un songtaew, et on va, d'ornière en fondrière jusqu'à sa guest house. Après cette première impression, je pourrais dire qu'en vingt ans, à part les voitures, l'île n'a pas changé. Je m'installe au Naga G.H, comme il y a vingt ans, dans une cabane toujours aussi rustique. C'est lorsque je vais sur la plage que je me rends compte que les choses ont changé. Sous les arbres, bien cachée par le feuillage, c'est toute une ville de bars, de boutiques et de restaurants qui a été construite. Allons, ne soyons pas injustes, les constructions se fondent relativement bien dans le paysage, à tel point que lorsqu'arrive la nuit, je me trouve surpris qu'il y ait autant de lumières sur les collines bordant les plages : dans la journée, je n'avais pas remarqué les bungalows sur le rivage. Et puis le sable est toujours aussi blanc et aussi fin, l'eau un peu moins claire, mais c'est bien quand même ! Le soir, je vais dîner en bord de plage, au « Tok's Bungalow » avec un simple riz frit au porc, car le poisson est hors de prix, les fruits de mer n'en parlons pas. Un bon petit vent frais vient de la mer empêchant les moustiques d'atterrir. Les promeneurs vont et viennent sur la plage, mais personne ne s'arrête pour manger, ils préfèrent aller au Joy's où c'est plus cher. Les touristes sont des êtres métaphysiques !  

 

Lundi 21 février 2011

Ko Samet.

     

J'ai été réveillé par deux méchants moustiques qui se sont permis d'entrer dans la moustiquaire. C'est ça l'aventure, le risque de contracter la malaria ou la dengue... Bon sang, il faut accepter de vivre dangereusement !

Je vais me baigner avant qu'il ne fasse trop chaud. La plage est déserte à huit heures du matin, il fait déjà chaud, et j'aurais supporté que l'eau soit un peu plus fraîche. Je passe ensuite une grande partie de la journée à la terrasse du Naga Bar dominant la plage. Je suis seul avec mon coca et de jeunes Thaïs s'exhibant le soir sur le ring de « muay thaï » ( boxe thaï ) où ils prennent des coups en se mesurant à quelque « farang » désireux d'éblouir ses copains. J'observe le manège de deux jeunes touristes européennes qui viennent faire les yeux doux aux jeunes qui se moquent d'elles en disant en thaï les pires insanités à leur sujet. Les filles un peu « gourdes » et dans l'attente de quelques amours exotiques sont tout sourire, parfois au bord de la pâmoison dès que l'un des gars vient les chatouiller... Et je suis sûr qu'elles payent, car les gars ont davantage l'air de gigolos que d'amoureux transis. J'ai déjà trouvé des nanas de cette espèce qui pleurent le lendemain, car leur argent et leur matériel photo a disparu après une folle nuit dont elles ne gardent que de vagues souvenirs. En fin de journée, je vais jusqu'au village de Na Dan. Entre le minuscule salon de massage et la petite agence de voyages, la marchande de fruits propose des mangues, des noix de coco, des pommes, des longanes et même des fraises insipides. On trouve aussi deux 7-Eleven, ces petites supérettes ouvertes 24 heures sur 24 ! Tout cela était inimaginable il y a seulement trente ans quand un petit groupe de pêcheurs vivotait ici sans eau douce. En effet, il n'y a ni source ni rivière sur l'île.  

 

Mardi 22 février 2011.

Ko Samet.

Je vais à Ao Phrao à pied. La route, je dirais plutôt le chemin de terre est à peine carrossable et pourtant très fréquenté par les petits camions-citernes faisant un va-et-vient incessant entre la grande retenue d'eau semblable à un petit lac, et les bungalows. Les hôtels de Ko Samet sont à la merci du temps. S'il ne pleut plus et que le lac s'assèche... plus d'eau pour les sanitaires. Que feront-ils alors ? C'est un scénario catastrophe qui peut bien se produire. J'arrive à Ao Phrao, au bord d'une petite baie où l'on a eu la bonne idée de planter des cocotiers le long de la plage. En effet, à Ko Samet, le paysage est triste sans cet arbre gracieux qui donne un indéniable cachet exotique au décor. La clientèle n'est pas la même qu'au Naga G.H, et l'hôtel non plus. Des maisonnettes étagées à flanc de montagne dominent une pelouse verte, épaisse, entretenue comme un green de golf. Les clients ont le choix entre la salle climatisée et le restaurant ouvert avec vue sur la mer, ils arrivent ici par hors-bord spécial, directement devant leur « resort ». Cela leur évite la traversée dans le petit « chalutier » un peu lente, mais pourtant si agréable, et ils ne savent rien du songtaew cahotant sur la piste étroite. Bien sûr, je préfère le confort de leur hôtel au côté rustique de mon petit bungalow en planches, mais je sais qu'ils passent à côté de choses tellement importantes sans les voir que je préfère sacrifier mon confort et continuer à voyager en « routard ». Le voyage sans un petit peu d'aventure doit paraître bien fade !  

 

Mercredi 23 février 2011.

Ko Samet.

Je vais à pied au nord de l'île. Ce n'est pas beau bien que le bord de mer compte de petites plages de sable fin. C'est un peu la zone artisanale. On y répare les scooters de mer, c'est aussi dans ce secteur qu'arrivent les ferrys de voyageurs. Peut-être qu'un jour on aménagera l'endroit pour le rendre plus agréable... L'après-midi, on commence par entendre le tonnerre, puis une pluie de mousson s'abat sur l'île, me forçant à rester dans mon bungalow, bien barricadé, car les moustiques, excités par l'averse, m'attaquent de tous côtés dès que je parais sur le balcon de ma paillote. En fin de compte, cela me permet de lire et de rester « chez moi ». À chaque chose, malheur est bon ! Vers vingt heures, les gouttes s'espacent, la pluie cesse. Tout est mouillé ou collant d'humidité. Le linge laissé sous l'auvent du bungalow, le drap du lit, mes vêtements... Je descends les marches menant au restaurant : des crapauds de toutes tailles sont de sortie et s'écartent à peine sur mon passage. Pendant que je mange, une petite grenouille rousse, par petits bonds successifs, vient jusque sous ma table ; et alors, comme pour me signaler sa présence, elle chante d'une voix étonnamment forte pour sa taille. Je suis charmé. À Plaka, sous l'acropole d'Athènes, il y a toujours quelques musiciens pour venir jouer un sirtaki pendant qu'on déguste ses feuilles de vignes farcies, ici j'ai une petite grenouille. Ce n'est pas aussi mélodieux, mais c'est touchant ! Aux grands hôtels que j'ai vus hier à Ao Phrao, ils n'ont pas la petite grenouille sous la table. Les pauvres ! ils ne savent pas de quoi ils se passent !  

 

Jeudi 24 février 2011.

Ko Samet.

La pluie a cessé, l'orage gronde encore un peu dans le lointain, mais il ne pleuvra plus. Cette pluie d'hier a surpris tout le monde. Normalement, le temps reste sec jusqu'en avril ou même juin, mais les saisons sont devenues « folles ». Le climat change, c'est évident. La cause ? Sans jouer les écologistes alarmistes, je pense pouvoir dire que les déforestations impressionnantes de la Chine du Sud, de la Birmanie, du Laos, du Cambodge et de la Thaïlande y sont pour quelque chose.

Je me promène sur les plages des trois petites baies contiguës : Ao Hin Khok, Ao Phai, Hat Sai Kaew. Le soleil, voilé dans un ciel tout blanc, ne brûle pas, un petit vent doux vient me rafraîchir, je suis bien. De retour devant le Naga G.H, je loue une chaise longue et un parasol. C'est la première fois, dans mon existence, que je m'installe ainsi sur une plage. Il fallait bien commencer un jour ! Je lis, je mange du poulet rôti, une crêpe au sucre, des pommes frites... Je suis mieux que sur notre côte Atlantique, car le soleil est enfin sorti, la mer exhibe son camaïeu de bleus, et il n'y a pas grand monde, les « farangs » ayant fui à cause de la pluie. À cinq heures, quand je quitte mon parasol, je suis rouge vif, tel un gros piment d'Espelette ( je ne peux pas me comparer aux petits piments "prik khi nhou" crotte de souris d'ici ! ). J'avais oublié que l'on prend des coups de soleil même quand le temps est nuageux, et même quand on est à l'ombre.

Le soir, je vais manger un poisson cuit avec des légumes dans une feuille d'aluminium.  

 

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Dernière modification:  22/11/2012