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Nous quittons Koh Chang avant que le chaleur ne vienne nous étouffer. En guise de reconnaissance pour notre fidélité, nous avons droit à une bonne réduction puisque le prix du bungalow, pour nous, est de 500 bahts au lieu de 700. ( C'est tout de même intéressant, car ça fait moins de dix euros ). Nous ne sommes pas trop entassés dans le songtaew, mais bon Dieu que nous sommes balancés ! La femme qui conduit ressemble à la grenouille de la fontaine, et elle mène son attelage bien plus rapidement que ne l'aurait fait le bœuf de la même fontaine. Dans la raide montée qui attaque la montagne au-dessus de la plage, ça va encore, mais c'est dans la descente que nous nous accrochons aux ridelles ! Sur le ferry nous nous sommes installés sur le pont inférieur arrière. Nous prenons les gaz d'échappement du bateau dès que le vent nous rattrape, mais c'est moins ennuyeux que de grimper au pont supérieur avec nos bagages. Quand nous débarquons à Laem Ngop, c'est à nouveau un songtaew qui nous conduit à Trat. Alors là, nous filons bon train et le chauffeur ne se préoccupe absolument pas de la signalisation. Il brûle un stop, ne tient pas compte des limitations, car il lui faut faire le plus de voyages possibles pour rentabiliser son véhicule. Il aurait bien voulu s'arrêter au feu rouge, mais alors là, ce sont les freins qui ont refusé : alors, avec un grand coup de klaxon, tout se passe bien ! Nous chevauchons systématiquement les lignes continues puisque c'est nous qui allons le plus vite, donc, il faut bien doubler ! D'ailleurs, la signalisation horizontale ne sert à rien... ou presque. En effet, c'est surtout en cas d'accident que l'on commence à regarder par terre. Pour ramasser les morceaux, bien entendu, mais surtout pour savoir qui est le perdant. En effet, le perdant, c'est celui qui était du mauvais côté de la ligne jaune au moment du choc. Alors, s'il est mort, c'est un peu embêtant, mais s'il est vivant, c'est lui qui rembourse les dégâts. Cela se passe ainsi dans le coin ! Encore une fois, nous arrivons encore sains et saufs... Bah, il faut cesser de se faire du souci pour rien !
Au marché de Trat, je ne manque pas d'aller manger ma soupe de nouilles dans laquelle je rajoute des morceaux de canard rôti. J'ai mes habitudes ! Il fait un gros orage et à travers le rideau argenté de la pluie, je devine une rue changée en marécage, et les voitures en arroseuses municipales. Des femmes passent en moto, s'abritant sous un parapluie, et je n'ai jamais compris comment elles font pour qu'il ne se retourne pas ! D'autres protègent leur tête en mettant tout simplement la main dessus. Je ne sais pas si c'est efficace ?
Nous prenons le car jusqu'à Chanthaburi, et comme je dors pendant tout le trajet, je n'ai rien à raconter, et c'est mieux ainsi ! Le soir, dans la chambre d'hôtel, Amnoay étale sur les étagères de la table de la télé, les deux kilos de lamelles de poisson séché qu'elle a acheté au marché, car il n'est pas encore assez sec, puis nous allons musarder dans les rues. Au centre de la ville, dans le quartier commerçant, la circulation est démente : une myriade de motos se faufilant parmi les voitures, aux carrefours, on se coupe la route allègrement, et il doit y avoir des lois qui m'échappent, car il n'y a pas un seul accrochage, pas de personnes qui s'agressent ou se lancent des amabilités au visage. Toute la sagesse asiatique est là, dans ce flux ininterrompu de véhicules conduits par des gens tout à fait sereins !
Nous revenons à l'hôtel. Quand j'ouvre la porte, des effluves de morue faisandée me prennent à la gorge. L'atmosphère est irrespirable ! Amnoay reconnaît que l'odeur est un peu forte, mais elle ne veut pas admettre que ça sent mauvais. Pour ne pas la fâcher, mais pour aérer tout de même, je prétends avoir vu des moustiques, et je pulvérise un insecticide. Je sais bien que les pauvres moustiques, ils n'ont pas tenu le coup avec cette puanteur qui les a renversés sur le carrelage pattes en l'air ! Là, je me rends compte qu'Amnoay et moi, nous n'avons pas les mêmes valeurs...