Dernière modification: 20/08/2017.
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maison béarnaise traditionnelle. |
maison du vic-Bilh |
Il existe une architecture typique du Vic-Bilh.
La caractéristique première de la maison du Vic-Bilh c'est le fronton, un décrochement triangulaire de la façade vers le toit qui a, à la fois, une fonction pratique et décorative, et qui est imité directement de l'architecture classique des palais du XVII° siècle. En effet, grâce au « finestrou » ou fenêtre étroite ou bien à un simple œil de bœuf, il permet d'éclairer le « soulé » le grenier où se trouve souvent une petite chambre « la crampete », mais il rompt aussi fort agréablement ainsi la monotonie de la façade. De plus, les gouttières, le long du toit n’existant pas il y a encore quelques années, ce décrochement permettait de sortir, par temps de pluie, sans « prendre la douche » avec l’eau dégoulinant du toit.
Ce type de fronton se rencontre dès le Nord de Morlaàs, se retrouve assez fréquemment entre Thèze et Garlin, à la limite Ouest du pays, et dans quelques villages landais de bordure jusque dans la région d'Aire sur Adour, ainsi que dans le Gers jusqu'à Castelnau Rivière-Basse et à la limite de Viella, puis dans les Hautes Pyrénées jusqu'à Soublecause, Lascazères, Lahitte-Toupière. Il ne va pas au-delà de Luc-Armau cependant vers l'est et disparaît après Lalonquère, Anoye, Abère au sud-est.
Par contre son aire de prédilection se trouve dans le Nord-ouest du pays, dans la région d'actuelle implantation de la vigne. Entre Séméacq-Blachon et Aubous notamment, en passant par Aurions, Arrosès, Aydie, on ne compte plus les maisons à un, deux, trois, voire quatre frontons.
Certaines de ces maisons
présentent un curieux mur fronton, très haut un peu semblable à celui des
petites églises du Vic-Bilh à ceci près que la base seule est de pierre taillée,
le reste étant fait de galets, d’adobes ou de torchis en colombage. Parfois,
bien souvent même, ce mur est percé de petites ouvertures ce qui tendrait à
prouver que sans être des « domenjadoure » (maisons nobles), ces maisons d'homme
de « franc alleu », « mestes a casa » avaient droit d'élever et consommer des
pigeons qui trouvaient leur nourriture dans les champs environnants.
Ces toits, très pentus, du fait de ce haut mur fronton, sont aujourd'hui couverts de tuiles traditionnelles dites « picon » à cause du petit croc moulé avec la tuile qui sert à les caler contre les lattes. Autrefois, ils étaient recouverts de chaume ou de bardeaux comme en font foi de nombreux textes, plus rarement de loses.
De chaque côté, de ce mur fronton, des appentis à la pente moins abrupte abritent les dépendances, un peu comme pour les maisons de la région de Salies-de-Béarn.
Mais on trouve aussi des maisons du XVIIe siècle qui ont des façades latérales plus amples et plus basses. Ces maisons sont également sans étages, avec un petit « frinestrou » sur le toit à double pente avec coyau. Elles sont ornées généralement de la génoise double ou triple ( frise faite de tuiles creuses et plates alternées en haut de mur ) et les chambranles des portes sont parfois en pierres ouvragées avec date sur le linteau.
C'est au XVIIIe siècle qu'apparaît le fronton triangulaire de nos maisons que Joseph Peyré, notre écrivain d’Aydie, comparait au gracieux capulet de nos béarnaises.
génoise et tuiles picon. |
La maison du Vic-Bilh typique du XVIIIe siècle est basse et sans étage hormis la « crampette » du grenier.
Sa couverture est faite de tuiles « picons » aux chaudes teintes rousses, parfois ouvragées, ou bien encore à embout arrondi, ou encore aux tons alternés, placées en losange dans un souci esthétique.
Sa répartition intérieure est généralement la suivante :
Sous le fronton, ouvre la porte d'entrée qui donnait autrefois directement dans la pièce principale éclairée par la fenêtre de droite de la façade, puis qui donna par la suite sur un petit couloir au fond duquel se trouve l'escalier menant au grenier.
C’est la salle commune, principale pièce à vivre. Sur le mur de droite se trouve la cheminée un peu surélevée, assez imposante avec ses coins ( cantous ) réservés aux anciens, « laré » et symbole du foyer, avec le four attenant dont la masse imposante de forme arrondie couverte d'un petit toit transparaît à l'extérieur. On accroche souvent le, ou les, fusil (s) suspendu (s) au manteau, avec la collection de cuivres et chandeliers sur les étagères. On trouve aussi le bandeau aux carreaux bleus, généralement assorti aux rideaux de la fenêtre quand ce n'était pas au ciel de lit et aux rideaux de baldaquin du grand lit en bois que l'on y trouvait, il y a peu encore...
Par la suite, des chambres
furent construites sur la partie arrière. Si ce n’est une salle d'eau, quand une
inclinaison supplémentaire de toit en appentis permettait un gain de place
supplémentaire.
La pièce de gauche en entrant était généralement la chambre des maîtres de maison, elle devint chambre d'invités ou bien encore salle à manger lorsque le gain de place et la mode favorisèrent des mœurs plus urbanisées.
Les fenêtres avaient souvent, pour les plus anciennes, un bâti de bois décoré d'un losange à la base ( style directoire ), les carreaux étant réservés à la partie haute. Celles-là étaient dotées de volets intérieurs...
Sous l'escalier un petit réduit servait de débarras ou de chambre d'enfant avant qu'une porte ne prolonge le couloir vers l'appentis construit à l’arrière et vers d'autres dépendances « hournères » ou « souillardes » pour les tâches moins nobles de la cuisine. Le bas des murs peints à la chaux était badigeonné de brun rouge jusqu'à 50 cm du sol environ.
Hélas la fragilité de ces petites maisons a fait dire à Joseph Peyré : « …il est pour nos maisons un autre drame: celui de la pauvreté en matériaux, car la pierre est absente de notre sol. Avec ses murs de torchis haut coiffés de tuiles nées de l'argile maternelle, la maison du pays n'était pas faite pour durer. D'elle-même ( il n'est que de voir les lézardes qui montent des absinthes et des herbes sauvages ), elle cède à la menace de la ruine Cet abandon que seule la défense du maître peut combattre à quelque chose de poignant. Depuis mon enfance j'ai pu voir nos maisons vieillir comme autant de visages, et certaines suivre dans la mort les familles qu'elles abritaient. Depuis ce temps, la population de mon village a pu tomber de cinq cent à deux cent cinquante âmes, double raison pour nos demeures abandonnées de renoncer ou de mourir. J'ai dressé pour mon souvenir la carte de ces disparues rappelées par un tertre de ronces, et le creux à sec de l'ancienne mare Et j'ai dressé aussi celle des délaissées qui s'effondrent par pans épais et dont les charpentes s'en vont, décharnées par les tempêtes d'ouest, abandonnant leurs vieilles tuiles aux ronciers. Ces deux cartes sont poignantes car elles évoquent un cimetière qui n'a pas le soin des champs au repos, me font regretter doublement l'absence dans nos enclos de cyprès, qui garderaient au moins le souvenir des maisons mortes. Je les regrette d'autant plus, ces disparues, que même si elles sont un jour remplacées, leur visage ne sera pas gardé. Leurs cadettes n'auront pas leurs traits avenants de petites vieilles au pignon surmonté de la haute coiffe de tuiles à la treille bleuie, assises près de leur pailler au bord de la mare aux canards.
Le parpaing, la tôle ondulée, ou la tristesse de l'ardoise, les sauveront de la servitude de l'argile, les façades à étages leur prêteront un air nouveau. Le pays sera alors défiguré, mais nous ne serons plus que quelques-uns pour en souffrir ».
De nos jours et contrairement à ce que pense Joseph Peyré, certains spécialistes émérites prétendent que les maisons de terre et d'argile peuvent être solides et durables et offrent des avantages certains.
d'après André Anglade. ("Vic-Bilh, le vieux pays")
Deux époques, deux techniques différentes...
*adobes
: bloc d'agile crue, pétrie et séchée à l'air libre
et au soleil dans un moule de bois.
Parallélépipède de 20 cm de long sur 10 de large.
On utilisait aussi les barrons ou barreaux, grosses briques.