Dernière modification: 05/07/2012

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Surin.

Mardi 7 février 2012.

Phitsanulok - Ayutthaya.

Nous nous rendons à la gare au lever du jour pour prendre le train de sept heures qui affiche un retard de quarante minutes. Finalement, nous ne partirons qu’à huit heures. Dans le wagon nous sommes secoués comme des oliviers. L’air chaud et poussiéreux entrant par les fenêtres ouvertes nous suffoque par moments. La plupart des passagers dorment et n’ouvrent un oeil que lorsque la nourriture proposée par les marchands sillonnant les wagons les intéresse. Le paysage est monotone : rizières vertes peuplées d’oiseaux blancs ou de merles noirs. Dans la région de Nakon Sawan, deux kilomètres après Bangkrathum, la voie est bordée d’arbres morts couverts de nids de cigognes sur plusieurs centaines de mètres. Elles sont là par centaines, peut-être par milliers et ne s’envolent même pas au passage du train. Nous sommes soulagés et bien fatigués lorsque nous arrivons enfin à Ayutthaya avec deux heures de retard. Nous montons dans un de ces petits taxis triporteurs multicolores ressemblant à des grenouilles ou à des autos de manèges pour enfants. Nous nous rendons à l’hôtel Ayutthaya Thani. Les chambres à 360 bahts sont toutes occupées, alors nous prenons une grande chambre à cinq cents bahts. Nous pouvons même barboter dans la baignoire, luxe rare pour ce prix ! ( 12 euros )

Le soir, je ne peux m’empêcher d’aller manger mon poisson frit au marché Houaro, au bord de l’eau. Le cuisinier n’est pas encore mort carbonisé, pourtant, il continue à mettre le feu à sa poêle.

 

Mercredi 8 février 2012.

Ayutthaya - Surin.

Le train rapide ( il fait des pointes à cent un kilomètres à l’heure ) jusqu’à Surin n’est pas trop pénible, car nous avons pris une place en deuxième classe air conditionné. J’écris mon carnet de voyage. Amnoay est contente de retrouver sa maison, surtout parce que le voyage est terminé. Elle n’a pas du tout l’esprit vagabond ou nomade, contrairement à moi, et elle finit ce petit tour vers le nord très fatiguée. Autant notre cohabitation se passe bien habituellement, autant nos relations ont été tendues durant ces quelques jours de voyage. Nous ne voyons pas la même chose, nous n’avons pas la même façon de les appréhender, car elle ne voit dans les ruines que des tas de briques, dans les temples que l’image du Bouddha ( toujours le même pour elle ) et dans les paysages que des collines, des plaines ou des montagnes. Elle voit les beautés de la nature, mais ne ressent pas le besoin de s’arrêter pour les intérioriser. Elle ne comprend pas ces farangs capables de rester une demi-heure à regarder le soleil décliner ou pire, la lune monter. S’il y a un marchand de grillades dans le coin, elle ira plutôt se renseigner sur le prix des brochettes. C’est peut-être pour ça que les couchers de soleil ne me font pas maigrir !

 

Jeudi 9 février 2012.

Surin.

Je me prépare à passer quelques jours à ne rien faire à Surin, avant de repartir vers le Cambodge ou le Laos, je ne sais pas. Je repartirai seul, Amnoay ne semble pas disposée à reprendre la route. Pourtant, cette après-midi, malgré la chaleur, elle m’accompagne à Surin...

 

Vendredi 10 février 2012.

Surin.

Je me promène dans Surin, comme tous les jours, et je n’ai pas grand plaisir à déambuler dans les rues, car il n’y a rien de plus désagréable que de marcher dans les villes de Thaïlande. D'ailleurs, on trouve très peu de piétons : les habitants se déplacent peu à pied. Il fait chaud et l’on doit aller au soleil sur la chaussée, à cause des trottoirs souvent encombrés de motos ou de voitures en stationnement, de jardinières de fleurs, de marchandises débordant des magasins... Les bâtiments sont presque tous des blocs à deux étages, semblables à des cages, comportant une petite boutique sans vitrine au rez-de-chaussée. On ne se soucie absolument pas de l’esthétique, alors les façades sont noircies d’humidité ou la peinture en est défraîchie. Un mælstrom de panneaux publicitaires, d’annonces de magasins que plus personne ne peut lire, de fils électriques ou téléphoniques accrochés à des pylônes dont la verticalité est loin d’être parfaite, donne une impression d’agencement anarchique ; et par là-dessus, la grande enseigne d’une banque qui domine le tout comme pour rappeler que le fric est au-dessus de tout ! On trouve partout des commerces de proximité que l’on appelle chez nous supérettes, qui restent ouverts jour et nuit. Le plus répandu est le « seven-eleven » ( 7/11 ). Que l’on soit à Bangkok ou à Chiang Mai, la disposition du magasin est pratiquement toujours la même, ce qui facilite la vie quand on veut acheter quelque chose. Il y a les boissons fraîches au fond, les glaces à droite ou à gauche ( à l’opposée de la caisse ) en entrant, le rayon papeterie, droguerie, pâtisserie, des sandwiches... de tout ! Les prix ne sont pas plus élevés que dans les grandes surfaces et souvent même plus intéressants, alors à toute heure du jour et de la nuit, il y a quelqu’un pour venir acheter quelques « bricoles ». Les employés sont toujours des jeunes, et je me demande ce qu’il advient d’eux quand ils vieillissent ? Ces magasins ont un tel succès qu’on en trouve parfois deux se faisant face dans la même rue et en concurrence avec un « Family Mart » ou autre supérette copiée sur le même modèle. J’ai compté à Phitsanulok cinq magasins de ce style dans un rayon de cinquante mètres. Un jour, au Mexique, je suis rentré dans un 7/11, et quelle ne fut pas ma surprise de retrouver les mêmes produits ou presque, au même endroit. Il n’y avait que le rayon des sandwiches qui était vraiment différent.

 

     

 

Dans Surin, les maisons traditionnelles en bois deviennent rares, et celles qui restent sont, pour la plupart, dévorées par les termites. Le bois est devenu rare et cher, alors on construit avec des « blocs de dix » des bâtiments qui s’effondreraient comme château de cartes au moindre séisme. Dans cette agglomération peu agréable, seuls les temples témoignent d’une recherche esthétique. Leurs toits de tuiles vernissées, leurs façades éclatantes de blancheur sur lesquelles les dorures étincellent au soleil donnent envie de s’y réfugier. Et c’est là qu’on trouve un peu de fraîcheur dans un jardin toujours soigneusement entretenu, et un calme profond entre les colonnes dorées et les murs recouverts de fresques retraçant l’histoire de Siddharta Gautama, premier « Bouddha ».

 

Samedi 11 février 2012.

Surin.

Je peux assurer que pas une ville, pas un village n’a omis de disposer un portique en contre-plaqué à la gloire de Sa Majesté le Roi Buhmipol « Rama 9 » dans ses faubourgs. On y voit le monarque vieilli mais au visage empreint de générosité et de bonhomie. On l’a souvent affublé d’un appareil photo ( Minolta ) alors qu’il est pratiquement aveugle. Le Roi a quatre-vingt-cinq ans, il pourrait être en pleine forme, mais sa santé déficiente laisse prévoir des jours difficiles car sa succession ne sera pas simple. Lors de la dernière crise, durant l’année 2011, il a donné son approbation à l’armée et de ce fait, pour la première fois, une partie du peuple a suggéré une fin de la royauté. Son fils, le prince héritier, est considéré comme un personnage peu sérieux, d’autant plus qu’il s’était, lui aussi, rendu impopulaire auprès des royalistes à une époque non lointaine en étant accusé de manoeuvres financières peu orthodoxes avec le premier ministre de l’époque Taxin dont la rue avait demandé et précipité le départ. Aujourd’hui la rue redemande le retour de Taxin et ne veut pas du Prince héritier pour monarque. Ce n’est pas simple, comme souvent en Thaïlande ! La princesse est sympathique aux yeux d’une partie des Thaïlandais, mais la constitution n’accorde pas le droit de régner à une femme. Cette princesse ayant atteint la soixantaine ressemble à une quille de bowling, est coiffée comme une tête de loup et s’habille comme l’Auguste du cirque Pinder. Elle passe son temps à remettre les diplômes aux étudiants, à visiter les gens sinistrés par les inondations, les hôpitaux, les écoles... Bref, en visite à droite à gauche, son populisme ne passe pas inaperçu. Je ne sais pas si tout le monde y croit ? En ce qui concerne la Reine Sirikit, on ne la voit plus beaucoup, et elle a perdu de son aura. Je n’arrive pas à savoir ce que les gens pensent de tout cela car ils n’émettent jamais leur opinion sur ce sujet. En comparaison, donc, les Birmans sont beaucoup plus libres de parler que les Thaïs. Ici le crime de lèse-majesté est très sévèrement puni de plusieurs années de prison. Alors : motus et bouche cousue ! Tous les soirs à vingt heures, la télé nationale présente, sur une surprenante musique de flonflons digne des guinguettes des bords de la Marne dans les années folles, toute la famille Royale, sans oublier l’épouse dont le Prince a divorcé. Sur fond jaune, couleur du Roi, des images d’archives viennent rappeler les bienfaits de cette famille magnanime. Le Roi Bhumiphol sera, avec Ramsès II et Louis XIV, le monarque ayant régné le plus longtemps. Il a vécu de nombreux coups d’état, a su faire preuve de bon sens à chaque fois, sauf lors du dernier où l’armée a pris le pouvoir et le conserve sans tenir compte du vote des habitants. Alors la Thaïlande une démocratie ? Certainement pas pour ceux qui n’ont pas de relations avec des gens hauts placés !

 

Dimanche 12 février 2012.

Surin.

Amnoay a quelques problèmes avec sa soeur Lam et son beau-frère Youthasat. Ils lui ont vendu la moitié de leur terrain, mais le problème, c’est justement qu’ils habitent sur le même terrain, et qu’en Thaïlande, on ne fait pas de mur de séparation entre deux maisons d’une même famille. Ils nous trouvent donc indésirables « chez eux ». Quand un Thaï revient de l’étranger, il est censé être riche, et il se doit de distribuer les billets de cent comme les cartes avant la partie de belote. Comme Amnoay ne s’est pas montrée très généreuse financièrement, et que moi, j’ai mis le holà aux sorties au restaurant où l’addition était toujours pour moi, nous ne sommes pas bien vus. Alors, on ne se parle plus tout en étant amenés à se côtoyer. Pour moi, ce n’est pas très gênant. Pour Amnoay c’est dramatique, car l’esprit de famille est sacré, et elle se trouve devant une situation difficile à supporter.

 

 

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