Dernière modification: 15/06/2015

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Dimanche 15 mars 2015.

Surin.

L’orage d’hier nous a permis de jouir d’une matinée presque fraîche, mais dans l’après-midi la chaleur devient presque insupportable. Nous avons un bon 33° dans la maison. Je reste près du ventilateur, car la pièce climatisée me procurerait un plaisir que je payerais dès que je mettrais le nez dehors.

 

lundi 16 mars 2015.

Surin

Je reste à transpirer à la maison : il fait 33° dans le salon… Heureusement qu’il y a le ventilateur !

 

Mardi 17 mars.

Surin. . ( 18 km )

Je suis allé dégourdir mes jambes et j’ai passé le cap des 5000 km parcourus avec mon VTT sur les routes d’Asie !

 

Du mercredi 18 au samedi 21 mars 2015.

Surin. .

Ici, ce sont les « grandes vacances » pendant deux mois. L’école voisine est devenue bien silencieuse : plus de lever du drapeau ni d’hymne national à huit heures et je m’ennuie presque sans les « hello ouats iour nême » des élèves venant chahuter juste derrière notre clôture.

 

Dimanche 22 mars 2015

Surin – Ban Kruat ( 81 km )

Le ciel est légèrement couvert, l’air presque frais avec 26° à huit heures quand je pars vers le sud. Nous allons chez Mem, ( la fille d’Amnuai ). J’y vais en vélo alors qu’Amnuai préfère prendre le car… La route est presque tranquille, avec moins de camions que les jours ouvrables. La campagne commence à reverdir. Dans les endroits où l’on a pu irriguer, on a planté le riz et c’est comme si l’on avait posé des carrés de moquette verte sur la plaine rousse brûlée par le soleil. Jusqu’à Prakhon Chay, il m’arrive de trouver quelques troupeaux de ces petites vaches brunes comme des biches dont les veaux sont si mignons qu’on aimerait les adopter comme animaux de compagnie. Il y a aussi des petits zébus blancs, propres comme des communiants. Tous ces animaux me regardent avec des yeux d’un noir profond dans lesquels je lis un peu de crainte et de la curiosité. Ils ne croisent pas beaucoup de cyclistes, mais alors des cyclistes déguisés comme moi, ça, ils n’ont jamais vu !

Après Prakhon Chay, la route devient beaucoup plus fréquentée, souvent étroite avec des bas-côtés en mauvais état. Je ne sais pas si le danger vient de derrière, car je ne vois pas ce qui se passe dans mon dos, mais je peux affirmer que face à moi, c’est parfois effrayant. Certains véhicules doublent en se ruant sur moi comme si je n’existais pas et viennent me frôler à un mètre… C’est comme les manèges à la foire : ça fait peur, mais on sait bien que tout va bien se passer… du moins, on se force à l’espérer ! Après quelques minutes de circulation intense et anarchique, ma voilà soudain seul, dans le silence, au milieu des rizières. Et puis les hordes sauvages reviennent, par vagues. La route est toute droite, en faux plat légèrement montant, et tout d’un coup, juste vers midi, le ciel se dégage totalement, et une chaleur infernale vient m’écraser. Je suis collé à la route, j’ai soif et il n’y a pas de marchands de boissons : mon bidon est vide. J’ai faim, mais c’est dimanche, et les petits restaurants sont tous fermés. Quand j’arrive à quatre kilomètres de Ban Kruat et que je trouve une petite épicerie, il me semble que je pourrais boire tout le magasin.

J’arrive chez Mem dans un état second. Même la douche fraîche ne parvient pas à me remettre sur pied. Je passe l’après-midi à somnoler devant la télé. Amnoay fait la caissière au magasin photo de Mem. C’est le défilé des écoliers et des lycéens qui viennent faire des photos d’identité pour leur inscription à l’école lors de la rentrée prochaine. Les plus petits pleurent ou hurlent parfois. Ils ont peur du matériel, des réflecteurs comme des ombrelles, des trépieds, des lampes… Ils ont peur comme chez le dentiste ou chez le docteur, alors ils pleurent. Difficile de leur tirer un portrait correct.

Le soir, je vais manger un riz au poulet bouilli dans un de ces petits restaurants ouverts aux quatre vents en bord de rue : c’est délicieux. J’aime cette cuisine simple, épicée, fleurant bon la citronnelle ou le curry. La chaleur de la journée s’est un peu calmée, il ne fait plus que 27°, il fait presque froid !

 

Lundi 23 & mardi 24 mars 2015

Ban Kruat.

Je reste à la maison, je n’ai même pas envie de sillonner la région en vélo : il fait trop chaud. Des camions chargés de canne à sucre passent dans la rue en vrombissant. Leur charge est tellement haute que je me demande comment ils peuvent tenir debout. Il est vrai qu’ils se couchent parfois sur la route ! Dans la campagne environnante, on incendie les parcelles plantées de canne à sucre et des flocons noirs descendent en tourbillonnant sur la ville. On met le feu aux champs avant la récolte sans quoi on ne pourrait pas pénétrer parmi les cannes pour les couper. On récolte donc de longues tiges noircies… c’est un travail un peu salissant !

 

 

Mem a bâti une maison neuve où l’on pourrait faire un trinquet dans le salon et jouer à la pétanque dans les couloirs. Les Thaïs aiment l’espace. Les rampes d’escalier sont en inox, le balcon donnant sur la rue aussi. Les gens sont toujours dehors, alors ils n’ont aucune idée pour aménager leur intérieur d’une façon fonctionnelle. Il n’y a pas de hotte aspirante dans les cuisines, les canapés en bois sculpté couverts de coussins qui glissent se trouvent partout, on mange assis par terre, on regarde la télé couché sur le carrelage, on dort sur des matelas à même le sol. Chez nous, le climat nous force à rester dedans, ici il nous force à sortir, surtout le soir, ou à laisser tout ouvert. Le salon ouvre sur la rue par de grandes baies coulissantes, ce qui permet, éventuellement, de garer la voiture à l’intérieur quand vient la nuit !  Dans un coin de la cour, on trouve l'inévitable hôtel des esprits...

 

Mercredi 25 mars 2015

Ban Krua - Surint ( 83 km )

 

 

Nous revenons à Surin : Amnuai en car, moi en vélo. Quand je pars, à huit heures, le temps est clément, mais j’ai un peu de vent de face. J’avale les kilomètres sans peine et ce n’est qu’au cinquantième kilomètre que je me décide à manger ma soupe de nouilles au porc. Rien de tel pour me permettre de continuer sans sentir la fatigue !

Au bord de la route, j’ai trouvé, comme on en trouve un peu partout, un cimetière d’hôtels des esprits. Mais celui-ci est particulièrement bien fourni. On ne met pas, quand on en achète un nouveau, son ancien hôtel des « phis » à la poubelle. De la même façon, si l’on casse sa statue de Bouddha ou que l’on en achète une nouvelle, il y a des endroits spéciaux pour s’en débarrasser. Ainsi, les esprits se retrouvent entre eux et qui peut savoir ce qu’ils font ou ce qu’ils se disent ? Et la plupart des motos ou des véhicules qui passent sur la route donnent un petit coup d’avertisseur comme quand on dit « pardon » en passant devant quelqu’un, juste pour s’excuser de les déranger.

J’arrive « chez nous » à midi et quart, juste quand le soleil commence à devenir cruel. J’achète un poulet rôti, je fais du riz parfumé, et je mange presque tout tout seul. Amnoay n’arrive que vers la fin de l’après-midi.

 

 

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