Dernière modification: 31/05/2015

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Mercredi 11 mars 2015.

Mukdahan - Khemarat ( 101 km )

 

D'énormes graines qui battent des ailes

d'énormes feuilles tombant tourbillonnant...

"sous le goudron il y a la plage"

 

Le temps semble vouloir se mettre à la pluie : de gros nuages noirs s'étalent au-dessus du Laos et quelques petites gouttes tombent par-ci par-là. Je cherche une route tranquille le long du fleuve, et je m'engage sur la petite route bétonnée qui prolonge la promenade. Au bout de quatre kilomètres, je me retrouve devant un portail fermé ! Il me faut revenir jusqu'à la ville pour prendre la N.2034. J'ai prévu une étape un peu longue, et si je commence par ajouter huit kilomètres... Tant pis. Je file comme si l'on me poussait, j'avale même les faux-plats montants avec une aisance déconcertante ; je roule parfois à 30 km/h. J'entends mes gros pneus de VTT chanter sur le revêtement parfait, et je comprends alors que le vent va dans le même sens que moi. La région est un peu vallonnée, alors je monte, je descends, mais ça ne me gêne pas, car c'est moins pénible qu'une route toute droite et toute plate. Je traverse quelques rizières bien sûr, mais aussi des champs de manioc et de maïs. Je m'arrête pour manger une bonne soupe et quand je repars je sens que j'ai repris des forces. Dans la région de Khemarat, les champs cultivés ont laissé la place à une savane un peu triste, car c'est la saison où les arbres ont perdu leurs feuilles, et tout semble sec et mort. La route se détériore et au fond des ornières je remarque qu'il y a du sable ! « Sous l'asphalte la plage ! » Quand j'arrive à Khemarat, à midi, le soleil n'a pas vraiment percé les nuages : il est resté discret, et c'est mieux pour moi. Je cherche un petit hôtel pas cher, et un chauffeur de touk-touk me conduit jusqu'à « Hong Pakrimkong », un petit hôtel où de petites chambres tout près de l'eau me conviennent. C'est propre, c'est bien situé et pour 350 B, j'ai l'air conditionné. J'en ai besoin, car je vais faire ma lessive et je veux que le linge sèche. Le patron crie comme un sauvage, car il ne veut pas que je mette le vélo dans la chambre. Il a un local spécial... mais il aurait pu le dire gentiment !

 

 

Je me repose pendant une heure, puis je repars en vélo visiter la ville. Ce sont, encore une fois, les temples qui m'attirent. J'aime la sérénité qui règne en ces lieux, j'aime l'explosion de couleurs, les toits rouges, les sculptures dorées, je ne me lasse pas du sourire énigmatique des bouddhas.  Sur les bords du fleuve où de charmants petits bungalows semblent déserts... Les Thaïs ont pris de l'avance sur le tourisme. Ils ont compris qu'une classe moyenne relativement aisée commençait à se ressourcer à la campagne pendant les fins de semaines. La ville s'agrandit, alors on trace des rues perpendiculaires formant des rectangles et au centre de ces rectangles, on trouve des rizières. Il y a même un feu tricolore au milieu des champs cultivés. On a vraiment la certitude que la ville a été construite à la campagne !

 

 

 

Jeudi 12 mars 2015.

Khemarat - Amnat Charoen ( 72 km )

Je quitte l'hôtel à 6 h 45 et je roule sur une route relativement tranquille et en légères montées et descentes. Je ne jette même pas un œil sur le paysage : toujours le même. Parfois la route est un peu ombragée. Je tiens une moyenne de 21 km/h. J'arrive à Amnat sans être fatigué.

Je trouve un hôtel convenable, et je pense être le seul client. Je suis loin des circuits touristiques ! Je passe deux heures dans la chambre pour me reposer, puis je vais au marché. On y trouve beaucoup de fruits et de légumes de qualité et des quartiers entiers réservés aux vêtements. C'est incroyable le nombre de vêtements qui se vendent dans ce pays ! Je ne trouve aucun restaurant et je me rabats sur mon croque-monsieur du « 7 eleven ».Dans la chambre il fait 33°, mais avec le ventilateur, c'est très supportable. Et puis il faut se dire que la climatisation s'est vulgarisée depuis une trentaine d'années ; mais depuis 3,5 millions d'années, les hommes s'en passaient. Alors, j'arrive à m'en passer, et c'est certainement pour cela que je supporte la grande chaleur de la journée. À sept heures, alors que la température a chuté légèrement, je sors en quête de nourriture et que vois-je ? Tous les trottoirs de la grande avenue sont occupés par des marchands de soupes, de plats cuisinés et de sorbets ou de jus de fruits. Je me sens revivre devant un grand plat de riz frit au porc avec un œuf par-dessus !

 

Vendredi 13 mars 2015.

Amnat Charoen - Suwannaphum ( 110 km )

On croirait presque qu'il fait frais et pourtant le thermomètre indique 25° à 6 h 30. Dans la rue près de l'hôtel, un camion a terminé sa course sur le trottoir, les roues avant couchées sous la cabine : le train avant s'est effondré. Ce n'est pas rassurant quand on sait qu'ils roulent jusqu'à ce que ça casse lorsque le matériel donne des signes de fatigue.

Comme hier, je roule vite sans m'occuper du paysage. La route est toujours aussi bonne, mais un peu étroite pour l'intense circulation à partir de huit heures. Je m'arrête à Yasothon, car j'ai vu une famille de canards laqués suspendus par le cou à la vitrine d'un restaurant. Ils sont là, les pieds en éventail, les bras ballants comme s'ils n'attendaient que moi ! Une bonne portion sur du riz, avec du gingembre et un petit bol de bouillon : 40 B ( 1 euro ). Les prix sont tout de même corrects quand on s'éloigne des endroits touristiques... Quand je repars, je ne sais pas si c'est grâce au canard ou au gingembre, mais je me sens pousser des ailes. Je passe dans des endroits ombragés où les marchandes de pastèques et de melons se sont installées sous les énormes branches des arbres où des concerts de cigales font un vacarme tel qu'on a presque du mal à s'entendre. Les fermes sont souvent isolées, flanquées de l'inévitable meule de paille comme on en fait vers chez moi !

La chaleur me tombe dessus d'un seul coup, vers dix heures et le vent souffle de face. Il me semble que je n'avance plus, alors je m'arrête sous un abri comme on en trouve partout au bord de la route, et comme il y a des petits coussins servant d'oreillers, je me couche sur le banc. En dix minutes, je récupère, et deux villageois viennent me tenir compagnie. Quand je leur parle du parcours que je viens de faire depuis Nong Khaï, puis à travers le Laos et le Cambodge, ils me prennent pour un fou, je le sens bien... Ce qui me vexerait presque c'est qu'ils admirent le vélo plus que moi !

Les vingt derniers kilomètres sont pénibles, car le soleil me chauffe la tête et de la route monte une chaleur tout aussi pénible.

Je fais du vélo sur une plancha : je suis aussi rouge que les canards laqués de ce matin.

 

 

À Suwannaphum, j'ai un peu de mal à trouver un « resort » qu'on m'a indiqué sur la route de Surin, mais heureusement, deux charmantes demoiselles m'y accompagnent en moto. J'ai une belle chambre avec climatisation et réfrigérateur, mais il n'y a pas de restaurant. Peu importe, à cinq heures, je vais manger un riz frit dans un restaurant à deux kilomètres.

 

Samedi 14 mars 2015.

Suwannaphum - Surin ( 97 km )

 

entrée du temple

...et surtout en liberté !

sous un éléphant en ciment,
des singes en chair et en os...

 

Dernier jour, dernière étape. Il fait presque froid ce matin : 24° ! La route est presque étroite, et je suis inquiet, car la luminosité n’est pas très bonne et j’espère que les poids lourds qui rugissent en me dépassant n’ont pas roulé toute la nuit et que les chauffeurs ont les yeux en face des trous ! Je monte, je descends des faux plats, un léger vent frais m’encourage. La route est tantôt étroite, tantôt à quatre voies sans raison apparente, mais il y a des lignes droites de plus de vingt kilomètres et certains chauffeurs de gros 4x4 se croient dans la ligne droite des Hunaudières… Le paysage ? Sans intérêt, et pas trop le temps de le regarder, mais c’est toujours le même. Je passe devant un temple où des dizaines de singes grimpent partout, courent dans tous les sens et traversent même la route. À partir de dix heures, la chaleur devient tout à coup lourde, le soleil m’assomme, j’ai mal aux épaules à cause de ce satané sac à dos qui devient de plus en plus gênant. Je m’arrête plusieurs fois avant d’arriver à Surin, je trouve les derniers kilomètres interminables. Il est midi quand j’arrive à la maison. Amnuai m’a préparé une bonne soupe de riz : je mérite bien ça !

Depuis que je suis en Asie, j’ai fait 4991km. Il va me falloir reprendre le vélo pour boucler les 5000 ! Je ne peux pas aujourd’hui, car à partir de quatorze heures, il fait un bon orage qui mouille tout et qui rend la température très agréable.

 

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