Dernière modification: 15/06/2015

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Mardi 23 décembre 2014.

Surin – Nakhon Ratchasima.

Le quartier a retrouvé son calme, la matinée est trop fraîche pour faire du vélo. Il ne fait que 17°, et cela paraît très froid, car il souffle un vent de nord-est secouant les bananiers. Dans l’après-midi, le thermomètre atteindra les trente degrés, mais les Thaïs persisteront à dire que c’est la saison froide.

Nous partons à Bangkok. Amnuai me devance en moto, je vais jusqu’à la grande route à pied, sac au dos, mais je ne vois pas de « songtaew » à l’horizon. Je me rends à la petite station des « songtaew », j’attends un quart d’heure, une demi-heure, toujours rien et l’heure du départ du train à Surin approche… Encore un quart d’heure, et le « songtaew » arrive enfin, mais il est trop tard pour prendre le train à Surin, alors le chauffeur fait un détour hors de son circuit pour m’amener à la petite gare de « Lam Chi » toute proche. Amnuai est montée dans le train à Surin, je la retrouve installée dans un wagon. Ici, on trouve toujours une solution. Je me souviens de cette aventure qui m’était arrivée une année à Ayutthaya : j’étais monté dans un train que je ne devais pas prendre, et le contrôleur l’a fait arrêter à « Ban Phachi junction » pour me permettre de monter dans le bon train qui lui-même ne devait pas s’arrêter à cet endroit. Comme quoi, même le « train-stop » fonctionne ici !

Pour parcourir les deux cents kilomètres nous séparant de Nakhon Ratchasima, il faut trois heures. Bien sûr, ce n’est pas le TGV, mais c’est bien mieux, car j’ai ainsi tout mon temps pour acheter, et manger une bonne cuisse de poulet cuit au BBQ.

À Nakhon Ratchasima, nous posons le sac au « Farthay hotel », et nous nous rendons au marché de nuit. On y vend surtout des vêtements, et principalement des vêtements pour femmes et enfants. On trouve aussi les inévitables peluches de plus en plus grosses qui deviennent à la mode, et toutes sortes de gadgets dont on ne comprend pas comment on a fait pour s’en passer jusqu’à ce jour et dont on ne se sert jamais quand on les a achetés ! Nous allons vers ce sympathique restaurant où j’avais l’habitude de déguster mon poisson cuit dans son bouillon à la citronnelle, mais il n’existe plus : il y a un salon de massage à la place. En Thaïlande, c’est souvent ainsi, les choses sont en incessant mouvement, en perpétuelle évolution. Le bar devient une supérette, le restaurant un magasin de vente de téléphones, l’hôtel une banque… Il n’y a que les banques elles-mêmes qui restent des banques, en s’agrandissant souvent sur les côtés ! Tant pis, nous revenons au marché, et coincé entre deux étalages de vêtements, un peu comme si je mangeais dans une penderie, on me sert une soupe comme je n’en ai jamais mangée. Il y a de tout, des boulettes de viande de porc hachée, des crevettes, des raviolis farcis au porc, du chou chinois, des vermicelles chinois transparents, des petits cubes de tofu et de sang de porc, de la coriandre et quelques herbes que je ne me donne pas la peine d’identifier. C’est un peu comme si le cuisinier avait jeté tout ce qui lui tombait sous la main dans mon bol ! Pour la bière, on me demande gentiment d’aller l’acheter au « seven eleven » du coin. C’est l’abondance ; que peut-on souhaiter de mieux ? Comme quoi le bonheur tient à peu de chose !

 

     

 

En revenant à l'hôtel, nous faisons une halte au mémorial de Thao Suranari. En 1826, l'armée de Chao Anuwong venue de Vientiane se trouvait devant les murailles de Khorat, et menaçait la ville. C'est alors que l'épouse du gouverneur adjoint prit en main la défense de son peuple. Elle repoussa les Laotiens et devint une héroïne célèbre dans tout le pays. On a tellement brodé autour de cet épisode de l'histoire de Khorat qu'il n'est plus possible de rétablir la vérité historique. On raconte même que des émissaires envoyés par la rusée Thao Suranari offrirent en cadeau, en signe de soumission, une grande quantité d'alcool de riz que les soldats s'empressèrent de boire pour fêter leur victoire. Le lendemain, incapables de se battre, ils s'enfuirent à toutes jambes. À la fois Dame Carcas et Jeanne d'Arc, l'héroïne est devenue le symbole de la lutte pour l'intégrité territoriale, un modèle de patriotisme. Les Thaïs l'appellent Ya Mo (grand mère Mo) et viennent en pèlerinage pour obtenir sa protection. On lui offre des bâtonnets d'encens, des fleurs, des colliers de jasmin et d'œillets d'Inde, on allume de petits cierges jaunes au pied de sa statue, on achète des petits oiseaux ou des poissons, des tortues, des anguilles qu'on libère aussitôt en signe d'offrande. Détail amusant, tous ces animaux habitués à vivre en captivité reviennent d'eux-mêmes vers leurs cages et sont ainsi indéfiniment vendus et revendus ! Si votre vœu est exaucé, vous pouvez remercier Ya Mo en payant un quatuor de chanteurs vêtus d'un boléro rose et d'un pantalon bouffant bleu, qui vont, sur une estrade, chanter des remerciements d'un ton monocorde Suivant la somme d'argent que vous donnez, ils chanteront plus ou moins longtemps.

 

     

L'hôtel "Retroasis", ancien Crown 29 rénové.

 

Mercredi 24 décembre 2014.

Nakhon Ratchasima (Khorat) – Bangkok.

Je déjeune copieusement et je fais une petite promenade digestive le long du fleuve. Il y a, non loin de l'hôtel, un de ces temples des Phis (esprits) que l'on trouve un peu partout. Les gens vont prier devant le petit temple, et si leurs vœux sont exaucés, ils reviennent déposer une petite figurine en terre cuite ou en plastique devant les maisonnettes où logent les esprits. Ces phis  peuvent être cruels ou méchants, ils peuvent se montrer espiègles, vous faire chuter dans les escaliers, vous faire tomber de vélo (et là, c'est surtout quand on a été méchant), et ils peuvent même vous harceler, surtout la nuit, et vous rendre malade. Devant leur maisonnette, on a placé une petite échelle pour qu'ils puissent grimper et venir fumer la cigarette qu'on leur a offert, ou boire le coca ou le jus d'orange déposé juste devant l'entrée de leur demeure. Si les phis vous un rendu un très grand service, vous pouvez leur offrir une coupe de fruits, un collier de jasmin ou une tête de porc laquée. Il ne faut pas avoir peur des phis, car ils ne sont pas incorruptibles : ils pardonnent tout si on leur fait un cadeau ! Moi, personnellement je ne crois pas à tout ça; je ne suis pas superstitieux car ça porte malheur !

Dès huit heures, nous prenons le car pour Bangkok, un beau car climatisé aux larges sièges de velours. C’est mieux que le train, mais je m’y ennuie : le va-et-vient des petits vendeurs de boissons et de grillades me manque ; et puis nous arrivons à la gare routière de Mochit, et de là, ce n’est pas tout simple de se rendre au métro.

Il fait chaud, mais nous prenons tout de même une chambre sans climatisation à l'hôtel "Sukhumvit 6" . La température baisse le soir, et même le ventilateur devient alors superflu.

Nous allons au Soi 29, l’ancien hôtel « Crown 29 » a été rénové, mais on sent que son avenir n’est pas assuré, car il se trouve coincé entre des immeubles. Cela me fait penser au petit village d’Astérix. Il s’appelle « Retroasis », sa piscine est plus propre qu’avant, les murs aussi, le restaurant plus clair, les prix sont passés de 760 à 1360 bahts la nuit ( 34 € )… Tout a un prix !

La soirée du « réveillon de Noël » ? Bah ! Nous fuyons les restaurants bondés, et nous réussissons, car nous sommes tous les deux tout seuls dans la salle de restaurant de notre hôtel. Je me paye un bon steak-frites. Pas de bruit, pas de musique, pas de « farangs » en goguette… Quel pied !

 

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