Dernière modification: 24/04/2014

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MARDI 19 novembre 2013.

Ban Krouat – Lopburi.

Départ à huit heures avec Mem, en voiture, jusqu’à Prakhon Chai, puis nous prenons un car jusqu’à Saraburi. Si, parfois, nous avons des poussées d’adrénaline, sur la route, à cause de chauffeurs qui croient piloter un bolide de rallye, ce matin j’ai plutôt l’impression que nous nous traînons à la vitesse d’un vélopousse ! Nous arrivons trop tard pour continuer en train, mais un minibus stationne dans la gare routière et il nous conduira à Lopburi dans une demi-heure. C’est juste le temps qu’il nous faut pour manger une soupe ! Dans le minibus, on sent que nous devrions rattraper le temps perdu… Ces boîtes de conserve vont toujours à une vitesse inconsidérée, et je ne suis jamais rassuré… Bah ! trop lent, trop vite… je ne suis donc jamais content. Pourtant, nous voici à Lopburi en milieu d’après-midi. Nous allons à l’hôtel Indra où je ne paye que deux cents bahts ( cinq euros ) pour une chambre très propre avec ventilateur. J’évite l’air conditionné qui ne présente que des inconvénients : bactéries, froid, ronflement de la soufflerie… Et quand on sort, on a du mal à s’adapter à la chaleur de la rue. Alors, ventilateur et douche froide, cela peut paraître spartiate, mais c’est mon secret pour m’adapter à la canicule de cette saison. Et justement, j’ai un peu de mal, cette année, et je souffre de la chaleur qui me semble humide et lourde. L’adaptation se fera lentement ! J’ouvre ma fenêtre : je suis enfermé dans une cage grillagée qui entoure l’hôtel ainsi que les maisons voisines. Dès que je parais, un macaque arrive, placide, et il s’accroche au grillage juste devant moi. J’ai acheté de petits biscuits que je lui donne un par un. Il les saisit délicatement, avec une surprenante douceur. Il m’observe, un sourire étrange dans le regard. C’est vrai qu’en ce moment, l’animal qui est dans la cage, c’est moi. D’autres singes arrivent en sautant sur le grillage, dans un bruit de grelots. Ils sont bientôt une bonne trentaine, des gros des maigres, des petits, de vieux briscards aux fesses rouges, des femelles trimballant sur leur ventre, leur progéniture comme une fillette le ferait avec sa poupée. Le bébé s’accroche et m’observe de ses yeux noirs dans un visage rose, presque glabre. Maintenant j’en suis certain, ces ouistitis viennent me voir comme qui irait au zoo. Ils se battent même pour mieux m’approcher ! Hé bien je peux le dire : être dans une cage grillagée à observer les spectateurs allant et venant à l’extérieur, cela n’a rien de bien excitant ; je m’en lasserais bien vite ! Je réalise alors la cruauté qui consiste à mettre des animaux dans un zoo… pauvres bêtes !

 

     

 

Nous allons dans la rue où les singes sont totalement intégrés. Ils font partie du paysage, ils sont les descendants du dieu hindou Kala. Les gens du quartier ont toujours un bâton ou un lance-pierre à portée de main, mais c’est uniquement pour intimider les importuns, car il ne faut leur faire aucun mal sans quoi on aurait droit à tous les malheurs de la terre ! On les nourrit pour faire une bonne action, on les tolère, même si parfois on aimerait bien s’en débarrasser ! J’ai même vu des gens sympathiser avec un macaque de façon à ce que l’animal ainsi favorisé chasse ses congénères en protégeant son territoire ! Ils sont partout : sur les voitures ou les motos en stationnement, sur les fils électriques, sur les panneaux, sur l’auvent des boutiques, et surtout autour du temple San Phra Kan, sanctuaire dédié justement à Kala. Ces farceurs ont pris Michel en affection et ils lui sautent dessus à plusieurs reprises. Je me sens abandonné, délaissé : je passe à côté d’eux, ils ne daignent même pas me jeter un regard… C’est sûr, ils me prennent pour l’un des leurs, un vieux mâle solitaire et acariâtre avec qui il vaut mieux ne pas plaisanter !

 

    

 

Mercredi 20 novembre 2013.

Lopburi – Chachoengsao.

Nous sommes dans la rue à sept heures pour le déjeuner des singes, mais ils doivent faire la grasse matinée, car il n’y en a aucun dans la rue et le temple San Phra Kan est désert. C’est là que vers le milieu de la matinée, les généreux donateurs vont offrir fruits et friandises à ces animaux exubérants.

Départ à huit heures. Le train nous mène vers Bangkok. Il n’y a pas grand monde et nous nous installons du côté où le soleil ne donne pas, car pour se protéger de ses ardeurs, les passagers baissent des rideaux métalliques et nous sommes alors privés à la fois de l’air et du paysage ! Dès que nous atteignons la banlieue de Bangkok, les gares deviennent plus nombreuses, le convoi ralentit, s’arrête parfois de longues minutes dans des zones qui ne sont ni la ville ni la campagne… Nous nous trouvons parfois dans de curieux terrains-vagues où des engins de chantier semblent abandonnés dans la fange d’une tranchée. Peut-être que dans deux ou trois ans le métro aérien arrivera jusqu’ici ? Nous descendons à la gare de Bang Sue, pour éviter les quelques derniers kilomètres beaucoup trop lents. Nous prenons le métro souterrain jusqu’à Sukhumvit, puis le métro aérien jusqu’à Ekkamai où se trouve la gare routière pour Chachoengsao. Le minibus est là, comme s’il nous attendait ! Le trajet dure une demi-heure de moins qu’annoncé, car le chauffeur a « mis les gaz ». Il s’est faufilé tout le long de la route doublant à droite ( c’est normal puisqu’on roule à gauche ) mais aussi à gauche, ce qui est moins conventionnel !

À Chachoengsao, nous allons au Djé Phi Bungalow, et l’on nous propose des chambres climatisées toutes neuves, loin de la rue, donc du bruit. Cependant, dans les chambres, il n’y a même pas une chaise ni un porte-manteau. Ici, c’est comme ça, on a toujours presque tout, mais jamais tout !

 

           

 

Nous allons au temple Wat Sothon avec le taxi collectif jaune. Le temple est pratiquement désert, les grands jours de pèlerinage étant surtout le samedi et le dimanche. Je ne ressens pas la grande ferveur qui m’avait impressionné il y a deux ans. Les danseuses sont assises sur le sol, dans un coin sombre de la piste de danse, et elles papotent doucement. Les étagères où les fidèles déposent leurs offrandes sont presque vides. La tradition veut que lorsqu’on demande au Bouddha de nous aider, nous apportions cent œufs, et nous en apporterons cent de plus si le vœu est exhaussé ! Je ne sais pas ce que font les moines avec tous ces œufs ? Soudain, le son chaud du xylophone résonne. Quelqu’un vient de payer pour donner une danse en offrande. On paye suivant ses moyens plus ou moins cher selon que quatre, six ou huit danseuses se produisent. Aujourd’hui, les jeunes filles ondulent sans grande conviction, d’un air désenchanté. À part Michel et moi, seules trois personnes assises sur le sol de ciment assistent au spectacle. Il est cinq heures, c’est leur dernière danse, elles ont hâte de rentrer chez elles, et ça se sent !

Nous revenons dans le quartier de la gare, et nous allons au Big C, la grande surface où les prix sont moins intéressants que dans les petits commerces. Cela est tout à fait logique : on trouve tout sur place, mais cette facilité se paye ! Ainsi les « seven – eleven », petites supérettes fleurissant un peu partout dans chaque quartier peuvent continuer à vivre et à ouvrir nuit et jour !

Le soir, nous allons manger dans un restaurant typiquement Isan. On propose une cuisine authentique du centre du pays. Bien entendu, qui dit « authentique », dit relevée, et nous avons du mal à honorer les plats. Peu importe, la bière est fraîche et les petites grenouilles croustillantes. De plus, les serveuses viennent chahuter dans notre coin, car dans ce type de restaurant, les étrangers ne viennent jamais.

Michel n’a pas osé manger, alors nous allons dans un autre restaurant, un peu plus loin. C’est une bonne idée, car il y trouve des calmars frits à l’ail délicieux et comme je dis à la patronne qu’il est médecin, elle vient « consulter », lui montrer les comprimés qu’elle prend pour son hypertension. Son amie, une quinquagénaire un peu corpulente, vient montrer son genou et ses pieds plats. Michel lui recommande des chaussures spéciales et lui conseille d’enlever sa genouillère qui ne sert à rien, sauf à gêner la circulation. Les « patientes » sont tout ouïe et se sentent déjà mieux ! Une consultation de rue avec un médecin français, cela n’arrive pas à tout le monde ! 


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