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Jeudi 18 novembre 2004. 

Surin. 

préparation du déjeuner des éléphants  gourmandises  pastèques sculptées

 

Il fait trop frais le matin pour que je puisse rester torse nu sous l'auvent de la maison. Cette fraîcheur matinale est tout à fait dynamisante. Je déjeune avec mon habituelle soupe de légumes et de boulettes de porc haché. À dix heures, nous partons dans la « brouette » de Yut jusqu'en ville où les écoliers, leurs professeurs et des volontaires préparent de superbes étalages de nourriture pour « le buffet des éléphants ». Ici l'on sculpte des fleurs roses et blanches dans des pastèques, plus loin on tresse de longues cosses semblables à des haricots verts, ailleurs on place les ananas, les tomates, les navets et les épis de maïs de façon à rendre l'ensemble le plus harmonieux possible, de par la couleur et de par la disposition. Tous ces légumes sont arrangés de façon à représenter un paysage ou une nature morte. On peut même voir couler une petite rivière parmi les jeunes pousses de riz. Tout cela sera détruit demain matin en quelques minutes lors du « déjeuner » des éléphants. 

 

fruits et canne à sucre  que de navets  clique donc !   ne pas cliquer sur le pot !   clique sur les éléphants

 

Le soir, nous allons au Lycée où Chulomphon et Thik, le fils et la belle-fille d'Amnoay, présentent un spectacle en plein air. Le décor représente une muraille et une porte d'Ayuthia. Devant, entre la scène et les spectateurs, au milieu d'un grand bassin, un jet d'eau bien joliment éclairé jaillit de temps en temps. On commence par une litanie que tous les acteurs écoutent les mains jointes pendant une bonne demi-heure. Chulomphon et Thik, aux places d'honneur, semblent souffrir de la longueur du prologue, mais ils restent stoïques. Enfin, toutes les lumières s'éteignent, et dans l'obscurité, les acteurs viennent se placer comme des ombres furtives. Quand les projecteurs se rallument, on peut voir deux groupes d'hommes vêtus de culottes rouges pour les uns, vertes pour les autres. Chaque groupe est dirigé par un roi. Des éléphants attendent sous les arbres, et sur un rythme de percussions, des acteurs viennent danser en suivant les rites des préliminaires d'un combat de boxe thaï. On trouve à la fois une chorégraphie traditionnelle, avec la lutte et les danses, et un spectacle d'ombres. Cela me plaît beaucoup, surtout lors de la bataille générale où l'adresse des acteurs et la majesté des éléphants participant au combat forcent mon admiration. Je trouve très intéressant que les Thaïs reprennent en main leur culture qu'ils avaient un peu méprisée pour se tourner à fond vers le miroir aux alouettes occidental ! 

 

Vendredi 19 novembre 2004. 

Surin. 

Je me suis levé de bonne heure, avec la fraîcheur matinale, pour aller à la place « Anousavari » assister au déjeuner des éléphants. Quand nous arrivons sur la place ronde, occupée en son centre par un monument à la gloire du créateur de la ville, les badauds sont encore bien rares, ce qui me permet de filmer les « étalages de fruits et légumes » en toute tranquillité. Une délicieuse odeur d'ananas et de divers fruits exotiques flotte dans l'air. 

 

défense de cliquer sur les défenses

 

Le défilé s'annonce à l'entrée de la place. Les spectateurs restés sagement sur le trottoir ou sur la pelouse, envahissent la chaussée. Ce sont d'abord trois petits éléphants qui arrivent, puis deux énormes bêtes caparaçonnées de rouge et d'or, montées par des soldats vêtus de pourpre, hérissés de hallebardes. Ils viennent saluer le monument « Anousavari » et la statue de Phraya Surin Phakdi Si Narong Changwang. Sur le monument, sont exposées de petites statues d'éléphants offertes en remerciements par les personnes venues demander les faveurs de ce haut personnage qu'on assimile au Bouddha. Si le vœu était d'importance et qu'il a été exaucé, on offre alors un gros éléphant en bois ou, mieux encore, en faïence colorée. Parfois, on expose une énorme tête de porc désossée. Elle sera mangée par les voisins, les moines ou les cyclo-pousses. Par principe personne ne se dispute le butin, et le partage se passe bien. 

 

présentation primée... Bravo !

 

Peu à peu, les éléphants envahissent la place. Ils s'approchent des belles présentations de fruits et de légumes et les gens se précipitent pour leur offrir un ananas ou des morceaux de canne à sucre qu'ils saisissent avec leur trompe pour les manger goulûment. La foule reflue vers la rue où se trouve la nourriture des pachydermes, et je me mêle prudemment au mouvement, car je n'aimerais pas me faire marcher sur les pieds par ces gentilles bêtes ! Sur les tables où sont exposées les victuailles, c'est le festin. Les enfants offrent des bananes ou des pommes, les cornacs remplissent le bât se trouvant sur le dos de l'éléphant : ce sera la nourriture que les passants rachèteront pour l'offrir aux animaux. Je filme, je me retrouve parfois entre deux imposantes bêtes et à un moment je suis même cerné, car certaines ont fait demi-tour, alors me voilà sans issue pour me replier, l'espace d'un instant. C'est une situation surréaliste de se retrouver au milieu d'un troupeau d'éléphants. J'aurais donné cher pour vivre cet instant, et voilà que j'aimerais mieux me retrouver de l'autre côté de l'étalage de légumes, sur le trottoir ! 

 

bon appétit  prendre ses cliques et ses claques  cornacs

 

 Plus la matinée avance, plus le sol jonché de fruits écrasés devient glissant. Je patauge dans la confiture. Amnoay n'aime guère côtoyer les gros éléphants, alors de temps en temps, elle me téléphone pour s'assurer que je ne suis pas encore écrasé. Les gens s'amusent comme des fous, personne ne pense que la colère subite ou la panique d'un seul animal peut faire tourner la fête au désastre. Les éléphants ne savent plus où donner de la trompe : ils sont à la fête, eux aussi ! Je remarque, sur la tête de certains animaux, de minces filets de sang : certains cornacs tapent un peu trop fort avec leur crochet métallique, mais peut-être cela est-il nécessaire pour faire obéir leur monture ? 

Vers midi, la rue se vide lentement, et les éléphants se dispersent aux quatre coins de la ville, se mêlant à la circulation, avançant le long des rues de leur démarche chaloupée. Le soir, ils deviennent dangereux, car si la nuit, tous les chats sont gris, tous les éléphants aussi ! On leur met alors un petit gyrophare sur la croupe et un clignotant rouge accroché à la queue

 

ne pas mettre la petite main blanche sur les jeunes filles  clique fort  ne pas mettre la main sur ma figure !

 

les éléphants au déjeuner


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