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Mercredi 3 novembre 2004.

Bangkok.

Minuit et demi en France : six heures et demie ici, à Bangkok. Nous sortons de l'avion par une échelle roulante dans la moiteur du petit matin et le sifflement des réacteurs. Le contrôle de police, la livraison des bagages et le passage de la douane ne me demandent guère de temps, et je me retrouve en pleine chaleur, sous le hall des départs à attendre le bus-navette A3 qui doit me conduire sur l'avenue Sukhumvit. La « bousculade » de l'autoroute devient un bouchon à l'approche de la bretelle. Bangkok devient invivable. La circulation est telle que bientôt, on ne pourra plus se déplacer. Amnoay venait juste m'attendre à l'arrêt de bus quand je descends avec mon énorme sac à dos et mon bagage à main à roulettes.

"rotfayfa" métro aérien

Les deux lignes de métro ne parviennent pas à décongestionner le trafic. On reste parfois vingt minutes, bloqué à un feu, alors, quand on va prendre le train, à une heure près, on ne sait jamais le temps qu'il faudra pour aller à la gare !

On vient bien d'ouvrir une nouvelle ligne de métro souterraine, mais elle ne suffit pas à drainer le nombre sans cesse croissant de passagers, surtout à l'heure de la sortie des classes. La ville construite sur un sol instable s'enfonce inexorablement de plusieurs centimètres par an, alors les constructions ne sont pas faites pour durer, donc, la ville est un perpétuel chantier où des pelleteuses assaillent à grands coups de godets des pans de murs auxquels reste parfois accroché un lavabo suspendu au-dessus du vide... Il fut un temps où la mode des « Plaza » voyait fleurir dans le quartier de Sukhumvit, des bars et des restaurants disposés autour d'un patio. Maintenant, la place venant à manquer et le prix du mètre carré ayant atteint des sommets inimaginables, on construit en hauteur derrière des palissades placées à la va-vite. On construit du neuf sans se préoccuper du trottoir défoncé qu'on rafistole tant bien que mal... Alors, attention aux chevilles !

clique sur le chantier

 

Heureusement, les petites cuisines roulantes ne disparaissent pas. Dans la journée, on repère aisément leurs emplacements aux taches graisseuses laissées sur le trottoir. En fin d'après-midi, on peut voir un couple traverser l'avenue au péril de leur vie en poussant une carriole montée sur des roues de moto souvent voilées. Dans une petite vitrine, un poulet ou un canard rôti se balance. Cette installation de fortune vient occuper une bonne patrie du trottoir. Il faut alors louvoyer entre les tabourets en plastique dans une délicieuse odeur de bouillon chaud ou dans une âcre fumée de piments frits. On éternue alors dans tous les coins et les délicates jeunes filles passent, le mouchoir sur la bouche...

 

clique dans la marmite

 

Je ne comprends pas pourquoi on utilise toujours dans Bangkok, ces vieux bus de ville qui ferraillent et enfument les avenues ! Il existe bien quelques véhicules plus modernes et à air conditionné, mais ils restent rares. Pour se déplacer en bus, il vaut mieux pouvoir choisir le moment propice, car, aux heures de pointe, on vit un vrai calvaire : on se tient en rangs d'oignons accroché à une barre fixée au plafond, debout sur le plancher poussiéreux, vacillant à chaque coup de frein. Ceux, plus chanceux, qui ont trouvé une place assise, somnolent en attendant de retrouver un écrasant soleil sur le trottoir !

Jeudi 4 novembre 2004.

Bangkok.

Je vais à l'ambassade du Laos avec Amnoay. C'est une véritable expédition, car, mal renseignés par Deng, le gérant de l'hôtel, nous partons dans la mauvaise direction. L'ambassade se trouve dans le nord de la ville, dans un quartier gagné sur les champs de canne à sucre. Quand le taxi nous dépose devant la porte, il est midi et quart et l'ambassade vient de fermer. En attendant l'ouverture de l'après-midi à treize heures, nous allons manger à quelques dizaines de mètres de là sous une halle où sont regroupés de nombreux restaurants. Nous avons le choix entre différents plats qui me mettent tous en appétit : côtes de porc grillées, légumes frits, soupes en tout genre, riz sauté, au porc ou aux crevettes... Par les temps qui courent, avec cette chaleur accablante, mon plat préféré est une soupe de légumes avec des boulettes de poisson et des morceaux de poulet, le tout parfumé à la citronnelle et épicé avec du piment et du gingembre. Amnoay se fait un plaisir, à chaque fois, d'améliorer mon potage avec une cuillerée de jus de citron dans lequel ont macéré de petits piments très forts, quelques gouttes de « nam pla », ce jus de poisson faisandé dont l'odeur ferait fuir un chacal enrhumé. Pour parfaire le tout, elle jette une petite cuillerée de sucre dans ma soupe, juste pour adoucir le piquant. Pour Amnoay, ce moment est un moment privilégié : les gestes rituels qui touchent à la nourriture sont des gestes sacrés. 

faut pas cliquer dans la soupe

 

Nous revenons à l'Ambassade où l'on nous délivre le visa dans l'heure. Pour aller à Pratunam, nous penons un taxi qui tente bien de contourner les embouteillages en prenant l'autoroute, mais c'est peine perdue : nous nous retrouvons coincés sur une bretelle. Nous abandonnons le taxi à son triste sort, escaladons le rail de sécurité et nous contournons un pâté de maisons pour arriver dans le quartier commerçant. Ici, c'est le sanctuaire de la copie à bas prix : Adidas, Nike, Calvin Klein, Cartier... tout y est ! Je vais à Pantip pour acheter quelques bricoles. Dans un immeuble de cinq étages, c'est le paradis de l'électronique, de la vidéo, de l'informatique. On vend des copies de DVD, des CD MP3 avec les 10 meilleurs disques de chanteurs renommés, des copies de logiciels, on y monte un ordinateur avec les composants dernier cri, bref, on ne ressort jamais de Pantip les mains vides !

Vendredi 5 novembre 2004.

Bangkok.

Journée classique dans Bangkok. Je vais dans un grand magasin, avec Amnoay, et nous nous perdons sans arrêt, et c'est toujours elle qui me retrouve : elle a de bons yeux, car moi, cette foule me donne le vertige ! Par contre, pour trouver la sortie, nous ne sommes pas plus doués l'un que l'autre. Nous nous perdons dans les escaliers mécaniques et les ascenseurs, et, chaque fois que nous réussissons à sortir, c'est pour nous retrouver du mauvais côté du bâtiment, c'est-à-dire dans le quartier voisin de celui où nous devons prendre le métro.


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