Dernière modification: 05/07/2012

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Bangkok (fin du voyage!)

 

 

Dimanche 26 février 2012.

Chachoengsao - Bangkok.

J'écris toujours « Bangkok », ce qui signifie « village des oliviers » ( je n'ai jamais vu un olivier en Thaïlande ), mais je devrais écrire : «  Krung Thep Mahanakorn Amon Rattanakosin Mahithrayutthaya Mahadilohphop Noppharat Ratchathani Burirom Udom Ratchaniwet Mahasathan Amon Phiman Awatan Sathit Sakkathatiya Witsanukam Prasit ». Bien sûr, c'est un nom un peu long qui signifie « Cité des anges immortelle et magnifique ville aux neuf gemmes, siège du Roi et des palais magnifiques, demeure des Dieux incarnés, érigée par Visvakarman selon la volonté d'Indra ». Les Thaïlandais disent Krungthep, et les étrangers Bangkok. Et ils ont bien raison !

Je prends le train de huit heures trente-cinq. Il n'a que vingt minutes de retard.

Si l’on ne connaît pas déjà Bangkok et que l’on y arrive pour la première fois en train, on croirait entrer dans un bidon ville. Des baraques faites de bric et de broc, bancales, menaçant de s’effondrer sur le passage du train bordent la voie. Elles sont bâties si près que l’on risque de se faire décapiter par un toit de tôle si l’on se penche à l’extérieur du wagon. Je n’exagère pas, et d’ailleurs mon coude posé sur le rebord de la fenêtre a été heurté par le parasol d’un marchand de soupe. Ces baraquements, séparés par des venelles tortueuses, hébergent des gens venant de province. Ils y ont recréé une société qui vivote dans la mégapole de Bangkok. On y trouve des marchands de produits de première nécessité, petites épiceries où les produits posés sur des étagères bancales se couvrent de poussière à chaque passage du train, des petits restaurants avec deux tables couvertes de toile cirée et huit tabourets en plastique, le mécanicien réparant des motos japonaises qui surprennent dans cet environnement misérable… Partout, du linge qui sèche. Des odeurs de vase alternent avec le fumet d’une friture de poisson ou l’appétissante odeur d’une soupe de nouilles. Des enfants jouent avec une petite voiture téléguidée, des adultes pris par leur partie de cartes ne lèvent même pas la tête. Le train traverse cette misère à si faible allure que de temps en temps un passager se laisse tomber d’une portière pour s’enfoncer dans une venelle. Contrairement à Mexico ou à Rio de Janeiro, on peut se fourvoyer dans ce village implanté comme une verrue dans le quartier de la gare. Il n’y a aucun risque, sauf peut-être celui de susciter l’étonnement et de voir les gens rire sur son passage. Juste derrière ces baraques, il y a la rue et à quelques dizaines de mètres, les immeubles de banques ou de bureaux aux façades de verre. C’est cela Bangkok, ce contraste perpétuel entre la pauvreté, la misère parfois, et l’opulence insolente de l’argent-roi !

Nous entrons dans la gare : les passagers n’attendent même pas que le train soit arrêté pour sauter sur le quai.

Quand je retrouve l’avenue Sukhumvit après être passé par l’hiver rigoureux du métro climatisé, j’ai la sensation de me sentir chez moi, dans un quartier que j’aime et où je n’aimerais pas habiter. Cela peut paraître paradoxal, mais le voyage, c’est cela aussi : on aime des endroits qu’on préfère laisser aux autres quand on repart.

 

Lundi 27 février 2012.

Bangkok.

Dès sept heures, je vais accueillir Amnoay à la gare. Elle vient de Surin, et elle a passé la nuit dans le train. Elle n’a que quarante minutes de retard !

Nous passons la journée à faire nos derniers achats pour remplir nos bagages jusqu’à atteindre les cinquante-six kilos auxquels nous avons droit.

 

     

 

Mardi 28 février 2012.

Bangkok.

Nous allons de Asoke au quartier du monument de la démocratie en bateau. Il ne reste que ce canal sur lequel de grandes barques font office de transport en commun. Bangkok que l’on appelait la « Venise d’Orient » a honteusement caché ses canaux sous les voies à grande circulation. Le bateau est tout de même plus commode que le bus, car il permet d’éviter les bouchons, c’est donc plus rapide. L’eau du canal d’un brun presque noir n’incite vraiment pas à la baignade. C’est un véritable bouillon de culture. Je pense que si l’on s’y trempe l’espace d’une minute, on en ressort avec le cancer généralisé. Quand la barque arrive, dans un rugissement de moteur, elle réveille ces eaux croupies qui, brassées par l’hélice, dégagent des miasmes pestilentiels. Le bateau vient se plaquer contre les pneus servant à amortir le choc contre le quai, des passagers descendent, enjambant des cordages, et personne ne tombe jamais dans la soupe noire ! Le canal est bordé de murs noircis par la vase sur lesquels des arbres ont parfois fixé leurs racines, telles de monstrueuses araignées. Nous ne faisons qu’apercevoir le décor, car les passagers tirent sur une corde qui permet de relever une toile plastique qui nous protège d’éventuelles projections d’eau, mais qui nous dérobe la vue. Nous longeons des villas cossues, le marché aux vêtements de Bobey, et l’arrière de maisons tout à fait ordinaires où les propriétaires ont entassé les objets les plus hétéroclites. Ils ont même osé étendre le linge sur le bord de ce canal puant sans se soucier de l’odeur. Le bateau est plus rapide que le bus, mais il ne faut pas venir ici pour le décor, il n’est guère mieux que celui qui s’offre à la vue le long de la voie ferrée près de la gare Hualamphon.

 

Mercredi 29 février 2012.

Bangkok - Francfort.

Dernier jour, celui des derniers achats juste pour finir de remplir les sacs ou valises. Je vais à Prakanong avec Gilbert, un Avignonnais rencontré à l’hôtel. Je l’ai trouvé au bord de la piscine de l’hôtel, et voici à peu près dans quelles circonstances nous nous sommes rencontrés :

Lui : « Cet hôtel, je l’aime bien malgré son état un peu décrépit, il m’a été recommandé par un Canadien !

Moi : Ce Canadien, il ne s’appellerait pas Maurice ?

Lui : Exact, et toi, tu ne t’appellerais pas Alain Menjot ? Maurice m’a dit que tu lui envoyais ton carnet de voyage au Canada, et il m’a averti que tu arrivais à Bangkok ces jours-ci »

On rit parfois de Stanley demandant au fin fond de l’Afrique : « Docteur Livingstone I presume ? », et nous voilà dans la même situation. « Le monde est petit ».

Le soir, nous allons manger un « souki yaki » au Robinson avec Gilbert et Simone sa femme. C’est un régal ! Amnoay se fait une joie de nous faire cuire tous les ingrédients que nous avons commandés dans un bouillon maintenu à ébullition sur un petit réchaud au centre de la table. Nous mangeons ainsi des petits morceaux de foie de porc, des crevettes, des encornets, des légumes, des boulettes de porc haché mélangé à des crevettes, des raviolis farcis… et cela, tout en buvant un délicieux thé qui nous est servi à volonté. Dernier repas en Thaïlande, dernière bonne impression.

Le jeune chauffeur de taxi nous menant à l’aéroport nous énerve un peu. Amnoay n’ose rien dire, moi je me révolte, car il nous promène dans Bangkok pour faire monter le compteur. C’est une tactique qui est devenue presque coutumière parmi les chauffeurs de taxi que je finis par détester. J’ai beau dire au gars que je connais la ville et que je ne suis pas dupe, il ricane bêtement en prétendant me faire éviter les bouchons. Quand nous arrivons sur l’autoroute, il fait du slalom entre les voitures en doublant aussi bien à gauche qu’à droite et je me rends compte qu’il utilise peu ses rétroviseurs et qu’il est tout à fait incapable de jouer dans « Bullit ». Je lève la voix, lui dis qu’il conduit comme un débutant et je le prie de ralentir. Il s’exécute aussitôt, car il sent que je suis un peu énervé.

À l'aéroport, il y a une queue jusque dans le hall avant d’entrer dans l’immense salle de contrôle des passeports. Ce nouvel aéroport de Suvarnabhumi n’est vraiment pas au point. Que ce soit à l’aller ou au retour, je regrette toujours l’ancien aéroport de Don Muang où tous ces inconvénients n’existaient pas.

La fouille avant d’avoir accès au satellite d’embarquement est de plus en plus méticuleuse et je me demande si, un jour, on ne va pas nous mettre tous à poil ? Il faut enlever la ceinture, les chaussures, vider les poches… C’est à la fois contraignant et rassurant. La vie était tout de même plus simple avant le triste 11 septembre !

Dans l’avion de Lufthansa, nous avons droit à un whisky en apéritif, un délicieux repas arrosé de bon vin rouge, le personnel est aux petits soins avec les passagers, mais je n’arrive pas à dormir, car les sièges sont peu rembourrés et on n’a même pas la place de bouger. Pour mettre le maximum de passagers dans les avions, on les compresse un peu !

 

Jeudi 1° mars 2012.

Francfort – Coslédàa-Lube-Boast.

À Francfort, nous avons presque deux heures de transit, mais on n’a pas le temps de s’ennuyer, car la fouille des passagers est encore plus sérieuse qu’à Bangkok. Il faut faire la queue, montrer patte blanche…

Quand j’arrive dans le hall de l’aéroport de Toulouse, je sens que je suis vraiment au pays, car non seulement les gens parlent français, mais en plus ils ont l’accent du sud ! Je ne me sens pas bien à Bordeaux, j’aime Toulouse, la ville de briques, ville rose, ô Toulouse.

Nous prenons un train couvert de tags. On ne sent pas les cahots, mais l’on ne peut pas aller prendre l’air sur le marchepied. Nous sommes en France !

Quand Gilbert Cazenave vient nous chercher, nous avons tellement de choses à nous dire que nous parlons d’autres choses, comme si nous ne nous étions jamais quittés. Amnoay retrouve son jardin un peu flétri, car il y a eu des matins rigoureux avec des températures allant jusqu’à moins douze. Aujourd’hui il fait une chaleur printanière, et c’est bien, je suis en chemisette manches courtes et je n’ai pas froid… Ce sera plus facile de s’acclimater.

 

Fin du voyage ! ...............

 

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