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Jeudi 14 janvier 2016. Surin – Tha Tum. 62 km C’est le départ vers le Laos. 8h30 pas de soleil 27 degrés il fait frais sur la route qui relie Surin à Roi Et. Circulation intense sur une route à deux voies relativement étroite. La plupart des camions tractent une remorque et ils me font du vent. Cela m'aide un peu. Au bout de 35 km, je m'arrête pour manger une soupe de nouilles. Le soleil est sorti, brûlant, le vent souffle dans mon sens et me permet de rouler plus vite j'avance à 25-30 km/h. Je suis obligé de tenir ce rythme si je veux avoir un peu d'air sur le visage. Je m'arrête à vingt kilomètres de Tha Tum, car un temple tout neuf vient de surgir au bord de la route. Il est rutilant de dorures et de couleurs vives. Un immense Bouddha assis compte sur la générosité des fidèles pour revêtir sa tunique dorée.
Avant d'arriver à Tha Tum, dans la seule descente de la journée j'ai bien failli m'encastrer dans une voiture qui m'a coupé la route. Je n'arriverai jamais à m'habituer au fait que les automobilistes ne respectent absolument pas les cyclistes. Je suis sans arrêt sur le qui-vive cela devient fatigant au bout de quelques heures de route. Je trouve un petit « resort », ce genre d'hôtel où l'on propose des petits bungalows pour un prix très correct. Le soir, je mange un grand plat de riz frit pour un prix dérisoire. J'ai fait 62 km et j'ai bien besoin de reprendre des forces !
Vendredi 15 janvier 2016. Tha Tum - Yasothon 90 km Je ne suis pas très vaillant pour partir de bonne heure. Ma chambre est peut-être un peu trop confortable. Je prends la route tout de même à 8 h 30 avant que la chaleur ne soit trop pénible. La circulation est infernale. Je ne comprends pas où vont tous ces véhicules. Je ne suis pas entre deux grandes villes, et pourtant des camions, des motos, des véhicules tout terrain vont et viennent : c'est la grande migration. Le danger venant de l'arrière je ne le vois pas. Par contre, les véhicules qui doublent en venant en face semblent me foncer dessus à chaque instant ! C'est fatigant, car je suis toujours à l'affût de celui qui va m'aplatir comme une crêpe. J'ai toujours le même problème avec le vent qui souffle dans mon dos. Je suis obligé de rouler à plus de 20 km/h pour avoir un peu d'air. C'est étouffant. Je dois avouer que je m'ennuie tout le long de la route. Heureusement, finalement, que les automobilistes venant en face me font quelques frayeurs : ça fait passer le temps. Le paysage est d'une monotonie ! Des rizières, quelques flaques de boue dans lesquelles se vautrent des buffles, des bouquets d'arbres épars... Les Moissons ont été faites, alors les rizières sont de couleur jaune brun. J'ai du mal à imaginer qu'il y a moins d'un siècle, les tigres et les rhinocéros foisonnaient dans les jungles impénétrables couvrant ces plaines écrasées de soleil ! Le ciel se dégage, le soleil devient difficile à supporter et si je m'arrête à peu près tous les quinze kilomètres, ce n'est pas pour reposer mes vieilles jambes, c'est tout simplement pour essayer de refroidir le moteur ! Dans cette région les habitants n'ont jamais eu l'occasion de côtoyer un touriste. Donc, dès que je m'arrête je sens une certaine frayeur chez les gens qui se disent : « Comment vais-je pouvoir m'exprimer puisque je ne parle pas anglais ? » Mais quand ils se rendent compte que je maîtrise un peu le thaï, les questions sont toujours les mêmes : « d'où je viens ? où je vais ? si je suis marié ? pourquoi est-ce que je suis tout seul ? » Alors pour cette dernière question ils ne comprennent pas ma réponse... Pourquoi voyager à bicyclette, faire de si longues distances tous les jours tout seul, cela les dépasse ! Pour eux, la bicyclette est réservée aux gens qui ne peuvent pas s'acheter une moto ou une voiture. Donc je dois être très pauvre, ou alors peut-être très radin, ou tout simplement fou ! Depuis deux jours que je voyage, je n'ai vu aucun cycliste à part les paysans qui vont dans leur champ avec leur bicyclette qui couine. En arrivant à Yasothon, je voudrais aller à l'hôtel « Zigzag » dont j'ai vu la photo sur Internet. Personne ne peut m'indiquer exactement où il se trouve. Pourtant, tout le monde connaît cet hôtel. C'est curieux comme les Thaïlandais sont incapables de faire un plan sur un papier ou d'indiquer correctement une direction... Et le pire c'est que quand ils ne savent pas, ils m'envoient tout de même tout droit... « C’est par devant, tout droit… » disent-ils comme pour se débarrasser de moi. En réalité, c’est impoli de ne pas me renseigner, alors ils font pour le mieux ! De plus, ils n'ont aucune notion des distances. J'ai chaud, je viens de faire 90 km... je voudrais bien une bonne douche froide ! Je finis par trouver l'hôtel « Green Park », de grand luxe pour dix euros. C'est deux fois plus cher que ce que je paye en général, mais parfois on a besoin de confort ! Le personnel est amusé de me voir longer le couloir avec mon vélo, et l'installer dans ma chambre. Je leur explique que c'est tout de même mieux que si je voyageais à cheval. Le soir, je ne vais dans le restaurant de l'hôtel que le temps de compulser la carte ! Les prix me semblent un peu élevés, de plus un orchestre risque de m'assourdir avec les derniers « tubes » à la mode. Je me replie sur le petit restaurant du coin qui propose de la cuisine thaïe et une bonne bouteille de bière « Chang » bien fraîche ! Vers 22 h, il fait une grosse averse, un véritable déluge : le parking de l'hôtel est inondé.
Samedi 16 janvier 2016. Yasothon - Laem Nok Tha 72 km Je quitte l'hôtel à neuf heures, il fait déjà 27 degrés, et pourtant il me semble qu'il fait frais. Il a fait un gros orage cette nuit, mais tout est déjà sec. J'ai pourtant vu la cour de l'hôtel inondée : je me demande si je n'ai pas rêvé. La route à deux voies a un revêtement tellement lisse que je roule sur un billard. Je roule d'ailleurs à 25 km heure de moyenne sur les 40 premiers kilomètres. Je m'arrête dans un de ces petits restaurants qui bordent la route et je mange ma soupe de nouilles quotidienne. Quand je repars, je suis en pleine forme, mais la chaleur ne tarde pas à m'assommer à nouveau. Je m'arrête dans un petit abri comme on en trouve au bord des routes, bien à l'ombre. J'ai l'impression qu'il fait froid. Il ne fait que 32 degrés, mais le vent donne une agréable sensation de fraîcheur ! En repartant, je me sens frais et dispos et je vole pratiquement sur la route... Mais au bout de quelques centaines de mètres, je m'aperçois que je n'ai plus mon sac à dos : je l'ai oublié sur le plancher de l'abri. Je fais demi-tour ; je crois que je n'ai jamais aussi bien sprinté que sur ces quelques centaines de mètres qui me séparent de mon sac. Je le retrouve sagement assis par terre. Il y avait, dans mon sac, tout ce qui me permet de continuer le voyage ! Je reprends la route. Le pire c'est le soleil qui assomme, qui me rôtit comme ces poulets que je vois de temps en temps tourner sur une broche sur le bord de la route. Je m'arrête pour boire tous les dix kilomètres, car je me déshydrate et j'ai peur de devenir comme un raisin de Corinthe ! Quand je m'arrête, les gens s'intéressent surtout à mon vélo. C'est nouveau. Je pense que cela est dû à la publicité de la télé : « une bicyclette pour papa ». C'était le slogan lors de l'anniversaire du roi, et ça a marqué les esprits ! L'an dernier pas grand monde ne s'intéressait à ma bicyclette. Cette année on me demande combien je l'ai payée, où je l'ai achetée... Je sens que les gens sont motivés pour faire du vélo ! Soudain, je sens qu'on m'observe avec un petit sourire narquois. Je m'aperçois qu'un immense Bouddha domine la rue de son imposante masse dorée. Dans chaque ville, on a droit au portrait du roi à l'entrée, et à quelques toits de tuiles émaillées de jaune, rouge ou vert, jetant une note colorée et rassurante sur des rues où l'agitation commerçante contraste avec la sérénité de ces temples.
Je m'arrête pour visiter le temple Wat Phrom Vihan dont le Bouddha immense domine le village. Des ouvriers sont en train de carreler le sol d'autres ont terminé les travaux de peinture et de dorure. Je suis toujours admiratif devant cette foi et cette participation des gens, même pauvres pour construire des temples toujours plus beaux ! Je cherche un hôtel, mais j'ai toujours les mêmes difficultés pour obtenir des renseignements, les gens n'ont aucune notion de distance, et ils ne savent pas me renseigner par exemple par rapport à un marché ou un lieu caractéristique. Mon hôtel est juste sur la place du marché, mais personne ne m'a signalé cette particularité. Pourtant si on m'avait dit de me rendre au marché j'aurais tout de suite trouvé l'hôtel ! L'hôtel Phou Din est correct, mais un peu ancien, et le prix un peu plus élevé qu'à Yasothon. Les enfants du quartier viennent se baigner à la piscine de l'hôtel et ils piaillent à qui mieux mieux. Des adultes se baignent également, ce sont tous des jeunes. Ils portent des bermudas et les filles également, avec un t-shirt et un soutien-gorge. La Thaïlande est un pays très pudique alors que nous en Europe nous ne voyons que le côté sexuel des lieux pourris par le tourisme, comme Pattaya ou Phuket entre autres. Il faut dire qu'en contrepartie, pour beaucoup d'Asiatiques, la France, c'est Pigalle, le Moulin Rouge, le Lido la liberté sexuelle et les seins nus sur les plages. Chacun a ses idées préconçues ! Le soir je vais à environ un kilomètre, jusqu'au « 7 eleven », à pied. Ici, les piétons, ça n'existe pas. Encore une fois, on me regarde comme un personnage atypique. Je vais dîner dans un restaurant qui voudrait être à la page, mais à part moi, il n'y a qu'une table occupée où un homme d'un certain âge et deux jeunes filles se saoulent consciencieusement. C'est samedi, on s'amuse !
Dimanche 17 janvier 2016. Laem Nok Tha - Mukdahan 64 km. J'ai beaucoup de mal à partir ce matin. Je resterais bien à l'hôtel vautré sur mon lit. Je ne pars que vers 9h. C'est une erreur car aujourd'hui le ciel est plus dégagé que les autres matins, et il fait chaud avec un beau soleil dans un grand ciel bleu. J'arrive à Mukdahan assoiffé, fatigué, et, je dois l'avouer, un peu écœuré. La journée n'a pas été une promenade ! Heureusement, je n'ai pas besoin de chercher l'hôtel : je reviens au même que l'an dernier. Je passe l'après-midi dans la chambre sur mon lit à regarder la télévision française : TV5. Un petit oiseau vient se poser sur la grille de ma fenêtre, et nous sifflotons tous les deux comme deux "bons amis" ! Le soir je vais manger au marché de nuit une bonne ration de canard avec une bière bien fraîche, et le moral revient un petit peu.
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