Dernière modification: 15/05/2014

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Dimanche 9 mars 2014.

Ayutthaya - Chachoengsao.

Nous prenons le train vers dix heures. Bangkok a l’air bien calme, mais nous ne sortons pas de la gare, car nous n’avons qu’une heure d’attente, juste le temps de manger une soupe. Il y a du monde dans le wagon, car le dimanche, certaines personnes vont à Chachoengsao pour déposer quelques offrandes au temple Wat Sothon. Nous allons à l’hôtel Djê Phi (450 bahts), juste quelques instants pour poser nos bagages et nous rafraîchir un peu, et nous repartons en songtaew jusqu’au vieux marché, le talat roy pee qu’on appelle aussi ban talat maï, ce qui signifie « le marché centenaire » et « le marché des échoppes de bois ». Nous entrons dans un couloir sombre bordé de petits magasins dont certains sont fermés par des panneaux de bois. Les gens déambulent parmi les étalages installés dans la ruelle. Il y a très peu de touristes et beaucoup de gens de la bourgeoisie de Bangkok. On sent une clientèle aisée, intéressée par des produits de qualité. Donc, on trouve des pâtisseries appétissantes, des petits plats cuisinés bien présentés, des sucreries colorées… Il est seize heures et pourtant les restaurants affichent complet. On mange à toute heure pour des prix tout à fait corrects. Il ne faut pas croire que, parce que le décor est typique, les prix sont élevés. Le touriste Thaï n’est pas aussi prodigue que le farang ; alors, tant que Chachoengsao restera peu touristique, la ville sera ce qu’elle a toujours été : une des dernières villes thaïlandaises à avoir conservé son marché traditionnel. On trouve même un petit temple chinois. Quand on arrive au bout d’une galerie, on débouche sur un large fleuve dont les rives ne sont pas encore polluées par des bâtiments modernes. On est tout près de Bangkok, et on se croirait dans un village perdu dans une région reculée. Ce marché aux échoppes de bois sombre dans lesquelles le parquet luit, reflétant la lueur d’une minuscule lucarne située au fond de la boutique, nous transporte quelques siècles en arrière, à l’époque où les ballots de riz côtoyaient ceux d’opium en partance pour l’Indochine voisine.

 

Lundi 10 mars 2014.

Chachoengsao - avion.

Grand départ ou grand retour ? Je ne sais plus si je pars, quand je quitte la Thaïlande, ou si « je rentre ». On va dire que c’est le jour du retour pour moi et le jour du départ pour Amnoay ! Je suis un peu fatigué de rester ici à cause des problèmes politiques pourrissant le pays… Pourtant, je reviens en France juste au moment de la campagne électorale, et je sais qu’il va falloir supporter les mêmes actions délétères qu’en Thaïlande !

Ce matin, nous restons à l’hôtel pour préparer correctement nos bagages et pour nous délasser, car le voyage risque d’être long ! Quand nous quitterons l’hôtel, il nous faudra 36 heures avant de mettre la clé dans la serrure de notre maison…

L’après-midi, nous allons au temple Wat Sothon. Les toits d’un surprenant gris souris, bordés de dragons dorés, se détachent sur le ciel bleu. Le temple est éclatant de lumière, construit en marbre gris, entouré de jardins donnant sur une rivière large et calme. Des pèlerins silencieux viennent ici pour demander des services au Bouddha qui, paraît-il aide beaucoup de fidèles. Le Bouddha du Wat Sothon est très fort pour aider les gens à gagner à la loterie ! C’est d’autant plus surprenant que les jeux de hasard sont tabous dans la philosophie bouddhiste ; cela n’empêche pas de nombreux marchands de billets de loterie d’avoir pignon sur rue dans le temple même ! Les moines achètent des médailles ou des images du Bouddha. Les fidèles apportent des œufs en offrande. La tradition veut que l’on offre cent œufs quand le Bouddha a exhaussé les vœux. Alors, on peut voir des étagères sur lesquelles s’entassent des milliers d’œufs, et plus loin d’autres étagères où sont exposés des centaines d’œufs à vendre aux fidèles… J’ai des doutes… oh mais je me doute bien que les bonzes du Wat Sothon ne peuvent pas manger des omelettes et des œufs frits à tous les repas… alors plutôt que de jeter… J’aimerais savoir combien de fois les œufs font le tour avant d’être mis « à la casse, » et vu la température ambiante, je ne serais pas étonné de voir quelques poussins courir sur les rayonnages ! Amnoay n’achète pas d’œufs, elle dépose des boutons de fleurs de lotus et des bâtonnets d’encens devant la statue du Bouddha, et elle allume, à la flamme d’une lampe à huile, de petits cierges jaunes qu’elle place sur un énorme chandelier long d’une dizaine de mètres. C’est très joli !

Une musique de xylophone couvre la rumeur de la foule. Dans un coin de l’immense salle, devant les rayonnages couverts d’œufs, des danseuses ondulent, vêtues de sarongs ou de pantalons couverts de paillettes multicolores. Leurs poignets et leurs doigts sont si souples qu’on croirait voir des oiseaux voleter au bout de leurs bras. Elles sont coiffées d’un monthô, sorte de casque doré finissant en pointe. La souplesse de leurs orteils est surprenante : elles semblent effleurer le sol. Deux gamelans de bois dispensent une musique aux sonorités chaudes. Ces danseuses sont payées par les fidèles qui offrent une danse avec quatre, huit ou douze danseuses suivant leurs moyens. Quand je dis que les danseuses sont payées, c’est presque exact, en réalité la plus grande partie de l’argent donné par les pèlerins va au temple. On m’a dit que le Wat Sothon est l’un des temples les plus riches de Thaïlande. Bouddha capitaliste ? Heureusement qu’il a atteint le nirvana et qu’il ne risque plus de revenir, car il serait peut-être en colère. Je comprends que la réincarnation n’a pas que du bon ! Au fait, en parlant de réincarnation… je ne pense pas que les fidèles prient pour atteindre la plénitude du nirvana où n’existe plus ni le désir ni la souffrance ni l’ambition… au contraire, ils prient pour être réincarnés en personnage riche, en PDG d’une énorme entreprise ou en heureux gagnant de la loterie nationale ! Chaque religion a ses contradictions ! On ne peut pas aller au Wat Sothon et ne pas avoir envie d’acheter un petit Bouddha doré qui aidera peut-être à devenir fortuné. Je trouve les prix un peu excessifs, mais je fais tout de même l’acquisition d’un minuscule Bouddha enfermé dans un petite bulle de plastique, et d’un autre un peu plus grand dans une petite boîte transparente qui nous protègera pendant notre sommeil vu qu’il est destiné à orner le mur de la chambre. Il va falloir que je me mette à jouer au loto, à la loterie, aux courses de chevaux. Si je gagne, j’irai porter cent œufs au Bouddha du Wat Sothon, et si je dilapide en vain tout mon argent, cela viendra du fait que mon Bouddha est trop petit !

Hier, j’avais donné rendez-vous à un chauffeur de taxi à notre hôtel pour aller jusqu’à l’aéroport, alors nous revenons à dix-sept heures. Nous attendons une vingtaine de minutes et je comprends que le gars nous a posé un lapin. Ce n’est pas très correct, mais je ne trouve rien d’étonnant à cela, car je commence à connaître la mentalité des chauffeurs de taxi thaïlandais ! Je vais donc à la gare routière, j’achète un billet pour le dernier minibus qui part à dix-neuf heures, et comme il n’y a pas de place pour mettre nos bagages dans le coffre (ces fourgonnettes ne sont pas faites pour les gens voyageant avec des valises !) j’achète quatre places, vu que ce n’est pas très cher. À la gare routière de Chachoengsao, il n’y a ni taxi, ni bus ni moyen de transport pour se rendre à l’aéroport après dix-neuf heures. Ce n’est pas une ville touristique !

Le voyage jusqu’à l’aéroport de Suvarnabhumi me paraît interminable sur une route étroite, dans la nuit, avec des véhicules arrivant en face illuminés comme des projecteurs de DCA en train de doubler… on quitte la Thaïlande sur une poussée d’adrénaline ! Le minibus nous abandonne à la gare routière où une navette gratuite nous conduit en quelques minutes à l’aéroport. Il est vingt heures trente et notre avion ne décolle qu’à minuit. L’enregistrement des bagages se fait en quelques minutes, puis nous allons manger au food court du rez-de-chaussée. Il y a foule, surtout des Thaïs, car les étrangers préfèrent payer cinq fois plus cher pour une Pizza congelée ou pour d’horribles hamburgers ! Ici, la nourriture est locale, et j’ai même la plaisir de trouver du canard rôti et laqué, avec une dernière bière Chang et Amnoay mange un khao phad (riz frit) au poulet.

Le voyage me semble interminable, car l’avion est trop petit pour le nombre de passagers que la compagnie prétend y faire rentrer. Nous sommes serrés sur des sièges trop étroits et trop durs. C’est un Airbus et je suis désolé de museler le petit coq français qui chante au fond de notre vanité et d’avouer que les Boeing 747 sont bien plus confortables !

 

Mardi 11 mars 2014.

Francfort – Lube.

Nous atterrissons à Francfort, et nous avons juste le temps de traverser l’immense aérogare pour prendre la correspondance pour Toulouse. Au contrôle de sécurité, je suis fouillé comme aucun autre passager, avec un acharnement surprenant. Je dois ressembler à quelqu’un qui fait la bombe ! L’employé me fait déchausser, enlever la ceinture, vider les poches, il passe au scanner tous les objets qui sortent de mes poches, il trouve curieux que la fermeture zip de mon jean fasse siffler son détecteur de métaux, et j’envisage même à un moment de me mettre en slip pour rassurer le brave homme qui fait du zèle. J’ai parfois l’impression qu’il voudrait que je m’énerve. Il n’a pas de chance, car ses prospections m’intéressent et m’amusent même. En fin de compte, ce qui m’amuse le plus c’est que mon sac contenant un petit ordinateur ne les intrigue pas, alors que normalement on doit mettre le matériel informatique à part. Comme quoi les failles existent toujours !

Nous arrivons à Toulouse à neuf heures, et nous attendons dans l’aéroport jusqu’à onze heures plutôt que de nous rendre à la gare ferroviaire de Toulouse où l’on est sans arrêt dérangé par des mendiants ou des personnages à l’aspect patibulaire. Le voyage en train se passe bien, je retrouve les paysages de « chez nous » que je trouve bien gris et bien sinistres, avec tous ces arbres sans feuilles et ce ciel blanc. J’ai déjà envie de repartir !

Aline M. vient nous chercher à la gare ; elle a vingt-cinq kilomètres pour nous mettre au courant des dernières nouvelles ou des événements survenus pendant notre absence. Nous retrouvons la maison bien pimpante, comme si nous n’étions jamais partis. Amnoay va vite au jardin, juste pour constater que les herbes n’ont pas envahi ses plates-bandes !

Fin du voyage…

 


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