Dernière modification: 15/05/2014

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Dimanche 10 novembre 2013.

Lube – Bangkok.

Il a plu, cette nuit, et le froid de l’hiver semble vouloir faire son apparition, mais nous avons la chance de partir pendant une accalmie. Aline M nous conduit à la gare de Pau. Nous prenons Michel A à Morlaàs en passant. Nous avons suffisamment de temps pour manger une joue de bœuf au buffet de la gare avant de sauter dans le train avec tous nos bagages. Le voyage jusqu’à Toulouse est bien calme. Les quelques pèlerins qui montent à Lourdes ont l’air triste, un peu comme s’ils étaient déçus qu’aucun miracle ne soit venu changer leur destinée… À la gare Matabiau, j’ai du mal à traîner ma lourde valise à roulettes et mon sac à dos de vingt kilos, mais quand on part vers l’été alors que le ciel noir laisse prévoir une triste soirée hivernale, on supporte tout ! À l’aéroport de Blagnac l’attente ne nous semble pas trop longue, ni le vol jusqu’à Francfort, ni la deuxième attente dans cet aéroport immense, rutilant et confortable. Par contre, les onze heures de vol jusqu’à Bangkok semblent interminables. Michel a du mal à caser ses longues jambes, Amnoay a mal au dos et moi, j’ai les fesses en compote ! Les sièges des Airbus A340 sont vraiment inconfortables.

Ploum ! Nous sommes juste au-dessus du train d’atterrissage et l’impact sur la piste nous fait sursauter. Amnoay est radieuse : elle revient chez elle, et pour moi, c’est « le retour au pays ». J’aime la Thaïlande, je me suis peut-être posé plus de cinquante fois ici, et à chaque fois je ressens la même joie que celui qui revient dans son pays d’adoption. Dès la sortie de l’avion, nous sommes accueillis avec le sourire, nous passons au contrôle de police avec le sourire, les employés nous guident vers le « City train » avec le sourire… Nous sommes loin de l’accueil froid et des visages renfrognés de Roissy ! Il est 14 h 30, nous sommes le…

 

Lundi 11 novembre 2013-

 
Un projet...

Bangkok.

Nous prenons le « City train », métro aérien jusqu’à Makassang, dans la ville impersonnelle et hérissée d’immeubles de Bangkok. Nous filons sur un pont de béton, juste au-dessus des avenues où les voitures multicolores, des taxis pour la plupart, n’arrivent plus à se sortir des bouchons. De sordides terrains vagues envahis de végétation sauvage alternent avec de somptueux immeubles ou des villas cossues. On sent bien que les plans d’urbanisme, dans la banlieue de Bangkok, sont un peu incertains.

Nous posons nos bagages à l’hôtel, et nous repartons vers les hypermarchés du secteur. Je ne sais trop comment qualifier ces énormes centres commerciaux : ce sont parfois des immeubles de six étages où l’on trouve tous les vêtements, cosmétiques et produits de luxe à peine moins cher qu’en Europe. C’est ici que la bourgeoisie thaïlandaise vient dilapider des sommes colossales facilement gagnées. La corruption allant bon train dans le pays. Les Japonais et les Chinois sont de nouveaux clients bien acceptés, car les devises sont toujours bonnes à prendre. Quand les Russes vont eux aussi s’intéresser à ces magasins, il vaudra mieux cacher la vaisselle en porcelaine et les verres en cristal !

Le soir, nous mangeons sur le trottoir, en face de l’hôtel, juste une soupe de nouilles au porc, de quoi émerveiller Michel qui, son bol terminé, pense qu’il devrait passer un bon séjour ici, la nourriture lui paraissant plutôt sympathique !

 

Mardi 12 novembre 2013.

Bangkok.

     

Je vais à la banque « Kasikorn » dès huit heures trente. Ambiance feutrée, climatisation, fauteuils moelleux... Une chose est sûre, en Thaïlande, on peut facilement deviner où est « le fric ». Nous déjeunons dans la rue, directement sur le trottoir, à côté des bus et des taxis qui sillonnent l’avenue Sukhumvit dans un vacarme effrayant ! Une délicieuse soupe de nouilles agrémentée de raviolis au porc me redonne les forces que la chaleur lourde et humide a tendance à m’enlever. Nous prenons le « sky train », ce métro aérien sillonnant la ville au-dessus des avenues. La climatisation un peu trop poussée me glace le dos. Ici, l’on passe d’une chaleur presque insupportable à un froid extrême en quelques secondes. Notre organisme a parfois du mal à supporter, aussi, j’ai mal à la gorge, je suis presque aphone et j’en arrive à regretter le temps où les bus « ordinaires » nous menaient d’un quartier à un autre dans la moiteur tropicale et le vacarme de la ville. Au terminus, nous montons dans un taxi pour continuer jusqu’à Samut Sakhon où nous visitons l’énorme éléphant « Chang Erawan ». Je connais, car j’ai déjà visité, et le tarif de trois cents bahts me freinerait presque, mais il faut bien accompagner Michel qui ne connaît pas et qui n’aurait pas l’idée de pénétrer dans le ventre du colossal pachyderme qui nous domine dressant vers le ciel ses trois têtes monstrueuses. Ici, tout est gigantesque : l’escalier en fer à cheval dans le socle sous la statue, la verrière représentant la carte du monde au-dessus de nos têtes, et même le temple situé dans le ventre de l’animal, un temple aux parois d’un bleu si profond qu’on a la sensation de se trouver dans un aquarium. Le parquet verni reflète une statue de Bouddha dorée et la voûte constellée d’étoiles. Toute cette merveille a été construite par un riche Chinois qui me semble être un peu mégalomane...

La visite terminée, nous reprenons un taxi jusqu’à la ferme des crocodiles. J’y suis déjà allé, mais je paye tout de même le tarif demandé pour entrer de façon à ne pas laisser Michel seul, de peur qu’il lui prenne l’idée de visiter, comme précédemment pour l’éléphant, l’intérieur des énormes reptiles se vautrant sur le bord des bassins ou glissant dans une eau verte où ils disparaissent sous les lentisques. Ils ouvrent une gueule jaune qui semble être la seule partie de leur corps relativement propre. Cela ne m’incite pas pour autant à aller y mettre la main ou la tête... Pourtant, nous assistons à un spectacle, dans une arène où des crocodiles un peu moins gros, mais tout aussi voraces somnolent, où des hurluberlus vêtus de rouge n’hésitent pas à aller jusqu’à placer des billets de banque dans la gueule des sauriens et à aller les chercher avec leur main et à mettre leur nez entre les puissantes mâchoires qui se referment parfois en claquant, mais jamais « au bon moment ». Le public frémit, mais, sans oser se l’avouer, les spectateurs souhaiteraient que l’acrobate laisse ses oreilles entre les dents acérées du pauvre animal qui ne demande qu’à revenir dans son bassin.

Avant de sortir, nous passons devant le magasin où l’on vend des sacs à main, des ceintures et des chaussures fabriqués avec la peau de ces affreuses bestioles qui ne méritent pas mieux que de finir en bandoulière autour du cou d’une jolie femme, aux pieds d’un riche bourgeois ou autour de la taille d’un banquier quinquagénaire !

Pour revenir à l’hôtel, nous avons droit aux embouteillages jusqu’à la station de métro qui nous permet enfin de prendre le métro et de survoler l’avenue Sukhumvit où la circulation est totalement paralysée.

Nous descendons à la station « Nana », et nous montons au sommet de la tour de l’hôtel « Landmark ». Nous dominons la ville illuminée comme une fête foraine, hérissée d’immeubles et grouillante. Michel voudrait bien boire une bière au « coffee shop » de cet hôtel de luxe, mais je ne supporte pas l’ambiance feutrée de ces endroits où d’obséquieux serveurs semblent glisser sur une moquette si rembourrée qu’on croirait marcher sur le tapis de mousse d’un sous-bois. Aux costards-cravates de ces clients, je préfère les tables en Formica ou les toiles cirées un peu élimées d’un restaurant de rue ; à la climatisation donnant l’impression que nous sommes « enfin » revenus « chez nous », je préfère le ventilateur qui tangue légèrement au plafond. Je suis un routard, je veux le rester... D’ailleurs, au lieu de siroter notre bière « Chang » dans un bar capitonné de soie, nous irons la boire au soi 14 en observant les serveuses qui traînent leurs tongs et les marchands de copies de montres qui baissent leur prix de cinq cents à deux cents bahts ( 5 € ) pour une superbe « Oméga » sertie de diamants !

 

 

Mercredi 13 novembre 2013

Bangkok.

    

Nous accompagnons Amnoay à la gare Hualamphon, car elle part en éclaireur chez elle à Surin. À cause des embouteillages, nous arrivons cinq minutes trop tard pour son train, mais nous sommes vite consolés, car elle prendra le train qui partira une heure plus tard et qui est gratuit. Il y a un train gratuit tous les jours entre les principales villes. C’est un train lent, troisième classe, mais les étrangers n’ont pas droit à la gratuité. Le prix reste tout de même abordable pour nous : c’est de l’ordre de trois euros pour quatre cents kilomètres.

Michel et moi, nous l’aidons à installer ses bagages dans le train, puis nous partons visiter le Wat Traimit, un temple abritant un bouddha de cinq tonnes et demie d’or. Cette statue de trois mètres de haut, en or massif date du temps où la capitale était à Sukhothai, dans le nord du pays. Elle fut recouverte de stuc, ce qui lui permit d’échapper aux pillages, même à celui des Birmans lors du siège et de la destruction de la capitale. Au XX° siècle, on décida de rénover le temple abritant la statue, on voulut la déplacer, et le stuc s’étant décollé, l’on s’aperçut alors qu’elle était en or massif. Lors de ma précédente visite, il y a quelques années, elle se trouvait dans un temple datant du début du XIII° siècle plutôt petit et insignifiant, et aujourd’hui, elle trône, dans un bel édifice de marbre, au sommet d’une petite butte dominant le quartier chinois, accessible par une volée de marches. C’est beau, nous sommes contents ! Nous revenons à la gare pour prendre le train souterrain jusqu’à Silom, puis continuer pour aller voir les deux plus beaux temples de Bangkok. Nous changeons pour le métro aérien. Dans la rue, un groupe peu important de manifestants agitent des drapeaux, soufflent dans des sifflets, s’agitent en vain, car les passants semblent plus amusés qu’intéressés. Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que ces manifestations de mécontentement populaire attisées par une partie de l’armée et l’extrême droite ne laissent rien présager de bon.

Nous prenons le bateau de ligne sur le fleuve « Ménam Chao Phraya ». Il s’agit d’une longue embarcation couverte qui approche dans un rugissement de fauve, auréolé d’une gerbe d’écume. Le bateau n’a pas encore abordé que les plus hardis, ou les plus inconscients, sautent sur le quai et se dirigent vers la sortie. Ils ne sont certainement pas plus pressés que d’autres, mais il en est ainsi, ils aiment ajouter une pointe de risque à leur vie quotidienne. S’ils tombent entre le quai et le bateau, ils seront bien aplatis, mais au moins ils auront vécu intensément. Le Thaï aime le danger : il se sent plus fort en le bravant.

Le Wat Pho n’est pas loin du fleuve. C’est le temple du Bouddha couché. Une statue de quarante-six mètres de long et de quinze mètres de haut, construite sur une base de brique recouverte de stuc et dorée à la feuille occupe tout le temple et nous domine de son sourire énigmatique. Je laisse Michel visiter pendant que je m’abrite dans la petite cour à l’entrée, car nous avons droit à une petite averse qui rafraîchit à peine l’atmosphère lourde d’humidité.

Nous nous rendons ensuite au Wat Phra Keo où je n’entre pas non plus, car je l’ai visité plusieurs fois et le prix de l’entrée est de plus en plus élevé ( il est passé de cent à cinq cents bahts ). Je préfère aller manger une soupe dans un des petits restaurants du quartier. Michel revient enchanté, mais un peu assommé par le nombre de touristes et les troupeaux des voyages organisés. Nous partons en touk-touk à Khaosan road, la rue des touristes. À part les boutiques de babioles, de copies de CD et les étalages de chemisettes fantaisies, il n’y a rien à voir. C’est étrange comme les Occidentaux ont besoin de se regrouper, de se concentrer dans un même secteur. Est-ce là une peur de découvrir un monde qui n’est pas le leur, ou bien le besoin de se retrouver « chez eux » à l’autre bout du monde? Je trouve cela bien regrettable ! Il est vrai que pour la plupart, la principale motivation vient du fait que la vie est moins chère ici que chez eux !

Nous prenons un touk-touk pétaradant pour contourner le secteur du monument de la démocratie où ont lieu d’inquiétants meetings des partisans d’un nationalisme sectaire et réactionnaire et d’un protectionnisme malsain. Quand le principal slogan devient « la Thaïlande aux Thaïlandais », on a de quoi s’inquiéter pour l’avenir du pays si ce parti qui se dit démocrate arrive un jour au pouvoir. La Thaïlande n’a toujours pas trouvé son équilibre politique, ce qui amène de l’eau au moulin de ces partis extrémistes et opportunistes. Pour l’instant, les manifestations de rues ressemblent à des fêtes foraines, mais ces petits drapeaux nationaux ( bleu blanc rouge comme le nôtre ) que l’on agite pour ponctuer les éructations d’une égérie au discours violent et aux mimiques mussoliniennes ne laissent rien présager de bon !

 


 

Nous prenons le bateau de ligne sur le Klong ( canal ) qui mène à Pratunam. L’eau noire me parait épaisse et visqueuse et des odeurs fétides suivent notre sillage jaunâtre. Le moteur hurle, la longue barque bondit, semble vouloir se cabrer lorsque nous croisons un autre bateau. Les contrôleurs de billets passent à l’extérieur, s’accrochant à une corde longeant le toit qui peut se baisser pour passer sous les ponts lorsque la marée fait monter le niveau. Ils portent un casque pour ne pas se scalper à la première passerelle. Nous longeons des murs noirs, lépreux, des balcons sur lequel le linge qui sèche semble étonnamment blanc. Quand nous croisons un bateau, les passagers tirent sur un cordon qui fait monter une bâche en plastique qui n’empêche pas les éclaboussures de passer parfois par-dessus.

 

     

 

À Pratunam, nous mangeons dans un petit restaurant ouvert sur la rue et sur la pollution de la rue. Les motos pétaradent, les bus fument, les voitures laissent parfois derrière elles un sillage de fumée blanche... Je me demande comment les habitants de Bangkok arrivent à survivre !


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