Dernière modification:  02/07/2013

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Pourquoi une seconde guerre mondiale ?

Les témoignages de la bataille de Monassut et les lignes qui suivent sont extraites de la plaquette éditée par «l'ASSOCIATION POUR LE SOUVENIR DU 13 JUILLET 1944 ».

LES RACINES DE LA GUERRE 1939/1945

Texte de Monsieur François MOUSQUES. Ancien du Corps Franc Pommiès.

13 juillet 1944 : cette date très importante pour la commune de MONASSUT, n'est que simple péripétie d'une très longue histoire qui prend ses racines dans les années 30 pour ne s'achever que le 8 mai 1945 par la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste.

Nous pensons qu'il est bon pour les jeunes générations de faire un rappel historique pour essayer d'expliquer comment au XXe siècle, un pays civilisé ( l'Allemagne ) a pu devenir en quelques années une gigantesque machine de destruction et d'asservissement au nom d'une idéologie fondée dans le racisme le plus impitoyable : refaire de la race allemande « LA RACE DES SEIGNEURS ».

Tout commence avec la grande crise économique du début des années 30 qui envahit l'Europe et notamment l'Allemagne après avoir durement secoué l'Amérique en 1929. Après la défaite de 1918 et l'abdication de l’empereur GUILLAUME Il la république est proclamée en Allemagne. Ce nouveau régime appelé « République de Weimar » fonctionne selon le type des démocraties occidentales d'alors avec un Président de la République, un Chancelier qui est chef du gouvernement, et un Parlement « le REICHSTAG » où sont représentés tous les partis politiques. Bref, c'est un régime assez semblable à celui de son voisin français et secoué comme lui par de fréquentes crises gouvernementales.

La crise économique aidant, un petit parti créé dans les années 1920 par le caporal autrichien HITLER fait un bond important aux élections législatives de 1930, qu'il accentue fortement en 1932. À partir de ce moment-là, le parti NAZI ( national-socialiste ) qui a principalement basé sa campagne électorale sur la haine raciale antijuive est aux portes du pouvoir.

Hitler chancelier.

Après les élections de 1932, le Maréchal Hindenburg, Président de la République, nomme HITLER chancelier; son parti avec sa coalition étant encore minoritaire il obtient très vite du Président la dissolution du Parlement ; de nouvelles élections sont organisées en mars 1933 qui seront triomphales pour le Chancelier puisque le parti NAZI frisera la majorité absolue. Entre temps, il prend toutefois soin, avec la complicité du président du Parlement le Maréchal GOERING, de faire incendier le REICHSTAG ( siège du Parlement et symbole de la démocratie s'il en est ).

C'est le pouvoir absolu qui s'installe dès lors en Allemagne; les partis d'opposition sont frappés d'illégalité, ses dirigeants emprisonnés ou exécutés ; les milices du parti ( S.A. et S.S. ) sous les ordres respectivement de ROHM et de HlMMLER assurent dorénavant la police et commencent à s'en donner à coeur joie dans la chasse aux JUIFS, communistes, socialistes, libéraux ou tout simplement démocrates et républicains.

On construit dès cette époque les premiers camps de concentration et d'extermination qui fonctionneront sans répit jusqu'en 1945. Dans cette terrible escalade viendra cette soirée du 30 juin 1934 que l'on a appelé « LA NUIT DES LONGS COUTEAUX » où HITLER se débarrassera à jamais de quelques-uns de ses fidèles collaborateurs un peu trop ambitieux à son goût, mais où surtout nombre de généraux, d’hommes politiques et de personnalités en renom payeront de leur vie leur tiédeur face au nouveau régime. Ces « problèmes internes » à l'Allemagne étant enfin résolus de la plus radicale des façons, les nazis allaient dès lors se consacrer à l'extension de leur « espace vital » ( LEBENSRAUM ) conformément à MEIN-KAMPF ( mon combat ) bible officielle du National Socialisme écrite par HITLER dès les années 1920.

L'expansionnisme nazi

Le traité de Versailles signé en 1919 n'allait pas être tendre envers l'Allemagne vaincue. Il lui imposait le désarmement presque complet ( ne lui laissant qu'une modeste armée de cent mille hommes ), le paiement aux alliés de lourdes réparations et la création d'une zone entièrement démilitarisée le long de la frontière française. LA RHÉNANIE, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, demeurait allemande, mais passait sous contrôle militaire allié.

Enfermée dans ce carcan, l'Allemagne commençait à desserrer ses liens dès l'arrivée des nazis au pouvoir ; en secret, dès lors, elle engage un formidable programme de réarmement du pays. Seulement trois ans plus tard, en 1936, HITLER tente et réussit son premier « coup de bluff » : Il occupe militairement la Rhénanie, la réintégrant ainsi dans la nation allemande au mépris du traité de Versailles. La France veut réagir, mais les hésitations puis le renoncement de son allié britannique l'en dissuadent ; or à ce moment-là, d'après bon nombre d'historiens, une riposte immédiate eut été victorieuse pour les alliés.

Encouragé par l'indécision de ses adversaires, HITLER occupe l'Autriche en 1938 proclamant « L'ANSCHLUSS » c'est-à-dire l'annexion pure et simple de ce pays au REICH allemand. Dans la foulée, si l'on peut dire, il fait part de sa convoitise sur une partie de la Tchécoslovaquie dite « TERRITOIRE DES SUDÊTES ». Mais un traité d'assistance existe entre la Tchécoslovaquie d'une part et la France et l'Angleterre d'autre part ; cette fois-ci le Führer allemand utilise la ruse ; il fait part aux alliés occidentaux de son désir de négocier l'annexion de ce territoire. Ceux-ci acceptent de se rendre à MUNICH en septembre 1938 pour la funeste conférence du même nom.

Malgré la ténacité du Président du Conseil de l'époque Édouard DALADIER, les faiblesses conjuguées de son ministre des affaires étrangères et du premier ministre britannique Neville CHAMBERLAIN face à HITLER vociférant et déchaîné, sont déterminantes. Français et Anglais subissent ce jour 29 septembre 1938 la loi écrasante de leur puissant voisin, mais ils croient avoir gagné « la paix pour notre temps » selon le slogan répandu après cette conférence. À ce propos un des principaux artisans de la victoire de 1945, le premier Britannique Winston CHURCHILL écrira plus tard dans ses mémoires : « À Munich, Anglais et Français avaient le choix entre le déshonneur et la guerre ; ils ont choisi le déshonneur et ils ont eu la guerre »

Il faut toutefois signaler à la décharge du Président Daladier qu'il aurait fait preuve d'une certaine lucidité lorsque, descendant de l'avion le ramenant de Munich, sous les ovations de dizaines de milliers de Parisiens venus l'accueillir au BOURGET, il aurait confié à un de ses ministres : « les imbéciles  ! S'ils savaient ce qu'ils acclament »

Après Munich, le ver est définitivement dans le fruit ; mais il reste un dernier obstacle à contourner : obtenir la neutralité du puissant voisin soviétique ; ce sera chose faite en août 1939 par la signature du fameux pacte germano-soviétique qui va bouleverser le monde.

Et pour cause, puisqu’un mois plus tard, en septembre 1939, l'Allemagne envahissait la Pologne déclenchant ainsi la Seconde Guerre mondiale.

1940. Après un mois et demi d'offensive allemande en mai-juin 1940, la France battue sur tous les fronts est obligée de demander l'armistice.

Une part prépondérante de cette défaite est due à ce que l'on a appelé la « cinquième colonne » ; cette dernière est composée de sujets français et étrangers qui dès 1935, font du renseignement à la solde de l’Allemagne. L’efficacité de son action est telle qu'en moins d'un mois, le nord du pays est envahi et occupé par des troupes bien entraînées et équipées d'un important matériel motorisé. Que peut faire notre armée mal préparée et sous-équipée en matériel blindé face à une telle puissance  ? Le 25 juin elle est contrainte de déposer les armes et le gouvernement de demander l'armistice ; pour humilier notre pays l'ennemi exige que cette fin des hostilités soit signée dans le fameux « Wagon de Rethondes » symbole de la Victoire pour nos glorieux combattants de la guerre de 1914-1918.

Les conditions de l'armistice de ce 25 juin 1940 sont très sévères pour notre pays ; celui-ci est divisé en trois zones :

1° La zone interdite située le long de nos frontières avec des conditions de vie particulièrement contraignantes pour ses habitants.

2° La zone occupée qui comprend tout le nord de la Loire plus tout le rivage Atlantique sur une profondeur de 200 kilomètres avec la ligne de démarcation passant par Orthez pour notre région et se terminant à la frontière espagnole.

3° La zone libre qui comprend le reste du pays, soit tout le sud de la Loire avec cependant une zone interdite le long de la frontière italienne.

 

Les conditions d'armistice imposent également la réduction des effectifs de l'armée à cent mille hommes sur le territoire national, à l'exclusion des départements d'outre-mer qui ne sont pas comptabilisés dans ce total.

Une forme de résistance apparaît déjà dans cette armée, par le recrutement d'agents civils, employés à diverses tâches, mais qui viennent en fait, grossir clandestinement les effectifs à la barbe des commissions d'armistice imposées par l'occupant. De même est créé clandestinement le C.D.M. ( camouflage du matériel ) destiné à cacher tout l'armement qui a pu être détourné de la convoitise allemande. Un service de ravitaillement est instauré dont la population a à souffrir du fait que l'occupant est le premier servi. Pour cette raison est né le marché noir.

C'est à ce moment-là que le gouvernement de Vichy crée la « Milice », organisme à la solde de l'État français formée de gens de toutes les classes sociales qui, par idéologie politique ou par nécessité financière, s'emploient à arrêter les personnes hostiles au régime.

Plusieurs centaines de milliers de prisonniers vivent toujours dans les camps en Allemagne et au mois d'août 1942 est créé un service appelé « La relève » qui consiste à envoyer trois ouvriers volontaires en échange d'un prisonnier pris parmi les plus nécessiteux; on ne put jamais évaluer le nombre de prisonniers revenus par ces mesures.

Le 8 novembre 1942, les troupes anglo-américaines débarquent en Afrique du Nord. Il y a quelques affrontements, car le gouvernement français veut laisser intacte la neutralité de nos colonies, mais devant la force de cette opération, nos troupes sont dans l'obligation de baisser les armes.

C'est alors que l'occupant, ne respectant plus les conditions d'armistice, franchit la ligne de démarcation le 11 novembre 1942 et s'installe sur tout le sol français. Indignations, réactions diverses, rien n'y fait et il faut une fois de plus supporter les exigences de l'occupant. L'armée d'armistice est alors dissoute, le camouflage se fait très vite et ce qui peut être sauvé l'est au prix de gros risques et de graves responsabilités. La flotte stationnée en rade de Toulon ne peut prendre la mer et l'ordre est donné pour un sabordement plutôt que la livraison aux troupes occupantes.

C'est à partir du 30 novembre 1942 que l'on voit les convois allemands sillonnant quotidiennement les routes de nos villes et de nos villages. Les soldats en « habit vert » occupant nos casernes.

C'est aussi à ce moment-là que le capitaine André POMMIES a l'idée, le courage et la compétence nécessaires pour organiser un groupe de résistance, aidé en cela par de nombreux officiers et sous-officiers qui, étant démobilisés, se trouvent parfois dans une situation difficile. C'est ainsi que naît le 17 NOVEMBRE 1942 un organisme issu de l'armée qui devait devenir plus tard le « Corps franc Pommiès ». Il participera au sein de la troisième division d'Infanterie algérienne à la campagne d'Allemagne et entrera le 22 avril 1945 à Stuttgart.

La relève n'a pas donné les satisfactions attendues. Les Allemands qui se trouvent dans la nécessité de tenir plusieurs fronts, la Russie, l'A.F.N. et plus tard l'Italie, affaiblis par les pertes subies au cours de ces campagnes, sont obligés de mobiliser toutes les forces intérieures. La main-d'oeuvre travaillant à la fabrication de guerre s'en trouve largement déficitaire. De plus, les usines doivent subir l'assaut de l'aviation anglo-américaine qui ne cesse de bombarder l'intérieur du « REICH ». Pour maintenir les effectifs, des hommes travaillent pour la guerre, le gouvernement allemand instaure le service du travail obligatoire ( STO ). Dans notre région le premier convoi de ces jeunes part de la gare de Tarbes le 23 février 1943. Tous n'arrivent pas en Allemagne, car au cours des fréquents arrêts, nombreux sont ceux qui s'évadent, rejoignant souvent la résistance.

Durant l'année 1943, alors que toute la résistance s'organise, on voit apparaître les parachutages de nuit. Ceci permet de recevoir les armes et les munitions nécessaires pour équiper nos hommes au jour J. Le recrutement des hommes ayant marché bon train, il faut organiser des maquis ; tâche facile dans nos régions boisées. Toutes ces manoeuvres faites d'une façon discrète passent inaperçues aux yeux des autorités occupantes. L'approvisionnement des troupes cachées dans la nature est assuré avec l'aide de nombreux agriculteurs qui, pourtant, sont lourdement imposés par le service de ravitaillement. C'est ainsi que purent subsister des centaines de jeunes traqués par l'occupant, couchant dans les granges malgré le terrible hiver 1943/1944.

Le service de la Gestapo multiplie ses actions et redouble d'agressivité. Avec l'aide de mauvais Français à sa solde, il obtient hélas quelques résultats. Nombreux sont les malheureux patriotes qui, soupçonnés par les indicateurs, ont la désagréable surprise d'être pris chez eux au petit jour et après quelques journées passées dans des cellules, embarqués dans des trains dans des conditions abominables en direction des camps d'internement. Beaucoup ne reverront jamais la France.

Dès le mois d'octobre et novembre 1943, les premiers requis pour le S.T.O. qui n'ont pu se soustraire au départ ont droit à une permission. Ces jeunes ne repartent pas en Allemagne et viennent grossir nos unités. Les autorités d'occupation s'aperçoivent de cette supercherie et la chasse leur est donnée.

Dès les premiers jours de décembre 1943, les jeunes recrues des « Chantiers de jeunesse » renseignées par Londres apprennent leur prochain départ pour le « REICH » ; soixante pour cent d'entre eux désertent et à leur tour viennent, renforcer les effectifs du maquis.

Les mois qui suivent, début 1944, des parachutages intensifs ont lieu; armes, munitions et divers équipements nous descendent du ciel. Les gens des villes et des campagnes reprennent confiance.

Ainsi va la vie en ce début 1944 puis c'est le message tant attendu. Le 5 juin 1944 au soir, nous entendons sur les antennes clandestines de la B.B.C. de Londres « Véronèse était un peintre » ou bien « Le père la cerise est verni ». Ces phrases tant attendues nous soulèvent d'espoir. L'heure de la conquête de notre chère liberté sonne et le 6 au matin l'ensemble du réseau est prévenu. Dans la journée tous les groupements du C. F. P. sont sur pied ; mission à remplir : attaques de convois sur les routes, sabotage des voies ferrées, détection et arrestation le cas échéant des personnes suspectes qui peuvent nuire à notre action en allant « moucharder », soit à la milice qui devient très active, ou encore informer les autorités allemandes de nos points d'action. Nous connaissons vite l'importance de l'aventure que commence le C.F.P. Les accrochages sont nombreux et importants, les déplacements difficiles, pourtant il faut agir partout.

Le 7 juin vers 10 heures à Goudon, dans les Hautes Pyrénées, a lieu un accrochage entre trois camions de troupes d'occupation et un groupe de chasseurs du capitaine SIXTE-VIGNON. Bilan : lourdes pertes pour l'ennemi, mais aussi huit morts de notre côté, dont le capitaine SIXTE-VIGNON.

Le 8 juin vers 11 heures un groupe commandé par le lieutenant AUDOUAIRE effectue un barrage à CASTELVIEILH. Lourdes pertes pour l'ennemi, deux camions détruits, 5 morts de notre côté dont le Lieutenant AUDOUAIRE.

Ce même 8 juin vers 17 heures, une section commandée par le Lieutenant NAVARRO intercepte un convoi de 5 camions qui part en renfort à CASTELVIEILH. L'effet de surprise avantage cette section qui inflige de très lourdes pertes à l'ennemi ; 25 morts d'après les renseignements obtenus. Un mort du côté du C.F.P.

Le 11 juin à CASTERA-LOU, la section SARRAZIN déclenche un feu nourri sur un convoi de camions à Hemands. Bilan : 3 morts de notre côté.

Les 2, 3 et 4 juillet, à PORTET, une compagnie du C.F.P. est partiellement anéantie au cours d'une opération de ratissage de terrain effectuée par une compagnie S.S. de Pau. Le combat est acharné; on ne connaît pas les pertes des troupes d'occupation, mais de notre côté les pertes sont très lourdes : 60 morts ou disparus.

Le 5 juillet, un agent de liaison en mission est arrêté par la Gestapo, torturé et fusillé le lendemain.

Le 10 juillet à HUIGUÈRE-SOUYE et MORLAAS, une section de protection du P.C. du commandant BALADE doit subir les assauts d'un important groupe de troupes ennemies qui effectue une opération de ratissage. Bilan : 14 membres de la section sont pris et fusillés le même jour.

Le 13 juillet à MONASSUT, dur combat à forces inégales ; pertes chez l'ennemi, mais 12 tués du C.F.P.

Le 13 juillet également à CAIXON. Dans cette commune se trouve un maquis F.T.P. donné aux forces occupantes par un des leurs. Le groupe est encerclé à l'aube de ce 13 juillet. Cinq agents de liaison du Bataillon d'Armagnac du C.F.P. en mission dans la région sont surpris dans leur repos dans une bâtisse appelée « La Tuilerie ». Ils sont fusillés sur place.

Le 15 juillet un agent de liaison est arrêté à TARBES et fusillé ce même jour.

Le 18 août à OUSSE, une embuscade placée sur la route PAU-TARBES est réussie provoquant la déroute chez l'ennemi. Malheureusement, il y a un mort chez nous.

Le 19 août à LIVRON, attaque d'un camion de miliciens par la Compagnie NAVARRO. Plusieurs morts chez les miliciens, un blessé chez nous et nous avons pu récupérer le camion avec son contenu.

Le 20 août les troupes allemandes quittent TARBES et veulent rejoindre TOULOUSE. Dès la sortie de TARBES, toutes nos forces sont centralisées sur la R.N. 117. De durs combats sont engagés infligeant des pertes sévères à l'ennemi. À hauteur du village de LHEZ, un combattant de la demi-brigade CERONI est blessé. Ce malheureux se réfugie dans une ferme où les gens essayent de le protéger. Hélas, la colère de ces « barbares » est telle qu'ils incendient la ferme. Bilan : le malheureux blessé, une femme de 50 ans, sa fille 20 ans, sa petite fille d'un mois et une fillette de 13 ans recueillie par cette famille trouvent la mort d'une atroce manière ; ils sont tous précipités dans le brasier. Au cours de l'accrochage de BURG, deux des nôtres sont abattus, ce qui porte à trois le nombre de victimes de ce 20 août 1944.

Dans l'ensemble toutes ces opérations se sont avérées efficaces, mais hélas nos pertes ont été très élevées ( 123 morts ) pour la période du 6 juin au 20 août I 944.

Mais le résultat recherché est atteint ; par notre présence nous avons obligé les troupes d'occupation à tenir le terrain et de ce fait elles ne peuvent aller grossir les effectifs qui résistent d'une façon acharnée au débarquement des forces alliées en Normandie. Plusieurs divisions sont ainsi contraintes de subir nos actions. Le nombre de nos morts n'est peut-être pas un gage d'efficacité, mais il est un témoignage incontestable de notre présence sur une petite partie de notre région.

« Il fallait le faire ».

Il serait souhaitable que notre jeunesse n'ait pas à subir de pareilles contraintes et que cette même jeunesse sache que notre formation a payé cher le prix de cette liberté.

Jeunes et moins jeunes souvenez-vous de ces garçons de 20 ans morts à la fleur de l'âge. Vous devrez à l'avenir perpétuer leur souvenir, souvent remémoré par les tombes dans les cimetières et par les stèles qui sont érigées sur les lieux de combat dans les villes, villages et routes de nos campagnes.

François MOUSQUES

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