Retour à Jérusalem


 

Une page d’histoire de Jérusalem.

L’histoire de Jérusalem est extrêmement compliquée, on ne compte plus le nombre de fois où la ville fut pillée, détruite, incendiée, sa population chassée, déportée… Je fais donc ici, un résumé jusqu’au XVI° siècle de quelques événements importants.

La ville apparaît dans l’histoire vers 2000-1900 avant J.-C. Elle porte alors le nom de Urushalem (« fondée par le dieu Shalem »). Cité d’importance moyenne, moins riche que Hébron, Sichem ou Gabaon, elle pouvait compter, au moment de la pérégrination d’Abraham, environ 15 000 habitants.

La citadelle enlevée vers l’an 1000 avant J.-C. par Joab, général du roi David, fut bien capturée, ainsi que le rapporte la Bible, en empruntant son canal souterrain, le sinnor (II Samuel, V, 8), stratagème resté légendaire. Comme les assaillants étaient des gens du roi, la ville ne fut attribuée par David à aucune des tribus, devint domaine royal et fut appelée « cité de David ». Le roi en fit le ciment de l’unité du peuple hébreu.

En y amenant l’Arche d’Alliance il érigea Jérusalem en centre religieux de tout Israël.

 

Le temple de Salomon.

Cette consécration de la cité fut parachevée par le roi Salomon, qui construisit le Temple (969-962 avant J.-C.) suivant les consignes laissées par Moïse, et le Palais royal. Il en fit une cité opulente.

Jérusalem succomba pourtant en 587 av. J.-C. sous les coups du roi Nabuchodonosor.

Après l’édit de Cyrus (538 av. J.-C.), une caravane de retour, conduite par Zorobabel, procéda à l’édification du Temple, mais Sanaballat, gouverneur de Samarie, et ne put exercer son autorité au nom du roi de Perse que sur une ville restreinte.

L’invasion de la Syrie par Alexandre le Grand (332 av. J.-C.) mit fin à l’hégémonie perse. Les mœurs grecques pénétrèrent alors le peuple juif ; les jeux du stade firent leur apparition à Jérusalem.

À cette époque naquit le parti pharisien, de recrutement surtout populaire, qui s’opposa au parti sadducéen, lié au sacerdoce du Temple et soutenu par les classes dirigeantes. Le conflit des sadducéens et des pharisiens rejaillit alors et prit sous leur règne un tour aigu. Le dernier roi asmonéen, Aristobule II (67-63 av. J.-C.), ne put empêcher l’intervention des légions romaines et l’installation à leur solde de l’Iduméen Hérode le Grand (37-4 av. J.-C.).

Hérode le Grand, vassal de l’empereur romain, fut un grand constructeur. La majesté de la Jérusalem d’Hérode, rehaussée par Hérode Agrippa Ier (37-44 après J.-C.), n’était que la façade de changements plus importants. Jérusalem devint le centre de l’importante diaspora impériale qui s’étendit de la Perse à l’Espagne en passant par l’Égypte, la Syrie, l’Asie Mineure et la Proconsulaire. Dans la diaspora, un prosélytisme actif accrut fortement le nombre des communautés juives.

Vers 28, la voix de Jean-Baptiste, invitait les juifs pieux à revenir aux préceptes de la loi et à recevoir un baptême de pénitence. Accueilli par certains comme le « nouvel Élie », il ouvrit la voie à la prédication de Jésus de Nazareth (29-30). La naissance du christianisme, la condamnation de Jésus par Ponce Pilate, sa crucifixion, l’annonce de sa résurrection, bien qu’à peine remarquées à l’époque sans doute, allaient modifier le caractère de la ville de Jérusalem.

La révolte qui couvait depuis le début du siècle éclata sous Néron. En 66, Menahem, troisième fils de Judas le Galiléen, chassa les Romains de la ville. 25 000 soldats tinrent tête dans la ville pendant trois ans à une armée romaine quatre fois plus forte. Après la chute de la ville en 70, la résistance se poursuivit dans la ville haute, puis dans la forteresse de Massada, dont les défenseurs, autour du zélote Eléazar, tinrent en échec pendant plusieurs mois les troupes du général L. Flavius Silva et finalement se suicidèrent plutôt que de se rendre (Pâques 73).

L’empereur Hadrien (117-138), décida de faire de Jérusalem une ville romaine.

Avec l’instauration de l’empire chrétien (325), Jérusalem, ville sainte du christianisme, devint un centre de pèlerinages. Sur l’emplacement où sera bâti ensuite le Saint-Sépulcre, l’église de l’Anastasis (Résurrection) fut construite.

Au début du VII° s., la suprématie byzantine commençant à décliner. Le roi Khosrô, avec 26.000 juifs reprit Jérusalem en 614, de nombreuses églises furent détruites et la relique de la croix et de nombreux captifs emportée en Perse. Mais en 629 l’empereur Héraclius vainquit Khosrô, reprit possession des territoires perdus et poussa jusqu’en Perse. Il y retrouva la relique de « la vraie Croix », qu’il rapporta lui-même solennellement à Jérusalem. Les églises furent reconstruites.

En 632 apparurent les Arabes, récemment unifiés par le message de Mahomet, qui se réclamait à la fois d’Abraham et de Jésus. En 638, le calife Umar Ier se présenta devant Jérusalem, prit la ville sans combattre et promulgua alors un édit de tolérance à l’égard des « gens du Livre ». Les chrétiens demeurèrent dans la ville, et des juifs purent à nouveau s’y installer. Umar fit construire la « coupole du rocher » abritant le rocher sur lequel Abraham devait sacrifier son fils et la mosquée Al-Aksa à l’endroit où le prophète monta « au ciel » (ascension nocturne).

La dynastie des Omeyyades (de 661 à 750) respecta la politique de tolérance instaurée par Umar. Mais avec la prise de pouvoir des califes abbassides, juifs et chrétiens subirent un certain nombre de préjudices. En 996, le calife Hakim (Fatimide d’Égypte) instaura une politique d’élimination des chrétiens et fit détruire le Saint Sépulcre. En 1077, les Turcs Seldjoukides entrèrent dans la ville, y semant la désolation. Les pèlerinages cessèrent. Les académies rabbiniques se replièrent sur Tyr. Les chrétiens s’enfuirent. Cette situation désastreuse déclencha la réaction des croisades.

 

Prise de Jérusalem par les Croisés en 1099.

Il fallut vingt années aux chrétiens croisés pour reprendre Jérusalem le 15 juillet 1099. Au lieu de se porter seulement contre les oppresseurs turcs pour en délivrer la ville, les croisés se livrèrent à un massacre tant des juifs que des musulmans. Tandis que le pays conquis était partagé en trois principautés (Antioche, Édesse, Tripoli), Jérusalem, en tant que cité du Christ, fut d’abord laissée à part et confiée à Godefroi de Bouillon. Les Francs s’installèrent à Jérusalem. Le Saint Sépulcre fut rebâti, de nombreuses églises de style roman furent construites et un chemin de croix fut inauguré sur la « Via Dolorosa ». Après une occupation mongole (1244-1260), les Mamelouks d’Égypte rétablirent l’ordre à Jérusalem. Un accord fut signé avec les Francs d’Acre. Les chrétiens restés à Jérusalem durent s’accommoder d’un régime de partage des sanctuaires entre les diverses communautés et d’une simple protection étrangère, première étape d’un statu quo des Lieux saints qui dure encore aujourd’hui.

Soliman II, dit le Magnifique (1520-1566), pourvut la ville d’aqueducs, de portes et de murs, tels qu’on peut les voir aujourd’hui, et donna à la vieille cité l’aspect qu’elle a gardé depuis. Soliman signa avec François Ier des « capitulations » qui accordaient à la France, à côté de certains avantages politiques, la protection des chrétiens.

Mais la prospérité conférée par Soliman à Jérusalem ne dura pas. Après sa mort, la ville entra dans son déclin ; les pèlerinages latins se raréfièrent et la communauté grecque orthodoxe, dont les sujets étaient ottomans, acquit une position plus forte dans les Lieux saints. En 1555, l’empereur Charles Quint obtint de reconstruire (encore une fois) la chapelle du Saint Sépulcre, qui devint ainsi propriété latine. Un conflit déclaré s’installa alors entre Grecs et Latins, qu’accrut encore la réunion des patriarcats latins de Jérusalem et de Constantinople sous une seule autorité.

 


Retour à Jérusalem