Dernière modification: 25/05/2015

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Lundi 2 mars 2015.

Lak Sao - Ban Thalang ( 51 km )


 

 

 


 


 


le fech-fech, cette poussière si fine
qu'elle pénètre partout.

 

Je suis prêt à six heures, mais j'attends encore un quart d'heure que le jour se lève. Cette journée m'effraye un peu, car je sais que je vais devoir rouler sur une piste durant une dizaine de kilomètres suivant les uns et quarante kilomètres d'après les autres. Encore une fois, même avec les touristes je n'ai pas pu obtenir de renseignements précis. Le décor est masqué par un brouillard tellement épais que je ne sais pas si je suis, comme hier, au milieu des montagnes. L'avantage c'est que ça colle la poussière, l'inconvénient c'est que ça mouille un peu, et comme il ne fait que 14° : j'ai froid. La piste de latérite est correcte pour des voitures, acceptable pour des motos, mais pour moi, c'est un peu difficile. Il y a des zones de gravier, de la tôle ondulée, des parties empierrées, du fech-fech... Tout à fait exceptionnellement, je préfère quand ça monte, car je saute moins sur ma selle que dans les descentes. Le disque rose du soleil perce la brume blanche. Des silhouettes d'arbres semblent sortir du ciel, puis soudain, comme si l'on retirait un voile, les versants couverts d'une jungle épaisse apparaissent. Dans ces régions, tout arrive ou disparaît avec une rapidité extraordinaire : le jour qui se lève ou qui se couche, le gros orage de mousson, le brouillard. Ici, la nature est impatiente. Je trouve de temps en temps des villages qui étaient, il y encore quelques années, totalement isolés. Les maisons sont en bois de tek et le bétail se promène en toute liberté.

 

     

   

En plein virage, sans aucune signalisation,

on passe de la belle route goudronnée à la piste !

    ...les arbres à demi submergés dressent leurs sinistres perches noires !

 

Au bout de vingt-neuf kilomètres, je rejoins « le goudron ». Ouf ! fini la poussière. Il me semble avoir des ailes ! Me voilà au bord du lac. C'est très curieux, le niveau de l'eau est monté dans la forêt. Les arbres en sont morts et il ne reste que leur squelette comme des perches plantées les unes à côté des autres. C'est un peu sinistre...

Je m'installe au « Sabaidee G.H », près du pont à l'entrée de Thalang. J'ai un petit bungalow en planches, avec un petit lit fatigué et une petite salle de bains. Je vais rester deux jours, car le coin me plaît bien : calme et au bord de l'eau. Le soir je rencontre trois motards sympas : Sandrine, Française, Peter, Danois et Kurt, Australien. Ils font un voyage aussi éprouvant que le mien, car ils sillonnent la région en évitant les grandes routes. Ils sont équipés de motos tous terrains, et les pistes les plus bosselées ne leur font pas peur. Ils passent ainsi hors des sentiers battus, et même si c’est parfois pénible, ils découvrent un visage du pays que nous ne voyons pas. Nous passons la soirée ensemble à raconteur des histoires de voyages…

 

Mardi 3 mars 2015.

Ban Thalang

 

 

Ce matin, les motards rencontrés hier soir endossent leur équipement de chevaliers : bottes, guêtres, ceinture, casque... et ils partent vers de nouvelles pistes dans un vrombissement sourd. Je reste tout seul toute la journée et je lis « Astérix en Corse ». Quand je lève les yeux, j'ai le lac scintillant en face de moi et un ciel blanc surchauffé.

 

Mercredi 4 mars 2015.

Ban Thalang

   

Les réservoirs des bombardiers américains

sont devenus des "bateaux-bombes"

 

 

Je décide de ne pas bouger aujourd'hui non plus, car, pour une question de visa, je ne dois pas quitter le Laos avant le huit, et il vaut mieux attendre ici qu'à Thakhek. Je me prépare à passer une journée dans la chaise longue en lisant « Lucky Luke » C'est bien, ainsi mon voyage ressemble à des vacances !

 

Jeudi 5 mars 2015.

Ban Thalang - Gnomalat ( 51 km )

Je pars à sept heures, avant la chaleur, dans une brume bleutée qui estompe les lointains. Je monte et descends de petites collines boisées. La pente n'est pas sévère, l'air est frais, le revêtement de la route est acceptable. De temps en temps, au détour d'un virage, je retrouve un vallon inondé, avec ses squelettes d'arbres noircis par l'eau à leur base et blancs comme des allumettes vers le sommet. Je passe sur un pont qui enjambe un creux de terrain envahi par l'eau. Quelques barques gisent comme des crocodiles sur la vase noire. Il n'y a pas âme qui vive, ni autour des rares maisons de bois perdues à l'orée d'un bois touffu. Et puis voici tout un pan de montagne saccagé. Les troncs gisent couchés sur le versant comme un jeu de Mikado abandonné. Et il en est ainsi pendant près de vingt kilomètres, jusqu'à Nakaï. À partir de là, j'entame une bonne descente avec des virages, sur un revêtement de béton. Il y a même des épingles à cheveux et de grandes courbes. Je vois la route en contrebas, je me laisserais griser par la vitesse et la tentation d'aller encore plus vite... Il en est ainsi pendant cinq kilomètres pour un dénivelé de quatre-cents mètres. Ensuite, le paysage est différent : plus de collines, mais à nouveau, au loin, des montagnes aux formes étranges comme d'imprenables forteresses. La route monte plus qu'elle ne descend et j'arrive à Gnomalat avant la chaleur. Je m'installe dans un agréable « resort », à un kilomètre du village. Des bungalows sont disséminés sous les arbres, il y a une fontaine et de petits kiosques avec des tables et des bancs où l'on peut manger en groupe... mais il n'y a pas de restaurant. Il me faut donc aller au village en vélo, pour manger. Je suis presque seul le soir, avec les papillons qui tournoient autour de la lampe de la véranda.

 

Pour se promener dans un surprenant paysage karstique...
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