Dernière modification: 01/05/2014

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Samedi 8 février.

Surin - Mukdahan.

Le sac à dos pèse près de vingt kilos. Je ne sais pas comment je me débrouille pour le bourrer de choses indispensables dont certaines ne vont jamais servir ! Heureusement, Chulomphon, le fils d'Amnoay, me conduit à la gare. En cours de route, je lui demande s'il va voter à nouveau demain, il me répond évasivement qu'il ne sait pas. Moi, je sais que non, car ils partent à Korat, avec Amnoay voir le fils qui est provisoirement moine dans un temple juché au sommet d'une montagne. Les premières élections ont été annulées faute de participants, celles-ci risquent d'attirer encore moins de monde. Les Thaï ont eu un moment l'espoir de voir les choses changer, mais depuis deux ans, le gouvernement qui a été élu avec une grande majorité accumule les erreurs, la corruption est toujours aussi endémique... alors, « chemises rouges » ou « chemises jaunes », bonnet blanc et blanc bonnet ! Mais les Thaïs ne parlent pas de ça entre eux, par pudeur sans doute, et aussi par méfiance : chacun peut avoir besoin de son voisin un jour où l'autre, il serait donc maladroit d'afficher ses convictions. On préfère parler de sport ou des banalités quotidiennes.

 

     

 

J'arrive à la gare, je prends mon billet pour le train de neuf heures trente-huit, et voilà qu'il entre en gare à neuf heures trente-cinq. Quelle ponctualité ! Amnoay prétend que ce n'est pas mon train... Je demande au contrôleur si je peux monter, il m'aide à charger mon sac, et me voilà parti. Quand il passe pour vérifier mon billet, je lui demande s'il s'agit bien de mon train numéro 421... Il me fait un grand sourire et me répond que non, il s'agit du train de sept heures qui a deux heures de retard ! Mon 421, il est derrière, avec du retard lui aussi. J’en déduis donc que quand un train arrive en avance, c’est qu’il a du retard ! Il fait chaud, le paysage desséché finit par me lasser : des rizières moissonnées où l'on brûle les chaumes, des buffles cherchent une flaque ou de rares coins d'ombre, des petites gares fleuries où le responsable agite son drapeau vert... Par les fenêtres ouvertes, un air tiède chargé parfois de poussière ou de fumée n'arrive pas à me rafraîchir. Le train cherche à minimiser les dégâts, il file donc avec de courts arrêts dans les gares, et nous mettons une heure trente pour atteindre Waring. De là, je prends un songtaew jusqu'à la gare routière de Ubon. Une heure à « faire le laitier » dans la ville surchauffée... Je me sens un peu las ! Je dois attendre le car de Mukdahan pendant une heure trente. Il y a bien des minibus climatisés qui partent toutes les demi-heures, mais j'ai horreur de ces boîtes de conserve où l'air glacé de la clim' vous tombe sur les épaules et où l'on se sent enfermé, à l'étroit sans pouvoir profiter du paysage. J'occupe mon temps en allant manger une soupe de nouilles au porc. Dans le grand car, nous sommes trois personnes. Il y a bien quelques passagers qui montent en cours de route, mais comme d'autres descendent, nous ne serons jamais plus de dix. Ces grands bus confortables arriveront à disparaître, à cause de la concurrence des minibus. Le décor est toujours le même, mais encore moins intéressant, car je suis un peu comme un poisson dans son aquarium.

J'arrive à Mukdahan à cinq heures. Je vais à l'hôtel Kimjekcin 1 où pour 250 bahts, j'ai une chambre claire, vaste, avec tout le nécessaire : une table, un ventilateur, une télé où je regarde l'arrivée d'une course cycliste dans les Émirats... Dans la salle de bains, pas d'eau chaude, mais avec le climat actuel ce n'est que mieux. De toute façon ici, quand l'eau est « froide », elle est seulement à vingt-cinq degrés ! Le soir, vers dix-neuf heures, je vais manger au marché de nuit, mais je suis très déçu, car dès que j'en ai eu terminé avec mon canard rôti et mon riz, les vendeurs ont commencé à ranger leurs étalages. Entre huit heures et neuf heures, c'est une agitation fébrile, des bruits de piquets métalliques jetés sur le sol, des camionnettes ou des touk-touk qui manœuvrent, des ballots que l'on entasse sur le passage... Et à neuf heures, la rue a retrouvé son aspect habituel. Un coup de balai, et jamais on ne croirait qu'en début de soirée il y eu ici un « marché de nuit ». Fini l'époque où les marchés se terminaient à une heure très avancée de la nuit, fini l'ambiance nocturne qui nous donnait l'impression de nous promener dans une fête foraine... Tout se normalise. J'ai vu mourir l'animation des soirées et du paseo en Espagne, je verrai s'éteindre les charmantes soirées des villes thaïlandaises. Le monde est ainsi : « on évolue »...

 

Dimanche 9 février 2014.

Mukdahan - Savannakhet.

La ville est calme. Je traverse la rue. Un touk-touk s'arrête sans même que je lui fasse signe. Il m'amène à la gare routière, je lui donne quarante bahts. J'achète mon billet de bus pour Savannakhet ( 50 bahts ). Il me faut attendre une demi-heure, juste le temps de manger une soupe de nouilles, et me voilà parti pour le Laos. La vie est simple ! Je passe la frontière thaï à une vitesse express. Le bus traverse le Mékong sur le long pont de l'amitié, et nous voilà au Laos. Nous ne sommes que deux étrangers à faire le visa ( 30 $ ), et en cinq minutes, je suis à nouveau dans le bus. À la gare routière de Savannakhet, c'est l'arnaque habituelle des chauffeurs de touk-touk, alors je vais dans la rue, et là, au calme, je trouve un chauffeur raisonnable, à moitié prix. Je vais à l'hôtel Savanbanhao. Je prends une petite chambre au fond de la cour, derrière un grand bungalow. C'est une pièce un peu vieille, un peu sombre, un peu triste, et surtout il y a une nuée de moustiques qui sortent de tous les coins pour me souhaiter la bienvenue. Heureusement, j'ai ce qu'il faut pour les soigner !

Je vais manger au Xoxkay. Je rencontre Bernard, un catalan de Barcelone, et nous parlons de voyages pendant deux bonnes heures.

Je visite l'église catholique qui ressemble tout à fait à une quelconque petite église de village. Ensuite je pars repérer l'Ambassade du Vietnam, mais je ne pense pas qu'il y aura grand monde pour demander des visas demain, car il n'y a presque aucun touriste dans la ville. Le soir, je m'ennuie un peu. Il fait très chaud, je vais boire une bière au bord du Mékong, dans un de ces petits restaurants en planche surplombant de petits jardins. Je regarde avec envie les lumières de Mukdahan frémir de l'autre côté du fleuve. Là-bas la ville est animée, il y a tout un choix de bonnes choses à déguster, de la musique, des marchés animés... Ici, je n'ai le choix qu'entre des brochettes de cœurs ou de foie de poulet des soupes ou du riz. En plus, après huit heures, il n'y aura plus rien : le vide, ville morte !

 

               

 

Lundi 10 février 2014.

Savannakhet.

Il est sept heures et quart, le soleil n'est pas encore très haut dans le ciel. Je marche durant un bon kilomètre jusqu'à l'ambassade du Vietnam. Contrairement à d'autres endroits où ils se montrent parfois trop entreprenants, les touk-touk me laissent en paix. À l'ambassade du Vietnam, je m'attendais à un nombre considérable de touristes : je suis le seul ! Mon visa de quinze jours est fait en une demi-heure... Parfait ! Je vais à la gare routière à pied. Il est huit heures et il commence à faire chaud, très chaud. Mon car pour Dong Ha partira demain à neuf heures.

À midi, je vais manger un poulet barbecue dans un restaurant ouvert sur trois côtés. Cela permet d'avoir un peu d'air. Je vais au Lin's café où je rencontre un couple de Français retraités avec qui je parle de voyage... évidemment. En réalité, en voyageant seul, on est moins seul que quand on est accompagné, car on rencontre des gens différents tous les jours. Malgré la chaleur accablante, je fais un tour dans la ville pour retrouver de vieux bâtiments, souvent en piteux état, témoins d'une époque où, du temps la colonisation, Savannakhet était une ville où le commerce florissant permettait à quelques colons privilégiés de vivre dans des villas cossues, dans des parcs verdoyants. Je fais une rapide visite au musée des dinosaures où l'on peut voir des squelettes de ces bêtes monumentales qui hantaient la région, il y plus de soixante-dix millions d'années.

Le soir, je vais boire ma bière au bord du Mékong, et un vent très froid souffle. Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas. Je vais manger une grande soupe au Xokxay. Comme les choses sont simples ! Pourtant, je ne suis pas motivé. Je vais par des chemins que j'ai déjà parcourus, à une époque où c'était mieux ; peut-être plus dur, mais plus excitant, car il y avait un côté aventure qui a disparu. Maintenant, voyager par ici est plus simple que si j'allais de Pontacq à Espelette ! Cette facilité rend le voyage insipide.

 

     

Contrairement à Vientiane, les bâtisses coloniales sont rarement restaurées.

 


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