Dernière modification: 25/04/2014

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Vendredi 20 au lundi 23 décembre 2013.

Surin.

 

     

 

Je deviendrais facilement casanier, car je me sens bien « chez nous ». Amnoay part tous les jours en moto en ville, chez sa sœur aînée. Elle a retrouvé sa clientèle du temps où elle avait son salon de coiffure, et, les fêtes de fin d’année approchant, elle a beaucoup de travail. Et moi, pendant ce temps, je fais un puzzle représentant Ganesh, le dieu éléphant, je lis et je vais au marché de Surin, de temps en temps, juste pour passer le temps.

 

     

 

Je n’ai même pas envie d’aller dans une île, sur une plage de sable blanc, car je ne connais plus d’endroit qui ne soit gâché par le tourisme. On a fait de ces lieux paradisiaques des endroits où les hôtels bétonnés avec leur double vitrage et air conditionné ont écrasé les paillotes et les petits bungalows, où le sentier sablonneux a été goudronné, remplacé par une route sillonnée de motos pétaradantes quand ce n’est pas de 4X4 de location… La seule différence avec Nice ou Biarritz, c’est que c’est moins cher ! Alors, c’est la seule motivation de ces touristes idiots qui viennent ici pour « payer moins cher » ! Et les mœurs du pays, les coutumes des habitants, ils s’en moquent, car le commerçant est là pour vendre pas cher, et le personnel des hôtels pour servir de « boy ». « Ils sont là pour ça » ! Voilà une forme de colonisation que personne ne dénonce, car ils ont bonne conscience, même en dépensant en une journée ( tout en ne trouvant « pas cher » ), ce que ces gens gagnent en un mois. Certains touristes n’ont même pas la pudeur de cacher leur aisance, et pour payer une misère une babiole qu’ils ont marchandée avec acharnement, ils ouvrent leur portefeuille, laissant apparaître une liasse de billets de cent dollars. C’est aussi ça, la mondialisation : ne plus se passer de notre confort occidental, créer des besoins à des gens qui savaient se contenter de ce qui les entourait. Alors, le pêcheur a transformé sa barque en bateau-promenade, l’agriculteur est devenu chauffeur de taxi et la marchande de soupes vend des pizzas ou des hot dogs !

Je ne sais pas si c’est moi qui deviens de plus en plus aigri ou si, tout simplement les endroits « paradisiaques » sont de plus en plus pollués ? Allez, il y a peut-être des deux, mais une chose est certaine, parmi ceux qui, comme moi, ont connu ces endroits il y a trente ans pratiquement tous partagent mon avis… Ça me rassure !

Heureusement, quand on s’éloigne du confort occidental, on retrouve un peu d’authenticité et on a la joie de rencontrer des gens qui trouvent du plaisir à plaisanter avec nous et à nous poser des questions dont ils ne connaissent pas encore la réponse.

 

Mardi 24 décembre 2013

Surin.

Soirée de Noël ? Pourquoi pas ? Alors, je déniche la boîte de foie gras que j’avais enfouie dans les profondeurs de mon « sac cadeau ». Le menu est tout simple. En entrée : foie gras sur pain de mie légèrement grillé, ensuite, grillades d’encornets avec le riz du jardin ( je ne plaisante pas, il s’agit du riz de la récolte du mois dernier sur la parcelle du fils d’Amnoay ) et en dessert une mangue fraîche et des mandarines aussi minuscules que des noix. Le tout arrosé d’une bière « Chang ». Bien sûr, ça peut paraître un peu frugal, mais le plaisir n’a pas de normes, et puis manger sur la terrasse, à dix-neuf heures, alors que les dernières lueurs du couchant s’effacent à l’horizon, cela vaut bien une grosse dinde, même farcie !

Donc, le foie gras est là, soigneusement étalé sur la tranche de pain ( de mie ) grillée encore chaude quand Noy arrive. Lui, il arrive toujours quand on mange. Il louche sur les tartines, il en bave presque. Allez ! c’est Noël, alors je lui donne un peu de foie gras, très peu, car pour lui qui n’en a jamais mangé, ça ou du pâté… Je ne me trompe pas, il l’engloutit sans même prendre la peine de mâcher et de savourer, et pendant tout le temps où nous nous régalons en dégustant notre précieux repas, il nous regarde, l’œil triste. « Écoute, Noy, un repas de Noël, ce n’est pas pour toi, c’est sacré et tu n’es pas capable d’apprécier à sa juste valeur ! » À la fin du repas, nous lui laissons tout de même un peu de calamars, juste pour faire une bonne action. Hé bien Noy, il n’en veut pas de nos chipirons, il les flaire, les lèche légèrement et revient me faire comprendre que par contre, s’il restait un peu de foie gras, ça ne lui déplairait pas. C’est curieux comme notre chien a le « bec fin » ! On se doit de nourrir les animaux, étant donné qu’ils peuvent être la réincarnation de quelque être cher disparu, mais de là à donner du foie gras à son chien… Mais comme les chiens ont moins le sens des injustices que les humains, il s’est contenté d’une tranche de pain de mie, et il est même venu me lécher les pieds, discrètement, comme pour me remercier !

 

Du mercredi 25 au vendredi 27 décembre 2013

Surin.

La routine… le 25 décembre n’est pas férié, alors j’ai droit aux rires des enfants jouant dans l’école voisine. Ce qui fait plaisir, ici, c’est que les enfants ne se disputent jamais et ne pleurent jamais. Ils sont heureux ou stoïques ; parfois on se demande… À huit heures, c’est le lever du drapeau, l’hymne national chanté par une petite fille qui arrive à peine à concilier l’air et les paroles, sur un fond musical de timbales qui ferait penser à une fête mortuaire dans une tribu de sioux ! L’après-midi, je vais parfois au centre de Surin avec le songtaew qu’on appelle rotmé ( autobus ) et qui n’est autre qu’un pick-up ouvert aux quatre vents. Alors, comme le matin il fait frais ( 13 ou 14° ) j’attends que le soleil soit monté dans le ciel toujours bleu. Ici, je n’interroge jamais le ciel pour savoir le temps qu’il fera aujourd’hui. Il ne risque pas de pleuvoir : ce n’est pas la saison ! On trouve parfois amusant que les autochtones se plaignent du froid, mais nous sommes en hiver ( redou nao ), et rien n’est prévu pour supporter des températures en dessous de vingt degrés. Les bus locaux ne sont pas fermés, on se déplace surtout en moto, les restaurants, souvent en plein air, sont exposés au vent, et les maisons elles-mêmes n’ont parfois que des volets et pas de fenêtres vitrées. Alors quand il fait 13°, avec une bise venant du nord et que la température ressentie est de huit ou neuf degrés, il est un peu difficile de prendre son déjeuner dehors sans grelotter et sans se plaindre du froid ! Par contre, lorsque les chaleurs moites assomment les farangs, les Thaïs eux, se sentent en pleine forme !

 

              

              

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