Dernière modification: 30/03/2013

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Lundi 21 janvier 2013.

Mandalay-Shuebo.

Ce matin, au déjeuner, je rencontre Pascal, un Français de Muret. Il est, comme moi, déçu par la tournure que prend le tourisme ici ; les hôtels deviennent hors de prix, même pour un confort rudimentaire, et les Birmans semblent un peu trop intéressés par l’argent. Je ne reconnais plus ces gens que j’aimais tant les années précédentes !

 

 

Pascal décide de venir avec moi à Shuebo en train. Nous voilà dans la rue avec nos sacs trop encombrants et trop lourds, surtout le mien, pour aller en moto. Un taxi nous demande un prix excessif, alors nous acceptons de nous y rendre en cyclo-pousse. Au fait, hier, le réceptionniste de l’hôtel me disait que les cyclos ne peuvent plus aller à la gare à cause de travaux dans la rue... Encore un mensonge pour faire travailler son copain « moto-taxi » ! L’an dernier, ces pratiques n’existaient pas. Nous voilà assis dans notre side-car, chacun son cyclo, au milieu d’une circulation démentielle. Ce n’est pas plus rassurant qu’en moto. Aujourd’hui, ce sont les bus qui nous frôlent, les voitures qui nous serrent contre les véhicules en stationnement... C’est différent. Quand on doit s’arrêter à un carrefour, pour redémarrer, le malheureux cyclo se dresse sur les pédales, se crispe sur son guidon et, le visage inondé de sueur, s’engage parmi un chaos indescriptible où chacun se faufile pour passer. Il n’y a aucune loi, aucun code, c’est la technique de l’évitement, et miraculeusement, à chaque fois, personne ne se bouscule.

Cliquez sur la carrosserie des "pots de yaourts"

     

Les voiturettes "pots de yaourts" servant de taxi ont disparu au profit de taxis beaucoup plus chers...
à qui cela profite-t-il ? Certainement pas aux usagers !
 

Nous transformons mon billet « upper-class » en première classe pour être ensemble, Pascal et moi. Il nous faut aller à quatre guichets différents avant de trouver le bon, mais c’est relativement simple. Pour donner un billet de train, l’employé a besoin de notre passeport, il doit remplir tout un tas de registres et je me demande si cela sert vraiment à nous « surveiller », comme le pensent certaines personnes. Je crois plutôt que c’est l’atavisme de l’administration qui n’a pas encore commencé à simplifier les choses. Pour ma part, je suis bien sûr que mon nom mal écrit sur un registre tout sale et tout écorné, personne ne va s’en préoccuper. Il nous faut attendre le train plus d’une heure, assis sur des sièges en plastique suffisamment confortables, en compagnie de jeunes femmes qui s’amusent de notre présence. Un rien les fait rire, surtout quand ça vient d’Occidentaux aux grands nez !

Partout des paquets, entassés sur le quai, servant de siège ou de sofa à des gens attendant patiemment un train qui ne semble pas pressé d’arriver. Une rumeur d’où fusent des éclats de voix ou des rires finit par devenir un de ces bruits de fond qu’on n’entend plus. Soudain une agitation subite anime toutes ces personnes : des hommes en longyi courent, les tongs claquant sur le ciment, une femme hisse un colossal paquet sur sa tête, chacun s’empare de son bagage ou de son baluchon et, sans qu’on ne l’entende, ou presque, dans cette cohue allant crescendo, le train fait son entrée, sans un coup de klaxon, sans nous assourdir de sa sirène. Sans même attendre qu’il soit arrêté, les uns sautent sur le marchepied, les autres font passer leurs ballots par la fenêtre, chacun court le long du convoi pour repérer une voiture où restent des places libres... En ce qui nous concerne, nous n’avons pas de souci à nous faire : nous sommes en première classe et notre siège est réservé. Quand nous arrivons dans la voiture, notre présence est presque un événement. Tous les regards se portent vers nous. Les uns rient en nous saluant, les autres essayent de placer quelques mots en anglais, un vieux bonze avec qui nous avons sympathisé dans la gare voudrait que l’on s’installe à ses côtés... Nos places sont bien encombrées : un énorme panier de bambou tressé, un gros sac de riz, des bagages... Le tout appartient à une mère et sa fille qui vont faire le voyage en face de nous. Elles s’empressent de tout ranger : le sac disparaît sous le siège, les petits bagages dans le filet au-dessus de nos têtes, et elles serrent au maximum le grand panier vers elles de façon à me laisser un peu de place pour mes jambes. Tiens ! la sirène ! Le train va enfin partir. Je croirais presque que ce départ sera impossible car des hommes continuent à charger des baluchons et d’énormes cartons par les fenêtres des voitures de troisième classe. C’est incroyable tout ce qu’on peut faire rentrer dans un train ! Les roues grincent, la voiture gémit, un léger roulis se fait sentir : nous traversons lentement la ville de Mandalay. Le long de la voie, c’est une véritable décharge : poches en plastique, vieux papiers, bouteilles, emballages jetés du train. Aux passages à niveau, une foule compacte de motos, voitures, piétons, camions, tous mélangés, attendent que le convoi soit passé pour se ruer à l’assaut de l’avenue. Nous longeons des habitations tout à fait hétéroclites, les unes bancales, couvertes de tôles rouillées, les autres en bois noirci par le temps ou blanchi par la poussière, d’autres cossues, dont la présence dans ce que l’on prendrait pour un bidonville semble incongrue. Le wagon est pris d’un tel roulis que certains paquets tombent des filets et que nous nous demandons si nous allons rester sur la voie ou si nous allons finir dans les bananiers. En regardant par le soufflet, on constate que le mouvement de notre wagon par rapport au wagon voisin est impressionnant. Nous passons sur le vieux pont de fer qui traverse l’Ayeyarwady, et nous sommes dominés par les nombreuses pagodes de la colline de Sagaing. Le vieux bonze vient nous offrir des petits gâteaux de cacahuètes soufflées, les voisines veulent à tout prix nous faire manger leur provision de mandarines et de fruits. Pascal fait des photos et montre le résultat aux personnes concernées sur son appareil numérique. Les Birmans adorent se faire photographier. Même si parfois ils semblent refuser, ce n’est souvent que par coquetterie, car le résultat les amuse toujours.

Nous arrivons à Shuebo. La nuit est tombée, nous prenons un triporteur jusqu’à l’hôtel Shwe Phyu. Le prix des chambres est juste un peu surévalué ( 15$ ) car les lits ne sont que de vulgaires bat-flancs ornés d’un mince matelas de mousse. Pour dîner, on mange une soupe de poisson pourrie et si relevée qu’on ne se rend pas compte qu’elle est infecte.

Dans la nuit, Pascal a dû aller se réfugier dans une petite chambre individuelle, car lorsque je dors, je gazouille légèrement.

Mardi 22 janvier 2013.

Shuebo - Monywa.

Petit déjeuner copieux, avec du pain de mie frit, sucré, des œufs sur le plat et un café au lait. Nous prenons le car jusqu’à Monywa. Trois heures de route étroite, bordée d’arbres où le chauffeur de notre car ne fait pas de cadeaux aux motocyclistes venant en face, les obligeant à se réfugier sur le bas côté en terre. Je pense que pendant la mousson, les chutes de moto doivent être fréquentes !

À Monywa, nous trouvons deux chambres à trois lits, avec climatisation et moquette pour quinze euros chacun au Shwe Taung Tarn.

Il est quatre heures et nous partons en triporteur à une vingtaine de kilomètres pour visiter la Paya Thanboddhay et le Bodhi Tataung ( 15000 K ). Nous avons la désagréable impression de nous trouver assis dans une brouette dont la roue serait cerclée de fer. Le bruit est infernal et l’on peut à peine s’entendre en criant ; nous sommes secoués comme des pruniers, et il me semble que lorsque tout cela va cesser, je ne tiendrai plus debout. Erreur ! Nous arrivons à la pagode Thanboddhay intacts. L’édifice est surprenant. Si l’on se base à nos goûts, c’est tout ce qu’il y a de plus kitsch, avec des statues peintes de couleurs vives, des Bouddhas de ciment plutôt mal faits et des fresques en relief naïves. À l’intérieur, les murs sont ornés de milliers de petites niches contenant chacune un petit Bouddha de stuc. On pourrait hésiter entre le rejet pur et simple de ce monument aux couleurs criardes et le fait de trouver un charme dans cette incongruité architecturale. Le toit couvert de petits stûpas dorés est assez beau tout de même.

 

       

 

Nous remontons dans la brouette pour huit kilomètres de plus jusqu’à Bodhi Tataung. Bien avant d’arriver, nous remarquons l’immense statue dorée du Bouddha de 129 m de haut qui domine la plaine. En arrivant à quelques encablures, nous découvrons que son frère jumeau est couché à ses pieds et s’étend de tout son long sur 95 m. Ces colossales statues dorées se découpant sur le ciel bleu sont plus surprenantes que belles. Le Bouddha debout est un peu raide et celui qui est couché semble loucher. S’il suffit de faire grand pour que ce soit beau, alors c’est beau, car c’est la plus haute statue du monde. Ce site est très récent. Nous pourrions monter à l’intérieur, mais nous n’essayons même pas, préférant rester au pied du colosse. Il faut admettre que lorsqu’on se trouve sur les marches et que le Bouddha nous domine de toute sa hauteur, c’est impressionnant.

 

 

        

                      

Devant le temple, des femmes vendent du bois... Ce n'est pas pour faire des grillades, c'est le tanaka, cette spécialité du pays. Elles pilent l'écorce, en font une pâte blanche qu'elles se tartinent sur la figure. C'est loin d'être esthétique, mais on dit que cela protège la peau...

Le retour nous semble plus court que l’aller : nous nous sommes peut-être habitués à la brouette !

Le soir, nous sommes un peu fatigués, alors nous mangeons au restaurant de l’hôtel, en plein air avec un petit zéphyr rafraîchissant. C’est bien !

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