Nyaungshwe, lac Inle  Myanmar

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Jeudi 20 janvier 2011.

Nyaungshwe.

     

Lever à six heures trente, déjeuner à sept heures, départ en barque à huit heures... Nous nous tenons à des horaires stricts ! Le batelier nous aborde dans la rue. Il parle anglais et a l'air sérieux, il fait notre affaire ! Nous voilà partis dans l'air vif du matin vers le sud du lac, à vingt-deux kilomètres. C'est tout juste si nous nous arrêtons pour observer quelques pêcheurs ramant avec leur jambe... Nous quittons le lac par un canal étroit et louvoyant entre deux rives terreuses. Nous arrivons au marché de Inn Dein. Les premiers étalages ne proposent que des Bouddhas ou des objets touristiques, de fausses antiquités, des chemisettes décorées avec des rameurs... bref, des choses que nous voyons partout depuis le début du voyage et que nous ne risquons pas d'acheter ! Sous des toits de paille, des femmes vendent du tabac, des légumes, des beignets et toutes sortes de produits de leur ferme. On trouve une pharmacie où tous les médicaments sont posés sur une toile à même le sol, il y a même un casino ! Des hommes sont groupés autour d'une planche où figurent six dessins, dans des cases : un crabe, un coq, un scorpion... Ils posent des billets sur la case de leur choix. Un courtier fait tomber d'énormes dés sur une petite piste. Sur chacune des six faces de chaque dé, figure l'un des dessins de la planche. Si, par exemple, un joueur a misé sur le coq, et que le coq sort sur les faces de chaque dé, il remporte le gros lot. Je ne sais pas en quoi consiste ce gros lot, mais étant donné la faible valeur des mises, ce ne doit pas être énorme.

     

Nous repartons sur la barque jusqu'à un atelier de bijoutiers. Des artisans fabriquent de superbes bijoux en argent : des chaînes très fines assemblées pour former des bracelets, des boucles d'oreilles, des bagues... Le travail délicat est réalisé avec une étonnante minutie, avec des outils très rudimentaires. Ils font fondre un peu d'argent dans un petit creuset qu'ils recouvrent de charbon de bois, dans un petit foyer. Un gros soufflet actionné à la main permet d'activer le feu pour atteindre cinq-cents degrés, point de fusion de l'argent. On coule ensuite le métal fondu dans un moule qui permet d'obtenir un petit lingot allongé que l'on martèle jusqu'à obtenir la forme désirée pour faire le bijou. Ils fabriquent eux-mêmes des fils d'argent plus ou moins gros pour confectionner des maillons de chaîne. Les amis canadiens disent que « ce n'est pas dispendieux », alors Delphine achète un superbe bracelet pour trente cinq dollars.

     

Nous allons ensuite visiter un atelier où l'on fabrique du papier avec de l'écorce d'arbre bouillie. On décore ces feuilles avec des pétales de fleurs intégrées dans la pâte, on les laisse sécher sur des châssis, et on les met sur les baleines en bambou d'une ombrelle qui viendra décorer un coin de salon dans quelque maison occidentale. On travaille uniquement pour le tourisme, car je n'ai jamais vu de Birman se promener avec des ombrelles en papier : ils préfèrent le classique parapluie en nylon fabriqué en Chine, moins fragile et plus imperméable en cas de pluie, car il faut dire que l'ombrelle en papier, en cas de grosse averse, ce n'est pas idéal !

     

Nous avons vu des femmes girafes : un couple. En disant « un couple », je pense aux tourterelles, car ces pauvres êtres sont presque en cage. On les a coupées de leur milieu, de leur famille, des êtres qu'elles aiment pour les placer ici, dans une prison, en quelque sorte. Elles sont là pour attirer le touriste. Elles tissent inlassablement des pièces de tissu semblables, pauvres Parques parquées comme des animaux de cirque. Au XVI° siècle, au moment des grandes découvertes, les conquistadores ramenaient ainsi des Indiens pour les exposer au regard des Espagnols curieux de voir des gens différents. France, nous avons agi de même lors de l'exposition coloniale, mais c'était dans les années trente, il y a longtemps !

     

Nous continuons nos sauts de puce jusqu'à la pagode Phaung Daw Oo. C'est kitsch, coloré, doré, immense, dallé de marbre dans les escaliers, avec un plancher verni à l'intérieur. C'est un important lieu de pèlerinage pour les Birmans, et c'est ici que se déroule, en octobre une grande fête sur l'eau. On promène les statues du paya dans une superbe embarcation dont la proue représente une tête d'oiseau dorée. Des rameurs, sur de longues pirogues, participent à une course, sorte de régate, et ils rament avec la jambe, debout sur le bord de l'embarcation. Aujourd'hui, rien de tout cela, les barques sont sagement rangées dans un hangar.

Il est l'heure du repas. Le guide-piroguier veut nous amener dans un restaurant, non loin de la pagode, où il lui semble que le menu nous conviendrait. Ce n'est pas pour le contrarier, mais vu le nombre de touristes dans l'établissement, nous préférons aller au restaurant « Aug Myint Myat », juste de l'autre côté du canal, où il n'y a personne et d'où nous jouissons d'une vue imprenable sur la pagode. Nous mangeons des plats délicieux, surtout mon poisson. Il est ouvert, sans l'arête centrale, frit des deux côtés, et par-dessus, une sorte de farce faite avec de la viande et des légumes. C'est appétissant, délicieux et pas cher ( 3000 kyats, soit 3 € ).

Nous repartons par un canal, parmi les jardins et les paillotes juchées sur leurs poutres de teck, telles des échassiers ventrus dominant le canal couvert de jacinthes d'eau, et nous arrivons à Ywama, un gros village lacustre. Nous allons lentement entre les maisons sur pilotis, escortés par des barques d'écoliers ramant avec leur jambe, possédant déjà une surprenante dextérité dans le maniement de leur pirogue. Du linge sèche devant les vérandas, et cela jette une note colorée qui devient une mosaïque en se reflétant dans l'eau noire et transparente du canal. Accroupie sur la dernière marche de l'escalier de bois, une femme coiffée d'un turban rouge lave du linge sans se préoccuper des caméras braquées sur elle : les touristes sont fous, ils photographient n'importe quoi, il faut bien faire avec ! Des poules caquettent dans un enclos sur pilotis. Il est vrai que ces pauvres idiotes n'ont jamais appris ni à voler ni à nager, et que si leur vie est bien moins excitante que celle des canards qui glissent en cancanant parmi les roseaux, c'est bien fait pour elles, elles n'avaient qu'à faire un effort. Un petit cerf-volant de forme carrée papillonne au-dessus d'un toit, un enfant fait des roulades dans les herbes sèches amassées sur la rive, des gamines s'interpellent d'une barque à l'autre, d'une rue à l'autre, elles font une course avec le canot des garçons qui finissent par renoncer, laissant aux gamines le plaisir de se sentir les plus fortes. Ici, les enfants ne font pas de vélo, pas de planche ou de patins à roulettes, mais ils ont un petit terrain de foot et l'eau est leur élément.

Nous nous arrêtons à la fabrique de cigares. J'assiste, comme hier, à la fabrication des cheroots. Les cigarières plaisantent en se moquant d'un jeune homme qui serait amoureux de chacune d'elles. Les galéjades vont bon train, les rires fusent et le travail se fait dans la bonne humeur.

Nous continuons par les jardins flottants, longues bandes de terre posée sur des bambous, hérissées d'une forêt de tuteurs et de piquets de bois arrimant la parcelle sur le fond du lac, car si on ne fixait pas son jardin sur la terre ferme, il s'en irait, ou qui sait, un voleur de jardin pourrait l'emporter chez lui, à l'autre bout du lac ? La barque s'arrête, le piroguier coupe le moteur, et nous nous retrouvons dans la nature, avec pour seul bruit le clapotis de l'eau sous la coque de notre embarcation. Nous mangeons quelques tomates. Ce sont de petits fruits rouges, à peine plus gros que nos tomates-cerises, mais leur saveur est un peu insipide. Il faut dire que, même s'il ne fait pas très froid et s'il fait même très chaud dans la journée, nous sommes en hiver !

Nous allons à la pagode Nga Hpe Chaung. Dans la grande salle au parquet de bois lustré, parmi la forêt de piliers dorés, des chats se poursuivent ou attendent l'heure de leur spectacle. Car ils font un spectacle : ils sautent à travers un anneau... C'est un peu ridicule, mais ça plaît aux touristes. De vieilles statues de Bouddhas présentent davantage d'intérêt, elles sont de style chinois, tibétain, en cuivre doré ou en marbre blanc, dans de petites chapelles de bois décoré de mosaïques de verre.

Pour revenir à l'hôtel, nous traversons le lac, et il fait presque froid. De plus, la barque lancée à plus de vingt kilomètres à l'heure soulève des embruns qui nous mouillent, et ce n'est pas très agréable. Le pilote a tout prévu : il nous sort des parapluies pour nous abriter du vent. L'eau du lac devient glauque, puis noire, le soleil a disparu. Nous revenons à Nyaung Shwe à la tombée de la nuit.

Le soir, nous allons manger au Htoo Htoo Aung, et nous débouchons encore une bouteille de vin. Pourquoi se priver ? Ce vin est produit dans la région, c'est un bon Shiraz, et il vaut environ seize dollars ( 13000 Kyats ). Les copains se régalent avec des plats locaux, moi, je prends des tranches de porc frites avec du riz et des pommes de terre, j'en bave encore. Entre le repas de midi et celui de ce soir, je suis satisfait : je ne suis pas venu pour maigrir !
 

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Dernière modification:  20/11/2012