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Vendredi 31 décembre 2004.

Trat.

La chaleur et le climat ne me donnent vraiment pas l'impression de me trouver au jour de la Saint-Sylvestre ! Je vais à la poste, je flâne dans le grand marché couvert, je reste deux heures sur Internet, ce qui me donne des nouvelles effrayantes de Phuket. Trois mille cinq cents personnes tuées, cinq mille disparues, Thaksin, le premier ministre craint que le nombre des victimes n'atteigne le chiffre de sept mille. Qui saura où sont passées les jeunes hôtesses de bar ou prostituées peuplant le quartier Patong ? Qui s'inquiètera de la disparition de toutes ces petites gens fréquentant ces quartiers touristiques pour tenir des petits commerces ? Que sont devenues les centaines de touristes et d'employés peuplant les auberges sur les plages de Koh Phi-Phi et de Koh Lanta ? Une vague de cinq mètres de haut a tout balayé, une vague survenant soudainement alors que rien ne l'avait annoncée, à neuf heures du matin, avec un beau soleil et un superbe ciel bleu... Trat ne fait rien voir, mais Trat est en deuil, même si la mer d'Andaman n'est pas dans le secteur, même si Phuket est loin d'ici. La télé montre chaque minute de nouvelles images plus horribles ou plus spectaculaires, les bonzes appellent à une veillée aux chandelles dans les temples, et aucune musique, aucun pétard ne viennent troubler la rumeur habituelle de la ville. On va passer à la nouvelle année dans le recueillement et la douleur partagée. Les Thaïs sont tristes et ils savent ne pas le montrer : leur sourire reste le même. Pour les Thaïs, il est très important de retrouver le corps des personnes disparues de façon à pouvoir faire une crémation en respectant les rites, sans quoi les esprits mécontents viendront hanter les vivants attirant sur eux toutes les malchances et calamités. Donc ce qui leur arrive est la pire des catastrophes, celle entraînant justement un nombre considérable de disparus. À la télé, le divertissement prévu n'a pas été annulé, il a seulement changé de ton pour prendre la couleur noire. Noir pour les vêtements des présentateurs, noir pour les tenues des chanteurs qui nous offrent un répertoire de chansons mélancoliques ou tristes. Les Carabao, le groupe de chanteurs de variétés le plus populaire, ont réalisé un impressionnant clip vidéo. On montre le désespoir des victimes, l'épuisement des secouristes... On montre les images les plus horribles sans aucune censure, et c'est presque traumatisant...La fin d'année est loin d'être une fête !

Nous allons sur le marché de nuit pour manger des calmars et des crevettes, et à neuf heures, nous retournons à l'hôtel.

 

Samedi 1er janvier 2005.

Trat. 

 

temple chinois  intérieur du temple  clique sur le lampion

 

Je vais au temple chinois. Une cascade de couleurs et de dorures sous un soleil magnifique. Le bâtiment a été construit récemment, et même si la décoration peut paraître un peu kitsch, moi, je trouve exotique et ça me plaît ! Je réussis à converser en thaï pendant un moment avec une dame chargée de l'entretien des lieux, et elle me donne deux oranges en signe de sympathie pour le Nouvel An.

Je vais manger au marché du matin, avec Amnoay, et la soupe de nouilles est toujours aussi délicieuse !

Le soir, je flâne dans la rue et je regarde la ville vivre, tout simplement. Demain je pars à Koh Chang, j'espère que la mer saura se tenir tranquille !

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